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hon qu'il lui faifoit, & les arrérages échus, à lui acquis. Ce clerc eft actuellement foldat dans un régiment d'infanterie.

Le contrôleur-général, dont la fanté eft actuellement rétablie, s'occupe fans relâche, du grand projet de rétablir les finances. Il fait travailler à us cadafire général, ouvrage immenfe, & qu'on affure être fupérieurement exécuté. Il doit aufli faire connoître inceffamment deux autres projets, l'un fur la taille réelle, & l'autre pour une réforme dans les aides. Il fe fera auffi, dit-on, de grands changemens dans l'adminiftration de la régie des hypotheques, & des droits réfervés.

Rien ne prouve mieux la vigilance & l'attention du même miniftre à réprimer les erreurs nuifibles que le trait fuivant.

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Les fermiers généraux avoient fait une délibération portant défense à leurs commis & prépofés dans toute l'étendue du royaume, de faire en aucun cas, & fous aucun prétexte quelconque, la moindre remife fur les peines de triple droit réfultant d'actes fous fignatures privées ; & la délibération avoit été accompagnée d'une lettre circulaire aux commis, pour qu'elle fût promptement mife partout à exécution. Les fermiers-généraux fe trompoient en ce qu'ils prenoient pour une peine prononcée, ce qui n'étoit que commiRatoire, & fi bien réputé purement comminatoire, que jamais en aucuns cas les intendans de provin ces & le confeil n'y ont condamné les redevables. Le contrôleur-général, inftruit de cette délibération, a fait fçavoir aux fermiers-généraux qu'ils euffent à l'annuller fans différer, comme contraire au vœu de la loi, & aux vrais intérêts du Loi, &c. It leur a été en même tems, défendu d'envoyer à l'avenir aucune lettre circulaire qui n'ait été préalablement lue & approuvée par l'intendant des finances du département. Cette précaution a

paru d'autant plus fage à la compagnie, qu'il eft fouvent arrivé que ces lettres circulaires ont été : mal interprétées par les employés, qui, par zele ou par inftina ont étendu les décifions fur des cas ifolés, fi bien qu'ils en ont fait des regles générales. Les fermiers-généraux fe font empreffés de répondre au contrôleur-général, qu'ils exécuteroient les ordres avec la plusgrande exactitude.

Il s'eft fait une gageure entre M. le duc de Chartres & leprince de Guémené, à qui des deux arri-veroit le plutôt, à cheval & au trot, au but pro pofé. Ils devoient partir de la grille de la Muette, pour aller à la porte St. Denis; & au cas que l'un des deux laiffat prendre un inftant feulement le galop à fon cheval, le pari devoit être perdu pour Tui. Cette course a eu lieu, ces jours derniers, à 7 heures du matin, à la vue de beaucoup de feigneurs; Mgr. le comte d'Artois y étoit, & chacun a parié fuivant l'idée qu'il avoit des chevaux; M. le duc de Chartres a gagné le pari; il eft arrivé le premier, & a dévancé de 40 pas le prince de Guéméné.

Le chevalier d'Oify, capitaine de vaiffeau, avoir été pourvu de la place d'infpecteur-général du dé-pôt des cartes, plans & journaux de la marine à Versailles; mais comme il ne l'exerçoit pas, on l'avoit donnée au Sr. de Chabert, auffi capitaine de vaiffeau. Enfuite le chevalier d'Oify ayant re-vendiqué fon droit, on vient de lui rendre cet emploi; mais on accorde le titre d'adjoint au Sr. de Chabert, avec deux mille écus d'appointemens. On parle de transférer le dépôt de la marine en cette ville, au couvent des ex-jéfuites, rue St. Antoine.

La compagnie actuelle des poudres & falpêtresde France fait les plus grands efforts pour parer les coups qui font prêts à lui être portés. Il s'eft préfenté une nouvelle compagnie qui offre au

roi une fabrication meilleure, & de faire ceffer dans les provinces les vexations qu'effuient les particuliers de la part des falpêtriers, qui, fous prétexte de fouiller dans les caves pour y prendre les terres & les décombres falpêtrés, les mettent à contribution. Il paroit que le contrôleur-général a accueilli ces propofitions, qui épargneront, diton, annuellement plus de 200 mille liv. au roi; & l'on affure que le bail ancien doit être caffé, & le nouveau bail paffé au prochain conseil des fi

nances.

Comme la comteffe du Barry doit habiter au moins à 15 lieues de la cour, elle a remis au roi fes brevets de la maifon neuve qu'elle avoit à Verfailles, pour fes écuries, & ceux de fa jolie maifon de Lucienne, dont on lui a permis de vendre les meubles fuperbes. Elle a eu la permiffion de fortir de Pont-aux-Dames, & de coucher à Paris, il y a quelques jours, en paffant pour aller voir la terre de St. Vrain, de 12 à 15 mille liv. de rente, qu'elle veut acheter près d'Arpajon.

