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pas qu'on prenne le nom de celui dont on peut imiter les œuvres... Le pain du facreme eft un pain faint, un pain pur, un pain blanc! pêtri dans le très-pur ventre de la vierge Marie fans tache de péché & fans faute, &c. ». Ce propofitions peuvent égayer un inftant nos le teurs. Le même ouvrage nous apprend un ug fingulier, établi par les jéfuites dans les Indes, on fçait que ces peuples font divifés par clai fes ; celle des Bramines ou nobles ne commupique point avec celle des Paras. Les jéfuites, en leur prêchant la religion chrétienne, ne vonlurent point leur enfeigner que les hommes étoient égaux devant dieu; ils imaginerent de pren dre le titre de Bramines romains; ils ne converferent qu'avec les Indiens de cette claffe ; ils chargerent d'autres prêtres des fonctions de Paras romains, & ils ne communiquerent avec eux qu' l'aide de quelques perfonnes qui fervoient d'interprêtes à ceux-ci; les prêtres Paras obfervoient avec ces orgueilleux Bramines, les ufages des Indiens; ils fe profternoient à leur approche; ils s'écartoient pour leur faire place, afin de ne pas fouiller l'air dans lequel ils devoient paffer. Le jugement du tribunal, qui condamne le livre d'Ardizzone ne manque pas de rappeller ce grief; il accufe auffi les jéfuites feuls des extravagances impies dont l'écrivain s'eft rendu cou. pable. On le voit, la cour de Lisbonne ne varie point dans fes difpofitions fur la feue fociété; elle a fait faire des réjouiffances à l'occafion de l'exaltation de Pie VI, que bien des nouvelles préfentent comme favorable aux ex jésuites; mais le pape peut faire ce qu'il voudra d'eux dans fes états, & les autres fouverains feront auffi ce qu'ils voudront dans les leurs.

FRANCE.

La réintégration de l'ancienne magiftrature s'eft

faite fucceffivement dans prefque toutes les pro vinces du royaume. Cet acte de juftice d'un monarque vertueux faifoit l'objet des vœux de toure la nation. On a vu éclater de toutes parts, les tranfports d'une allegreffe univerfelle, à la réhabilita tion de ces magiftrats refpectables qu'une révolu tion déplorable avoit dépouillés de leurs dignités, & arrachés à leur patrie. Ces époques mémorables ne fçauroient être recueillies avec trop de foin. Nous allons donc en rapporter les principales circonftances dans l'ordre chronologique, d'après les papiers publics, & d'après les procès-verbaux qui en ont été publiés, & dont quelques-uns viennent feulement de paroitre.

Ce fut le 2 Décembre 1774 que le parlement de Douai fut rétabli. Le marquis de Caftries, lieutenant-général des armées du roi, chevalier de fes ordres, & commandant pour S. M dans la province de Flandres, député pour cette opération, y prononça le difcours fuivant:

MESSIEURS,

Le roi, depuis fon élévation au trône, a marqué les jours de fon regne par des actes de juftice & de bienfai fance; S. M. veut bien les étendre aujourd'hui jufqu'à cette province, en rendant à fes peuples de Flandre le tribunal fuprême que fes privileges lui promettoient, & les refpectables magiftrats que, des événemens malheureux avoient privés de leur état.

Déformais les deux cours de juftice qui fe font fuccédées, n'en formeront qu'une : chacun des membres qui les compofoient, va reprendre fon activité; & ce temple de la juftice, qui a été fi fouvent le témoin de votre zele, de votre amour & de votre refpect pour la perfonne fa crée de vos maitres, le fera, fans doute encore, de ces mêmes fentimens pour un prince qui acquiert aujourd'hui de nouveaux droits fur vos cœurs en vous rappellant à des fonctions que vous aviez perdues.

Si vous avez eu le malheur d'encourir la difgrace de fon augufte prédéceffeur, & d'être enveloppés dans la révolution générale que les tribunaux du royaume ont éprouvée, jouillez maintenant de la confolation de fçavoir

que 3. M. eft inftruite, qu'éclairés fur vos devoirs, 90 en avez été religieux obfervateurs, & qu'inviolablemen attachés aux vrais principes du gouvernement françois, vous n'avez jamais tenté de reculer les bornes de l'autorité dont l'exercice vous étoit confié.

C'eft dans la perfuafion que vous perfévérerez dans cei mêmes principes, que le roi vous rend vos anciens pou voirs, & qu'il vous éleve de nouveau aux grandes & 16bles fonctions d'adminiftrateurs de fa juftice.

En vous rendant l'état dont vous jouissiez, S. M. m chargé de donner en même tems, à ceux de fes officiers qui Pont fervie dans le confeil fupérieur, des témoignages publics de la fatisfaction qu'elle a eue de leur conduite, anfi que des affurances de fa protection.

Votre bonheur, Meffieurs, le bien public & celui du fervice du roi exigent également que tous les membres de ce tribunal vivent dans la plus grande union, S. M. Vous la recommande, comme un pere rendre qui pours roit vous en faire une loi, mais qui préfere de la devoir à vos fentimens pour la paix, & à votre attachement pous fa perfonne.

Je fens, comme je le dois, le prix de la fonction honorable que je remplis aujourd'hui; elle eft d'autant plus précieufe à mes yeux, qu'elle eft également utile au fervice de S. M., & intéreffante à une province à laquell je fuis auffi attaché par mes fentimens que je le fuis par la place que j'ai l'honneur d'y occuper.

Telle eft, & telles feront toujours les loix bien entendues d'un état; elles ne fépareront jamais un tout, qui ne peut être divifé, fans faire également le malheur du fouverain qui les dicte, & des fujets qui doivent y dire foumis.

