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pitale, a la permiffion d'y revenir, & de reprendre les fonctions de fa charge de confulteur des facrés rits. L'abbé Hertz, de la même fociété, a obtenu les bulles de vicaire-général de la Saxe, qui lui avoient été conftamment refufées le par feu pape. La maifon près de Ste. Marie-Majeure, où les ci-devant jéfuites préfidoient à des exercices fpirituels, avoit été donnée par Clément XIV, à la manufacture de batifte de Gênes; mais Pie VI a ordonné qu'elle fût employée à fon premier ufage, & il a chargé le cardinal vicaire Colonna, dont on connoit l'attachement à la ci-devant fociété, de choisir des fujets capables de diriger ces exercices. Par toutes ces circonftances, il paroit que les ci-devant jésuites n'auroient pas pu defirer un pape qui leur voulût plus de bien. On croit cependant qu'un miniftre étranger travaille à mettre des bornes aux bontés du St. pere pour la cidevant fociété. Tout Rome s'attendoit dès le 20 du mois dernier, à l'affemblée de la congrégation, qui n'a p pas encore eu lieu. On regardoit auffi comme très-prochaine la délivrance des prifonniers du château St. Ange; mais cette efpérance. ne s'eft pas réalifée. Les partifans des ex-jéfuites fouffrent ce retard avec impatience; mais ils ne perdent pas l'efpérance. Une feuille publique de cette capitale contenoit dernierement cette phrafe: chacun fe flatte que la justice prévaudra dans la belle ame du fouverain pontife fur toutes les confidérations d'une politique mondaine.

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CIVITA VECCHIA (le 25 Avril.) Le fouverain pontife, en confirmant le Sr. Jofeh Denham négociant anglois, dans l'intendance de fa marine, lui a envoyé ordre de faire calfater, & de préparer au plutôt la nouvelle galere commandante qui refte encore fur le chantier, de la lancer à la mer, & de l'équipper, pour qu'elle puisse naviger pendant l'été prochain.

S. S. a fait publier ici un édit portant établiffement d'un impôt plus fort qu'auparavant fur les marchandifes fujettes à la gabelle du poids public. Cette gabelle se renouvelle toutes les fois que la marchandise paffe d'une main dans une

autre.

L'épreuve faite l'année derniere, d'une machine propre à réparer les dégâts occafionnés par la mer dans le môle de ce port, ayant réuffi, on va continuer la même opération. Cette machine confifte en un grand berceau compofé de groffes pieces de bois, qui s'accroche à l'endroit de la muraille que la mer a endommagé : ce berceau se remplit de chaux & de pierres, retenues par des chaînes de fer attachées au-deffus de la muraille, & qui peu à peu prennent de la confiftance.

On mande de Naples qu'il fe répand dans quelques villes de ce royaume, un mal épidémique dont on attribue la caufe aux harengs d'Angleterre, où il fe trouve, dit-on, un petit ver qui caufe des douleurs aiguës à ceux qui en mangent. La députation de fanté de cette ville doit tenir une affemblée générale à ce fujet, avec les médecins les plus accrédités.

NAPLES (le Mai.) Le roi vient d'accorder un pardon général à tous les déferteurs, & même à ceux qui fe font rendus coupables de défertions réitérées. Les conditions de cette faveur, accordée à l'occafion de la naiffance du duc de la Pouille, font que les fugitifs rejoindront leurs corps refpectifs, & qu'ils y finiront le nombre d'années de fervice qu'ils avoient encore a remplir lors de leur défercion. On accorde 4 mois pour rentrer dans le royaume, aux coupables qui font dans les pays étrangers.

L'habillement de pélerin a paru très-favora ble à une troupe de brigands, qui s'en font revê

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tus, & qui, fous prétexte d'aller à Rome y gagner les indulgences de l'année fainte, y ont exercé des talens très-préjudiciables à la fociété. On mande de cette capitale que plufieurs de ces coquins s'entendant avec un greffier criminel, s'étoient déguifés en sbirres, pour dépouiller les véritables pèlerins de 1 hofpice de la trinité, fous prétexte de les fouiller. Les Suifles à qui la garde de cette maifon étoit confiée, refuferent l'entrée aux faux sbirres qui tenterent de forcer le paffage, mais les Suiffes en tuerent quelquesuns, & en arrêterent plufieurs qui dévoilerent le complot. Cette fcene a donné lieu à un réglement de police très-févere pour prévenir de pareils attentats.

