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M. le prince de Lambefe, grand-écuyer de France qui étoit deftiné à porter la queue du manteau roya marchoit derriere le connétable ; & derriere S. étoient à droite M. le maréchal de Noailles, capite des gardes-du-corps, commandant les gardes écoles. & à gauche M. le prince de Beauveau, capitaine gardes de quartier: ils étoient vêtus en habits à m teaux très-magnifiques.

Le roi étoit environné de fix gardes écoffois, on la manche, vêtus de fatin blanc, & ayant leurs c tes-d'armes en broderie par-dessus leurs habits, & l portuifanne à la main.

fai

M. de Miroménil, garde des fceaux, représentant le chancelier, marchoit après le roi. Il étoit vêtu d'une foutanne de fatin cramoifi, un grand manteau d'écarlate par-deffus, avec l'épitoge retrouffée, & fourrée d'hetmine, & il avoit fur la tête le mortier de chancelier, de drap d'or, bordé d'hermine. Le prince de Soubife, f fant les fonctions de grand-maitre de la maifon du roi, portant fon baton à la main, venoit enfuite, ayanti Ya droite & fur la même ligne M. le duc de Bouiller, grand chambellan de France, & à fa gauche M. le ma réchal de Duras, premier gentilhomme de la chambre, & M. le duc de Liancourt, grand maitre de la gardero be. Ils étoient vêtus tous quatre comme les pairs laïques, & avoient la couronne de comte fur la tête. Les onciers des gardes du corps de quartier, fuivis des gar des-du-corps, fermoient la marche.

Le roi ayant paffé par la galerie couverte & magnifiquement décorée, les gardes de la prévôté de l'hôtel refterent à la porte de l'églife, & les Cent-Suiffes for merent une double haie entre les barrieres par lef quelles on traverfa la nef. Les tambours, les hautbois & les trompettes fe mireat entre les deux escaliers qui montent au jubé.

Lorfque S. M. fut arrivée à l'églife, le clergé s'ar reta à l'entrée de la nef, & l'évêque de Beauvais dit une oraifon pour le roi, & enfuite on chanta un pfeaume.

Le roi, précédé du clergé, entra dans le choeur, ac. compagné des évèques de Laon & de Beauvais, & s'é tant mis à genoux au pied de l'autel, l'archevêque de Reims, fe levant de fon fiege, dit une oraifon. En fuite S. M. fut conduite par les mêmes évêques au fa teuil qui étoit fous le dais au milieu du chœur, où chacun avoit pris la place qui lui étoit défignée; l'archevêque préfenta de l'eau bénite au rei, & à ceux qui

voient leur féance dans la cérémonie. Aufitôt on chanta e Peni, Creator, après lequel les chanoines commencerent ierce. Cet office étant fini, la fainte ampoule arriva à la porte de l'églife.

La fainte ampoule fut apportée de St. Remi en proceffion par Dom de Bar, grand-prieur de cette abbaye, en chappe d'étoffe d'or, & monté fur un cheval blanc de l'écurie du roi, que deux maitres palfreniers de la grande écurie conduifoient par les rênes: il étoit couvert d'un petit palefroi d'étoffe d'argent très richement brodé. Gereligieux étoit fous un dais de pareille étoffe, qui étoit porté par MM. du Bois d'Efcordalles, feigneur de Teroiers; Deflair, feigneur de Sauvaltie; le comte d'Anger, feigneur de Neuvifi; Gaftineau, feigneur de Louvercy, barons, dit chevaliers de la fainte ampoule, vêsus de fatin blanc, d'un manteau de foie noire, & d'une écharpe de velours blanc, garnie de franges d'argent, avec la croix de chevalier paffée au sou, & attachée à un ruban noir. Les religieux minimes, les chanoines de l'églife collégiale de St. Timothée, & les religieux de l'abbaye de St. Remi, en aubes, précédoient le dais devant lequel M. de Watronville, aide des cérémonies, marchoit immédiatement, & devant le grandprieur de l'abbaye. MM. le vicomte de la Rochefoucault, le comte de Talleyrand, le marquis de RocheChouart & le marquis de la Roche-Aymon, feigneurs nommés par S. M. pour ôtages de la fainte ampoule, & dont le rang avoit été réglé par le fort, marchoient cheval aux quatre coins du dais, & étoient précédés chacun de fon écuyer, portant un guidon chargé d'un côté des armes de France & de Navarre, & de l'autte de celles de leurs maifons.

