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femme donnant des soins à son enfant. Au-delà d'un mur d'appui est un paysage embelli d'eaux, d'arbres et de rochers; sur la table de la chambre on lit en lettres rouges : L. L., 1572.

André Thevet, d'Angoulême, a consigné dans sa Cosmographie universelle la visite qu'i! fit à notre émailleur en 1572: « Et me recorde qu'il me fust montré, en la maison d'un des plus excellens ouuriers esmailleurs qui soit par auenture au monde, une petite idole de Mercure massiue de cuiure, ayant les yeux d'argent, autant bien élabourée que les anciens statuaires de Grèce ou de Rome eussent pu faire; laquelle auoit esté trouuée trois ans auparauant (1569) en fossoyant quelques vieux murs de la ville. » Bonaventure dit que ce fut lors de l'écroulement du rempart près la tour des Anges, et le jardin du sieur Gallicher..

Le poète Puncteius décrit cette statue dans ces vers latins :

Statuasque ferebant

Mercuriumque Scopæ fusum sive arte Perilli;
Argentum ambesos statuæ decorabat ocellos.

J'avais retrouvé cette statuette, que j'ai gardée long-temps. Je la destinais à notre musée. Mais, à la fin de 1840, après la déclaration formelle de certain fonctionnaire de cette ville, qu'il s'opposerait de tout son pouvoir à la fondation d'une Société Archéologique, pressé vivement par M. Raoul Rochette, je la portai au cabinet des antiques de Paris, où je l'ai revue cette année; j'enrichis aussi le musée de Cluny d'émaux intéressants. Il me reste de la statue une esquisse exacte de M. Boulé, deux lithographies de Tripon, et un charmant tableau de M. G. Ardant-Masjambost.

La collection Debruges-Dumesnil possède, sous le no 704, un portrait de Charles IX, peint en dieu Mars, tenant une épée de la main droite et un bouclier du bras gauche.

Ce roi est assis dans un char traîné sur les nuages par deux renards; le paillon relève l'éclat de ses vêtements; les initiales L. L. se lisent sur la lame de l'épée, et la date 1573 est écrite sur un nuage derrière le char.

On cite un autre portrait de Charles IX de cette même année, collection Jauzé. Ce prince est peint debout, jouant de la main droite avec un médaillon suspendu à son cou, et appuyant la gauche sur son épée; il est en manteau noir, sous lequel on aperçoit un pour

point de satin bleu; rideau vert à gauche. Le fond est bleu. Plaque ovale et concave.

Charles IX est représenté, sur un troisième portrait, dans un char attelé de chevaux blancs; le mot sol est inscrit dans un cartel; les initiales L. L. et la date 1573 se lisent sur le bassin d'une fontaine (coll. Bernat, de Londres).

Un portrait d'Elisabeth d'Autriche, femme de Charles IX, représente cette princesse debout près d'une table, tenant un éventail d'une main et des gants de l'autre ; à droite, un rideau vert relevé, comme dans le portrait de son époux, dont celui-ci paraît être le pendant. Sur le tapis bleu de la table, livre et vas où sont inscrits les mêmes initiales et la même date.

Plat d'émaux de couleur: Moïse et les Israélites, dans leur camp près des montagnes, recevant la manne du ciel. Sur une pierre on lit: LEONARD LIMOSIN; sur une autre, 1573; au dessous, tête de profil sur grisaille fond bleu (coll. Dumont).

Ces derniers ouvrages présentent de triples preuves de la décrépitude de leur auteur et de l'extinction de son génie. Il est à croire que Léonard ne fit pas d'autres émaux. M. Didier Petit, page 26 de son Catalogue, cite un sujet allégorique de cet émailleur daté de 1574. Je n'ai pu en découvrir la description dans son livre; il renvoie aussi à M. Debruges-Dumesnil, et M. Jules Labarte se borne à dire, page 182 de son beau volume : « La dernière date signalée est de 1574 », et, page 586: « On a des ouvrages de Léonard signés de lui de 1532 à 1574 ».

