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tes à l'avenir, à peine d'interdicion, & à tous huif fiers de faire pareilles fignifications, fous les mêmes peines o donne que le préfent arrêt fera fignifié lu & publié à la communauté des procureurs, & à celle des huiffiers de notredite cour, & qu'il fera imprimé, le tout à la diligence de notre procureur-général.

On voit par le narré des procédures, qui précede ce difpofitif, que, par fa requête du 24 Mars, le Sr. Linguet avoit demandé permiffion de faire affigner le duc d'Aiguillon & l'ordre des avocats en la perfonne du bâtonnier. Lorfque le Sr. Séguier parla dans la caufe de la comteffe de Béthune, il reprocha au Sr. Linguet les expreflions qu'il avoit gliffées dans fon dernier mémoire pour cette dame, contre le Sr. Target, défenfeur du maréchal de Broglie, & il donna des éloges à la conduite de cet avocat. Par l'iffue de fon affaire, comteffe de Béthune perd 400 mille francs, que le maréchal de Broglie lui avoit offerts par voie de tranfaction.

la

L'abbé de Polignac, prieur de Lerac, étoit chargé fur ce prieuré, d'une penfion de 1500 liv. par an, en faveur d'un très jeune clerc d'Avignon. Celui-ci, devenu diffipateur avec l'âge, avoit aliéné

le quart de ce revenu à un officier de cavalerie, qui, fur les représentations du prieur, lui avoit redemandé fon argent. Le jeune clerc, pour le rembourfer avoit contracté vis-à-vis de la femme d'un notaire, féparée de biens d'avec fon mari, un pareil engagement. Il en a résulté un procès, que l'abbé de Polignac avoit perdu au châtelet, au mois d'Août dernier. Mais il eft intervenu appel de cette fentence par arrêt de la grand-chambre, fur les conclufions du Sr. d'Agueffeau, avocat-ge néral. Le jugement du châtelet a été infirmé, la vente faite par le jeune clerc déclarée nulle & fimoniaque; l'abbé de Polignac libéré de la pens CA

hon qu'il lui faifoit, & les arrérages échus, à lui acquis. Ce clerc eft actuellement foldat dans un ré giment d'infanterie.

Le contrôleur-général, dont la fanté eft actuellement rétablie, s'occupe fans relâche, du grand projet de rétablir les finances. Il fait travailler à un cadafire général, ouvrage immenfe, & qu'on affure être fupérieurement exécuté. Il doit auffi faire connoître inceffamment deux autres projets,` l'un fur la taille réelie, & l'autre pour une réforme dans les aides. Il fe fera auffi, dit-on, de grands changemens dans l'administration de la régie des hypotheques, & des droits réservés.

Rien ne prouve mieux la vigilance & l'attention du même miniftre à réprimer les erreurs nuifibles que le trait fuivant.

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Les fermiers généraux avoient fait une délibération portant défense à leurs commis & prépofés dans toute l'étendue du royaume, de faire en aucun cas, & fous aucun prétexte quelconque la moindre remife fur les peines de triple droit réfultant d'actes fous fignatures privées ; & la déhibération avoit été accompagnée d'une lettre circulaire aux commis, pour qu'elle fût promptement- mife partout à exécution. Les fermiers-généraux fe trompoient en ce qu'ils prenoient pour une peine prononcée, ce qui n'étoit que commiRatoire, & fi bien réputé purement comminatoire, que jamais en aucuns cas les intendans de provinces & le confeil n'y ont condamné les redevables. Le contrôleur-général, inftruit de cette délibération, a fait fçavoir aux fermiers-généraux qu'ils euffent à l'annuller fans différer, comme contraire au vœu de la loi, & aux vrais intérêts du Loi, &c. It leur a été en même tems, défendu d'envoyer à l'avenir aucune lettre circulaire qui n'ait été préalablement lue & approuvée par l'intendant des finances du département. Cette précaution a

Faru d'autant plus fage à la compagnie, qu'il eft fouvent arrivé que ces lettres circulaires ont été mal interprétées par les employés, qui, par zele ou par inftin&t ont étendu les décifions fur des cas ifolés, fi bien qu'ils en ont fait des regles générales. Les fermiers-généraux fe font empreffés de répondre au contrôleur-général, qu'ils exécuteroient les ordres avec la plusgrande exactitude.

Il s'eft fait une gageure entre M. le duc de Chartres & leprince de Guémené, à qui des deux arri-veroit le plutôt, à cheval & au trot, au but propofé. Ils devoient partir de la grille de la Muette, pour aller à la porte St. Denis ; & au cas que l'un des deux laiffat prendre un inftant feulement le: galop à fon cheval, le pari devoit être perdu pour Tui. Cette courfe a eu lieu, ces jours derniers, à· 7 heures du matin, à la vue de beaucoup de feigneurs; Mgr. le comte d'Artois y étoit, & chacun a parié fuivant l'idée qu'il avoit des chevaux; M. le duc de Chartres a gagné le pari; il eft arrivé le premier, & a dévancé de 40 pas le prince de Guéméné.

