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EPUB

DE LA SOCIÉTÉ

ARCHÉOLOGIQUE ET HISTORIQUE

DU LIMOUSIN

TOME V

LIMOGES

CHAPOULAUD FRÈRES, IMPRIMEURS DE LA SOCIÉTÉ

4854

SUR

L'APOSTOLAT DE SAINT MARTIAL.

CHAPITRE TROISIÈME.

CONCORDANCE DES TRADITIONS ÉTRANGÈRES AVEC LES TRADITIONS DE L'AQUITAINE.

C'est déjà un grand argument en faveur de la mission de saint Martial du temps de saint Pierre que cet accord unanime des anciennes traditions des diverses Eglises de l'Aquitaine et des autres provinces des Gaules. C'était la tradition de l'Eglise de Bordeaux, comme le témoignait, sur la fin du x° siècle, Gombaud, archevêque de cette ville; c'était la tradition de l'Eglise d'Angoulême, comme nous le trouvons dans les écrits de l'évêque Hugues de Jarnac, et, plus anciennement, dans la légende de saint Ausone; c'était la tradition de l'Eglise de Cahors, comme le prouve un monument du xe siècle, la Vie de saint Genou; c'était la tradition de l'Eglise d'Auvergne, si nous nous en rapportons aux vieux Actes de saint Austremoine; c'était la tradition de l'Eglise de Bourges, si nous en croyons la légende de saint Ursin, antérieure à Grégoire de Tours; c'était la tradition de l'Eglise d'Arles, si nous en jugeons par un document du vi siècle, que nous avons rapporté plus haut: or comment tant d'Eglises se seraient-elles accordées sur ce point si cette tradition n'eût pas été fondée sur la vérité? Soupçonnera-t-on les Eglises d'Aquitaine d'avoir conspiré en faveur du mensonge? Croira-t-on qu'elles ont adopté sans examen une époque inventée par quelque imposteur, au mépris des traditions qu'elles avaient suivies jusqu'alors?

Il y a plus ce qui donne à notre tradition une force plus grande encore, c'est la concordance des traditions des pays lointains et étrangers où a passé saint Martial nous voulons parler des traditions de Rome, de la Toscane et de l'Orient, qui viennent apporter leur hommage désintéressé, et déposer leur témoignage unanime en faveur de la mission de saint Martial du temps des apôtres.

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Il y a à Rome, dans l'ancienne église de Sainte-Marie in Via Lata, diaconie cardinalice du premier cardinal diacre, un oratoire souterrain connu sous le nom de Saint-Paul et de Saint-Luc, qu'on doit placer en première ligne parmi les sanctuaires primitifs de Rome chrétienne (1). Or, une tradition de la plus haute antiquité, consignée dans une vieille légende de l'ancien bréviaire de cette église, fait remonter l'origine et la fondation de cet oratoire à un saint Martial qui ne peut être un autre personnage que le premier évêque de Limoges. En effet cette vieille légende, qui faisait partie de l'ancien bréviaire qu'on récitait avant la bulle de saint Pie V (1570), nous apprend que l'oratoire de Sainte-Marie in Via Lata, qui a pris le nom de Saint-Paul et de Saint-Luc, a eu pour premier fondateur un disciple de Jésus-Christ nommé Martial, qui était compagnon de saint Pierre, qui était venu avec lui d'Antioche à Rome, et qui, après avoir séjourné avec lui peu de temps dans la ville éternelle, fut envoyé par lui pour prêcher l'Evangile dans les pays ultramontains, c'est-à-dire dans les Gaules. Mais on ne connaît aucun autre saint Martial à qui ces particularités puissent s'appliquer que saint Martial apôtre de l'Aquitaine; et en effet un commentaire imprimé de cette légende dit que ce saint Martial a prêché à Limoges, à Bordeaux et à Toulouse: donc c'est de lui qu'il est question dans ce vieux document; et ainsi la tradition

(4) « On doit encore placer en première ligne la partie actuellement souterraine de l'église de Sainte-Marie in Via Lata, dont je ne parle aussi en ce moment que sous le rapport de l'antiquité; elle a été la demeure de saint Paul ». . . . « Ce lieu, où saint Paul a été détenu pendant deux ans, est un des sanctuaires primitifs de (Mgr GEREET, Esquisse de Rome chrétienne, T. 1, p. 113. 147.)

Rome. ».

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