M'étant imposé la condition de ne citer dans cette notice que les émaux datés, j'ai dû m'abstenir d'énumérer toutes les productions de Léonard, telles que tableaux, plaques, médaillons, coupes et leurs couvercles, plats, gobelets, etc., qui sont conservés au Louvre, à l'hôtel de Cluny, dans les collections Debruges-Dumesnil, Germeau, etc. Je me bornerai à indiquer aux amateurs les ns 490 à 288 du Louvre, 1027 à 1039 du musée des Thermes et de Cluny, et de 696 à 706 du cabinet de M. Debruges. Deux jolis médaillons ovales en cuivre repoussé, représentant deux apôtres, que je cédai à M. du Sommerard, n'avaient pas non plus de date, et étaient malheureusement un peu endommagés.

Un acte des archives départementales passé, dans l'église de St-Martial, par le notaire J. Penicaud, en date du 19 janvier 1575, porte « Fut présent syre Léonard Lymosin, maistre esmailleur de la pnt ville de Limoges et valet de la chambre notre syre. Recognoit et confesse messieurs les chanoynes et chappittre de

l'esglise M. St-Martia!, Mathieu Teulier et Jacques Rougier (fondés de pouvoir) estre ses vrais seigneurs fonctiers et directz en toute directite et fondalité d'une maison, jardin et pré situés au lieu de La Brugère, de cinq journaux ou environ, confrontant à une maison dudict Lymosin et à celle de Barthelemy Bouriaud, et debuoir ung chascun an audict chappittre deux sextiers de fromment mesure de Limoges, douze pouletz de cens et de fondalité, et tous droitz seigneuriaux, lods et ventes portables à la maison du syndic à chaque feste de Notre-Dame d'août, tant qu'il sera tenancier, etc. Signé M. TEULIER, ROUGIER, Léonard LYMOSIN, VALEIX et

J. PENICAUD. >>

D'après l'opinion commune, Léonard Limosin serait mort vers 1575: aucune preuve n'en existe pourtant.

On a compulsé en vain les registres des paroisses de Limoges: il n'y est fait aucune mention de sa naissance, de son mariage, ni de son décès. Il a pu mourir dans la paroisse d'Usurat, où il avait des maisons. Sa maison était sous le nom de son fils en 1579.

Nous avons des raisons de croire qu'il laissa deux fils l'un, héritier de son titre de peintre du roi, et portant son prénom, appelé messire dans les actes; l'autre, François, filleul probablement de son grand-père. Ce qui fortifie cette supposition, ce sont les contrats que j'ai lus, où ces deux émailleurs figurent ensemble comme ayant des intérêts communs. Ils possédaient, en 1606, les maisons de Léonard I, comme celui-ci les possédait avec son frère Martin. Léonard II, son fils, aurait épousé Marguerite Deschamps, ainsi que l'indique l'acte de baptême de son enfant l'an 1599; il se remaria avec Marie Taillandier. Jean Limosin serait un autre frère de Léonard I, ou un neveu. Il est triste d'en être réduit là-dessus à des conjectures.

Après avoir cité l'opinion de M. Alexandre Lenoir, reproduite par M. J. Labarte, j'emprunterai, en finissant, à M. de Laborde, à qui je dois déjà tant, quelques mots pour caractériser la manière et le style de notre célèbre émailleur, dont nous avons démontré l'activité et la fécondité prodigieuses:

« L'effet général de ses tableaux est éclatant, clair, harmonieux; ses carnations, rosées et limpides, ont quelque chose du satin; ses grisailles sur noir ou sur bleu s'animent comme des peintures; il nuance ses couleurs mieux que tout autre émailleur ; il n'abuse pas du paillon, et emploie l'or avec grâce et avec esprit; il se montre à la fois peintre et inventeur ».

MAURICE ARDANT.

