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verain pontife, il trouva un paquet fermé avec foin, écrit de la main de Clément XIV avec cette. adreffe pro futuro pontifice; il l'emporta. On prétend que ce paquet contient des détails fur les jéluites, & des pieces importantes. On ne doute. point que le fyfême de Pie VI ne foit à cet égard le même que celui de fon prédéceffeur. On a bien. des raifons de n'en pas douter; on connoit la déclaration de la cour d'Espagne au conclave, les conditions qu'elle defiroit que le nouveau pape fignât; ces conditions font trop fimples & trop fages pour n'avoir pas été reçues; il n'eft pas néceffaire de donner une grande publicité à certains. actes qui n'en exiftent & n'obligent pas moins pour avoir été conclus en secret. Le miniftre d'Efpagne a célébré par des fêtes l'élection du pontife; & il n'en auroit point donné, s'il n'étoit pas agréa ble à fa cour..

Le St. pere a nommé une congrégation particuliere, compofée des cardinaux Charles Rezzonico, Torregiani, Fantucci, Pamfili, Veterani ainfi que des prélats Antamore & Palotta pour examiner deux octrois de furvivance, accordés par le feu pape, l'un au Sr. Gnudi, & l'autre poftérieur, aux Srs. Oderici & Ponfacchi pour la trésorerie de Ferrare, dont ces derniers font déjà en poffeffion. S. S. ayant été informée que dans les différentes fermes données depuis quel¬ que tems, on n'avoit pas fuivi les formalités néceffaires, elle a ordonné qu'on les mît de nouveau à l'enchere; telles font entr'autres, celles des tréforeries de Romagno, de Bologne, d'Ombrie, & le généralat des poftes.

Les cardinaux étrangers ont pris la plupart congé du fouverain pontife, & font partis pour retourner dans leur patrie. Sur la réponse que le roi de Sardaigne a faite à S. S., il eft décidé que le cardinal des Lances fe fixera dans cette ca

pitale il a en conféquence, acceptéla préfecture du concile.

Les officiers de la chambre difputoient à l'abbé, Fabri, neveu de feu Clément XIV, la fucceffion de fon oncle, qui monte à 120 mille fcudis, alléguant pour caufe de refus, que le défunt ayant été originairement régulier, & étant mort intef tar, ou fans avoir fait de teftament, cette fucceffion appartenoit à la chambre apoftolique; mais S. S. a ordonné que, fans autre examen, on ·la remît à l'abbé Fabri. C'eft le même qu'on avoit toujours tenu éloigné du feu pape, quoiqu'il en fût le plus proche parent, au point qu'il a vécu. dans une extrême mifere pendant tout fon pontificat. On ignore fi le pontife régnant lui don-. nera, comme il eft d'ufage, le chapeau de cardinal.

Pie VI, qui réunit l'affabilité à la fermeté, s'eft ren du cher, à son avénement au pontificat, & fon casaliere annonce qu'il confervera toujours les fentimens qu'il a infpirés. Il imite les fouverains qui fe diftinguent aujourd'hui par leur popularité. Ses, gardes ont ordre, lorfqu'ils l'accompagnent dans les rues de cette capitale, de n'écarter aucun particulier, quel qu'il foit, qui voudra s'approcher de lui. On a remarqué qu'en partant du vatican pour aller à l'églife de St. Pierre, où devoit fe faire la troifieme adoration, il prit plufieurs mémoires que diverfes perfonnes du peuple lui préfenterent ; il fit même arrêter fes porteurs pour attendre une pauvre femme qui perçoit la foule avec peine, pour le même objet. Le St. pere eft d'un ac-, cès facile à tous ceux qui fe préfentent à fon audience; il fe plait furtout à s'entretenir avec les cardinaux, & s'informe de tout ce qui peut être relatif à l'emploi que chacun d'eux remplit. Il a mandé le P. Buontempi, avec lequel il a eu une très-longue conférence. Il a même daigné faire appeller le frere François, avec lequel il s'eft en

tretenu plus d'une heure; c'eft ce frere-lai qui étoit toujours auprès de Clément XIV. La piété diftingue particulierement ce nouveau pontife, qui vient de renouveller plufieurs actes de dévotion qui n'étoient plus en ufage. Toutes les claffes de citoyens paroiffent lui être également cheres. Il a témoigné à la nobleffe romaine que fes fervices lui étoient très-agréables; & comme les emplois de fa cour y font pour elle en petit nom. bre, parce que la prélature en occupe la plus grande partie, il a jugé à-propos, après avoir confirmé les princes Altieri & Giuftiniani dans leurs charges de capitaines de chevaux-légers, de nommer capitaines-honoraires de ce corps le prince Santa Croce & le duc Matrei. Il à deffein de oréer une nouvelle compagnie formée de gentilshommes de l'état eccléfiaftique.

