Constantinople surtout, puis à devenir individuellement citoyens Romains, puis à concourir à tous les grades dans l'armée et dans les emplois publics.

Beaucoup s'allient aux Romains par des mariages; beaucoup deviennent Officiers Généraux, Ducs, Comtes: un assez grand nombre deviennent Ministres et même Empereurs.

Si les Romains n'avaient pas pillé, opprimé, tyrannisé les Peuples vaincus; s'ils s'étaient fait estimer et aimer; s'ils étaient unís entre eux; quelqu'étendues que soient les frontières de l'Empire, la discipline jointe au courage triompherait du courage indiscipliné; la civilisation repousserait et civiliserait la Barbarie.

Mais l'Aristocratie Romaine et le Despotisme impérial, pillant, opprimant, tyrannisant tous les Peuples, excitent partout le mépris et la haine, et paralysent partout la défense.

Les Barbares excitent moins d'horreur que les Aristocrates de Rome; les généraux Goths et Francs inspirent plus de confiance que les généraux Romains., 2976n zurot 91 Estg

Les Payens persécutés par les Chrétiens, les Hérétiques et surtout les Ariens persécutés par les Catholiques, voient pres que avec plaisir l'invasion étrangère qui doitles délivrer d'intolérables persécutions..

Les Barbares, d'ailleurs, élisant leurs Généraux ou leurs Rois, ont presque tous, pour les commander, des Chefs actifs, intrépides, habiles, auxquels ils obéissent avec enthousiasme, tandis que l'Empire n'a presque que des imbéciles,, des lâches et des infâmes, pour Empereurs, pour Ministres et pour Généraux.

Bien plus, la tyrannie de la Cour impériale et l'ambition des Généraux et des Ministres vont multiplier les traîtres," et c'est la trahison de l'Aristocratie qui presque partout appellera les Barbares et leur ouvrira les portes de l'Empire; voyez comme les Peuples sont victimes de la trahison!

C'est Rufin, ministre de l'empereur de Constantinople, qui appelle les Huns et les Goths, et qui, le jour de la ba

taille, fait retirer subitement l'armée d'Orient pour enlever à Stilicon la gloire d'arrêter l'invasion; c'est ce même Stilicon, ministre et général de l'empereur d'Occident, qui appelle ensuite les Goths en Italie, pour se rendre nécessaire à son maître ou pour prendre sa place; - c'est encore Stilicon qui appelle les Vandales dans la Gaule; c'est Géronce, général Romain, qui les appelle en Espagne :c'est le comte Boniface qui les appelle en Afrique; c'est l'ex-impératrice Eudoxie qui les appelle à Rome; c'est la fille d'une autre Impératrice qui appelle Attila et ses Huns dans la Gaule; c'est Narsès, général de l'empereur, qui appelle les Lombards en Italie pour se venger d'une insulte de l'Impératrice, qui vient de lui envoyer une quenouille et des fuseaux; ce sont enfin le comte Julien et l'Archevêque de Séville qui appellent les Maures d'Afrique en Espagne!!!

L'invasion ainsi préparée et facilitée, les Barbares s'ébranlent de tous côtés; ils arrivent, les uns fuyant devant les autres, ou entraînés par eux, ou les suivant, et presque tous excités depuis longtemps par leurs prêtres et leurs chefs. C'est vers l'an 400.

Du nord au midi et du midi vers le nord, de l'Orient vers l'Occident, et plus tard de l'Occident vers l'Orient, se précipitent à la fois Scythes, Goths, Germains, Arabes.

Tous débouchent en masse, hommes, femmes et enfants, les uns à pied, les autres à cheval, d'autres sur des chameaux ou des chariots; ils pillent, brûlent, massacrent; tout ce qui n'est pas tué devient esclave.

Partout c'est un torrent, un incendie, une peste qui dépeuple.

Partout des ruines, des cendres, des cadavres, des déserts. Le colossal édifice Romain va s'écrouler en détail, tomber et disparaître sous les coups des Barbares.

Un déluge de Vandales, d'Alains et de Suèves, auxquels se joignent des Huns et des Sarmates, passent le Rhin à

Mayence, en 406, et se répandent sur la Gaule jusqu'aux Pyrénées.

Les Bourguignons et les Allemands arrivent à leur suite, et s'établissent sur les bords du Rhin et en Helvétie.

Les Bretons-Gaulois (ceux qui depuis longtemps se sont fixés en Gaule dans la petite Bretagne) chassent les Romains, se déclarent indépendants, et se constituent en République sous le nom d'Armorique ou Armoricains.

Les Visigoths, arrivant par l'Italie, viennent s'établir dans le midi de la Gaule en 410.

Les Francs, conduits par Pharamond, s'établissent en Belgique en 420; - d'autres, guidés par Clodion en 438, s'emparent de Tournay, de Cambray et d'Amiens;-d'autres s'emparent de Trèves et de Cologne; - d'autres, sous Mérovée, s'emparent de Paris.

Des Saxons s'établissent aussi dans le Maine et l'Anjou.'

