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2o Enceinte du temple de Salomon.

M. l'abbé Michon a longuement parlé de l'enceinte du temple de Salomon. Le temple a été détruit il n'en reste plus qu'une seule pierre, l'autel des sacrifices, offrant un trou circulaire de trois pieds de diamètre, qu'on voit encore au milieu de la mosquée d'Omar. L'enceinte du temple peut avoir un demi kilomètre de longueur : on voit encore, sur une longueur de cent cinquante pieds, les assises salomoniennes parfaitement conservées. On reconnaît ces pierres à leur teinte plus foncée comme il y a à Jérusalem des monuments plus récents, par exemple de l'époque des croisades, l'action du soleil d'orient a laissé sur les monuments plus ou moins anciens une teinte plus ou moins forte. Cette enceinte est extrêmement remarquable on en voit une semblable à Balbec, que les Arabes disent avoir été élevée par les génies: la façade de Balbec se compose de trois énormes pierres de soixante pieds de longueur, si bien liées ensemble qu'on les croirait d'un seul bloc. La façade du midi et les autres côtés offrent des pierres de vingt pieds de long: dans la carrière, à un kilomètre et demi de là, on voit une pierre de soixante-douze pieds de longueur. (Ici M. Michon est entré dans des détails curieux sur la manière de tailler sur place ces pierres énormes, et de les transporter, ou plutôt de les rouler.)

Dans l'enceinte du temple de Jérusalem, les gros blocs ont de vingt-quatre à vingt-sept pieds de longueur, et de quatre à cinq pieds de hauteur: il en reste une partie très-considérable. C'est devant ce mur d'une très-grande hauteur que les Juifs vont pleurer tous les vendredis.

3° Porte Dorée.

Cette enceinte a cela de remarquable qu'elle conserve encore la porte Dorée, du côté de la montagne des Oliviers. Cette porte se compose de deux cintres, partagés par un pilastre.

Quelques savants anglais disent: « Cette porte est du temps de Constantin ». Mais cette opinion n'est pas soutenable. On connaît les monuments de l'époque constantinienne, ceux, par exemple, que sainte Hélène fit bâtir à Jérusalem or ce n'est plus le même style. Châteaubriand et quelques autres disent : « C'est peut-être du temps d'Hérode ». M. de Saulcy adopte cette opinion. M. Michon ne peut la partager, et voici ses raisons il y a encore à Jérusalem un monument bâti par Hérode : c'est l'arc de l'Ecce-Homo. On voit dans ce monument des niches destinées à recevoir des statues or les Juifs,

dont la loi proscrivait les images, et qui avaient en horreur les statues et tout ce qui les rappelait, n'ont pas élevé ce monument. On y voit de plus des cintres dont les moulures sont romaines : c'est donc de l'architecture du temps d'Hérode. Si l'arc de l'Ecce-Homo est du temps d'Hérode, la porte Dorée serait-elle d'un style différent? non, car, à toutes les époques, le faire est le même. La porte Dorée n'est donc pas de l'époque hérodienne elle est de Salomon. Du reste elle est parfaitement liée par ses assises au mur évidemment salomonien. Quand on lit les histoires, et qu'on lit que tout dans Jérusalem a été détruit, il en faut rabattre tout n'est pas détruit. Les pierres tombent à droite et à gauche; mais le peuple vainqueur ne s'amuse pas à démolir les derniers fondements. C'est ainsi qu'à Tyr, ville entièrement détruite, on trouve encore des assises parfaitement conservées. La porte Dorée est donc de l'époque salomonienne.

40 Tombeaux des rois.

Les plus beaux monuments sculptés qui nous restent du peuple juif sont des tombeaux. Les sépulcres des Juifs, à proprement parler, ne sont pas des monuments: ce sont des chambres sépulcrales. On coupait une montagne à pic, et on ouvrait une chambre sépulcrale dans l'épaisseur du rocher. Les tombeaux ainsi creusés dans le roc sont restés aussi neufs que le premier jour. Les nécropoles se trouvent partout près de la montagne où est la carrière qui a fourni les matériaux pour construire la ville. C'est là une des choses les plus intéressantes pour le voyageur.