NAPLES ( le 14 Mars.) Depuis que L. M. font de retour ici, il ne s'eft prefque point paffé de jour fans qu'il y ait eu bal à la cour ou au théâtre; ce qui a rendu la fin du carnaval brillante, & a arrêté un grand nombre d'étrangers en cette capitale.

La cour eft partie, le 5 de ce mois, pour Venufro. Le prince royal & les deux princeffes fes fœurs font reftés ici. On croit que ce voyage ne fera que de 10 à 12 jours, & que la reine ira voir le fameux monaftere de Mont-Caffin, fitué dans les environs de Venufro.

Le pere Minaffi, célebre n turaliste, eft de retour du long voyage qu'il vient de faire dans la Calabre, dans la Sicile & dans les ifles Lipari. Il a fait de très-importantes découvertes, particulierement dans l'ifle Strongoli, où il s'est arrêté un mois; & il a ramené une barque remplie de productions naturelles, qu'il enverra à Rome, auffitôt qu'il en aura reçu l'ordre du cardi

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nal Zélada, & des autres amateurs pour lefquels il a entrepris ce voyage.

MANTOUE (le 13 Mars.) La commiffion royale chargée du recouvrement des impôts dans ce duché, a publié le 4, la notification fuivante:

On fait combien notre augufte fouveraine s'eft donné de foins jufqu'à-préfent, pour faire profperer l'agriculture dans ce duché. Les habitans de la campagne font cependant voir une certaine timidité, qui n'a d'autres caufes que les inquiétudes occafionnées par les nouvelles opérations relatives à la fixation des impôts. Afin donc de diffiper la crainte que les poffeffeurs de terres pourroient avoir d'être furchargés proportionnément aux améliorasions qu'ils auroient faites dans leurs biens, la commiffion royale, autorifée par le comte, vice-gouverneur, fait fçavoir que quiconque voudra entreprendre d'améliorer fes fonds, avant l'évaluation qui précédera la nouvelle fixation des impôts, n'au ra point à craindre d'être plus impofé à raifon du fuccès de cette entreprife, & ne le fera jamais que fur l'état aduel de ces fonds. Mais avant de procéder à ces améliorations, il devra en communiquer le projet a la commiffion royale, qui fera conflater l'état préfent de les biens, afin de le mettre à couvert de toute augmentation onéreuse.

VENISE (le 4 Mars.) Le féréniffime confeit a élu procurateur de St. Marc le noble Pierre Victor Pifani, à la place du chevalier Thomas Quirini, mort depuis quelques jours.

Le différend entre cette république & le roi de Sardaigne eft fur le point d'être arrangé par la médiation du roi d'Angleterre. On fe rappelle qu'il étoit queftion d'une affaire d'étiquette, & que la république refufoit d'envoyer deux ambaffadeurs pour complimenter S. M. Sarde fur

fon avénement au trône. Les deux puiffances font à-peu-près convenues que la république nommera les deux ambaffadeurs, & que le roi de Sardaigne les difpenfera d'exécuter leur commiffion..

On prépare ici des appartemens dans quelques hôtels pour y recevoir l'empereur, les deux archiducs Ferdinand & Maximilien, fes freres, ainsi que pour l'infant de Parme, qui doivent fe trouver ici, pour la fête de l'afcenfion.

Le gouvernement avoit fait enjoindre à un foidifant comte Vifconti de Milan, de fortir des états. de la république; & fur le refus d'exécuter ces ordres, il a été arrêté & conduit dans les prifons.

Un navire de cette république s'étant laiffe abor der par une galiote qui avoit pavillon ruffe, des. pirates qui la montoient, tuerent le capitaine & la. plupart des matelots, & conduifirent enfuite le. navire dans une ifle de l'Archipel, où ils déchargerent ce qu'il contenoit de plus précieux; après. quoi, ils rendirent à un pilote & à deux matelots qui s'étoient cachés, la liberté de fe retirer, avec. leur bâtiment, qui eft arrivé heureufement ici.

PORTO FERRAIO (le 9 Mars, ) Il arriva dernierement dans une des églifes de cette ville un accident funefte. La voûte de deux tombeaux en face de l'autel où fe célébroit le fervice divin, s'écroula, & entraîna dans fa chute un autre autel qui n'en étoit pas loin. Quantité de perfonnes tomberent dans le caveau. L'églife étoit alors pleine de monde. Malgré la confternation & le défordre que ce malheur ne pouvoit manquer d'occafionner, on s'ocсира fans délai des moyens de retirer les infortu nés qui étoient enfévelis fous les ruines. Il fallut employer à cet effet, non-feulement des leviers. pour foulever les pierres énormes dont ils étoient accablés, mais encore des inftrumens de fer pour

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