Le terrible Roi des Huns, Attila, arrive en 450 du fond de la Tartarie et passe le Rhin à la tête de cinq cent mille hommes, parmi lesquels se trouvent des Peuples nombreux,' Gépides, Ruges, Ostrogoths, conduits par leurs Rois; tout est détruit, villes et villages, entre le Rhin et la Seine, 'la Meuse et la Moselle; toute la population est anéantie.

Mais les Romains, les Gaulois, les Armoriques, les Francs, les Bourguignons et les Visigoths, se' réunissent contre eux; la plus sanglante de toutes les batailles connues se livre dans les plaines de Champagne; et les Huns vaincus sont forcés de se retirer en Pannonie ou Hongrie, d'où ils menacent continuellement Constantinople et Rome. C'est peu de temps après que les Franes conquièrent définitivement la Gaule, dirigés par Clovis.

SECT. 3. Clovis conquiert 'la Gaule.

A

Il n'a que quinze ans quand il est élu Roi des Francs, en 481; mais son courage, son adresse ou sa perfidie, sa

cruauté, surtout l'appui des Évêques Gaulois, vont le faire triompher.

Nous savons que depuis longtemps les Gaulois sont en communication avec les Barbares, que par conséquent ils les connaissent tous et peuvent choisir entre eux.

Nous savons aussi que les Évêques Gaulois sont riches, puissants et maîtres de l'esprit du Peuple.

Nous savons que ces Évêques et ce Peuple sont catholiques, et que les Ariens sont à leurs yeux d'horribles Hérétiques.

Or, les Goths, les Bourguignons, et presque tous les Barbares, sont Ariens, tandis que les Francs sont restés idolâtres ou païens et sont plus libres de se faire catholiques; par conséquent les évêques leur donneront la préférence et leur apporteront leurs vœux et leur puissant appui, s'ils veulent se faire chrétiens et catholiques : c'est la politique qu'adopte Clovis à l'exemple de Constantin.

Il commence par épouser une princesse catholique, Clotilde, fille du roi des Bourguignons; puis, à la bataille de Tolbiac et pour la gagner, il fait le vœu solennel d'adopter le Dieu de Clotilde s'il veut le rendre vainqueur; - puis, après la victoire, il se fait baptiser à Reims, en grande pompe, avec sa sœur et trois mille de ses généraux et officiers, par l'Évêque Saint-Rémy, qui, plein du sentiment de sa puissance, lui adresse ces mémorables paroles : «< Baisse >> docilement la tête, fier Sicambre; brûle ce que tu as adoré » et adore ce que tu as brûlé;»-puis il prodigue aux Évêques les faveurs, le pouvoir, les terres et les esclaves — et les Évêques se concertent avec lui pour lui faciliter le succès de toutes ses entreprises.

Quatre cents ans plus tard, un Archevêque de Reims. (Hincmar) écrira que Clovis est sacré, il affirmera qu'un Ange, sous la forme d'une colombe, a apporté du haut du ciel l'huile sainte dans une petite fiole appelée ampoule; il assurera que la fiole et l'huile ont été religieusement conservées dans l'église de Reims; il montrera même la Sainte

Ampoule, enchâssée dans un superbe reliquaire, et contenant un peu de poussière; il affirmera que c'est l'huile sainte desséchée; à chaque sacre, on en prendra un atôme avec une aiguille d'or pour le délayer dans de l'huile fraîche et en déposer une gouttelette sur le front des Rois; de beaux tableaux représenteront la colombe et la fiole; les Papes, les Évêques et les Rois, feindront de croire au miracle; mais aucun historien contemporain ne parle ni de la colombe, ni de la fiole, ni du sacre de Clovis; aucun n'en parle pendant quatre siècles; c'est Hincmar qui en parle pour la première fois 400 ans après la mort de Clovis; et le sacre, la colombe et la Sainte Ampoule, sont des mensonges qui prouvent seulement jusqu'où peut aller l'audace des prêtres à mentir.

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Quant à ses opérations de guerre et de conquête, Clovis fait alliance avec une autre Tribu de Francs Ripuaires et avec les Armoricains...

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Il bat ensuite et fait décapiter Syagrius, généralissime romain dans le Soissonnais; Il bat les Allemands à Tolbiac; -il bat les Bourguignons et les rend tributaires; — il bat encore les Visigoths et les force à se retirer en Espagne après 507; il revient au nord chargé de butin; il reçoit de l'empereur de Constantinople le titre de Consul et d'Auguste; il revêt la pourpre; il fixe sa résidence à Paris; il se fait reconnaître, comme Roi par les Armoricains, par les Saxons du Maine et de l'Anjou, et par les autres tribus des Francs, après avoir fait périr leurs rois: ; -il fonde des églises et des monastères pour racheter ses meurtres; il convoque un Concile à Orléans; et meurt en 511, presque maître de toute la Gaule..

Peu après, les Goths sont chassés et les Bourguignons soumis; et l'empereur de Constantinople cède à ses successeurs, en 535, tous ses droits sur la Gaule, qui prend alors le nom de France.

C'est vers ce temps que le fameux saint Benoît fonde, sur

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