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contre les sectateurs de Pierre de Bruys, il parle de saint Martial comme ayant annoncé l'Evangile aux habitants de Limoges, de Bordeaux, de Poitiers (1).

1130. HONORIUS, écolâtre de l'Eglise d'Autun, dans l'ouvrage qu'il a composé sur l'office et les cérémonies de la messe, ouvrage qui a pour titre Gemma animæ, dit que saint Martial, disciple des apôtres, est l'auteur de la bénédiction épiscopale, qu'il avait apprise de l'enseignement des apôtres (2).

1140. ORDERIC VITAL, à qui nous devons une Histoire ecclésiastique divisée en 13 livres, que Duchesne a publiée dans les Historiæ Normannorum Scriptores, a inséré dans son Histoire, en abrégeant quelques parties, la légende d'Aurélien (3).

1150. Un Martyrologe manuscrit de la bibliothèque de Corbie, cité par Doublet dans son Histoire chronologique de saint Denis, par Hugues Ménard dans sa Diatribe (ch. VII) et par Noël Alexandre fait ordonner saint Martial à Rome par les saints apótres, et le fait envoyer pour premier évêque à Limoges (4).

1450.-PIERRE COMESTOR, ou le Mangeur, célèbre théologien du XIIe siècle, a composé des Sermons qu'on trouve dans la Bibliothèque des Pères avec les œuvres de Pierre de Blois. Il dit, dans son Sermon troisième sur saint Nicolas, ce qu'avait dit avant lui Anselme de Laon, que saint Martial était ce petit enfant proposé par Jésus-Christ aux apôtres comme modèle d'humilité (5). Il répète la même chose dans son Histoire évangélique (ch. XC).

1160.Le Martyrologe manuscrit de saint Savin de Lavedan en

(1) Sed, ut de primis Galliæ nostræ apostolis... aliquid plenius dicam, sicut ipsa testatur antiquitas, a sanctis viris nobis relictæ tradunt historiæ... quod... Martialis Lemovicis, Burdegalæ et Pictavis. (PETRUS VENERAB.,' advers. Petrobrusianos : Bibl. Vet. Patr., T. XXII, p. 1051.).

(2) Benedictionem episcopalem Martialis episcopus, apostolorum discipulus, ex magisterio apostolorum tradidit, quorum proprium studium Dei servitium auxit. (HONORII AUGUSTODUN. Gemma animæ, L. I, C. XC: Bibl. Vet. Patr., T. XXIV, p. 1389.)

(3) Hist. Eccl., L. II, ap. Histor. Normann. Scriptores, par DUCHESNE, p. 428. (4) Pridie calendas julii. Łemovicis, S. Martialis episcopi, qui Romæ a beatis apostolis ordinatus, primus illius urbis destinatus est episcopus: ubi, multis clarus virtutibus, quievit in pace. (Ap. Natal. Alexandr., in sæc. I Dissert. XVI, T. III, p. 164.)

(5) Doctor humilitatis ad humilitatem revocans eos, statuit parvulum in medio eorum, Martialem, ut tradunt, apostolum Lemovicarum, et ait: Qui non humiliaverit se sicut parvulus iste non intrabit in regno cœlorum. (Sermo III, in festo S. Nicolai : Bibl. Vet. Patr., T. XXIV, p. 1389.)

dit

Bigorre, qui date du milieu du XIIe siècle (Bonav., T. I, p. 506), que saint Martial a été ordonné par saint Pierre, et envoyé par lui dans les Gaules (1).

1176. Une chronique de l'an 1176, citée par Ughelli, dit qué saint Pierre, venant d'Antioche avec saint Martial, s'arrêta dans la ville de Pise, et qu'ensuite ils allèrent à Rome (2).

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1484. GEOFFROY DE VIGEOIS, qui acheva sa chroniqué en 1184, an rapport de Bernard Itier, són contemporain (3), donne à saint Martial, dans maints endroits de son ouvrage, le titre d'élève ou de disciple du Christ (4), d'apôtre du Christ (5), etc.