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L'archevêque de Reims, ayant été averti par le maitre des cérémonies de l'arrivée de la fainte Ampoule, alla à la porte de l'églife, accompagné de fes afiftans pour la recevoir des mains du grand-prieur qui la lui remit avec les cérémonies accoûtumées. Alors le chantre commença une antienne, & l'archevêque, précé té de tous les chanoines, rentra dans le chœur, & alla pofer la fainte ampoule fur l'autel. Le grand - prieur & le tréforier de l'abbaye allerent prendre place au côté droit de l'autel, & fes quatre feigneurs otages fe placerent dans les quatre premieres fallès des chanoines du côté de l'évangile, & les écuyers dans les baffes, au deffous d'eux, & tenant toujours leurs guidons à la main. L'archevêque ayant dit une oraiton, les chanoines

coramencerent fexte. Alors l'archevêque alla derriere l: grand autel fe vêtir des ornemens pour célébrer la mef fe; revint avec tous les affiftans faire la révérence à l'autel & au roi, & alla s'afseoir sur la chaife devan l'autel, deux évêques étant fur des fieges à fes côtés. Enfuite l'archevêque s'approcha du roi, & lui fit une requête pour toutes les églifes de France qui lui fon fujettes. Le roi, fans fe lever de fon fiege, & la têt couverte, répondit en prononçant la formule d'ufage. Alors les évêques de Laon & de Beauvais fouleverent S. M. de fon fauteuil; & l'archevêque de Reims, après avoir fait une feconde demande, préfenta au roi le ferment du royaume, lequel S. M., étant affife & la tête couverte, prêta tout haut en latin, & tenant fes mains fur le livre des faints évangiles. Après ce ferment, le roi prononça celui de chef & fouverain grand-maitre de l'ordre du St. Efprit.

Pendant ce tems-là, les habits & ornemens royaux dont S. M. devoit être parée à fon facre, furent mis fur l'autel; fçavoir, la grande couronne de Charlemagne, & deux autres, dont une enrichie de pierres précieuses, & l'autre d'or, l'épée, le fceptre, la main de juftice, les éperons, & le livre des cérémonies une camifole de fatin rouge, garnie d'or, une tunique & une dalmatique qui repréfentent les ornemens de diacre & de fous-diacre, des bottines & un manteau royal de velours bleu, femé de fleurs-de-lys d'or, doublé d'hermine.

Le roi ayant prêté les fermens, l'archevêque de Reims retourna à l'autel, au pied duquel le roi fut conduit par les évêques de Laon & de Beauvais ; & là, étant debout, le premier gentilhomme de la chambre, lui ôta la robe longue de toile d'argent, qu'il remit entre les mains du premier valet-de-chambre; & le grand-maitre de la garde-robe, ayant reçu la toque des mains de S. M., la remit entre les mains du premier valet-de-chambre de la garde-robe, & le roi refta debout, la tête dé couverte, & vêtu feulement de fa camifole de fatin. L'archevêque ayant fait des prieres pour S. M., on apporta le fauteuil du roi devant celui de l'archevêque, & S. M. s'y étant affife, le grand-chambellan viut lui chauffer les bottines de velours, qu'on nomme auffi fandales. Monfieur, repréfentant le duc de Bourgogne, premier pair, lui mit les éperons d'or, & les lui ôta tout de fuite. Après quoi, le roi étant debout, l'archevêque fic la bénédiction de l'épée de Charlemagne, qui étoit en ce moment; dans le fourreau. Cette béné,

ion étant faite

il ceignit l'épée au roi, & la lut en même tems; puis l'ayant tirée du fourreau, qu'il la fur l'autel, il fit une priere. Après cette prie, l'archevêque remit l'épée toute nue entre les mains S. M., & le choeur chanta une antienne. Et dans tems que le roi tint l'épée la pointe élevée, l'archeque dit une oraifon. Le roi baiffa enfuite l'épée, & ffrir à dieu, en la remettant fur l'autel. Auffitôt l'arevêque la reprit, & la remit entre les mains du roi, S. . la reçut à genoux, & la remit entre les mains du igneur qui faifoit la fonction de connétable. Celui-ci tint la pointe levée pendant la cérémonie du facre I du couronnement, & pendant le feftin royal. Cepenint le roi refta à genoux, & l'archevêque ditpour S. 1. plufieurs oraifons.

