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Les foins que le gouvernement a pris pour de 'tromper les malheureux, qui s'étoient laiffés féduire par des brigands & l'amniftie qui leur a été accordée, ont produit les effets les plus heureux. Les reftitutions en grains, en farine ou en argent fe continuent de toutes parts; & les payfans, que la crainte d'être punis avoit retenus cachés, regagnent tous les jours leurs foyers. Comme il n'eft plus queftion d'employer les châtimens rigoureux que les circonftances exigeoient d'abord, & qui répugnent à la bonté naturelle du roi, le garde des fceaux a écrit par ordre de S. M. aux prévôts généraux des maréchauffées du reffort du parlement de Paris une lettre, en date. du 13 Mai, dont voici le contenu.

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Les émeutes les brigandages qui les ont ad"compagnées & fuivies, Monfieur, ont forcé le roi à prendre les mesures néceffaires pour en arrêter le cours,& à faire ufage de fon autorité pour la punition prompte & exemplaire des coupables. C'est à regret, & contre la bonté de fon cœur, que S. M. a donné les ordres que je vous ai fait paffer de fa part; mais la tranquillité publique qu'il falloit rétablir, & la fubfifiance de fes fujets, à laquelle il fallout velller, ont, pour ainfi dire, fait une loi à S. M. du parti qu'elle a cru devoir prendre."

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Ses foins paternels ont répondu à fon attente: les attroupemens fe font diffipes, & le calme eft prefqu'entierement rétabli. S. M. eft inftruite que le repentir & la confiernation ont fuccédé au tumulte & au pillage, & qu'un grand nombre de ceux qui ont volé les grains, ou qui ont forcé les laboureurs, les marchands ou les meuniers, à leur en délivrer audeffous du prix courant, ont déjà fait des reftitu tions proportionnées, ou font difpofés à les faire.

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Touchée de ces circonftances, S. M. a déjà bien voulu ordonner à tous ceux qui étoient fortis de leur domicile d'y rentrer, en annonçant une am

hillie générale, & en exceptant feulement les chefs &les infligateurs de la fédition. Elle ne doute pas que fon ordonnance ne produïfe l'effet qu'elle en attend.

Dans cette perfuafion, Monfieur, elle m'a ordonné de vous mander, que fon intention eft que que vous ne procediez au jugement définitif d'au cun de ceux qui ont été arrêtés, que vous m'envoyiez une copie fur papier non marqué, des procedures qui feront faites, & que vous attendiez les ordres de S. M. fur le fort des accufés.

Elle m'a ordonné de plus de vous man ler, qu'il eft inutile, quant à préfent, de commencer de nouvelles procedures, à moins que vous ne soyez afJuré que ceux contre lefquels elles feront dirigées, auront déjà été repris de juffice, ou qu'ils ne foient du nombre des chefs & des infligateurs de la révolie, ou enfin coupables de quelques nouveaux faies de fédition. Je fuis, &c.

Le prince Louis de Rohan a demandé au roi la permiffion d'aller faire fa cour à l'empereur pendant fon féjour à Venife. S. M. la lui a accordée; il eft parti en conféquence, & yoyage fous lé nom du baron de Coupevray.

Le roi ayant donné 100 mille livres à la province de Lorraine pour fubvenir aux befoins des ,pauvres, en les employant aux travaux publics; plufieurs villes de cette province fe font empreffées d'en témoigner leur reconnoiffance à S. M. par des prieres publiques pour la prospérité de fon regne. La ville de Commercy s'eft fignalée dans cette occafion; le Sr. Prenelle curé de cette ville, auffi diftingué par fon zele pour le bien public que par fon profond fçavoir & fa piété, après avoir annoncé à la meffe de fa paroiffe le bienfait de S. M., a célébré le 29 du mois dernier, en actions de graces, une meffe folemnelle, qui a été chantée en mufique avec la fimphonie du régiment de

Chartres, cavalerie, en quartier en cette ville. Les officiers de ce régiment y ont affifté, ainfi que ceux. du bailliage & de l'hôtel de ville, & tous les curés du doyenné, affemblés pour le fynode.

Dans la féance où l'académie françoife procéda à la réception du maréchal duc de Duras, le Sr. d'Alembert Jut l'éloge de Boffuet. Il y amena adroitement l'action pleine d'humanité, de charité & de patriotifme de l'archevêque de Touloufe, envers fes diocefains, à l'occafion de la maladie épizootique qui a fait tant de ravages dans les environs de Toulouse. Ce prélat étoit préfent; il ne s'attendoit pas à ce trait; fa modeftie s'y feroit refufée fi on l'avoit confultée; l'applidiffement fut général; l'attendriffement du prélat sefpectable le fit redoubler. C'eft ainfi que le public fçait toujours honorer la vertu, & lui rendre hommage dès qu'il en trouve l'occafion. Ce moment a été bien flatteur pour ce prélat.