XIII SIECLE.

1200. Vie de saint Martial, apótre. Un manuscrit de la bibliothèque de la Sorbonne, daté de l'an 1200, renferme un recueil de Vies de saints en vieille langue française. Le titre que porte celle de saint Martial, désigné comme apôtre, ne permet pas de douter que ce ne soit une traduction ou un abrégé de la légende d'Aurélien (6). 1210. ROBERT, moine de Saint-Marien d'Auxerre, dans sa Chronique, qui va jusqu'à l'an 1210, et qui est citée par Doublet dans son Histoire chronologique de saint Denis-l' Aréopagite, présente saint Martial comme disciple de saint Pierre, et envoyé par lui dans les Gaules (7).

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1210. BERNARD ITIER, bibliothécaire de Saint-Martial, qui florissait vers l'an 1240, et à qui l'on doit une Chronique qui s'étend

(1) Junii die 30. In Gallia, civitate Lemovica, depositio Martialis episcopi et confessoris, qui a beato Petro ordinatus est, et ab ipso etiam missus prædicare verbum Dei, eversisque simulachris, migravit a sæculo. (Apud NATAL. ALEXAND., Hist. Eccl., in sæc. I Dissert. XVI, prop. I, T. III, p. 164.)

(2) UGHELLI, Italia sacra, T. III, col. 862.

(3) Apud BONAV., T. II, p. 386.

(4) Refulget apostolica simulque imperialis ecclesia nostra, quam ipse Jesu Christi alumnus sanctus Martialis benedixit. ( In Chronic., C. XIV.)

(5) Habemus nos, non solum primum præsulem Lemovicorum, sed ipsius Christi apostolum, patriarcham Aquitanorum. (Ap. LABBE, T. II, p. 285.) Tunc quoque levatum corpus sancti Martialis apostoli a monachis ejus. (Cap X.)

(6) Histoire de l'Académie des Inscriptions, T. XXIII p. 254, 257. (7) Ap. BONAV, T. I, p. 366.

de 1161 à 1220, ne parle jamais de saint Martial sans ajouter à son nom le titre d'apôtre (4).

1220. Un Nécrologe manuscrit du monastère de l'Artige près de Saint-Léonard, Nécrologe qui est antérieur à l'an 1226 (2), dit que saint Martial, un des soixante-douze disciples, s'acquitta du ministère de la prédication dans la compagnie de saint Pierre, et convertit l'Aquitaine sur l'ordre du Seigneur (3).

1240. ALBERT-LE-GRAND, une des gloires de l'ordre de SaintDominique, l'illustre maître de l'angélique docteur saint Thomas d'Aquin, parle ainsi de l'enfant proposé par Jésus-Christ pour modèle à ses apôtres : « On dit que cet enfant était saint Martial,· apôtre des Limousins et leur premier évêque (4) ».

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1250. VINCENT DE BEAUVAIS, de l'ordre des Frères-Prêcheurs, a résumé dans son Miroir Historial (Speculum Historiale) la légende de saint Martial attribuée à Aurélien (5).

1260. -SAINT BONAVENTURE (1221-1274), le docteur séraphique, une des plus grandes figures du moyen-âge, dit que saint Martial, quand il s'en allait prêcher, marchait pieds nus, à l'exemple de Jésus-Christ, son maître, et de son parent saint Pierre, le prince des apôtres (6).

(1) III kalendas novembris, die dominico (4211), caput apostoli monstravit Bernardus armarius omni populo Lemovicensi... Dominus Albericus, Remensis archiepiscopus,... missam privatam celebravit in sepulcro de apostolo Martiale. Et. fuit in capitulum, ubi fecit sermonem de apostolo satis diserte... (Ap. BONAV., T. I, p. 567, 568.)

(2) Voir les preuves de cette antériorité dans LEGROS, Mélanges manuscrits, T. I, p. 658, 661 (au grand séminaire de Limoges).

