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la tête du chapitre, & affifté des évêques fes fuffragans. S. M. s'étant mife à genoux à la porte de l'églife, & ayant baifé le livre des évangiles, fut complimentée par l'archevêque; le clergé rentra enfuite dans l'églife en ordre de proceffion, & le roi fut conduit à un prie dieu, dreffé au milieu du chœur fous un magnifique dais. Après quelques prieres, le Te Deum fut chanté par la mufique du roi, & celle de la métropole," au bruit de plufieurs falves de l'artillerie de la ville. A cet inftant M. le maréchal de Duras, premier gentilhomme de la chambre, remit entre les mains du roi um ciboire d'or, riche préfent que fait S. M. à l'églife & qu'elle offrit à dieu en le pofant fur l'autel. Le Te Deum fini, l'archevêque donna la bénédiction, & le roi fe retira dans le palais archiépiscopal, paré des plus fuperbes ameublemens de la couronne. S. M. y reçut les hommages de l'églife de Reims, & des différens corps de la ville.

Le ro après-midi, veille de la fête du couronnement, le roi, accompagné des princes de la famille royale, des princes du fang, & fuivi de toute la cour, fe rendit à l'églife métropolitaine, pour affifter aux premieres vêpres du facre. S. M. fut réçue à la porte de l'églife par l'archevêque duc de Reims, en chappe & en mître, à la tête du chapitre, & affifté des évêques fes fuffragans. Le roi ayant été conduit à fon prie-dieu, & tous les princes, les pairs, les grands officiers & les feigneurs ayant pris leur place, l'archevêque commença les vêprès, après lefquelles M. l'archevêque d'Aix prononça un fermon fur la folemnité du facre. Le difcours fini, le roi fortit de l'églife, avec les mémes cérémonies obfervées lorfqu'il y étoit arrivé, & S. M. fut reconduite à l'archevêché.

Le jour du facre & du couronnement du roi, l'église métropolitaine de Reims, difpofée pour cette augufte cérémonie, étoit décorée avec beaucoup de magnificen ce. Les grilles du chœur avoient été enlevées, & ou avoit conftruit deux étages en tribunes, pour y placer le public commodément. Tous les piliers de l'intérieur du chœur étoient masqués par une colonnade d'ordre corinthien, dont les entrecolonnemens étoient de grandes figures allées qui portoient des girandoles garnies de tu? mieres. L'intervalle d'un pilier à l'autre étoit fermé par une baluftrade, derriere laquelle les gradins rempliffoient. les tribunes. L'entablement étoient furmonté d'un focle fur lequel on voyoit des grouppes d'enfans portant des

lumieres. Toute cette décoration étoit portée für un foubaffement en vouffure, décoré de confoles & de guirlandes, lequel étoit appuyé fur le doffer des ftalles.

On avoit pratiqué à l'entrée du chœur un grand jubé, où étoit placé le trône du roi, au-deffus duquel étoit fufpendu un dais entre quatre colonnes, auxquelles étoient attachées des pentes de fatin violet, parsemées de fleurs-de-lys d'or.

Le fond du choeur étoit terminé par une partie cisculaire décorée de colonnes, ainfi que les parties latérales, & dans la croifée du chœur, étoient deux vaftes tribunes, également décorées, celle du côté de l'archevêché, deftinée pour la reine, Madame, Mme. Clotilde, Mme. Elizabeth, & toutes les princeffes & dames qui. les accompagnoient, & Pautre vis-à-vis, deftinée pour les ambaladeurs. Les chanoines, tous en chappe, en: trerent au choeur vers les 6 heures du matin, & fe placerent dans les hautes ftalles, à l'exception des 4 premieres qui refterent vuides. Le grand prieur de l'abbaye de St. Denis, le tréforier & le maitre des cérémonies, qui avoient apporté les ornemens royaux du tréfor de certe abbaye, fe placerent à côté de l'autel, pour être à portée de livrer ces ornemens, lors du couronnement du roi.,

