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rivé dans le port de cette ville plus de 30 bâtimens polonois, & qu'on y a reçu des commiffions confidérables, furtout de la part des Anglois.

L'élection annuelle de la magiftrature de Thorn s'eft faite encore cette année tous la fouveraineté du roi de Pologne. Cette ville fentiroit mieux le prix de ce bonheur, fi elle le partageoit avec fon territoire, dont la plus grande partie eft toujours fous la main des Pruffiens.

On dit que les Perfans font de grands prépa ratifs de guerre contre la Porte, & que le Sophi eft forti de fa capitale, à la tête d'une ar mée confidérable, pour aller attaquer Bagdad. Si le miniftre perfan a réellement conçu ce projet, il est bien étonnant qu'il ait attendu pour l'exécuter, que les Turcs aient conclu la paix avec les Ruffes. On ajoute que les Géorgiens, qui ont déjà tenté vairement de fecouer le joug ottoman veulent effayer s'ils feront plus heureux avec les Perfans qu'avec les Ruffes.

Des lettres de Cafan parlent d'un foulevement arrivé au pays des Baskirs. On prétend qu'ils ont voulu, à l'exemple des Tartares de Barabinskoy, s'affranchir du tribut qu'ils paient depuis deux fiecles aux fouverains de la Ruffie. Ils ont chassé les receveurs de ce tribut, tué ou maltraité des Popes qui leur avoient été envoyés pour travailler à leur converfion, & placé leurs idoles & les images du grand Lama dans les chapelles ambulantes que les prêtres ruffes avoient établies au milieu de leurs hordes. Ces peuples font voilins d'une nation tartare qui reconnoît l'empire du -Dey Lama, & de celle des Calmouks Ulbeks. Le gouvernement prend des mefures pour les faire rentrer dans l'ordre.

BERLIN (leio Mai.) Le roi a conféré au

baron de Koffing-Berffel, la dignité de maréchal héréditaire de la principauté de Halberstadt, qui lui étoit dévolue comme à l'aîné de la maifon de Koffing.

Le 2 de ce mois, toutes les troupes qui forment la garnifon de cette capitale, firent leurs Evolutions dans la plaine de Tempelhoff, en préfence du lieutenant-général de Ramin, notre gou

verneur.

Le roi étant venu coucher, le 5, de Potzdam à Charlotenbourg, fe rendit le 6 au parc, & y fit la revue particuliere des régimens de Bulow, de Brunswick, de Reinzel, de Steinkeller & de Braun'; S. M. vint enfuite en cette capitale, y fit une vifite à la princeffe Amélie, & coucha à Charlotenbourg. Le 7, S. M. retourna à Potzdam, après avoir paffé en revue les gendarmes, & les régimens de huffards de Ramin & de Rochenbahr.

Le prince Dolgoroucki, envoyé de la cour de Pétersbourg, que des affaires particulieres rappellent dans fa patrie, eft parti pour s'y rendre. Pendant fon abfence, le Sr. de Molzow, confeiller de légation, refte chargé des affaires de cette puiffance.

L'intérieur de cette capitale prend une nouvelle forme fous les yeux du roi, qui ne néglige rien pour l'embellir. Les vieux édifices feront abattus, & remplacés par des bâtimens conftruits fur des plans uniformes; on a déjà commencé cette opération dans la rue de Leipfick, & fur la place de Danhoff. S. M. voulant foulager les propriétaires des maifons démolies, en fait reconftruire les murs à fes frais, & elle a affigné, cette année, pour cet objet, une fomme de 100 mille écus. La place Guillaume, dans laquelle on voit déjà la ftatue du comte Schwerin, de grandeur naturelle, fera ornée de celles du maréchal de Keith, du lieutenant-général de Winterfeldt & du major de Kleif; ce dernier jouit de cette dis

tinction à titre de poëte. Tous ces monumens s'exécutent en beau marbre, que le roi a fait venir d'Italie.

Le gouvernement ayant pris des mesures pour faire tenir deux foires annuelles dans la Nouvelle, Pruffe, on a fait fçavoir aux marchands de Konigsberg qu'ils pouvoient fe difpenfer d'aller à celle de Leipfick.

> On affure que le roi a fait conftruire à Stettin 6 frégates, dont 3 font fur le point de mettre à la voile pour l'Espagne, où elles iront charger du fel, qui fera transporté & vendu dans la Nou velle-Prufle & en Pologne.

Il eft arrivé ici de l'Ukraine, un transport de 400 chevaux de remonte pour les hullards & ies gardes-du-corps.

RATISBONNE (le 6 Mai. ) Les états du cercle du Haut-Rhin, affemblés en diete, viennent de conférer au landgrave de Heffe - Caffel la place de colonel des cercles, qui étoit vacante depuis quelque tems.

