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miné tous les paroiffiens à rendre ce qu'ils avoient pris, tant en bled qu'en farine; ce qui a été complettement exécuté. Le roi, informé de la conduite qu'a tenu ce curé, lui a fait affurer une. penfion de 1200 liv. fur le premier bénéfice qui viendroit à vaquer. Les reftitutions s'étendent de tous côtés, & il s'en fait journellement, foit en nature, foit en argent.

Le 11, deux des plus coupables d'entre lesféditieux furent jugés prévôralement & pendus en place de Grêve; le 13, on fit une pareille exécution à Soiffons. Les brigands qu'une trame odieufe a raffemblés, ne font rien moins qu'accablés de mifere. Ils ont tous de l'argent; & la plupart de ceux qui ont été arrêtés jufqu'àpréfent, avoient 4, 5 & 6 louis d'or. Un d'euxa donné à Magny 600 louis en paiement du bled qu'il taxoit, & qu'on enlevoit par fes ordres.

Le roi a fait publier un ban, conçu dans lestermes fuivans:

DE PAR LE ROI..

Il eft ordonné que toutes perfonnes, de quelque qualité qu'elles foient, qui étant entrées dans les attroupemens, par féduction ou par l'effit de l'exemple des principaux féditieux, s'en fépareront d'abord après la publication du préfent ban & ordonnance de S. M., ne pourront être arrêtées, pourfaivies, ni punies pour raifon des attroupemens, pourvu qu'elles rentrent fur le champ dans leurs paroiffes, & qu'elles reftituent en nature ou en ar gent, fuivant la véritable valeur, les grains, fa-rines ou pain qu'elles ont pillés, ou qu'elles fe font fait donner au-deffous du prix courant.

Les feuls chefs & infligateurs de la fédition fonte exceptés de la grace portée dans la préfènte or-donnancer.

Ceux qui, après la publication du préfent ban & ordonnance de S.-M., continueront de s'attrou

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per, encourront la peine de mort; & feront les con trevenans arrêtés & jugés prévôtalement fur le champ.. Tous ceux qui dorénavant quitteront leurs paroiffes fans être munis d'une atteftation de bonnes vie & mœurs, fignée de leur curé & du fyndic de leur communauté, feront pourfuivis & jugés prévôz talement comme vagabonds..

Donné à Versailles, le 2 Mai 1775. Signe LOUIS; & plus bas, PHELYPEAUX.

Le prince de Condé, touché de la mifere publi-que occafionnée par la cherté des grains, a fait acheter pour 30 mille livres de bled, avec ordre de le faire vendre à 45 fols le boiffeau, mesure de Bár, (quelque prix qu'il ait coûté) aux habitans du Clermontois, dont les befoins & l'état de pau“ vreté auront été conftatés par les atteftations des curés. Indépendamment de cet acte de bienfaifance, ce prince a fait acheter pour 3 mille livres de riz, qui fera diftribué gratis aux habitans les plus néceffiteux du même pays, & particulierement aux. infirmes, malades & pauvres honteux. Si ces traits d'humanité, fi dignes de la bonté du cœur du prince qui en donne l'exemple, étoient imités par tous ceux qui en ont le pouvoir, la mifere ne fe roit plus qu'un nom vuide de fens, dont on ne reffentiroit jamais les effets.

L'affemblée des princes & pairs, qui n'avoit pu fé tenir le 5 de ce mois, à cause du lit de juftice, eut lieu le 9. Cette cour a caffé l'ordonnanceda Sr. Bachois, lieutenant-criminel au châtelet, laquelle joignoit au fond du procès la plainte de lav dame de St. Vincent contre le maréchal de Richelieu en fubornation de témoins. On a remis à fta tuer fur le refte dans la premiere féance..

Cette affaire paroit en avoir réveillé une autre contre le maréchal de Richelieu. Un parti culica a publié un mémoire, par lequel il prés send avoir depuis 27 ans, une prétention de 355

mille livres à fa charge, en vertu d'un billet fait à Gênes en 1748, au profit d'un négociant génois, nommé Regaldo, avec lequel le maréchal étoit affocié. Le maréchal de Richelieu, de fon côté, allegue que ce billet n'étoit pas négociable; & dès 1768, il avoit obtenu un arrêt, au rapport de l'abbé Terray, qui le difpenfoit de le payer juf qu'après une reddition de compte, d'après lequel il demande 52 mille 1. à la fucceffion de Regaldo. Le rapport du procès du comte de Guines eft commencé au châtelet depuis le 4 de ce mois; mais l'immenfité de la procédure le rendra fort long.

Le comte de Guines a fait imprimer un nouveau mémoire de 174 pages in-4°,, ayant pour ti tre: Procès de M. le comte de Guines, ambaffadeur du roi; des Srs. Tort & Roger, ci-devant fes fecrétaires, & du Sr. Delpech, difcuté d'après les plaintes refpedives. On ne peut lire fans horreur le détail de cette étonnante affaire qui expofe un miniftre du roi à difcuter aux yeux du public des faits qui paroiffent démontrés calomnieux jufqu'à l'évidence.

