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en brifer & en féparer d'autres qu'on n'eût pu ри fans cela enlever de deffus eux. Ils furent cependant affez promptement dégagés, & il n'en coûta la vie à perfonne: mais trois femmes & un petit enfant que fa mere tenoit dans fes bras, ayant eu les jambes & les cuifles fracaffées, on défefpere de pouvoir les fauver. Cette trifte cataftrophe ajoute un motif bien puiffant à ceux qui ont déjà été allégués tant de fois contre l'usage d'en terrer dans les églifes.

BOLOGNE (le 16 Mars.) On s'attend à recevoir inceffamment la confirmation du bref de Clément XIV touchant la fuppreffion de l'ordre des jefuites, & l'excommunication prononcée contre les membres qui continuent d'en porter l'habit en Pologne, en Mofcovie, & en d'autres lieux. Cela feroit ceffer le bruit qu'on fait courir qu'ils ont été autorisés à le porter en certain lieu d'Allemagne par le même pape, ou au moins de fon confentement tacite. Le médecin Saliceti, dans fa relation touchant la maladie de ce même pontife, a foutenu qu'il étoit mort de mort naturelle; mais la plupart n'en veulent rien croire.

LIVOURNE (le 19 Mars.) Le contre-amiral Basballe eft revenu de Pife, & fait toutes les difpofitions néceffaires pour partir d'ici avec son efcadre. On y a embarqué 110 jeunes Grecs, éleves du nouveau college fondé à Pife par Timpératrice de Ruffie. On les transporte à Pétersbourg, où ils feront employés dans le militaire, ou dans tout autre état plus conforme à leur inclination & à leurs talens. Il en eft déjà parti, le 14, une vingtaine, à bord d'un navire marchand anglois, frêté pour le compte de la Ruffie.

On pafle d'une grande fermentation dans la république d'Alger.contre le dey de cette régen

ce, qui cherche à rendre cette dignité héréditaire dans fa famille.

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TURIN (le 24 Mars. ) Le 16 de ce mois le roi déclara le mariage du duc de Chablais, fon frere, avec la princefle Mariane, fille de S. M. Les miniftres étrangers avoient été invités la veille par le maitre des cérémonies, à fe rendre à la cour, ainfi que les chevaliers de l'annonciade, les miniftres d'état, & toutes les perfonnes qui ont les entrées de la chambre. Le lendemain, le roi, le prince de Piémont & le duc de Chablais furent complimentés par le corps diplômatique, à la tête duquel l'ambaffadeur de France porta la parole.. Le jour d'après, on figna le contrat de mariage; & le 19, à cinq heures du foir, l'archevêque de cette ville, grand aumônier, donna aux nouveaux époux la bénédiction nuptiale. La ducheffe de Chablais reçut le 20, les complimens des miniftres étrangers. Le même jour dans l'après-midi, ainfi que le lendemain 21, la nobleffe fut admife à féliciter cette princeffe & fon augufle époux. Il y eut grand cercle à la cour.

Le mariage du prince de Piémont avec madame Clotilde de France eft fixé au mois de Septembre prochain. La cour fe propose de recevoir cette princeffe au château de Chambery qui fut brûlé pendant la derniere guerre. On travaille avec tant d'activité à le réparer, qu'on affure qu'avant trois mois, il pourra loger toute la famille royale.

Le roi a nommé au gouvernement de Saluces le marquis de Tournon, ci-devant gouverneur de Suze; à celui de Suze, le comte d'Andonne; à celui de Coni, le chevalier Coquerau; à celui de Mondovi, le chevalier de Rovero; & à ceux de Ville-Franche & de Serraval, le chevalier Alpino & le chevalier Bufqua.

S. M. va former un corps des campemens de l'armée. Elle en a déjà nommé les officiers, qui font tirés de tous les autres corps. Les foldats feront choifis dans les régimcns provinciaux.

ESPAGNE.

MADRID (le 15 Mars.) Nous allons donner ici les extraits des différentes lettres envoyées de Melille, pour fervir de journal des opérations du fiege de cette place.

Le colonel Don Florencio Moreno, gouver neur du Pennon, a écrit le 8, au comte de Ricla, qu'un corps de mille Maures s'étoit présenté le 3, devant cette place; qu'il s'étoit occupé depuis à ouvrir des chemins, & à conftruire des batteries; que ces travaux, qu'il pouffoit, furtout pendant la nuit, ne laiffoient pas d'être avancés ; que le jour, quelques partis ennemis faifoient un feu de moufqueterie continuel fur ceux de nos gens qui fe montroient; & qu'enfin, toutes les mefures qu'on voyoit prendre à ces troupes, fembloient indiquer qu'elles n'attendoient pour agir, que l'ar rivée de leur artillerie.

Le commandant-général de Melille a fait parvenir à la cour les particularités fuivantes..

