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cette cour depuis quelques jours; les princes de la famille royale s'empreffent à lui'en rendre le féjour agréable par les fêtes qu'ils lui donnent fucceffivement. Ce prince voyagera pendant tout le tems que la cour de Ruffie féjournera à Mof

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DRESDE (le 27 Mars.) Il y a 40 ans qu'on a établi, avec le plus grand fuccès, dans la petite ville d'Annabourg, une école où tous les enfans des foldats faxons font élevés gratuitement. Quand ils ont atteint leur 6e. année, ils embraffent l'état de leur pere. Cette efpece d'école militaire eft dirigée par deux vieux officiers & quelques invalides. On a remarqué que tous les foldats qui en font fortis, ont été les meilleurs fujets des troupes faxonnes. On fe propofe d'en augmenter le nombre, en y admettant les enfans des pauvres. Il y a dans la maifon une chapelle pour les catholiques romains, & une autre pour les luthériens. Les éleves apprennent à écrire à compter & à deffiner, & reçoivent toutes les inftructions relatives à leur profeflion future. Ils font avec la plus grande régularité, l'exercice militaire. Il fe trouve même dans cette école, des enfans de pauvres gentilshommes; mais ceux-ci, pour l'ordinaire, obtiennent le grade d'officier avant l'âge de 18 ans. Quoiqu'il foit libre aux éleves de quitter la profellion des armes, pour en embraffer une autre, on en voit très-peu renoncer à un état qu'ils font habitués dès l'enfance à confidérer & à chérir. L'adminiftration est fondée fur d'excellens principes d'économie, au point que jufqu'ici, huit cens éleves n'ont coûté annuellement que 25 mille écus. Les avantages de cet établiffement font tels, que l'impératrice de Ruffie a fait prier S. A. Elect. de lui commu niquer les réglemens d'après lefquels il a été for mé.

Depuis que le luthéranifme s'eft introduit dans les états de Saxe-Gotha, on avoit coutume de prononcer, tous les dimanches, dans les prieres públiques, des imprécations contre le pape & contre les mahometans; le duc regnant de Gotha vient d'abolir cet ufage indécent & ridicule, qui n'auroit jamais dû exifler.

FRANCFORT fur le Mein (le 1er. Avril.) Le prince évêque de Paderborn, perfuadé qu'un hom mage pur rendu à la divinité n'eft pas une cérémonie locale, qui ait plus de vertu dans un endroit que dans un autre, vient de rendre un édit qui enjoint à fes fujets d'adorer dieu dans le lieu de leur domicile, & défend toute espece de pélerinages & proceffions. L'électeur archevêque de Cologne agiffant d'après les mêmes principes, fait défenfes à fes fujets d'aller porter leurs vœux & leur argent hors de l'électorat, & ordonne aux magiftrats de tenir la main à l'exécution de fon édit. On reconnoit, quoiqu'un peu tard, que les pélerinages faits au loin, ruinent les habitans des villes & des campagnes; ils encouragent le défordre, entretiennent la corruption des mœurs, perpétuent le vice, fomentent la défobéiffance, & arrachent à la terre des bras dont l'état ne peut fe paffer. Il eft une ville en France où les abus du pélerinage fubfiftent dans toute leur vigueur. Un ordre religieux part à minuit pour aller en proceffion à 3 lieues delà. Un concours d'hommes, de femmes, de garçons & de filles forme le cortege tumultueux; on gâte, on foule les moiffons: on s'égare dans un bois par lequel il faut paffer; & aulieu de porter aux pieds des autels le tribut de fon hommage, c'eft dans les auberges qu'on termine la cérémo nie par des orgies fcandaleuses.

L'électeur de Cologne a réfolu d'établir à Munf

ter, dont il eft évêque, un college de médecine & de chirurgie, dont S. A. E. confie l'infpection au Sr. Hoffmann, fon médecin, établissement dont ce cercle avoit un befoin extrême. I fe fait dansla même ville des changemens très-avantageux.. On a déjà transporté les cimetieres dans la campagne on a applani les remparts, qui ont été décorés d'allées de tilleuls: on tire les rues au cordeau, on en renouvelle le pavé, & on travaille avec activité au palais épiscopal, qui fera bientôt achevé. Tous ces travaux vont rendre Munster une` des plus belles villes de la Weftphalie.