(3) Lemovicas civitate, sancti Martialis, apostoli Aquitaniæ, cum duobus presbyteris Alpiniano et Austricliniano, quorum vita miraculorum signis admodum effulsit. Qui unus fuit ex septuaginta duobus discipulis electus; magnum meritum ad prædicationis officium cum Petro, apostolorum principe, complevit; postea vero Aquitaniam, jubente Domino, convertit. (LEGROS, Mélanges manuscrits, T. I, p. 657.)

(4) Apprehendit Jesus puerum, id est apostolorum et prælatorum exemplum. Dicitur quod hic puer fuit beatus Martialis, Lemovicensium apostolus et primus episcopus. (In LUCAM, IX.)

(5) Martialis remansit cum Domino, et semper ei adhærens factus est, unus de 72 discipulis Christi. Post ascensionem autem Christi, semper adhæsit sancto Petro, cujus etiam propinquus erat. (Speculum Historiale, L. IX, C. XXXIX et XL.)

(6) Sanctus Domini Martialis, pergens ad prædicandum, non equo vehebatur, aut asino, non quolibet jumento, nec calceamenta propriis induebat pedibus, sed juxta Domini et magistri sui sententiam, quam ipse sibi et aliis apostolis inculcari solebat,

1260. SAINT THOMAS D'AQUIN (1227-1274), l'ange de l'école, << une des plus grandes têtes qui aient existé dans le monde (1) », a dit comme Albert-le-Grand, son maître, en parlant du petit enfant proposé dans l'Evangile comme modèle d'humilité : « On dit que cet enfant était saint Martial (2) ».

1263. BERNARD DE BOTONE, appelé Bernardus Parmensis, mort en 1266, auteur de la Glose ordinaire sur les décrétales, dit dans sa Glose sur une décrétale d'Innocent III, De sacra Unctione, chapitre Cum venisset, a que saint Martial était un disciple de saint Pierre ; qu'il était le petit enfant pris pour modèle d'humilité; qu'il avait reçu sa mission du prince des apôtres; et que, son compagnon étant mort, il l'avait ressuscité avec le bâton de saint Pierre : c'est pour cela, ajoute-t-il, que le pape ne porte pas de crosse (3) Plusieurs auteurs, entre autres Noël Alexandre, ont attribué, par erreur, ce passage à Innocent III: c'est seulement la Glose du droit canon sur un texte d'Innocent III.

1266. GERALD DE FRACHET, un des plus illustres membres de la famille de saint Dominique, un des fondateurs du couvent des Jacobins de Limoges, dit, dans sa Chronique, qui va jusqu'à l'année 1266, que << saint Martial servit particulièrement le Seigneur à la cène (4) ».

-

1270. ADAM D'AUVERGNE, clerc de l'évêque de Clermont, dans sa Chronique manuscrite, que l'on conservait, au témoignage du

ut pergentes de civitate in civitatem, non sacculum, neque peram secum tollerent, nec calceamenta; nudis incedens pedibus, imitator Christi atque beati Petri, apostolorum principis, consanguinei sui, in omnibus quæ ipse Dominus præcepit, existere curabat. (Opuscul. de Sandaliis apostol.: Opuscula, T. II, p. 393, edit. Lugd., 1647.) (1) DE MAISTRE, Soirées de Saint-Pétersbourg, T. I, p. 139.

(2) Et advocans Jesus parvulum. Quis sit iste parvulus exponitur tripliciter. Chrysostomus exponit vere parvulum. qui a passionibus erat immunis, ut exemplum humilitatis præberet ; ut infra : Sinité parvulos venire ad me (MATTH. XIX), et dicitur quod iste fuit sanctus Martialis. (In MATTH., C. XVIII, édit. d'Anvers, 1612, T. XIV, p. 53.)

