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ils avoient tous la tête couverte.

A la table dite des honneurs, qui étoit vis-à-vis ceflè des ambaffadeurs, & au deffous de celle des pairs laïques, étoient placés fur la même ligne, le grand-cham bellan de France, le premier gentilhomme de la chambre, le grand- maitre de la garde-robe, & les quatre chevaliers de l'ordre du St. Efprit qui avoient porté les offrandes, tous revêtus des mêmes habits qu'ils avoient à la cérémonie du facre.

Ces quatre dernieres tables furent fervies par les of ficiers du corps de ville & par les notables bourgeois; & toutes ? même celle du roi, aux dépens de la ville de Reins.

On avoit dreffé pour la reine une tribune ou balcon élevé dans la falle, d'où e'le put commodément, avec les princelles & les dames de la cour, voir dîner le roi. Lorsque le roi eut dîné, l'archevêque de Reims s'avanca vers la table, & dit les graces.

Eufu te S. M. reprit le fceptre & la main de juftice, & fut reconduite dans fon appartement, précédée par les pairs & autres grands officiers, dans le même ordre, & avec les mêmes cérémonies qui avoient été gardées, Torfqu'elle étoit venue à table; après quoi, tous les princes, feigneurs & officiers fe retirerent.

En même tems, le connétable repréfenté par le premier maréchal de France, le grand-maitre, les feigneurs qui avoient porté le fceptre & la main de juftice, le capitaine des gardes, le graad maitre, le maitre des céré monies & fon aide, & autres officiers, fe rendirent à l'hôtel de ville, où ils furent traités & fervis à plufieurs tables aux dépens de la ville.

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Le 13, fe fit la cérémonie des chevaliers de l'ordre du St. Efprit, où le roi fut reçu grand-maitre fouverain

de l'ordre.

· Le lendemain du facre, le commandeur, prévôt & maitre des cérémonies de l'ordre du S:. Efprit, fit affembler tous les commandeurs, chevaliers & officiers de l'ordre, pour délibérer ce qui devoit être obfervé dans cette cérémonie.

Les mêmes décorations, tribunes & amphithéâtres qui avoient fervi à la cérémonie du couronnement dans l'églife métropolitaine, fervirent à celle-ci. Le grand-autel étoit paré des ornemens de l'ordre du St. Efprit, & l'on avoit élevé un dais au - deffus. Le trône étoit dreffé fous un dais à la premiere ftalle à droite en entrant dans le choeur, & il étoit aufi paré des ornemens de l'ordre.

On avoit élevé près de l'autel du côté de l'évangile, a trône & un dais femblable, fous lequel S. M. derca figner fon ferment, & recevoir le manteau & le collier de l'ordre du St. Efprit. Les armoiries du roi, & celles de tous les chevaliers étoient au-deffus des ftalles ç leur étoient deftinécs, fuivant leur dignité & le sang t leur réception.

Ce jour, fur les trois heures après midi, les commandeurs, chevaliers & officiers de l'ordre, tous revêtus a grand habit de cérémonie, s'étant assemblés dans l'appa tement du roi, le prévôt vint annoncer à S. M. que rout étoit difpofé pour la cérémonie, & le roi ordonna qu'on fe mit en marche.

Le roi, précédé du commandeur, prévôr & maitre des cérémonies, du grand-tréforier, du secrétaire, du chancelier de fes ordres, des feigneurs qui devoient être reçus chevaliers en habit de novice, d'étoffe d'argent, portant l'épée d'argent à fourreau blanc, des chevaliers revêtus du grand manteau de l'ordre, avec le collier par-deffus, marchant deux à doux, & des princes du fang chevaliers, marchant l'un après l'avere, arriva à l'églife métropoli taine, fut conduit dans le chœur, où S. M. monta fur fon trone. Alors l'archevêque de Reims commença les v pres, qui furent chantées par les muficiens de la chapelle de S. M.