Il vient auffi de fe paffer ici un autre événement du même genre. Un prétendu pélerin s'étant rendu vers le foir, chez l'avocat Mattei, lui dit que le connoiffant pour un célebre jurifconfulte, il venoit le confulter fur une affaire importante. Comme il s'y trouvoit quelques perfonnes, il demanda enfuite à l'entretenir en particulier. Dèsqu'il fe vit feul, il mit le piftolet fous la gorge de l'avocat, lui ordonna de lui remettre la bour fe, avec défenfe d'appeller du fecours, fous peine de la vie; après cette opération, il enjoignit, fous la même peine, au jurifconfulte de le conduire jufqu'au bas de l'escalier, & de lui faire toutes les politeffes convenables devant les perfonnes de la maifon. Tous ces ordres ayant été ponctuellement exécutés, le Sr. Mattei put à pei e remonter dans fon appartement; il y per dit connoiffance, & fut faigné fur le champ; depuis cette aventure, fa fanté eft très-chan telante.

On a éprouvé ici, la nuit du 11, un ouragan des plus violens, qui a renversé à Centurano près de Caferte, une maifon dont la chute aé◄

crafé 4 perfonnes. L'horreur de cette nuit a été augmentée par la répétition fréquente d'un bruit femblable à celui du tonnerre, qui partoit du Véfuve. Le lendemain, une fumée très épaiffe déroboit entierement la vue de cette montagne.

VENISE (le 30 Avril.) Les nobles PierreAntoine Juftiniani, Nicolas Barberigo, & Antoine Priuli viennent d'être nommés fages grands; les Srs. Jean Querini & Jean Calbo, fages caiffiers, & le Sr. Jean Querini, fage d'écriture.

On fait ici les plus grands préparatifs pour le jour de l'afcenfion. On n'eft pas moins occupé à Trieste pour la réception de l'empereur, qui doit y arriver vers le 15 du mois prochain. On y équippe un fuperbe navire ; ce qui donne lieu de préfumer que S. M. I. fe rendra par eau à Fiume.

Deux navires vénitiens ont été furpris le 17 Janvier, à la hauteur de Sciro, par les forbans qui infeftoient les mers de l'Archipel. L'un de ces navires a péri avec tout fon équipage. Le capitaine Ghericich, qui montoit l'autre, s'eft fauvé fur fon canot avec tous les matelots, & a gagné la grande plage, où il a été accueilli par un bâtiment françois monté par le capitaine JeanFrançois Pupia, qui l'a reçu à fon bord, &c l'a débarqué à Salonique. Son bâtiment a été coulé à fond, ainfi que le premier, & a été reconnu au mât de perroquet, qui s'élevoit au-deffus de l'eau. Les ouragans, qui ont été très-fréquens 'pendant les mois de Janvier & Février, ont fait échouer dans l'Archipel deux autres bâtimens.

On écrit d'Espagne que le roi ne veut accorder la paix à l'empereur de Maroc qu'à condition 1. qu'il lui donnera 4 millions de pieces fortes, en dédommagement des frais & pertes Occafionnés par cette rupture; 2°. qu'il refti

tuera 24 E pagnols qui ont été faits prifonniers; 3o. qu'il lui fera accordé 4 lieues de pays à l'entour des places qu'il poflede en Afrique; 4°. qu'on lui cédera le port de Tétuan & l'ifle de Mogador.

Les habitans des vallées bergamafques de Lubiana & Canonica fe font attroupés jufqu'au nombre de deux cens; ils fe font répandus dans les environs, & y ont pillé les marchés de grains. Ils ont exercé les mêmes brigandages dans le Breffan, où ils ont forcé plufieurs magazins à peu de distance de Brefce.

- LIVOURNE ( le c Mai. ) Il eft arrivé dans ce port deux nouveux bârimens ruffes venant de Paros. L'un eft la frégate de guerre l'Espérance, de 30 canons & de 250 hommes d'équipage, aux ordres du colonel Kanigow, l'autre eft la polacre la Magdeleine di Caliga, de 12 canons & 40 hommes d'équipage. Leurs chargemens confiftent en attirails militaires qui étoient à l'usage de l'armée ruffe.

Il paroit que la cour de Pétersbourg a deffein de fupprimer le college qu'elle avoit fondé à Pife pour y élever & inftruire les jeunes Grecs du levant. On en a déjà embarqué beaucoup, & ceux -qui reftênt, feront, dit-on, transportés fucceffivement en Ruffie.

Extrait d'une lettre de Barcelone du 20 Avril.

Tout ce qu'on a débité ici, depuis la fufpenfion d'armes qui femble avoir éte conclue entre le roi d'Espagne & l'empereur de Maroc, n'eft pas trop fondé. Cependant il arriva, avant- hier, en ce port trois frégates efpagnoles, que les uns difent être venues pour prendre à leur bord mille mariniers qui ont eté levés pour le fervice de S. M., & que les autres croient é re deflinés à escorter plufieurs bataillons de gardes wallones, qui font ici en gare.

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