POÈME XXV. Personne ne peut enlever la prérogative d'apôtre à celui que le souverain auteur du monde a couronné du diadème de l'apostolat: Quem summus autor sanxit apostolum Auferre sortem Martiali (1). POÈME XXVI. Le duc Etienne fonda, sur les terres de sainte Valérie, un hôpital dans lequel trois cents pauvres étaient nourris chaque jour en l'honneur de Jésus-Christ: Tunc hospitalem constituit domum In qua trecentis jura Valeriæ Sumptus ministrarent egenis LIVRE TROISIÈME. Nadaud analyse ainsi le troisième livre de Pierre le Scolastique : On lui objectoit que Néron, persécuteur des chrétiens, n'auroit pas laissé partir sains et saufs quatre corps de leur milice qu'on suppose avoir été amenés à son service par le duc Etienne, alors converti à la foi. — Il répond que l'empereur n'avoit encore défendu à personne l'exercice de la religion; que saint Pierre et saint Paul la prêchoient à Rome, et qu'on ne les en empêchoit pas. »> « Néron, » ajoute-t-il, ne commença à sévir contre la foi que quand Simon » l'eut perverti par sa magie. »> « Il s'excuse d'écrire en vers sur ce que Sédulius, Arator, saint Prosper, Juvencus et autres l'avoient fait avant lui ». (NADAUD, mss.) POÈME VIII. Le nom d'Etienne, que portait le fiancé de sainte Valérie, n'est pas un nom latin : il ne lui fut donné qu'au jour de son baptême. L'écrivain qui raconte la conversion d'Etienne le Duc a passé sous silence le nom que celui-ci avait laissé en se faisant chrétien : (1) BONAVENT., T. I, p. 567. (2) Id., T. II, p. 203. Traduction de la légende d'Aurélien. POÈME IX. Quin etiam fertur Stephanus non esse latinum Nomine descripsit, gentile cavens memorare : Qui quoque res plures, ibi non posuit memorandas (1), Le poète parle des chaînes dont saint Martial fut chargé dans sa prison, des coups qu'il y reçut, et des souffrances courageusement supportées qui lui méritent la palme du martyre: Verbera cum vinclis tolerabat fortiter, atro POÈME XIV. Le duc Etienne, ramenant son armée en Aquitaine, vint camper le long des bords de la Vienne, près du palais de Jovenciac ou de Jocundiac. « Ce lieu, dit le poète, n'est pas bien éloigné de Limoges, et, comme c'était autrefois un palais royal, il a conservé, même après sa destruction, le nom pompeux et vide de Palais : Vincennam præter fluvium tentoria figunt : Ces vers ne sont pas sans importance, car ils donnent la clef d'un problème historique fort débattu entre les savants. Où était situé le palais de Jocundiac ou de Jogensac, résidence royale fort célèbre à l'époque de la dynastie carlovingienne, où Louis le Débonnaire tint. une diète en 832? Les uns plaçaient ce palais à Jouac ; d'autres, à Montjauvy; d'autres, aux Cars; quelques uns, au Palais près de Bourganeuf; l'historien de la Marche, à Crozant; Nadaud avait fait une savante dissertation pour établir que ce lieu était Condat, où l'on avait découvert une mosaïque romaine, etc. Ces vers de Pierre le Scolastique tranchent la question d'une manière définitive. Cet écrivain du xe siècle dit que le palais de Jocundiac, situé près de (1) BONAVENT. T. II, p. 33. (2) Id., ibid., p. 539. (3) Id., ibid., p. 270. Limoges, a conservé, depuis sa destruction, le nom vain de Palais, ce qui indique clairement le bourg actuel du Palais. Et ce qui confirme encore cette opinion, c'est que le gouffre de Garric, situé près de Jocundiac, dans lequel se noya Hildebert, est situé en face du bourg du Palais, et est encore connu sous le nom de lou gour de Garri (1). Nous ne savons à quel poème du livre III appartiennent ces vers : Ecce pii cuncti Martialem dicite mecum Discipulum Christi divinus apostolus idem (2). Et ces autres vers du même livre : Quanta viri sancti clementia! quanta potestas (3)! LIVRE QUATRIÈME. POÈME Ier. Nous pensons que c'est au commencement du quatrième livre qu'il faut rapporter les vers suivants, dans lesquels Pierre le Scolastique dit que saint Martial a reçu son titre d'apôtre et sa mission apostolique