Auf-tôt que les vêpres furent finies, S. M. defcendit de fon trone, fut conduite au pied du fanctuaire, y fir Les révérences, & monta enfuite à fon trône près de Pautel, Le grand aumônier de France fe plaça fur l'eftrade à la droite du roi, entre le chancelier & le grandtréforier de l'ordre.

L'archevêque de Reims fortit dans ce moment de fa place, & vint au trône du roi. Ce prélat affis dans un fauteuil place fur l'eftrade vis à-vis de S. M., lui demanda

elle vouloit figner le ferment de l'ordre du Sr. Efprit qu'elle avoit fait à fon facre; à quoi le roi ayant confenti, le fecrétaire de l'ordre le lui préfenta à figner, ainfi que la profeffion de foi écrite dans un regiftre, où les rois, prédécefieurs de S. M. & les chevaliers, ont tous figné. Le roi, s'étant levé, ôta fa toque. Le grand-chambellan, qui étoit derriere le fauteuil du roi, lui ôra fon capot de novice. Alors S. M. s'étant mife à genoux fur un carreau, elle reçut des mains de l'archevêque de Reims la croix de l'ordre du St. Efprit, attachée à un cordon bleu, que ce prélat lui paffa au cou. Le maitre des céré monies, qui étoit au côté gauche du fauteuil dų roi, lui

it le manteau fur les épaules, & l'attacha. Enfuite l'ar evêque lui présenta les ftatuts & l'office de l'ordre, avec n dizain.

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Cette cérémonie achevée, S. M. fe leva, fe couvrit fe emit dans fon fauteuil, & tous les chevaliers & commandeurs vinrent au trône baifer la main au roi, comne grand maitre-fouverain de l'ordre. Enfuite on chanta

Veni, Creator, & S. M. donna aux novices le collier e l'ordre. S. M. retourna au palais archiepifcopal par même galerie, & dans le même ordre de fon arrivée à église.

Le 14, S. M., pour fe conformer à la pieuse coutu ne des rois fes prédéceffeurs alla en cavalcade à St. Remi. es gardes-françoifes & fuffes étoient en haie, & occuoient les rues qui conduifent du palais archiépiscopal à ette abbaye, Sur les dix heures le roi partit, & la

marche fe fit dans cet ordre.

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Les maufquetaires, les officiers à leur tête. Les chevaux-légers de la garde. Les gardes de la prévoté de l'ho el, marchant à pied deux à deux, avec le grand-prévér a leur tête à cheval. Plufieurs feigneurs de la cour magnifiquement habillés, & montés fur des chevaux richement harnachés. Trois chevaux du roi, dont les équi pages étoient couverts de caparaçons de velours bleu, brodés en or & en argent, & menés à la main par des palfreniers de l'écurie du roi. Douze pages à cheval, fçavoir fix de la chambre, trois de la grande écurie, & trois de Ja petite. Les trompettes de la chambre. Les Cent-Suiffes de la garde dans leurs habits de cérémonie, leur capitaine étant à cheval à leur tête, Plufieurs maréchaux de Francé, & plufieurs chevaliers des ordres du roi, à cheval fans obferver de rang entre eux. Le grand-écuyer de France marchant à cheval devant S. M. Le roi vêtu d'un habit de la plus grande magnificence, & monté fur un cheval fuperbement harnaché, dont les rênes étoient tenues par deux écuyers de S. M. Quatre autres écuyers marchant à pied autour du roi. Les deux capitaines des gardes à cheval aux côtés du roi. Les fix gardes écoffois marchant à pied fur les aîles. Derriere le roi, le grand chambellan, le premier gentilhomme de la chambre, le premier écuyer du roi. Les princes du fang, ayant chacun auprès d'eux un de leurs premiers officiers. Les officiers des gardes-ducorps de quartier, marchant à la tête du guet de ces mêmes gardes. Les gardes-du-corps. Les gendarmes de la garde fermant la marche.

Le roi, après avoir traverfé la grande rue qui conduiz

▲ l'abbaye St. Remi, au bruit des acclamations du perple, fut reçu & complimenté à la porte de cent a baye par le grand-prieur, à la tête de fes religieux, e chappe, qui conduifit S. M. dans le chœur, où d entendit une messe basse. Après la messe, le roi alla fir fa priere devant la chaffe de St. Marcoul.