Le chevalier d'Oify, capitaine de vaiffeau, avoit été pourvu de la place d'inspecteur-général du dé-pôt des cartes, plans & journaux de la marine à Versailles; mais comme il ne l'exerçoit pas, on l'avoit donnée au Sr. de Chabert, auffi capitaine de vaiffeau. Enfuite le chevalier d'Oify ayant re-vendiqué fon droit, on vient de lui rendre cet emploi; mais on accorde le titre d'adjoint au Sr. de Chabert, avec deux mille écus d'appointemens. On parle de transférer le dépôt de la marine en cette ville, au couvent des ex-jéfuites, rue St. Antoine,

1.a compagnie actuelle des poudres & falpêtresde France fait les plus grands efforts pour parer les coups qui font prêts à lui être portés. Il s'eft présenté une nouvelle compagnie qui offre au

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roi une fabrication meilleure, & de faire ceffer dans les provinces les vexations qu'effuient les particuliers de la part des falpêtriers, qui, fous prétexte de fouiller dans les caves pour y prendre les terres & les décombres falpêtrés, les mettent à contribution. Il paroit que le contrôleur-général a accueilli ces propofitions, qui épargneront, diton, annuellement plus de 200 mille liv. au roi; & l'on affure que le bail ancien doit être caffé, & le nouveau bail paffé au prochain confeil des fi

nances.

Comme la comteffe du Barry doit habiter au moins à 15 lieues de la cour, elle a remis au roi fes brevets de la maifon neuve qu'elle avoit à Verfailles, pour les écuries, & ceux de fa jolie maifon de Lucienne, dont on lui a permis de vendre les meubles fuperbes. Elle a eu la permiffion de fortir de Pont-aux-Dames, & de coucher à Paris, il y a quelques jours, en paffant pour aller voir la terre de St. Vrain, de 12 à 15 mille liv. de rente, qu'elle veut acheter près d'Arpajon.

Le commis d'une des principales maisons com→ merçantes de Londres s'étoit fauvé ici, emportant avec lui, pour 500 mille francs d'or & de bijoux, & pour plus de 2 millions de billets au porteur ou d'effets fur la banque. Il fut fuivi de près dans fa fuite par les intéreffés, qui firent parvenir leurs plaintes aux pieds du trông, S. M. déclara qu'elle ne fouffriroit point que fon royaume fervit d'afile au crime, & permit de faifir le coupable. En conféquence, ce commis, qui s'étoit donné pour un feigneur anglois, a été arrêté à l'hôtel d'Yorck, où il étoit defcendu. On lui a retrouvé tous les effets volés' & réclamés.

Un jeune homine de bonnes mœurs, de parens peu opulens, & de famille de petite bourgeoifie de cette capitale, étoit épris d'une fille de fon état, qui, par les fentimens honnêtes, étoit digne

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de fa tendreffe; mais les peres de ces jeunes
gens ne jugeant pas auffi favorablement de leurs
amours, ont cherché à les éloigner. La jeune per-
fonne, pénétrée de douleur, a difparu le 17 du
mois dernier; fon amant, au défelpoir, a imputé
fa-p
perte à fon amour; & trouvant toujours fon pe-
re contraire à fon choix, il s'eft pendu, le 20, dans
fa chambre, la flant un teftament de mort des plus
tendres, & rempli de reproches touchans à l'au-
teur de fes jours, fans bleffer le respect & l'amour
filial; mais ne lui laiffant pas ignorer que fon
extrême rigueur l'avoit réduit à cette affreufe extré
mité, puilqu'il avoit perdu celle qu'il aimoit. Le
pere eft au défefpoir; mais fon fils eft mort, &
l'on a découvert le 21, dans la riviere, le corps
de fa maitreffe, qui s'étoit noyée.

Le Sr. de Marville, confeiller d'état, eft revenu ici, après avoir réintégré le 7 de ce mois, le parlement de Befançon. Le Sr. Pajot de Marcheval, intendant de Grenoble, fera, dit-on, les fonctions de commiffaire du roi au rétablissement du parlement de Dauphiné. La joie univerfelle que la réintégration de la magiftrature a répandue dans tout le royaume, eft malheureufement troublée par une espece de fchifme qui n'a pu être entiement éteinte, entre les magistrats rappeliés & ceux qui avoient fervi fous la nouvelle forme. Cette diffenfion paroit furtout regner à Touloufe, quoique l'arrêt rendu раг les derniers le 8 Mars, pour ordonner des réjouiffances à l'occafion du rappel de leurs confreres, leur eût fait efpérer une fincere réconciliation. Le confeiller qui requit cet arrêt, parla entr'autres en ces termes: Nous allens voir rentrer avec g'oire dans le fanâuzire de la juftice ces confreres refpectables & chers, vidimes d'une cabale odieuse, qui, pour perdre la magiftrature, avoit ofé la calomnier auprès du meilleur des amaitres. Détournons les yeux de ces tems de trouСь

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