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cenciés par leurs maitres, & qui peuvent montrer des lettres contenant le certificat de leur liberté, d'en jouir à préfent & pour toujours, fans rentrer de nou veau au fervice de qui que ce foit; mais, au tems de la recenfion (ou revue générale ), ils feront tenus de déclarer à quelle claffe de payfans ils veulent appartenir, ou s'ils veulent être rangés dans la claffe des ha bitans de ville, foit bourgeois, foit négocians; & quelque état qu'ils ayent choifi librement & de leur propre. aveu, il fervira de regle pour les affujettir à tels droits ou impôts auxquels la claffe où ils fe font rangés, eft foumife, ou pour les en affranchir, elle en eft texempte.

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XLVII. Tous les habitans de ville, qui ne poffedentpoint au-delà de foo roubles de capital, ne pourront point à l'avenir ètre réputés négocians; mais ils s'appelleront du fimple nom de bourgeois. Quant à ceux. des négocians qui, après avoir eu un capital d'au-delà, de 500 roubles, auront fait banqueroute, ils feront pareillement réputés bourgeois; mais ceux d'entre les bourgeois qui, en faifant le commerce en détail, augmen. teront leur capital au delà de soo roubles, devront être inferits au rang des négocians. Ceux-ci, poffedant 500, roubles de capital, ou au-delà, feront diftingués, comme ils le font à préfent, en trois rangs ou fubdivifions; & l'on levera fur eux annuellement un pour cent du. capital qu'ils déclareront fur leur parole pofféder actuellement; mais en revanche ils feront exempts de la ca pitation, à laquelle au contraire les bourgeois demeu reront affujettis comme ci-devant.

Donné à Mofcou, le 13 (24) Mars, 1775.
(Signé) CATHERINE,

POLOGNE.

Par le compte que nous avons rendu des opérations de la diete, on a vu que fes dernieres féances ont été très-orageufes. Les difficultés toujours renaiffantes & l'incertitude de la fixation des limites révolterent les efprits. On croyoit avoir acheté la paix affez cherement par le facrifice des plus belles provinces de la république, pour n'avoir plus à craindre de nouvelles prétentions, fi contraires à la lettre expreffe des traités conclus

avec deux des puiffances co-partageantes. Mais lorfqu'on fe vit menacé de ce nouveau malheur, la plupart des nonces prononcerent des difcours dans lefquels ils expoferent leurs opinions avec cette fermeté qui caractérise fi bien la liberté républicaine. Celui que le comte de Branicki, grandgénéral de la couronne, prononça, dans ces circonftances (& dont on a parlé dans la 2e. quinz. de Mai, p. 16 & 17), nous a patu digne d'être 'configné dans ce recueil. C'eft en ces termes qu'il eft conçu

Séréniffime roi, très-gracieux feigneurs, illufires états confédérés de la république.

Envoyé par vous féréniffime roi, dans une cour é trangere, pour y ménager les intérêts de notre malheu reufe patrie, je n'ai pu affifter, ni aux négociations qui ont précédé les traités de partage, ni à cette délibération fatale qui, malgré V. M. autorifa la délégation à traiter fouverainement avec les cours étrangeres, & engagea la république, à ratifier aveuglément tout ce que les délégués concluroient en fon nom.

C'eft la violence, c'eft la fupériorité des forces étrangeres, qui ont arraché à la diete cette funefte conftitution. Effrayée par des menaces, fans refources, fans appui, une foumiffion forcée étoit le feul parti qu'elle eût à prendre. Pour conferver une partie du royaume, & en sûreté les triftes débris de fa puillance delegation a donc cédé de riches & fertiles provinces que les trois cours yoifines avoient déjà en vahies, & elle a conclu avec ces cours les traités de partage. De retour dans ma patrie, & pénétré de douJeur d'un fi cruel événement, j'ai gardé le filence'; car il eût été dangereux de parler, furtout après la conclufion de ces traités honteux. Je ne les ai point fignés ces traités; & puifqu'au mépris des ftipulations qui y font portées, & qu'on n'a feint de refpecter que durant quel ques femaines, on a franchi les lintires qui avoient été marquées au démembrement; puifque les troupes écrangeres font rentrées dans le royaume, qu'elles ont de nouveau ravagé & pillé nos provinces, qu'elles out vifiblement enfreint des conventions fi récentes, que l'armée de la république a été chaffée, difperlée, prife ou