S. M. entra enfuite dans le parc de l'abbaye, pour y toucher les malades des écrouelles, qui le trouvoient ra gés dans les allées de ce parc. Le roi, la tête décou verte, les toucha en étendant la main droite du fratag menton, & d'une joue à l'autre, formant le fez de': croix, & prononçant ces paroles: Dieu te guérife, le roi te touche.

Après le coucher des malades, le roi alla faire fi priere près du tombeau de St. Remi, & pendunt ce tems les troupes de fa maifon fe mirent en marche, & S. M. retourna au palais archiépiscopal.

Toutes ces auguftes cérémonies fe font terminées par un acte de clémence digne de la majesté & de la puissante de nos rois; fçavoir l'abolition & le pardon qu'ils accor dent aux criminels renfermés dans les prifons de Reims; coutume aufli ancienne que la monarchie. C'eft le grandaumônier de France qui cft chargé de la délivrance de ces prifonniers, pourvu qu'ils ne foient point coupables de crimes que l'on juge irrémissibles.

Les comédiens italiens représenterent à Paris, pour la premiere fois, le 2 Mars, les Dames vengées, opéra-comique, en un acte & en vers, mêlé de chants. Les paroles font du Sr. Sédaine, & la musique du Sr. Philidor. Le conte plaifant des Rémois de La-Fontaine a fait le fond de cet acte.

La femme d'un jeune peintre, qu'on croit à la campagne, ouvre la fcene avec les deux voifines, Mme. la préfidente & Mme. la lieutenante, dor! les maris ont dit auffi qu'ils alloient paffer quel ques jours hors de la ville. La femme du peintre leur révele qu'elles font dans l'erreur; que les époux ne font point partis, & qu'ils doivent fou per chez elle; dans la confiance où ils font que le peintre eft abfent, elle leur a donné ce rendezvous pour jouer ces deux bourgeois libertins,

elle invite leurs femmes à fe prêter à ce tour: les y confentent, & promettent de venir fouer, lorfqu'elles feront averties. Les deux Rémois, nhabit de campagne, viennent, en effet, fur le foir,

apportent de quoi fouper; lorfqu'ils font à tale, on entend du bruit. C'est le mari abfent qui reient, & qui jette l'allarme; deux cabinets font praqués fur le devint du théâtre, au moyen de quoi e lieu de la fcene eft triple, comme il l'eft queluefois fur les théâtres d'Italie. C'eft dans un de es cabinets éclairés fur le devant par un grand itrage, enforte que le public voir tout ce qui y paffe, que les bourgeois font forcés de fe caher. Le mari entre; il s'étonne de voir trois couverts fur la table; il demande à fa femme avec qui elle devoit fouper : elle répond que c'étoit avec a préfidente & la lieutenante, qu'elle va chercher. Son mari reflé feul, tient tous les propos qui peuvent inquiéter le plus les deux prifonniers. Il parle de l'amour qu'il a pour Mme. la lieutenante, & du plaifir qu'il va goûter en foupant avec elle. Les dames arrivent; on fe met à table; le peintre y eft d'une galanterie cruelle pour les deux amis, qui voyent tout par une petite ouverture. On veut avoir du meilleur vin, & il faut aller à une cave éloignée; la femme du peintre, qui ce jour-là n'a point de domeftique, n'ofe y aller feule, & elle amene avec elle la préfidente. Le peintre refté feul avec l'autre voifine, lui fait une déclaration d'amour; on fe défend d'abord; mais on a l'air de fe rendre, & le cabinet oppoté fert d'azile aux deux prétendus amans. Il ne faut pas oublier qu'on a dit que le public voyoit tout ce qui fe faifoit dans ce cabinet; on apperçoit donc le peintre, la lieutenante & les deux autres amies qui jouiffent ensemble du trouble où sont les deux Rémois. Ils fortent de leur retraite; le lieutenant eft défolé; le président le confole, en lui difant qu'il le ven

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