Le 30 Avril dernier, à 9 heures & demie du foir, on fentit à Auvillar, lieu dépendant de la généralité d'Auch deux fecouffes fucceffives de tremblement de terre, dont la feconde effraya les habitans affez pour des faire fortir de leurs mai¬ fons. On éprouva ces fecouffes au même inftant, à La Barre de Neftes, dans les Pyrénées, d'où l'on apprend qu'il y en eut une troifieme à 10 heures un quart, mais fans avoir été accompagnée du bruit femblable au tonnerre qu'on avoit entendu aux deux premieres. La direction de ces mouvemens, qui n'ont fait aucun ravage, étoit de l'eft à l'ouest.

On écrit de Pont-de-Beauvoifin, qu'un incendie menaça cette ville des fuites les plus funeftes, le 16 du mois dernier. L'imprudence d'un particu¬ hier, qui avoit placé du charbon fous un lit pour échauffer quelques corbeilles de vers à foie, avoit Juin, 1775p-ae. quing C

mis le feu dans une très-grande maifon, où il a péri avec sa femme & fes deux enfans. Le Sr. de Galifet, qui commande dans cette partie de la ville pour le roi de Sardaigne, occupoit la même maifon, & il y a perdu fes provifions & fes meubles. Un grand nombre de charpentiers, que la construction d'un palais deftiné à recevoir Mme. Clotilde Fors de fon paffage en Savoie, y réunit actuellement, ont fait les plus grands & les plus heureux' efforts pour arrêter cet incendie.

Les états de la province de Bourgogne firent le 8 du mois dernier, à Dijon, l'ouverture de leurs féances. Cette affemblée, qui fe tient tous les trois ans, n'avoit jamais été fi nombreuse, ni fi' brillante. Après les formalités ordinaires de la préfentation & de l'enregiftrement de fes lettres de commiffion, le prince de Condé, gouverneur de la province, prononça un difcours, remarquable par les fentimens patriotiques & la fenfibilité qui y éclate à l'égard de la province. En voici le contenu.

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MESSIEURS,

Les fentimens qui m'attachent à cette province, vous font trop connus pour que vous douriez de tout le charme que j'éprouve dans un moment qui nié réunit avec vous: le malheur des tems m'a privé de cette fatisfaction; je la retrouve avec bonheur, & j'en jouis avec un attendraffement qu'il m'est plus difficile de contenir que d'éprouver.

Je ne chercherai pas à vous rappeller, pour exciter votre zele, toutes les preuves d'attachement que vous avez données contamment au feu roi ; nous l'avons perdu, ce prince filongrems l'objet de notre amour, roi pacifique, allié dele, bon matre, & tendre pere; il dut ce furnom glorieux, aut digne de la nation fenfible qui fçut le trouver, que du monarque heureux qui s'en fir honneur, ace abord affable qui prévient les peuples, à cette bonté doune & facile qui peut quelquefois tromper le cœur des fouverains, mais qui ne peut jamais celler d'être une vertu parmi les hommes.

Nos larmes Couleroient encore, fi la feule confolation

qui peué en tárir la fource, n'avoit pas forcé mos regrets descederà nos efpérances. Eh! pourrions-nous n'en pas fother, en voyant un roi de vingt ans fe retrancher des plaifirs dans un âge où il eft pardonnable de les multiP aimer la vérité dans un rang où c'eft prefque un ́de la pardonner, rompre tous les liens de l'exil, rendre à la juftice tout fon éclat, n'avoir d'autre passion que l'amour du bien, s'occuper fans relache de cour Celui qu'il n'a pas encore eu le le tems de répandre 3 N de nouveaux motifs de condence dans vreme pour une reine dont la juneffe pare les Vertus & dont Pame bienfaisante-embellit encore pous. res les graces. Ubanging

Nous

Vous vous trouvez, Mellieurs, pour la premiere fois 2 portée de prouver à Louis XVI, que la fidélité la plus exacte est toujours le guide & le refultat de vos délibé! rations. A l'exemple du monarque, dont les premiers pas ont été des bienfaits, vos premiers hommages vohnedé des triburs d'attachement & de reconnoiffance, Puille ca rapport heureux refferrer à jamais les liens qui doivent unit, Pion Donheur de tous, la bienfaifance a Pauto

rite Ia

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La bonté paternelle du roi auroit bien voulu vous pargner les demandés que la fageffe de fon adoitaiftra→ tion le force à vous faire : mais l'état a des fons malheureufement impérieux; & le plus grand intérêt de tous

les membres, eft de concourir ir a fon foulagement. Je vous vois tous pénétrés de cette vérité, Medieurs; & vos cœurs offrent déjà les fecours que vous allez bientot accorderibol zofioul anum 1 mes t

-Qu'il est heureux pour moi, que, par une conduire aufli foutenue, yous ne mettiez à portés d'appuyer auprès du roi vos juftes demandes, de 'ui faire connoire ves befoins, vos intérêts, vos droits & votre z-le ! C'ekt le plus cher de mes devoirs ; la réconnoiffance le dice, & mon coeur le remplira.

Ge difcours, prononcé du ton le plus noble, avec toute la chaleur & la vérité, ju fentiment, fut fuivi des plus vives acclamations. Les applau diffemens de l'a emblée, répétés à plufieurs re prifes, firent connoitre au prince la reconnoif Fance & la fatisfaction dont tous les cœurs étoient pénétrés. Enfuite les trois ordres des états, retit rés) chacun dans leurs chambres, délibérerens

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