Ces prieres étant finies, l'archevêque de Reims mit fur emilieu de l'autel la patenne d'or du calice de Sr. Rei; & le grand-prieur de cette abbaye ayant ouvert la ainte ampoule, la donna à l'archevêque, lequel, avec ne aiguille d'or, que lui préfenta le grand-prieur, tira le cette fainte ampoule la groffeur d'un grain de fronent de cette huile précieufe qu'il mit fur la patenne. Puis, ayant rendu la fainte ampoule au grand-prieur, l reprit avec la même aiguille d'or du faint chrême, & le mêla avec cette huile.

Pendant ce tems-là, le chœur chanta un répons & un verfet. Enfuite l'archevêque s'étant tourné vers l'autel, fans mitre, dit le ver et & l'oraifon de St. Remi.

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Après cette orafon, le roi fe profterna devant l'autel fur un long carreau de velours violet, femé de fleursde-lys d'or. En même tems l'arche êque de Reims fe profterna à fa droite, & les évêques de Laon & de Beauvais fe tinrent debout aux côtés de S. M. Alors les quatre évêques nommés pour chanter les litanies les entonnerent, & le chœur y répondit. Les litanies finies, les quatre évêques fe profternerent, & l'archevêque, affis fur fon fauteuil, le dos tourné vers l'autel & avec, fa mitre, dit plufieurs eraifons fur le roi, qui fe mit à genoux devant lui.

L'archevêque de Reims, demeurant toujours affis avec fa mitre, dit une fixieme oraifon d'une voix plus élevée. Lorfqu'elle fut finie, le roi reftant toujours à genoux, l'archevêque affis & tenant d'une main la patenne d'or du calice de St. Remi, fur laquelle étoit l'onction. facrée, en prit avec le pouce droit, & commensa d'oindre leroi de la maniere fuivante.

1. Sur le fommet de la tête, en faifant le figne & la croix, & difant ces paroles : Vago te in regem de oleo fanctificato in nomine patris, & filii +, & fpiri- + ss fancti.

Je vous facre roi avec cette huile fan&tifiée, au nom du pere & du fils, & da faint efprit.

Il répéta les mênes fignes de croix aux fix onations fuivantes, & tous les alliftans répondirent à la fin de chacune. Amen.

2o. Sur l'eftomac; les évêques de Laon & de Beat vais, ouvrant les ouvertures faites à la chemise, à la camifole du roi, & à chacun des endroits où devoich mettre la fainte onction ; 3°. entre les deux épaules; 4°. fur l'épaule droite ; 5o. fur l'épaule gauche; 6o, aux plis & aux jointares du bras droit; 7o. aux plis & aux jointures du bras gauche. Pendant ces onctions, la mu que chanta une antienae.

Eafuite l'archevêque, toujours affis avec fa mitre, & le roi à genoux devant lui, fit des prieres pour S. M. Après ces fept onctions, & les oraifons finies, l'archevêque de Reims, aidé des évêques de Laon & de Beauvais, refermerent les ouvertures de la chemife & de la camifole du roi avec des lacets d'or. Le roi s'étant Jevé, le grand-chambellan revêtit S. M、 de la tunique, de la dalmatique & du manteau royal. Ces vêtemen font de velours violet, femés de fleurs-de-lys en broderie d'or, & repréfentent les trois ordres de fous-diacre, de diacre & de prêtre.

Le roi, ainfi revêtu, fe mit à genoux devant l'arche vêque de Reims, lequel, affis avec fa mitre, reprit la patenne, & fit à S. M. la huitieme onction fur la paume de la main droite, & enfuite la neuvieme fur celle de la main gauche, en faifant cette priere.

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Ungantur manus ifta de oleo fanctificato, undè uncti fuerunt reges & propheta, & ficut unxit Samuel David in regem, ut fis benedictus & conftitutus rex in regno ifto, quod dominus tuus dedit tibi ad regendum & gubernandum. Quod ipfe præftare dignetur, qui vivit & regnat deus per omnia, &c.

Que ces mains foientoin tes de l'huile fan&ifiée, de laquelle les rois & les prophêtes ont été oints, & de la nême maniere que Samuel facra le roi David, afin que vous foyez béni & établi roi dans ce royaume. Que dieu, qui vit & regne dans tous les fiecles, daigne vous accorder cette grace. Le roi, toujours à genoux, & tenant les mains jointes devant la poitrine, l'archevêque debout & fans mi

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