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dus, & l'on en compte encore plus de 50 à qui l'on réferve le même fort. La terreur des châtimens retient encore loin de leurs foyers plus de 20 milTe pay fans que l'on croit disperfés dans les montagnes. Ce n'eft que provifionnellement que la cour de Vienne a fixé le fervice des payfars pour leurs feigneurs. Les motifs qui avoient armé ces premiers font de nature à être difcutés juridiquement, & ne le feront pas encore de fitôt. La raifon en eft que les anciens ufages & les droits des feigneurs & des pay fans ne font pas les mêmes dans toutes les provinces du royaume de Bohême, qui a été longtems un état purement anarchique, comme tous les pays où l'on reconnoit la loi féodale. La cour de Vienne fait travailler au fond de cette affaire, & elle n'a pu dreffer que quelques réglemens généraux én attendant qu'elle puiffe porter une décifion pofitive.

On lit dans un papier public une circonstance remarquable de cette révolte, qui eft rapportée en ces termes: « Le comte de Thun, voyant que le feu de la révolte gagnoit de proche en proche, & commençoit à embrafer les environs de fa feigneurie de Toltfch, fit affembler tous fes payfans, & leur dit: mes amis "êtes-vous contens de moi, &ne vous di je pas toujours traités avec la douceur & l'humanité convenables? Tous les payfans témoignerent qu'ils n'avoient pas à fe plaindre de lui. Eh bien, ajouta-t-il, je veux encore que vous ayez à vous en louer je vous ai rassemblés pour vous dire que je vous fais remife de 3 mille florins dont vous me reflez redevables entre vous tous, & que de plus j'exempte chacun de vous de 3 jours de corvée. Je vous demande feulement, pour marque de votre reconnoiffance, de me refter fideles, ou plutôt de ref ter fideles à votre propre intérêt & à votre repos, de défendre vos villages des incurfions des payfans révoltés ». Cette harangue produifit fon effet: les Juin. 1775 2e. quinz.

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pay fans s'en retournerent chez eux, très-fatisfaits de leur feigneur, en lui promettant de garantir fon domaine des effets de la révolte, & ils lui ont tenu parole.

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VIENNE (le 25 Mai. ) Le 17 de ce mois, l'impératrice-reine, accompagnée de Mefdames les archiducheffes Marie-Anne & Marie- Elifabeth, airfi que d'une cour nombreuse, se rendit vers 10 h. du matin, de Schonbrunn à l'An-Gaten Vieille Favorite, fitué au faubourg de Léopolftadt, où quantité de perfonnes du premier rang l'avoit précédée. S. M. déjeuna, dans la grande falle de ce jardin, avec environ 30 des principaux miniftres & dames: elle fe promena quelque tems en Birouctfch dans les allées; & après avoir páru fatisfaite de la beauté de cet endroit, elle vint dîner au palais de cette ville. Immédiatement après le repas, S. M. I. reçut par un courier, arrivé de Milan, la nouvelle que l'archiducheffe époufe de l'archiduc Ferdinand y étoit heureusement accouchée, le 13 de ce mois à 4 heures du matin, d'un prince qui a été nommé Jofeph FrançoisFerdinand Jean-Ambroife, & tenu fur les fonts de baptême par le duc de Modene, au nom de l'empereur & de S. A. S., qui en ont été les parreins.

Il y eut, le 19, à l'occafion de cet événement, gala & grand appartement au château de Schonbrunn. On y publia une promotion de chambellans, & l'on déclara que le régiment de Ferrari avoit été conféré au général de Tilliers, & celui de Botta au comte Jean-Jofeph de Khevenhuller-Metsch, fils du prince de ce nom, chambellan, général-major & premier-lieutenant de la garde noble allemande. On a fait aufli diftribuer aux pauvres de nos faubourgs de grandes aumônes en reconnoiffance des bénédictions que le ciel

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continue de répandre fur l'auguste maifon d'Autriche.

Le 20, le cardinal de Migazzi, archevêque de cette capitale, revint ici de Rome; & le 21, il fut admis à l'audience de l'impératrice-reine & des archiducheffes.

Le comte de Neiperg, miniftre plénipotentiaire de L. M. I. aux cours électorales du Rhin, ayant été nommé miniftre de Bohême à la diete de l'empire, il eft remplacé par le baron de Lehrbach, grand commandeur de l'ordre teutonique. Les comtes de Kaunitz, & de Cobenzi nommés miniftres, l'un à Stockholm, l'autre à Copenhague, font partis pour leur deftination. Le baron de Binder,qui devoit fe rendre à Conftan- tinople en qualité d'internonce a été nommé > miniftre au cercle de la Baffe-Saxe, à la place du feu comte de Raab.