détruite (j'en artefte le fang du brave Krafzewski, régimentaire d'une partie de la Grande Pologne, ce fang qui coula le premier pour la défense de 'nos frontieres); puifqu'en un mot, la main de cette même force qui nous avoit arraché ces cellions, ces promeffes, les a elle même annullées, quelque faintes, quelque récentes qu'elles fuffent; dès lors nous fommes légitimement difpenfés de l'observation réciproque de nos gagemens. Voilà ce qui m'ouvre aujourd'hui la bouche, & m'autorife/a vous propafer ce que j'aurois confeillé, fi j'euffe été préfent lorfqu'on entama cette négociation.

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En effet, garder le filence dans la conjoncture préfente, ce feroit violer le ferment que j'ai prêté à la patrieg.ce feroit la trahir; ce feroit me rendre indigne de la qualité de membre de la république, & me montrer infenfible aux injuftices qu'elles a fouffertes, à la honte qui réjaillit fur nous; ce feroit enfin renoncer à l'honneur & à la vertu pour fe taire aujourd'hui, il fau droit être né pour l'esclavage, & l'abjection.

Pour moi, né libre, je penfe & parle en homme libre & ferme ; & je veux me montrer digne du choix dont il vous a plu, féréniffime feigneur, de m'honorer. Guidé par la vertu, crainte, menaces, perfécutions, rien ne fçauroit m'ébranler.

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J'oferai donc parler en citoyen, en général de la république, & d'après les mouvemens de nia propre .confcience. Dans l'état déplorable où fe trouve, la république, il ne nous refte qu'à choisir, entre deux partis : le premier, c'eft de nous défendre, & de revendiquer ce qui nous a été récemment enlevé; le droit de la na ture & la fainteté même des traités nous y autorifent.

Ce confeil, dira-t-on, marque une ame généreufe un cœur vertueux, le cœur d'un vrai citoyen, embrâfe de l'amour de la patrie: mais que peut, fans des forces, cette effervefcence patriotique? Quel fecours pouvons nous espérer ? La république n'a ni armées ni tréfor, où puifera t-elle des reffources?

A cela je réponds d'abord, que les puiffances avec lefquelles nous venons de conclure des traités, nous ont garanti, par ces mênies traités, l'intégrité de nos frontieres, & qu'elles nous ont promis leur protection & leur appui pour les défendre; & qu'une défense généreufe ne fçauroit manquer de, nous attirer de prompts fecours. Que nous a produit jufqu'ici notre condefcendance & notre modération fi vantées ? Notre fituation en eft elle devenue plus fupportable? Nous en a-t-on

témoigné quelque égard? Nous avons perda une partie de nos provinces, & ce qui nous refte, il nous eft im. pothble de le conferver. La Pologne eft fans frontieres; on viole tous les droits; on nous dicte des articles féparés : des ultimatum menaçans ont forcé la délégation à acquiefcer à des traités de commerce : la république eft avilie: Dantzig a été facrifié: que nous refte-tilt rien que la honte, & le mépris dans lequel nous allons traîner nos jours.

La prudence ne mérite ce nom, qu'autant qu'elle conduit sûrement au but qu'on se propose, Lorfqu'elle ne fert à rien, elle n'eft qu'une crainte aviliffante, une honteufe pufillanimité.

Quand tout eft défefpéré, & que le mal paroit fass remede, il ne refte plus qu'à fçavoir tout ofer. Si l'anéantiffèment de la Pologne entiere eft marqué dans les décrets éternels, qu'elle périffe donc; mais qu'elle périsse teinte & fumante du fang de fes défenfeurs! Je vous en conjure, & mes concitoyens! foyons auffi grands que Hos ancêtres! Déployons dans la défense de nos pro vinces & de nos, foyers, la même vigueur, le même. courage qu'ils firent éclater en s'y étabtiffant..