Portant suppression du siége des Appeaux de Ségur et de la justice de la ville de St-Yrieyx, et création d'une nouvelle sénéchaussée en ladite ville de St-Yricyr.

Louis, par la grâce de Dieu, roy de France et de Navarre, à tous présents et à venir, salut.

Nous avons été informé que le siége royal établi à Ségur sous le nom de siége des Appeaux, qui, dans son origine, n'avoit été créé que pour la province de Périgord, et s'étoit cependant, par la suite des temps, étendu dans celle du Limousin, formoit, dans l'une et dans l'autre, un degré de jurisdiction aussi inutile que préjudiciable à nos sujets de ces provinces, dont la pluspart, éloignés du lieu de Ségur, sont obligés d'y porter leurs appels des sentences des juges ordinaires, pour plaider ensuite par appel aux sénéchaussées supérieures, et enfin au parlement de Bordeaux;

Et voulant rémédier à ces inconvénients, il nous a été représenté qu'il y avoit, dans la ville de St-Yrieyx, peu éloignée du lieu de Ségur, une justice tenue en partage entre nous et le chapitre de ladite ville, et ressortissant immédiatement au parlement de Bordeaux, à laquelle la connoissance des cas prévotaux avoit été anciennement attribuée concurremment avec les prévots des mareschaux et les siéges présidiaux.

Mais, le nombre des officiers qui la composent et l'étendue de son ressort ne répondant pas à ces prérogatives, il nous a paru d'autant plus convenable de supprimer ces deux siéges, et de leur substituer une nouvelle séneschaussée en ladite ville, que, par un changement si avantageux au public, nous épargnerons à nos sujets des longueurs et des frais aussi onéreux qu'inutiles, et nous établirous cette uniformité dans l'administration de la justice qu'il est nécessaire de maintenir entre les différents siéges de notre royaume.

A ces causes et autres considérations à ce nous mouvant, de l'avis de notre conseil, et de notre certaine science, pleine puissance et autorité royale, nous avons, par notre présent édit perpétuel et

irrévocable, dit, statué et ordonné, disons, statuons et ordonnons, voulons et nous plaît ce qui suit:

ARTICLE PREMIER.

Le siége des Appeaux du comté de Périgord et vicomté de Limoges sera et demeurera supprimé à compter du jour de l'enregistrement du présent édit, ainsi que les offices qui composoient ledit siége sans exception, et les appellations des justices qui y ressortissoient seront, à compter dudit jour, portées immédiatement aux séneschaussées où elles ne ressortissoient que médiatement avant le présent édit.

ART. II.

La justice de St-Yrieyx-la-Perche en Limousin sera et demeurera pareillement supprimée à compter du jour de l'enregistrement du présent édit, ainsi que tous les offices dont elle est composée sans exception; sauf au chapitre de ladite ville à se pourvoir pardevers nous pour raison de l'indemnité qui peut lui être due au sujet de la portion qui lui appartient dans ladite justice.

ART. III.

Et, pour suppléer à ladite justice et à celle de Ségur, avons créé, érigé et établi, créons, érigeons et établissons, dans notre dite ville de St-Yrieyx, un siége de séneschaussée qui sera composé d'un sénéchal de robe courte, qui sera par nous pourveu, en la manière ordinaire, d'un lieutenant-général civil, d'un lieutenantgénéral criminel, d'un lieutenant particulier assesseur civil, d'un assesseur criminel, de deux conseillers, d'un notre avocat et procureur, d'un greffier en chef civil et criminel, de six procureurs, d'un premier huissier et de deux autres huissiers audienciers, tous. lesquels dits officiers nous créons en titre d'offices formés pour jouir des gages qui leur seront par nous attribués, ensemble des mêmes droits, autorités, prérogatives, prééminences, franchises, libertés, profits et émoluments dont jouissent les pourvus d'offices de pareilles nature et qualité.

ART. IV.

Le ressort de ladite séneschaussée de St-Yrieyx sera composé des

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