Le commis d'une des principales maisons commerçantes de Londres s'étoit fauvé ici, emportant avec lui, pour 500 mille francs d'or & de bijoux, & pour plus de 2 millions de billets au porteur ou d'effets fur la banque. Il fut fuivi de près dans fa fuite par les intéreffés, qui firent parvenir leurs plaintes aux pieds du trông. S. M. déclara qu'elle ne fouffriroit point que fon royaume fervit d'afile au crime, & permit de faifir le coupable. En conféquence, ce commis, qui s'étoit donné pour un feigneur anglois, a été arrêté à l'hôtel d'Yorck, où il étoit defcendu. On lui a retrouvé tous les effets volés' & réclamés.

Un jeune homine de bonnes mœurs, de parens peu opulens, & de famille de petite bourgeoifie de cette capitale, étoit épris d'une fille de fon état, qui, par les fentimens honnêtes, étoit digne

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de- fa tendreffe; mais les peres de ces jeunes gens ne jugeant pas auffi favorablement de leurs amours, ont cherché à les éloigner. La jeune perfonne, pénétrée de douleur, a difparu le 17 du mois dernier; fon amant, au défelpoir, a imputé fa perte à fon amour; & trouvant toujours fon pere contraire à fon choix, il s'eft pendu, le 20, dans fa chambre, la flant un teftament de mort des plus tendres, & rempli de reproches touchans à l'auteur de fes jours, fans blefier le refpect & l'amour filial; mais ne lui laiffant pas ignorer que fon extrême rigueur l'avoit réduit à cette affrufe extré mité, puilqu'il avoit perdu celle qu'il aimoit. Le pere eft au défespoir; mais son fils est mort, & l'on a découvert le 21, dans la riviere, le corps de fa maitreffe, qui s'étoit noyée.

Le Sr. de Marville, confeiller d'état, eft revenu ici, après avoir réintégré le 7 de ce mois, le parlement de Befançon. Le Sr. Pajot de Marcheval, intendant de Grenoble, fera, dit- on, les fonctions de commiffaire du roi au rétablissement du parlement de Dauphiné. La joie univerfelle que la réintégration de la magiftrature a répandue dans tout le royaume, eft malheureufement troublée par une espece de fchifme qui n'a pu être entiement éteinte, entre les magiftrats rappeliés & ceux qui avoient fervi fous la nouvelle forme. Cette diffenfion paroit furtout regner à Toulouse, quoique l'arrêt rendu par les derniers le 8 Mars, pour ordonner des réjouiffances à l'occafion du rappel de leurs confreres, leur eût fait efpérer une fincere réconciliation. Le confeiller qui requit cet arrêt, parla entr'autres en ces termes : Nous allens voir rentrer avec gloire dans le fanâuaire de la juftice ces confreres refpectables & chers, vidimes d'une cabale odieufe, qui, pour perdre la magiftra ture, avoit ofé la calomnier auprès du meilleur des amaitres. Détournons les yeux de ces tems de trou Сь

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le & de calamité, qui ont fait gémir la nationentiere. Il nous eft enfin permis de donner un libre cours aux fentimens de nos cœurs. Qu'une fête pa-· triotique foit le fignal de l'union, de la concorde & du bonheur ! Le Sr. de Nicquet, premier préfident de cette cour, eft toujours ici, & n'a point done né fa démiffion. L'évêque de Metz, conjointement avec le maréchal de Broglie, continue de follici, ter vivement en faveur de cette ville-là, pour obtenir le rétabliffement de fon parlement.

Tandis que la juftice & la bonté du roi effacent toutes les traces du funefte bouleversement de la magiftra ure, on a configné, pour l'inftruction de la postérité, les détails de cette étonnante révolution dans un ouvrage qui a été publié ici depuis peu, fous le titre de Journal Hiftorique de la révolution opérée dans la conftitution de la monarchie françoife, par M. de Maupeou, chancelier de France, avec cette épigraphe: Quis talia fando temperet à lacrymis ? Ce livre eft en trois volumes, d'environ 400 pages chacun. On y voit (à l'imi tion du Journal de l'Etoile ) par ordre de dates tout ce qui s'eft paffé depuis l'époque du fatal éditdu 27 Novembre 1770, jufqu'au retour des princes à la cour, fur la fin de 1772, La fidélité du récit, l'exactitude des faits, la multitude d'anecdotes, & l'élégance du ftyle font beaucoup rechercher cet ouvrage extrêmement rare; & l'on elpere que l'auteur le continuera jufqu'à l'époque où Louis XVI a rendu les magiftrats au vœu de la nation. Ce livre, & le Recueil des Réclamations, &c. imprimé il y a deux

ans

en 2 volumes in-8°., ferviront de monumens pour perpétuer à jamais la honte de ceux qui ent coopéré à renverser les principes fondamenraux de la monarchie françoise, & la gloire des généreux miniftres qui ont concouru à les réta

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