Si ce moyen déplait aux états aflemblés, il en eft un autre. C'eft de nous écrier unanimement: vetamus ; nous nous oppofons; nous proteftons folemnellement courre tout ce qui s'eft fait, fondés fur la violation des traités. Voilà des armes dont aucune force humaine ne peus. nous ravir l'ufage.

De grands hommes, le prince- évêque de Gracovie, le palatin de Cracovie, & le fous-général dela couronas, mon collegue, nous en ont donné l'exemple. C'eft l'obligation que nous impofe le titre de citoyens; c'eft le devoir particulier des magnats, & furtout de ceux que vous avez choifis, très gracieux prince, pour être les chefs & les guides des Polonois que l'honneur follicite à s'immoler pour la défenfe du royaume, de la liberté & de nos privileges. Ce que je confeille ici, qu'on n'imagine pas que je balance à l'entreprendre : les délégués qui font ici préfens, & le prince maréchal de la confédération me font témoins, que lorfqu'on a traité l'affaire du com, meree, & des articles séparés,“ je n'ai pas craint de dire hautement mon avis, & de protefter folemnellement, en présence des miniftres des trois cours alliées ; & que j'ai même exigé que ma proteftation fût infcrite fur les registres de la délégation. J'ai démontré à cette même délégation, par des raisonnemens fans replique 4

'attendu l'infraction faite aux traités de ceffion fes ouvoirs étoient annullés ; que fon activité étoit fufpen. fue, & qu'il étoit indifpenfable de faire aux états de la république assemblés, le rapport de tout ce qui venoit

d'arriver.

Après en avoir appellé ainfi de la délégation à la diete, je protefte aujourd'hui folemnellement, devant le t:ône de V. M., & en préfence des illuftres états affemblés, contre l'atteinte portée, à la fainteté des traités. Quels que foient donc les efforts qu'il vous plaiza, féréniffime roi, & vous illuftres états de la répu blique, de m'impofer, je m'y foumettrai avec joie, & je regarderai ce moment comme le plus heureux de

ma vie.

Je pourrois m'étendre encore fur les loix récemment faites par la délégation; mais, lorfque je parle de ce qui intéreffe le plus effentiellement la république, & d'où dépendent fon fort & fon exiftence, je m'éleve en même tems contre tout ce qui porte préjudice au bien être intérieur de la patrie.

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Je remets ce difcours prononcé en vertu de mon droit & felon la forme d'ufage au principal miniftre, le prince grand maréchal de la couronne, pour être infcrit fur les regiftres. Signé Branicki, grand général de l'armée de la couronne,

Le comte Branicki ne borna pas fon zele pa triotique au difcours qu'on vient de voir; il en prononça un fecond, dans la féance du 6 Avril, dont voici la traduction.

Le grand chancelier du royaume m'ayant fait appeller pour donner quelques éclairciffemens fur le difcours que j'ai prononcé le 3 de ce mois, je dois cette explication aux états affemblés, & il eft jufte que je fatisfaffe à ce que le devoir m'impofe à cet égard. Il paroit par le difcours de l'illuftre évêque de Cujavie, préfident de: notre délégation, que celui que j'ai fait depuis peu, pouvoit fournir matiere à une note que l'on fe propos foit de préfenter aux miniftres des cours alliées.

Je fuis inftruit que les commiffaires envoyés par la ré publique pour la démarcation de nos frontieres, ne fe font affemblés, qu'ils n'ont conféré ensemble qu'en se jouant &, pour ainfi dire, le rire fur les levres, & que leur négociation s'eft bornée à donner des repas, comme s'il n'eût été queftion que de recevoir & de rendre des vifites de cérémonie. J'ai d'abord fenti moi-même qu'il falr

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