L'envoyé de Brandebourg a présenté à la diete un refcrit de fa cour, portant qu'il arrivera en 1778, que la Pâque pour les proteftans tombera un dimanche différent de celui où elle tombera pour les catholiques romains, & que la Pâque des Juifs tombera en même tems que celle des proteftans; qu'ainfi S. M. pruffienne fouhaitoit que, pour prévenir tout inconvénient, les états de l'empiré priffent à tems des mefures pour que ces deux communions chrétiennes puffent célébrer la Pâque le même jour cette année-là, furtout dans fes états, où les deux cultes font également permis & autorisés par les loix.

Il fe confirme que les rebelles de Bohême avoient concerté le plan d'une révolte générale, qui devoit fe manifefter le 15 Mai, en faifant main Juin. 1775. 26. quinz.

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baffe fur la nobleffe, les troupes, les magiftrats' de Prague &c. Des lettres écrites aux payfans de Moravie prouvent que les Bohémiens les excitoient à faire caufe commune avec eux. On remarquoit en effet, de la fermentation dans cette province, lorfque la précipitation de quelques cercles de Bohême à se déclarer fit heureusement éclater bien avant le jour fixé, un foulevement qui auroit eu les fuites les plus funeftes en devenant général. Cet événement a coûté la vie à un grand nombre de perfonnes qui ont péri foit dans les combats entre les troupes & les payfans, foit dans les fupplices qui ont été infligés aux rebelles avec une sévérité bien propre à en imposer à tous ceux qui feroient tentés de former des projets conwele gouvernement. On a cherché à diffiper les attroupemens, & tous les mutins font rentrés dans le devoir. Cette opération a été fuivie, comme on l'a déjà dit, d'un pardon général, & l'on annonce une nouvelle ordonnance qui doit reftreindre à 3 jours par femaine les corvées des payfans bohémiens pour leurs feigneurs. Les cours de Ber lin & de Drefde ont donné des ordres précis pour remettre aux Autrichiens ceux des révoltés qui s'étoient réfugiés en Siléfie & en Saxe; & ces ordres ont été ponctuellement exécutés.

On parle beaucoup d'abolir l'ordre des Antonins, qui ne font ni religieux, ni chanoines. Cette fuppreffion, fi elle a lieu, ne fera pas gran de fenfation en Allemagne, où ils n'ont que trois maisons; une à Aix-la-Chapelle, une à Cologne, & la troifieme à Hochft, près de Francfort fur le Mein.

notre

MAYENCE (le 17 Mai. ) L'électeur, fouverain, fut facré archevêque, le 14 de ce mois par le prélat Behlen, fon fuffragant, évêque de Domitiopolis, lequel étoit affifté par le baron de

Scheben, évêque d'Affur, fuffragant de Worms; par le prélat Eckart, évêque de Joppé, fuffragant d'Erfort, ainfi que par 6 prélats mitrés. Cette cé-' rémonie fe fit au bruit d'une triple falve de 100 pieces de canon, dans la métropole qui étoit magnifiquement ornée, & où fe trouvoient le grand" chapitre, le clergé en corps, toute la cour, & la principale nobleffe. La bourgeoifie & les troupes bordoient la haie au paffage de S. A. E.

VIENNE (le 1 Mai. ) L'impératrice-reine & les archiducheffes font actuellement au château de Schonbrunn.

S. I. M. voulant récompenfer les talens & les fervices du Sr. Storck, fon médecin, l'a élevé à la dignité de baron.

Le 3 de ce mois, fête de l'invention de la Ste. Croix, l'impéraratrice nommá 30 dames de l'ordre

de la croix étoilée.

On a publié ici une patente en 6 articles, dont voici la fubftance: L'impératrice-reine ayant reconnu que l'établiffement des caiffes nommées provinciales chez les différens corps religieux, contribuoient fouvent à la ruine de leurs maifons, & à l'épuisement même des provinces entieres, S. M. veut qu'à commencer du jour de la publication de cette patente, il n'y ait plus chez les corps de religieux de caiffes provinciales, fous quelque prétexte, ou autre nom que ce foit, & défend à tous chefs d'or dres de tirer de l'argent d'une maison pour l'appli quer ailleurs, fût-ce même à une autre maifon, cepté dans le cas où une maifon auroit befoin du fecours d'une autre plus riche; & encore devra-t-om préalablement en informer la commiffion des fon dations, ou la régence de l'endroit permet pourtant S. M. I. aux provinciaux, vifiteurs &c., d'exiger des maisons d'ordre qui leur font foumifes une modique contribution annuelle, pour fubvenir aux

ex

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