Avant Salomon, les Juifs ne connaissaient pas l'architecture pour les tombeaux. Ils creusaient tout simplement dans la montagne, sans chercher à embellir la chambre sépulcrale d'aucun ornement. Quand Salomon construisit le temple, chaque famille dut se servir des ouvriers qu'il avait appelés de Tyr pour orner son tombeau : on en voit d'admirablement travaillés. Les colonnes, engagées d'un tiers, sont terminées par des chapiteaux à volutes ioniques; l'architrave et la frise sont ornées de moulures. Les savants de Paris, M. Mérimée entre autres, disent: « C'est de la décadence! >> Nous disons, nous : « C'est l'œuvre d'un peuple qui copie, qui ne sait pas; c'est, comme dans la renaissance, un mélange de divers styles d'architecture, parce que les Hébreux s'inspiraient des idées tyriennes, de celles de l'Egypte et des autres peuples qui les entouraient. Les fruits, les feuilles, les divers produits de la nature animée servent à la décoration de leurs tombeaux. Les frises sont ornées de trigly

phes, de boucliers, qui étaient, comme on le sait, un ornement du temple. On voit des boucliers sur la façade du tombeau des rois. La porte est plus large en bas qu'en haut, comme dans les monuments égyptiens. Dans quelques-uns, une grande corniche est ornée de toutes sortes de fruits, d'olives, de grappes de raisins, etc. C'est un faire différent du grec le ciseau grec adore la forme la forme est moins caressée dans les monuments hébreux.

» Nous avons porté au musée du Louvre un tombeau des rois. >> (Ici M. Michon fait un récit fort intéressant des circonstances romanesques et dramatiques qui ont accompagné le déplacement et le transport des sculptures du tombeau. Nous regrettons de ne pouvoir reproduire cet intéressant récit.)

M. Michon a terminé en décrivant ce magnifique tombeau, dont M. de Saulcy a donné la description dans deux articles publiés par l'Illustration et la Revue des Deux-Mondes.

M. Alluaud, après avoir témoigné à M. l'abbé Michon avec quel intérêt et quelle satisfaction la Société a écouté le développement de ses savantes considérations sur l'architecture hébraïque, l'a prié d'agréer le titre de membre correspondant de la Société.

M. Michon, par quelques mots bien sentis, a remercié M. Alluaud et la Société Archéologique.

M. Maurice Ardant, ne voulant pas, a-t-il dit, détruire l'heureuse impression produite par le discours de M. l'abbé Michon, a ajourné à la séance suivante la lecture de son article sur la numismatique limousine.

Voici maintenant la liste des dons offerts au musée :

4° Par M. Colbe, conseiller de Sa Majesté le roi de Prusse, directeur de la manufacture royale de porcelaine, à Berlin: une lithophanie (tableau sur porcelaine transparente, en relief) d'une exécution fort remarquable; huit fioles contenant de la terre à porcelaine;

2o M. le vicomte de Montbron: une autruche magellanique (nandou); une perruche omnicolore de la Nouvelle-Hollande, provenant du jardin zoologique de Montagrier;

30 M. Alluaud (Victor): trois chapiteaux dont la corbeille est ornée d'un double feuillage (XIVe siècle), provenant de l'ancienne abbaye de Saint-Martial; une crédence du xve siècle, d'une sculpture fort élégante, provenant de la même abbaye; une plaque de cheminée en fonte, dont le sujet n'a pas encore été déterminé ;

4o M. Guyot, marbrier: un cygne empaillé ;

5o M. Faugeron, docteur en médecine: une petite frégate; 6° M. Bouillon (Numa): un chapeau et un éventail chinois;

7° M. Chapoulaud (Roméo): un crochet ancien, unc serrure et trois clefs anciennes ;

8° M. Gustave de Burdin, archiviste du département: trois deniers de billon de Raymond, vicomte de Turenne; deux deniers de Guillaume de Poitiers, père de la célèbre Aliénor; une obole du même duc et une de Louis d'Angoulême;

9 M. Bourgoin-Mélisse, de St-Junien un chapiteau roman-fleuri, représentant un groupe de têtes, provenant de l'abbaye de Lesterps; un cadenas rond, provenant d'un coffre-reliquaire du xre siècle;