(3) Martialis, unus de discipulis Petri, quem posuit Dominus inter discipulos cum dixit Nisi efficiamini sicut parvulus iste, non intrabitis in regnum cœlorum, etc. Quem postea Petrus cum alio, scilicet Matthæo, ad prædicandum misit in Germaniam; qui, cum iret, mortuus est, et rediit collega ad Petrum, et Petrus ait: Accipe baculum, et tangens eum, die ut in nomine Domini surgat et prædicet. Et ivit, xt die a tempore mortis tetigit eum, et resurrexit, et prædicavit; et ita Petrus removit a se baculum, et dedit subditis. (Decretal. Gregor., L. I, tit. XV, De sacra Unctione glossa sub finem.)

(4) Martialis illi in cæna specialiter ministravit. (Ap. BONAVENT., T. II, p 92, 76.)

P. Bonaventure et du P. Labbe, dans la bibliothèque des CarmesDéchaussés de Clermont, et qui allait jusqu'à l'an 1270 (1), rapporte à saint Pierre la mission de saint Martial (2), qu'il dit même être ce jeune homme dont il est parlé dans l'Evangile, et qui portait les cinq pains et les deux poissons au miracle de la multiplication (3). C'est la mention la plus ancienne que nous connaissions de cette tradition particulière, dont il n'est pas question dans la légende d'Aurélien, et qu'on trouve plus tard adoptée par Bernard Guidonis, saint Antonin, Baronius, etc., et consignée dans la légende de saint Martial qu'on trouve au supplément du bréviaire romain.

1278

-

MARTIN-LE-POLONAIS, dominicain, archevêque de Guesne en 1278, dans sa Chronique, qui se termine à l'avènement du pape Nicolas III (1278), dit que, l'an 44, saint Pierre envoya plusieurs disciples à plusieurs villes des Gaules, et parmi ces disciples il énumère saint Martial (4).

1284. DURAND, évêque de Mende, auteur du Rational des divins offices, le monument le plus important et le plus complet du moyenâge sur la liturgie et le symbolisme catholique, dit aussi que saint Martial, envoyé de saint Pierre, était ce petit enfant placé par le Seigneur au milieu des disciples; il ajoute que le pape ne porte pas de crosse parce que saint Pierre a donné son bâton à saint Martial (5).

(1) Lelong, Bibliothèque historique de la France, n° 7431.

(2) Apud BONAVENT., T. I, p. 506, T. II, 194.

(3) Apud Konavent., T. II, p. 66, 93.

:

(4) Ad ann. 44 (Petrus) misit etiam in Gallias, ad plures civitates, plures discipulos veluti sanctum Savinianum, Potentianum, Altinum et Martialem : qui dicuntur fuisse de septuaginta duobus discipulis Domini, et alios per diversa Galliæ loca et civitates misit. (Chronicon Martini Poloni, edit. Bäsileæ, 1559, p. 29.)

(5) Romanus autem pontifex pastorali virga non utitur, tum propter historiam, tum propter mysticam rationem (Extra, De sacra Unet., cap. unic, in fine): historia est quoniam beatus Petrus apostolus Martialem discipulum suum (quem Dominus inter discipulos constituit, cum dixerit : Nisi efficiamini sicut parvulus iste, non intrabitis, etc.), misit cum quibusdam aliis ad prædicandum Germanis; qui, in via ad viginti dietas defuncto Fronto collega ejus, rediit ad nuntiandum hoc Petro. Cui Petrus Accipe hunc baculum, et, tangens illum, dic: «Surge in nomine Domini, et prædica!». — Ille vero a quadragesimo die a tempore mortis illius tetigit eum : et surrexit, et prædicavit ; et ita Petrus baculum a se removit, et subditis dedit, nec recuperavit. (Rationale divin. officior., L III, De Baculo pastorali.) — On remar— que deux erreurs dans ce passage: Durand met les Germains pour les Gaulois, et saint Front pour saint Austriclinien. Voir la traduction que M. Barthélémy a

donnée de Durand de Mende.

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