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L'impératrice vient de rendre une ordonnance dont l'objet eft d'encourager la culture des abeilles. Pour cet effet, S. M. établit dans le jardin de Belvedere une école générale pour l'éducation 9 de ces précieux infectes, & deux autres qui lui - feront fubordonnées, l'une en Moravie & l'autre dans la Baffe- Autriche. Tous ceux qui fe préfensteront pour étudier cette partie de l'économie rurale, y feront admis, & inftruits gratis. L'ordonnance exempte cette branche d'industrie du dixieme, avec affurance que jamais elle ne fera affu$ jettie à aucun impôt quelconque.

Une autre ordonnance défend les pélerinages à Rome, qui, fous le prétexte d'une feinte dévotion, éloignent les citoyens de leur patrie -leur font négliger leurs devoirs les plus effentiels, les plongent dans la fainéantife & dans la mifere, & occafionnent, par conféquent, la ruine de leurs familles.

Selon les différens réglemens que l'on a fai

ici depuis peu, par rapport au militaire, il eft décidé entr'autres chofes, qu'il y aura un déplacement de troupes, & une répartition tout-à-fait différente de celle qui a eu lieu jusqu'à- préfert, non-feulement quant au nombre des régimens que l'on deftine pour chaque province, mais encore quant à la maniere de les cantonner. Lor que &cette répartition fera faite, elle restera toujours la même, & il n'y aura plus de chargement fans un motif bien fort & même extraordinaire. On prendra en outre, dans le même canton ou cercle, toutes les recrues qui feront néceffaires pour completter de tems en tems les régimens répartis dans ce cercle ou canton; il en résultera qu'à la longue, ces régimens feront compofés entierement des fujets de l'endroit où ils font établis, & deviendront nationaux. Par une fuite de ces réglemens, les foldats font délivrés de la peine & de la dépenfe de fe poudrer & frifer, & il leur eft enjoint de renfermer déformais les cheveux de leurs faces dans la queue, les habits feront gris, au lieu d'être blancs, & les fufils feront bronzés. Le foldat fe trouve ainfi débarraflé des foins d'une tenue de parade, dont les détails minutieux confommoient une partie de sa folde, & absorboient la moitié de fon tems. On affure auffi qu'avant que de partir, l'empereur a expreflément chargé le confeil aulique de guerre de s'occuper des moyens d'abolir la vénalité des emplois militaires; S. M.J. étant dans la ferme réfolution de ne les conférer à l'avenir qu'au mérite ou à l'ancienneté des fervices.

On a reçu de nouveaux détails fur le voyage de l'empereur. Après fon départ de Siffek, il a feit la revue d'un bataillon à Derlacha, & enfuite à Koftainiza, à Dvor, à Klaffnitz, à Plina, & 2 Berginm ft. Les fix compagnies de huffarcs de Bellovar ont aufli fait leurs évolutions en préfence de ce monarque; ils font armés de lone

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gues lances, où pend un petit drapeau noir & jaune. S. M. I. parut fort fatisfaite de ces troupes, ainfi que des archers, dont le fufil eft à dou ble canon, & qui tirent avec une jufteffe étonnante. Ce corps eft compofé de: volontaires qui fe nourriffent & s'habillent à leurs frais; ils ne cedent en rien aux meilleures troupes ; & ils ont, outre cela, la réputation d'être bous laboureurs, bons peres de famille, bons maris & bons économes. L'empereur prit furtout plaifir à examiner ce corps; il marqua aux officiers combien il en étoit content, & les admit à fa table. Après le repas, S. M. I. fit venir ceux qui ont fervi dans la guerre derniere, & leur donna à chacun quelques ducats. Le corps fe raffembla enfuite; & chacun reçut encore une récompenfe."

Entre Bellovar & Lefuffina, le poftillon qui conduifoit la voiture, tomba de cheval; S. M. defcendit promptement, pour voler à son secours,le prit par la main, le conduifit lui même dans la maifon d'un payfan, où il le fit traiter par fon médecin. Il lui donna une fomme affez confidérable; ceux qui l'avoient affifté, reçurent auffi des préfens; & l'empereur ne quitta la maifon qu'après qu'on l'eut vifité, & qu'il fut affuré que La chute n'auroit aucune fuite fâcheufe.

A le revue de Dvor, l'empereur fe rappella un foldat auquel il avoit parlé au camp de Peit pendant qu'il étoit en faction, le fit venir, & lui donna quelque argent.

On vient de recevoir de Conftantinople la nouvelle que, fur les plaintes réitérées de toutes les provinces de l'empire ottoman contre leurs gouverneurs refpectifs, le grand-feigneur s'étoit vu enfin obligé de faire un exemple des plus féveres. Sa hauteffe a fait couper la tête à Maderris Ofman Pacha, laquelle a été expofée plufieurs. jours de fuite, à la porte du ferrail. Dix-fept pa

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