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On commença prime, l'archevêque, very de fes habies pontificaux, vint à l'autel, précédé du grand-chantre, du fous-chantre, tenant leurs bâtons, & de 4 évêques en chappe & en mître. Après ces 4 évêques, marchoient l'évêque d'Amiens, fous-diacre, & l'évêque de Soiffons, diacre, tous deux en mître. L'archevêque ayant fait fa révérence à l'autel s'affit, le vifage tourné vers le chœur, fur la chaife qui lui étoit préparée vis à-vis le prie-dieu du roi. Les évêques de Soiffons & d'Amiens fe placerent à fes côtés, & les évêques de Boulogne, de Limoges, d'Arras & de Montpellier, allerent prendre leur place au côté droit de l'autel. L'évêque de Senlis, premier aumônier du roi, faifant la fonction de grand aumônier de France, en rochet, & après lui les cardinaux invités & revêtus de leur chappe de cardinal, fe placerent fur une forme un peu plus haute que le banc des pairs eccléfiaftiques, mais un peu moins avancée. Les archevêques & évêques invités furent placés fur des formes derriere les pairs eccléfiaftiques. Après eux étoient les agens du clergé, derriere lefquels étoient les aumôniers du roi, en rochet & en manteau noir.

Les confeillers d'état, & les maîtres des requêtes

invités au facre, tous en robe de cérémonie, occupoient les formes qui étoient au-deffous de celles des archevêques & éques. Après eux étoient & fecrétaires du roi, députés de leur compagnie pour affifter au facre.

Les pairs eccléfiaftiques en mitre & chappe de drap d'or, conduits par le grand-maître des cérémonies, fe placerent fur un banc couvert d'un tapis de velours violet, femé de fleurs-de-lys d'or, auprès de l'autel du côté de l'épitre. Ces pairs font l'archevêque duc de Reims, l'évêque duc de Laon, l'évêque duc de Langres, l'évêque comte de Beauvais, l'évêque comte de Châlons, & l'évêque comte de Noyon.

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MM. de Contades, de Broglie, de Nicolaï, maréchaux de France, nommés par le roi pour porter la couronne, le fceptre & la main de juftice, fe placerent fur un banc derriere celui des pairs laïques. Les quatre fecrétaires d'état occuperent un banc féparé, & au-dessous de celui des trois maréchaux de France. Les autres maréchaux prirent leur place fur une forme qui étoit derriere le banc des honneurs. Sur les autres formes & fur la même ligne, étoient les principaux officiers de S. M., & les feigneurs de fa cour.

La reine, les princeffes & les dames qui les accompagnoient, furent conduites par une galerie conftruite. depuis la falle du palais archiepifcopal, à une magnifique tribune, élevée au côté droit de l'autel.

Le nonce du pape & les ambassadeurs invités à cette cérémonie, furent conduits à leur tribune par les introducteurs, & ceux-ci fe placerent auprès d'eux fur la mêne ligne.. Le refte de la tribune étoit occupé par les princes & seigneurs étrangers.

Entre les piliers des deux côtés du chœur, & dans les galeries en amphithéâtre qu'on avoit élevées pour cette cérémonie, étoient placées toutes les autres perfonnes de diftinction.

Vers les 7 heures, les pairs laïques arriverent du palais archiepifcopal à l'églife, où ils furent reçus par M. le marquis de Dreux, grand maître des cérémonies qui les conduisit à l'autel. Après qu'ils eurent fait les révérences d'ufage, ils allerent fe placer fur la forme qui leur étoit deftinée du côté de l'évangile, couverte de même que celle des pairs eccléfiaftiques, Ils étoient vêtus d'une vefte d'étoffe d'or : ils avoient une ceinture d'or, & par-deffus leur longue vefte, un manteau ducal de drap violet, doublé & bordé d'hermine, ouvert fur l'épaule droite; l'épitoge ou collet rond étoit aufli bore

de d'hermine : ils avoient tous une couronne ducale dorée fur un bonnet de fatin violet. Monfieur, frert du roi, repréfentoit le duc de Bourgogne: fon fiege avoit un marche-pied plus haut que celui des autres pairs. Mgr. le comte d'Artois repréfentoit le duc de Normandie; Mgr. le duc d'Orléans le duc d'Aquita. ne; Mgr. le duc de Chartres le comte de Touloufe; Mgr. le prince de Condé le comte de Flandres, & Mgr. le prince de Bourbon le comte de Champagne.

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Les trois pairs qui repréfentoient les ducs, avoient des Bouronnes ducales, & les trois autres pairs, qui repré fentoient les comtes des couronnes de comtes. Is portoient fur leurs manteaux les colliers de leurs ordres, Un moment après que les pairs laïques eurent pris leurs places, ils s'approcherent, ainfi que les pairs eceléfiaftiques, de l'archevêque duc de Reims, & ils con vinrent de députer l'évêque duc de Laon, & l'évêque Comte de Beauvais, pour aller chercher le roi.