des trois personnes divines, et qu'il a été rempli de l'Esprit-Saint: Sortis apostolicæ quis te provexit honore? Nonne tuus doctor Christus, nosterque Redemptor ? Ut patris ac nati, sic ejus apostolus exstas (4).......... (1) Du reste, c'est l'opinion de l'abbé Belley, de l'abbé Oroux, de dom Colomb, etc. Voir la dissert. mss. de Nadaud, résumée dans Allou, p. 284. (2) BONAVENT. T. I, p. 567. (3) Id., T. II, p. 525. (4) Id., T. I, p. 567. - T. II, p. 444. Après avoir fait envoyer saint Martial par les trois personnes de la sainte Trinité, il conclut : Hæc est nostra fides: nam sunt hi tres Deus unus, Et misere simul, quem misit quilibet horum (1).... ..... POÈME II. Hildebert, fils d'Arcade, comte de Poitiers, qui s'était noyé dans la Vienne, est ressuscité par le saint apôtre. Le jeune homme raconte ce qui lui était arrivé après sa mort, et rappelle que l'ange qui l'accompagnait aux portes du Paradis lui avait assuré que douze anges, semblables à douze étoiles, servaient de cortège à saint Martial : Angelici proceres, quem bis seni comitantes, Undique cingebant, totidem velut æthere signa (2). Pour rendre grâce à Dieu de ce miracle (la résurrection d'Hildebert), saint Martial se rend, suivi de la foule, qui chante des cantiques, à l'église de Saint-Etienne, où il célèbre la messe, et donne à communier au peuple : Votivumque melos per iter læte modulantes, Cum sacram Stephani penetrassent martyris aulam, Atque tibi populos sacramento sociavit (3). La vue de ce miracle augmente la foi, et fortifie les fidèles...... Hildebert coupe sa chevelure, et embrasse une vie austère et mortifiée : Dum miranda gerens patronus glorificatur, Ast Hildebertus, patrium spernens comitatum, (1) NADAUD, Dissert. mss, sur saini Martial, ch. IX. (2) BONAVENT., T. II, p. 281. C'est la traduction de ce passage de la légende du pseudo-Aurélien: Angeli enim sunt ei a Domino deputati duodecim, qui, semper cum eo gradientes, non permittunt eum fatigari, non esurire, non sitire, etc. (3) BONAVENT., T. II, p. 274: traduction de la légende d'Aurélien : Pervenientes ad basilicam beati Stephani protomartyris Christi cum magna precum melodia, obtulit beatus Martialis sacrificium Domino, celebrans missarum solempnia. Indumenta pedum contemnes ferre deinceps. a Deux morts ressuscités vivoient encore, l'un en Berry, l'autre à Barcelone (2) ». Dans le livre huitième, Pierre le Scolastique revient sur ce double miracle, et parle avec plus de détails de ces deux ressuscités, dont l'un était fils de Gaulon, gentilhomme du Berry, et l'autre, habitant du mont Signus, au-delà de Barcelone : Nostis exanimes quos ad vitam revocavit; Alter habet patriam : colit alter Barcinonensem (3). « Il parle de la guérison des Ardents comme n'ayant pas encore été décrite, et il certifie avoir été témoin de la plupart de ces œuvres prodigieuses (4). » Il dit, s'adressant à saint Martial : « Sous mes yeux, vous avez guéri un grand nombre de malades accablés de langueur...... En ma présence, vous avez délivré des possédés du démon ; vous avez rendu la vue aux aveugles et l'ouïe aux sourds » : Ante meos oculos gravibus languoribus ipse Curasti multos....... Dæmone obsessos coram me sæpe fugasti, Auditum surdis cognovi restituisse (5). (1) BONAVENT., T. II, p. 377, traduction de la légende d'Aurélien : Adolescens vero qui fuerat resuscitatus totondit caput suum, promittens se numquam recessurum a sancto Martiale, sed semper ei in omni obsequio famulatorum. Tenuil namque monita angeli sibi prædicta, et semper (cum) Dei famulo permansit indesinenter illi adhærens, vinum non bibens et carnem non comedens, indumentis pedum nën est usus, sed solummodo pane et aqua fuit contentus ac cilicio indumento. Erat enim deditus in assiduis orationibus, in frequentioribus jejuniis, etc. (Mss. Vatican., Reg. Suec. 543.) (2) NADAUD, Résumé mss. du 1. IV. (3) BONAVENT., T. II, p. 627. (4) NADAUD, Résumé mss. du 1. IV. (5) BONAVENT., T. II, p. 606. |