Le Sr. Boyer, intendant, homme d'affaires du comte de Guines, inculpé par le Sr. Tort, qui a écrit dans fon fecond mémoire, qu'il avoit fait fes premieres armes fous Mandrin, célebre contrebandier, qui a péri du dernier fupplice en 1774, vient de préfenter une requête contre le Sr. Tort, & demande réparation de cette injure, qu'il démontre calomnieufe par des certificats authentiques.

Une fociété de citoyens, auxquels le duc d'Or léans avoit permis de tirer au blanc un prix de plaifir à Romainville, y a fondé avec la même permiffion, & de l'agrément du marquis de Segur, feigneur du lieu, une fête annuelle à l'imitation de celle de la Rofe de Salency, pour l'encourage-: ment & la conservation des mœurs. On a dû délivrer pour la premiere fois, le 21 de ce mois, le

prix, confiftant en une fomme de 300 livres, à la fille de ce village qui aura été jugée la plus attachée à fes devoirs, la plus modefte, la plus refpectueufe envers fes parens, & la plus douce avec fes compagnes. Les habitans fe chargent des frais de fon mariage & des dépenfes de couche pour fon premier enfant, qu'ils promettent de tenir fur les fonts de baptême. La marquife de Segur, inftruite de ce projet & jalouse de contribuer à la récompenfe de la vertu, s'eft chargée du trouleau de la mariée.

L'archevêque de Toulouse vient de donner un mandement en forme d'ordonnance, qu'il feroit bien à fouhaiter que tous les évêques fuiviffent dans leurs diocefes; c'eft au fujet des cimetieres des villes & villages, qui depuis longtems font l'objet de la réclamation publique, ainfi que des fépultures dans les églifes; ce prélat patriote & citoyen expofe dans fon ordonnance tous les maux & les inconvéniens réfultans des fépultures dans les églifes, dans les villes & villages, enjoint de choifir des lieux extérieurs en pleine campagne pour en prévenir les funeftes effets. Le parlement de Touloufe, convaincu de la fageffe& de la néceffité de cette ordonnance, en a ordonné l'exécution par un arrêt qu'il a rendu en conféquence.

Le duc de Gevres fut reçu le II, au parlement, pair d: France, comme fuccédant a fon pere le duc de Trefmes.

Le 15, le maréchal de Duras, premier genti!homme de la chambre de S. M., qui avoit été élu le 2 par l'académie françoife pour remplir la place vacante par la mort du Sr. de Belloy,eft venu prendre féance à l'académie, & a prononcé fon difcours de remerciment, auquel le comte de Buffon, directeur, a répondu.

Le 7 Avril, jour fixé pour le rétablissement du

parlement de Befançon, toutes les boutiques furent fermées dès le matin, comme fi c'eût été jour de fête. A 8 heures, l'avocat-général de Bergeret, l'un des exilés, fe rendit au palais, avec une trentaine d'avocats qui l'avoient été prendre chez lui. Peu après il y fut fuivi par le Sr. de Grosbois premier préfident, précédé des huiffiers, & accompagné de tous les men bres exilés, au nombre de quels étoit le Sr. Coquelin, âgé de 89 ans. Les préfidens & confeillers qui avoient été du parlement d'intervalle, fe rendirent féparément au lieu de la féance. Le concours des fpectateurs étoit extraordinaire; & lorfque les exilés entrerent au palais, le peuple témoigna fa joie par des cris réitérés de vive le roi.. Le marquis de St. Simon & le Sr. de Marville, commissaires du roi ainfi que les marquis de Grammont & Deverier confeillers d'honneur, les fuivirent bientôt, accompagnés de toute la nobleffe & de plufieurs. officiers de la garnifon. Les commiffaires pronon. erent chacun un difcours; celui du Sr. de Marville contenoit l'éloge de la magiftrature ancienne de la Franche-Comté. Le Sr. de Grosbois leur répondit, & appuya beaucoup dans fon difcours fur la néceffité d'oublier le paflé, & de vivre déformais dans l'union & la concorde. A la forte du palais, les magiftrats exilés recurent de nouveaux applaudiffemens. Le Sr. de Grosbois donna un diner de 90 couverts. Le foir, toute la ville fut illuminée.

Sidi Adraman Bediri Aga, envoyé du pacha &. de la régence de Tripoly de Barbarie auprès du roi, eft arrivé à la rade de Toulon le 9 Avril dernier, fur un bâtiment hollandois. Dès qu'il aura fait fa quarantaine, il fe rendra ici avec fa fuite & les préfens de fon maitre pour S. M.

On mande du Havre que, le 13 de ce mois, 14 corvette Hyrondelle, commandée par le Sr..

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