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à la poftérité. La bourfe a auffi délivré tous les prifonniers des gabelles, qui font, cette année, au nombre de 24; elle les a habillés, & leur a fourni de quoi retourner chez eux. Les commis des marchands ont résolu auffi de fournir annuellement aux dépenfes néceffaires pour faire apprendre des métiers à quatre jeunes gens de familles néceffiteufes.

On écrit de Rochefort qu'on y arme les vaifLeaux l'Hyppopotame, la Terpsycore & la Sylph de. On les croit deftinés pour les ifles du vent & de fous le vent.

Le 26 du mois dernier, le feu ayant pris à la cheminée d'un habitant du village de Cervieres, près de Briançon, il fe communiqua au toit, qui étoit de paille, & fucceffivement à ceux de toutes les autres maifons du village. Il régnoit alors un grand vent du nord; tous les habitans étoient à l'églife, & il ne reftoit dans les maisons que les infirmes & les enfans, qui n'eurent que le tems de fuir, avec une partie des beftiaux. Une fille de 6 à 7 ans y a péri. Les commandans de la ville & des forets de Bri nçon y ont envoyé des détachemens du régiment de Piémont pour y denner des fecours; les officiers municipaux de la ville, ceux des communautés voifines & du bailliage, s'y font rendus avec tout ce qu'ils ont pu mener avec eux pour le même objet; mais le feu étoit fi ardent, & les flaumes fi fort agitées par le vent que perfonne ne pouvoit en approcher, & qu'on a été forcé de fe reftreindre pendant toute la journée & la nuit fuivante, empêcher l'incendie de fe communiquer à la partie fupérieure du village: 79 maisons en ont été Ja la proie, ainfi que les meubles, effets, denrées & partie des beftiaux qu'elles contenoient. Ce village, qui étoit compofé de 10s habitations fe trouve aujourd'hui réduit à 26; & de 95 fa

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à

milles qui l'habitoient, 70 font dans le plus déplorable état, & dans la mifere la plus affreufe.

Un religieux recolet du couvent de CateauCambrefis, fortant le 19 du mois dernier, du château de Clermont, s'arrêta dans le village pour regarder des ouvriers occupés à partager le pied d'un arbre par le moyen de la poudre : elle étoit apparemment mal difpofée; l'explosion se fit obliquement. Un éclat de bois vint frapper le front du recolet, & le tua fur la place: il étoit à 20 pas de l'arbre, avec le feigneur du village & d'autres fpectateurs, qui, heureufement, ne furent point atteints. Cet exemple malheureux doit fervir d'inftruction aux ouvriers, pour qu'en pareil cas ils prennent d'autres précautions; & aux curieux, pour s'aflurer davantage fur l'objet de leur cu riofité.

GRANDE - BRETAGN E.

LONDRES (le 16 Avril. ) Il paroit une ordonnance du roi, qui renouvelle pour 6 mois, la dé-fenfe d'exporter de la poudre à canon, fans une permiffion de S. M. & de fon confeil. Le but de cette loi eft d'empêcher que les colonies ne foient pourvues de munitions de guerre.

S. M. a fait une nombreufe promotion d'ami

raux.

Nous avons dit que les négocians & marchands de Londres, intéreffés dans le commerce de l'Amérique feptentrionale, avoient préfenté le 15 du mois dernier, une pétition au roi. En voici la fubf

tance.

Après les formules refpectueuses ufitées en pareil cas les repréfentans affurent S. M., que c'eft avec la plus profonde douleur qu'ils font forcés d'accufer les minif tres d'avoir adopté, depuis quelques années, une nou velle forme de gouvernement, qui a répandu l'inquiétu de parmi fes fujets en Amérique, & qui a été la caufe des fréquentes interruptions du commerce refpectif &

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précieux de la métropole & des co-fujets américains. L'interruption du commerce, difent ils, la ruine des manufactures, la diminution des revenus de V. M. font: des maux légers en comparaifon de l'aliénation des.cœurs de vos fujets en Amérique, & des horreurs d'une guerre civile.

Si quelques Américains fe font laiffés induire à commettre des extravagances, les repréfentans efperent que le roi ne les attribuera qu'aux provocations réitérées qu'on leur a faites, ou aux punitions exceffives dont en les a menacés.

Ils improuvent l'ate paffé au parlement, & auquel on s'efforce d'arracher la fan&tion royale, pour reftreindre le commerce de la province de la baye de Maffachuffett, de la Nouvelle-Hampshire, des colonies de Connecticut, de Rhode-Inland & de la Providence dans l'Amérique feptentrionale, avec la Grande-Bretagne l'Irlande & les illes britanniques dans les Indes occidentales, & pour empêcher ces provinces & colonies" de faire aucune pêche fur les bancs de Terre Neuve. Ils offrent le tableau de plufieurs milliers de fujets dans ces provinces, privés de toute reffource, demeurant à la charge de la communauté, ou fe laiffant em porter par les impulfions irréfiftibles de la famine & du défespoir.