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Le roi de Maroc ayant affemblé le 11 Février, fes généraux & les gens de loi, pour délibérer avec eux fur le deffein qu'il avoit formé de donner un affaut à la place, tous s'accorderent à lui faire des repréfentations fi férieufes fur la témérité de cette entreprise, qu'il confentit enfin à y renoncer au grand regret de fes troupes, qui efpéroient, par cette action périlleufe, mettre fin aux travaux & à la mifere qu'ils éprouvoient dans le camp. Les gens qu'on avoit fait venir des endroits circonvoi. fins, feront renvoyés immédiatement après les fêtes de påques. L'ennemi appréhendant que nos vaiffeaux ne tentaffent une defcente, fit élever fur la plage une nouvelle batterie ; & la dirigeant vers la baye, il fortifia l'artillerie de celle qui eft placée derriere la pointe, à l'embouchure de la Rambla. Il ramena au camp la plus

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grande partie de fes mortiers; & tout bombardement ceffa le 12.

Le Pennon, qui n'a pas à beaucoup près les reffources de Melille, attire pendant ce tems, notre attention. L'honneur feul des armes du roi encourage la garnifon à endurer les maux dont elle ne peut fe garantir, étant refferrée dans une enceinte très-bornée, manquant d'abris contre les bombes, & n'ayant pour tout refuge, que des cafemates bâties à la hâte avec des madriers, des poutres, des fafcines, & des facs remplis de terre, qu'il a fallu faire venir de Malaga; tant le Pennon eft dénué des chofes même les plus communes dont il auroit befoin pour fa défenfe. Ce fort, élevé fur un rocher ef carpé, est séparé du camp des Maures, par un détroit qui ne peut recevoir que des barques auffi affées à couler à fond, que peu capables de caufer à l'ennemi aucun dommage. Près de l'embouchure de ce détroie, dans un endroit appellé la Ifleta, eft un petit fort, garni de quatre canons, qui fait un angle faillant. Cet angle n'eft autre chofe qu'une pointe prolongée du rocher où eft bâtie la place. Il forme une efpece de pont ou de paffage naturel, dont la force eft augmentée par les reffources de Part.

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Les Maures ayant élevé le 12 au foir, une batterie de dix mortiers, fur une hauteur placée au nord du Pennon, jetterent jufqu'au 22 dans ce préfide, 287 bombes, qui mirent le feu quelques maifons, & qui tuerent un homme, & en blefferent deux autres. La plus grande partie de ces bombes tomba dans la mer ou creva en l'air. L'artillerie de la place, au contraire, joua avec tant de fuccès, que tous les boulets atteignirent les tran chées des ennemis; & il y a tout lieu de préfumer qu'ils ont per lu du monde. D'un autre côté, ils ont pouffé les travaux de ces tranchées avec tant de célérité, que le 17 au matin, ils avoient achevé une parallele de mille vares de long, en face de la Ifleta, à 300 vares du fort; & ils paroiffoient avoir le projet de donner un affaut, en faifant passer dans l'endroit le plus refferré du détroit, des carabos, qui font des efpeces de nacelles en ufage parmi les Africains.

L'e commandant général de Melifle, par une lettre datée du 23 Février, marquoit, que les divers mouvemens des ennemis lui avoient fait croire qu'ils vouloient livrer un affaut du côté de la tour de Ste. Lucie; mais que cette conjecture ne

s'étoit point vérifiée. Ils ajoutoient que les Maures s'étant préfentés pour brûler la paliffade de la tour de Ste. Barbe, les affiégés avoient fait avorter leur projet, & leur avoient tué quelques

hommes.

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Don Joseph de Roxas, chef d'efcadre, commandant-général de marine au département de Carthagene, & gouverneur de cette place, a écrit le 7, au comte de Ricla, qu'un bâtiment catalan, nommé le Saint-Jean-Baptifte, s'étant trouvé la nuit du 2 au 3 dans la baye de Melille, avec des munitions, y avoit été attaqué & pris par une de nos chaloupes perdues fur la côte, que les Maures venoient d'équipper; qu'auffitôt les affiégés avoient envoyé à fon fecours, trois barques, où ils avoient mis quelques troupes & quelques matelots; & qu'ayant été repris fur les Maures par `ces barques, il avoit été reconduit dans le mouillage de Melille mais qu'en y entrant il avoit effuyé une violente tempête, qui l'avoit obligé de couper fes cables, d'appareiller, & de fe refugier à Carthagene, où l'on travailloit à le mettre en état de retourner à Melille, & d'y ramener deux officiers, un cadet & fept grenadiers du régiment de la princeffe, qui s'étoient trouvés fur une des barques par lefquelles ce bâtiment avoit été repris. Tous ont affuré que le 3, il n'y avoit rien de nouveau à Melille. Ils ont ajouté que les Maures fe voyant chaffés par les trois barques, s'étoient jettés dans l'efquif, & avoient pris la fuite, avec dix chrétiens de l'équipage, & que deux de ces barques s'étant mifes à leur pourfuite, on n'avoit pas feu depuis ce qu'elles étoient devenues.

L'éfcadre aux ordres de Don François Hidalgo de Cifneros, qui mouilloit dans la baye de Melille, & qui étoit compofée de 4 frégates, de 9 chebecs de guerre & de différens bâtimens de transport, effuya le 14 de ce mois, un ouragan fuAvril. 1995. 26. quinz.

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