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Ces deux prélats, revêtus de leurs habits pontifi caux partirent proceffionnellement, précédés de tous les chanoines de l'églife de Reims, au milieu defquels étoit la mufique. Le chantre & le fous-chantre mar choient après le clergé & devant le grand-maitre des cérémonies, qui précédoit immédiatement les deux évê ques. Ils pafferent par une galerie couverte, conftruite depuis le portail de l'églife jufqu'à la grande falle de l'archevêché; & lorfqu'ils furent arrivés à la chambre du roi, qu'ils trouverent fermée, le chantre y frappa de fon baron. Le grand chambellan, fans ouvrir la porte, dit: Que demandez-vous ? L'évêque de Laon, répondit: le roi. Le grand chambellan répartit: le roi dort. Le chantre ayant frappé, & l'évêque demandé une feconde fois le roi, le grand - chambellan fit la même réponse. Mais à la troifieme fois le chantre ayant frappé, & ie grand-chambellan répondu de même, l'évêque de L on dit: Nous demandons Louis XVI, que dieu nous a donné pour roi. Auditôt les portes de la chambre s'ouvrirent, & le grand maitre des cérémonies conduifit les évêques de Laon & de Beauvais auprès de S. M. Le roi étoit couché fur un lit de parade, & vêtu d'une longue camifole de fatin çramoifi, garnie de galons d'or & ou verte, ainsi que la chemife, aux endroits où S. M. devoit recevoir les onctions. Par deffus cette camifolle, le roi avoit une longue robe de toile d'argent, & fur fi tête une toque de velours noir, garnie d'un cordon de diamaus, d'une plume & d'une double aigrette blanche.

'évêque de Laon donna de l'eau bénite au roi, & dic ne oraison. Enfuite les deux évêques fouleverent le roi e deffus fon lit, & le conduifirent proceffionnellement l'églife, dans l'ordre qui fuit, en chantant un répons. Les gardes de la prévôté de l'hôtel, ayant à leur tête 1. le marquis de Sourches, grand prévôt, & précédant e clergé qui avoit accompagué les évêques; les Centwiffes de la garde dans leurs habits de cérémonies, yant à leur tête M. le marquis de Courtenvaux eur capitaine, habillé de drap d'argent, avec un baurier de pareille étoffe, & brodé, un manteau noir oublé de drap d'argent, & garni de dentelles, ainf ue les chauffes retrouffées, & une toque de velours oir, garnie d'un bouquet de plumes; le lieutenant des Gent-Suiffes, vêtu d'un pourpoint & d'un manteau de rap d'argent, & d'une coque de pareille étoffe ; les aures officiers, vêcus d'habits de moire d'argent & de atin blanc; les hautbois, les tambours & les tromettes de la chambre; fix héraults d'armes, en habits de elours blanc, les chauffes retrouffées, garnies de ruans, & leur toque de velours blanc, ayant par-defus leur pourpoint la cotte d'armes de velours vioet, chargée des armes de France, en broderie, & le caducée à la main; M. le marquis de Dreux, grandmaitre des cérémonies, & M. de Nantouillet, maitre des cérémonies, vêtus de pourpoints de toile d'argent, le chauffes retrouffées de velours noir, coupées par banles, ayant auffi des capots de velours noir, garnis de dentelles d'argent, avec une toque de velours noir, chargée de plumes blanches; les maréchaux de Mouchy, du Muy, le comte du Châtelet, & le marquis de Poyanne, chevaliers de l'ordre du St. Efprit, deftinés à porter les offrandes, & vêtus du grand manteau de l'ordre, le comte de Clermont Tonnerre, repréfentant le connétable, vêtu comme les pairs laïques, avec la couronne de comte, ayant à fes côtés les huffers de la chambre du roi, portant leurs maffes, habillés d'un pourpoint de fatin blanc, les manches tailladées à plu-, fieurs étages & la chemife bouffante par les ouvertures, ayant les haut de-chauffes de farin "blanc, retrouffés avec le manteau de pareille étoffe, doublé de même les bas de foie gris de perle, & les fouliers de velours blanc, précédés de huit pages de la chambre du roi, superbement vêtus.

Le roi parut enfuite, ayant à fa droite l'évêque de Laon, & à fa gauche l'évêque de Beauvais. Supplément. ae. trimestre. 1775.

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