Nous fommes intimement convaincus, continuent les sepréfentans, que l'inftitution des tribunaux humains eft trop imparfaite pour qu'il foit poffible de féparer dans tous les cas, les innocens d'avec les coupables, & rien ne peut juftifier une forte de châtiment qui pour punir les derniers, fe fait des victimes innocentes. auxquelles il inflige des peines qu'elles fouffriront toujours, fi leurs voifins perfiftent dans leur résistance.

On fait envifager enfuite à S. M. que par les fuites de l'acte de prohibition, les négocians de la GrandeBretagne & de l'Irlande ne pouvant plus fournir les marchés de l'Europe aux mêmes termes, il s'élevera des concurrens qui s'empareront de ce commerce avantageux & que ce commerce une fois interrompu & détourné peut leur échapper pour toujours.

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C'eft d'après ces confidérations que les négocians de Londres fuppliant S M. de ne point donner fon confentement royal à un acte qui n'eft pas moins contraire la bonne police qu'à la juftice, & de prendre les voies de douceur qui peuvent feulés rétablir la véritable har

monie, & procurer le bonheur & la profpérité de l'em pire britannique.

L'adreffe (annoncée dans le dernier Journal), & présentée au roi par 4 des principaux quakers, au nom de cette fecte, eft conçue en ces termes Qu'il plaife au Roi:

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Pénétrés d'une vive reconnoiffance de la protection & de l'indulgence dont nous jouiffons fous ton gouverne ment & le cœur plein d'une tendre follicitude pour ton bonheur, & la profpérité de ce grand empire, nous demandons qu'il nous fait permis de paroitre en ta préfence.

Animés par l'affection que nous avons pour nos freres & nos co-fujets, failis de crainte à la vue des malheurs qui menacent l'empire britannique, & excités par un defir ardent d'effectuer, felon ton intention royale, une heureuse réconciliation avec ton peuple en Amérique, nous te fupplions de jetter un œil de bonté fur notre requête.

D'après la correfpondance qui fubfifte entre nous & nos freres au-dehors du royaume, pour l'avancement de la piété & de la vertu, nous fommes perfuadés que tu n'as dans tes vaftes états aucuns fujets plus fideles & plus fortement attachés à ta perfonne royale, à ra famille & à ton gouvernement , que dans les provin ces, de l'Amérique, de quelque religion qu'ils foient. Nous n'entreprendrons point de juthfier les excès qui

Sent été commis, ni de rechercher les caufes qui peu

vent y avoir donné lieu; mais infpirés par les princi pes de cette religion qui commande la paix fur la ter

re,

nous te conjurons humblement de fufpendre le glaive, afin que, fans répandre de fang, & en évitant tous les maux d'une guerre entre freres, on puiffe teater les moyens de ramener nos co-fujets d'Amérique à une union ferme & folide.

de ré

Quelque grande & difficile que paroiffe cette entreprite, nous fommes affurés qu'on peut trouver ici, ou dans les colonies, des hommes qui, revêtus de pou voirs convenables, fe chargeroient avec zele tablir un paix heureufe & permanente, fondée fur l'intérêt réciproque de chaque partie de l'empire britannique.

Puiffe le tout-puiffant, qui fait régner les rois, & fous les yeux duquel les princes rendent la juftice, faire de Boi l'heureux instrument qui perpétue l'harmonie & la:

Concorde dans les différentes parties de ta domination! Puiffent les générations futures, admirer ta clémence &ta magnanimité! Puiffe une longue fuite de tes defcendans occuper le tiône de leurs ancêtres pour leur pro pre gloire, & pour la félicité d'un peuple reconnoiffant ! C'eft la fervente priere de tes fideles fujets.

Malgré toutes ces repréfentations, & la proteftation des pairs, où tous les inconvéniens du bill pour reftreindre le commerce de la Nouvelle Angleterre, font exposés avec force, le roi fe rendit, le 30 du mois dernier, au parlement, & S. M. y denna fon confentement à cet acte.

Les pairs qui ont figné une proteftation éloquente contre ce bill, font les ducs de Richmont, Minchefter, Leinsterr & Dewonshire, le mar➡ quis de Rockingham & les lords Abingdon, Stanhope, Ponfonby, Craven, Cambden, Wycombe," Cholmondeley, Albergavenny, Torrington, Ef fingham & Fizvilliam.

Ces pairs s'élevent furtout contre un des motifs fur lequel on avoit trop infifté en faveur du bill fçavoir la lâcheté fuppofée des fujets du roi en Amérique. Il eft impropre au dernier point, difent-ils, d'agir d'après une telle fuppofition, qui doit couvrir de honte nos armes, fi elles font malheureuses, & leur ôter tout honneur en cas de fuccès... C'eft empêcher l'effet de nos moyens de force, que d'apprendre à ceux contre lefquels nous les employons, que nous fondons notre autorité fur leur lâcheté; que leur résistance leur fera honneur même à nos propres yeux, & que nous n'attribuerons leur obéiffance qu'à leur manque de courage, &c. &c.

Le 5 de ce mois, après les plus vifs débats, qui durerent jufqu'à 8 h. du foir, le bill pour ref treindre le commerce de la Nouvelle- Jerfey, de la Penfylvanie, de Maryland, de la Virginie & de la Caroline-Méridionale, paffa, dans la cham

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