10° M. Breuil (Victor) un carton peint et doré aux armes de la ville de Limoges (1694);

44° M. Viellemarett (Louis): une Vierge moyen-âge (cuivre); 12o M. le major Fabre : un nid de mésange; un merle noir ; 43° M. Deslions, de St-Léonard : une scie (poisson);

44° M. Bourigeaud (J.-B.): un rat momifié ;

15° M. Halary (Louis): un médaillon en fonte représentant Kléber, d'après David (d'Angers);

46° M. Le major Iehl, du 18 léger : une médaille moyen-bronze; 17° M. Mayonaud (J.-B.): une médaille d'argent;

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18 M. Le docteur Bouland: des calculs biliaires recueillis à l'hospice de La Salpétrière.

Le secrétaire général, ARBELLOT.

SÉANCE GÉNÉRALE DU 11 JUIN 1852.

de M. Alluaud aine.

Présidence de

Sont présents: MM. Alluaud, président de la Société; NavièresLaboissière, Auguste DuBoys, le major Fabre, Blondin, receveur général; Maurice Ardant, Roméo Chapoulaud, G. de Burdin, Moulnier, l'abbé Cazaud, Perdoux, Vanginot, Thévenin, RoyPierrefitte, de Crossas, Nalbert, Poncet, d'Hennin, lieutenant au 5e hussards, et Arbellot, secrétaire. MM. Brisset et Bardinet arrivent dans le cours de la séance.

Le procès-verbal de la séance précédente (4 avril 1852) est lu et adopté.

M. le président proclame membres résidants de la Société MM. Brunet (Joseph) et de Nalèche (Louis), avocats à Limoges.

M. Alluaud, après avoir fait l'énumération de divers ouvrages offerts à la bibliothèque de la Société, et de plusieurs dons offerts au musée, vote des remercîments au divers donateurs. (Voir la liste à la fin du procès-verbal.)

M. d'Hennin, lieutenant au 5 hussards, lit un rapport sur la bataille de La Roche-l'Abeille (1569). Après avoir recherché les causes qui amenèrent les guerres de religion, et raconté les principaux évènements qui furent comme les préliminaires de la bataille de La Roche-l'Abeille, il a décrit les divers mouvements de troupes qui précédèrent cet engagement. Puis il a donné la topographie du champ de bataille, et déterminé la position respective de chaque corps d'armée ; il a fait ensuite le récit détaillé du combat, et il a terminé sa lecture par quelques considérations sur les progrès de l'art militaire depuis cette époque. Ila eu l'occasion, dans le cours de son article, de comparer la manière de combattre d'alors avec celle d'aujourd'hui.

M. le président a complimenté l'auteur sur son remarquable travail, et, sur le refus de M. d'Hennin de laisser imprimer son article, M. Alluaud l'a prié d'en réserver une copie pour les archives de la Société.

M. Auguste DuBoys, archiviste de la Société, chargé de vérifier les comptes de M. Navières, trésorier, et de faire un rapport sur la situation financière, a rendu hommage au zèle et à la régularité avec lesquels M. le trésorier s'acquitte de ses délicates et minutieuses fonctions; puis, après le détail des divers comptes, donnant la balance des recettes et des dépenses, il a dit que la somme générale des recettes, pendant l'année 1854, était de 3,655 fr. 50 c.; que la somme générale des dépenses, c'est-à-dire des dépenses ordinaires et les paiements sur l'arriéré, s'élevait à 3,758 fr. 94 c.; qu'ainsi il restait, au 1er janvier 1852, un faible déficit de 103 fr. 44 c. - Il a fait remarquer que la Société avait soldé, depuis le 1er janvier 1849, une dette de près de 8,000 fr. ; il a ajouté que le conseil municipal, moyennant une allocation annuelle qui s'élève jusqu'à ce jour à la somme de 5,200 fr., avait acquis à la ville de Limoges un musée qui vaut aujourd'hui (au jugement d'hommes experts) plus de 40,000 fr.

La Société a approuvé les comptes, et a voté des remerciments à MM. Navières et Auguste DuBoys.

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