Le Sr. de Caumartin, intendant de Flandres & d'Artois, parla enfuite en ces termes :

MESSIEURS

Vous avez eu le malheur de voir changer votre confi tution primitive, fous le regne d'un monarque qui n'exifse plus que dans nos cœurs; car je rends un pur hom mage à la vérité, en atteftant que les larmes patriotiques que vous répandez encore avec nous für fa tombe, n'ont jamais été fufpendues par le fouvenir de vos peines.

Force par des circonftances fàcheufes, le feu roi crut devoir à fa juftice & à fon autorité de priver pour un tem les uns de fa confiance, d'éloigner les autres de la réfidenee des tribunaux dont ils étoient membres; enfin,

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changer la compofition d'une partie de la magiftrature. Ce fénat en particulier éprouva cette fâcheufe révolu ว tion s'il fe rappelle que je fus chargé de la commithion pénible de lui notifier les ordres qui les ravirent aux fonc tions originaires de fon miniftere, je me flatte qu'il prendra part à ma jouissance personnelle, en me voyant recueillir dans ce moment ci le prix flatteur de mon obéiffance.

Si le dépôt facré des loix fut enlevé, Meffieurs, à quelques-uns d'entre vous, ils partagent aujourd'hui avec ceux de leurs collegues qui le garderent fi fidelement pendant leur difgrace, la précieuse récompenfe du refpe& qu'ils ont confervé eux-mêmes dans leur retraite, pour ce puiffant foutien des empires, & pour le fouverain qui nous gouverne.

Enfin, Melfieurs, le fanctuaire de la juftice vous est maintenant ouvert à tous; & ce retour à fon adminif tration, vous le devez à la bonté du jeune & augufte monarque qui me rend commune cette même faveur, en m'établiffant auprès de vous l'un des organes de la bienfaifance qui le caractérise.

Trouvez bon, Meffieurs, que je m'en repofe fur la longue expérience que vous avez de mon attachement à cette province, du foin de vous garantir, & pour ce moment, & pour la suite, la vive satisfaction que j'éprouve.

Je vois avec joie, dans Pévénement de votre rétablif fement, la certitude du bonheur de la Flandre, dont la profpérité ne m'eft pas moins chere que les privileges. Cette province doit d'autant plus compter fur ce préfage, qu'il eft juftifié par nombre d'autres bienfaits que le fouverain fe plait à répandre fur la nation entiere,

Mais fi les acclamations dont toute la France retentit, font pour le monarque l'expreffion d'une jufte reconnoiffance, elles vous apprennent en même tems, que ce même fentiment' eft un lien de plus qui vous unit au trône.

La félicité publique dépend effentiellement de l'heureux accord qu'il eft indifpenfable de maintenir entre les fujets & le fouverain. Et quel ordre dans l'état eft plus que la magiftrature, confacré à influer fur cette fainte har monie par l'exemple de fon obéiffance & de fa fidélité?

Je ne doute pas, Meffieurs, que vous ne foyez pénétrés de ces importantes vérités. Le fouvenir de ce jour mémorable fuffiroit pour les imprimer dans vos cœurs fi elles n'y étoient déjà gravées par l'habitude des vertus, comme par l'attachement & le devoir.

Ce difcours étant fini, on procéda à l'enregis

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trement de 3 édits; l'un pour le rétablissement da parlement; l'autre pour fa difcipline & le troifieme pour l'attribution aux préfidiaux.

Le rétabliffement du parlement d'Aix-en Provence s'eft opéré le 12 Janvier dernier. Le mar quis de Rochechouart, lieutenant-général & com mandant en chef en Provence, & le Sr. Feydeau de Marville y ont été chargés de faire exécuter la ordres du roi. Les difcours qu'ils y ont prononcés, ne font point confignés dans le procès-verbal de cette féance; mais on a publié le difcours que prononça l'archevêque d'Aix à l'occafion de cet événement. Nos lecteurs nous fçauront gré de ne pas nous borner au fragment de cette piece, rapporté dans la 2e. quinz. d'Avril, pag. 61, 62, & de la leur préfenter en entier. La voici.

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Il est donc un terme à la difperfion des tribunaux, l'exil des magiftrats à cette étonnante révolution qui fembloit avoir emporté, comme un torrent, l'ordre entier de la magiftrature.

Ainfi, quand tout a plié fous l'autorité fouveraine, refle l'opinion publique, qui perfuade l'autorité même, & ne lui cede jamais.

L'opinion des fages, invincible par fa conftance & par fa modération, fe répand par degrés dans le calme & dans l'agitation oifive de nos fociétés, elle pénetre dans le cen tre même de tous les intérêts; elle perce à travers les umbres qui s'amaffent fur le fois d'un long regne; elle embellit de fa lumiere, un regne vertueux qui commence ; elle ne combat point les rois; elle les éclaire, & ramene l'empire de la justice, fans troubler le repos des peuples!

Heureux peuples qui cultivoient en paix, & moiffonnoient fans crainte, tandis que nos converfations animées & nos difcuffions utiles maintenoient les principes de la fé curité publique !

On a vu de bons citoyens s'allarmer dans le feeter pour le bien de leur pays. Que deviennent, difoient-ils, les loix facrées de la propriété ? Que devient la conftitution de l'état? Et fur quel autre fondement peut s'appuyer l'autorité du prince, que fur les droits de la propriété des citoyens t Ah! qu'ils apprennent à connoitre quel eft le gouvernement doux & facile d'une nation éclairée, & par quel paifable retour, fe repliant fur lui même, le fleuve qui nous

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