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On apprend de Mayence, qu'il s'y tient des conférences au fujet de quelques différends qui se sont élevés entre la cour de Versailles, & celle de Vienne & de Bade, concernant la navigation fur le Rhin. Les deux dernieres prétendent que par la paix de Weftphalie, la navigation des deux rives du Rhin a été déclarée libre; mais la France foutient que cela y a été ftipulé fur le pied que les chofes étoient alors, & qu'il eft connu qu'à répoque de la paix de Munfter, ni les habitans du marquifat de Bade, ni ceux du Brisgaw ne navi geoient point fur cette riviere, & que, par conféquent, ils n'ont aucun droit de le faire aujourd'hui au préjudice de la ville de Strasbourg & de la pro vince d'Alface. En attendant que ces difcuffions foient terminées, il vient d'arriver à Mayence un bateau avec pavillon impérial, pour y charger; & le Sr. Henneberg, commiffaire françois, a fait à cette occafion des proteftations réitérées.

Un buffard allant le 20 du mois dernier, de Gladenbach au village de Groffen-Eichen, où demeurent fes parens, ĉta la vie à fa femme, de fagon cependant à faire croire qu'elle étoit morte naturellement de mort fubite. Il eut, après cela, la précaution de charger le cadavre fur fon dos, &

de continuer fa route, en pouffant des fanglots, & affectant la douleur la plus vive; mais il diparut, après avoir dépofé fon fardeau dans fa famille.

Les lettres de Moldavie qu'on reçoit dans l'inf-tant, font datées du 11, & portent que, le 10 à 9 h. du matin, les Turcs avoient repris poffef fion de Choczim; que la garnifon ruffe qui étoit for-tie de cette place le même jour, avoit paffé le Nief ter, & fe trouvoit fur le territoire de Pologne & qu'enfin les Autrichiens étoient reftés spéctateurs tranquilles.

RATISBONNE (le 20 Mars.) Le prince de la Tour & Taxis, principal commiffaire-impérial, revint ici de Vienne, le 16 de ce mois; il avoit été décoré le 7, de l'ordre de la toifon d'or par S. M. I. Le 17, ce prince affifta au Te Deum qui fut chanté, à la cathédrale, à l'occafion de la fête de l'empereur. La garnifon & la bourgeoi fie de cette ville étoient fous les armes.

Il fe fait de grandes levées de recrues dans les états héréditaires de la maifon d'Autriche, & les travaux fe pouffent avec la plus grande activité dans l'arfenal de Vienne. Les ouvriers qui y font employés, y font confignés: on leur apporte tout ce qui leur eft néceffaire, & il n'ont de com munication qu'avec leurs camarades. Les feuls jurés ont la permiffion d'aller manger & concher

chez eux....

Les difpofitions qui fe font en Baviere, femblent être les avantcoureurs d'une augmentation dans les troupes de cet électorat. Tous les régimens tant d'infanterie que de cavalerie, ont reçu ordre d'être complets vers la mi- Ayril, tems où l'électeur fe propose d'en faire une revue générale. Le corps des cadets Bavarois va être mis fur le même pied que ceux de Berlin, On prétend que le fé

B.S

Jour que l'électeur palatin a fait à Munich, en retournant d'Italie dans fes états, a occasionné un grand changement dans le fyftême de cette cour.

VIENNE (le 26 Mars.) La cour affifta, le 10 du mois dernier, aux prieres publiques qui fe font, tous les 3 mois, à la métropole, pour implorer la bénédiction du ciel fur les états de l'impératrice-reine.

Le même jour, le baron de Breteuil, ambaffadeur de la cour de Versailles, remit à l'impératrice-reine, le bufte de la reine de France, fa fouveraine, travaillé en porcelaine; S. M. Imp. fit préfent à ce miniftre d'une tabatiere garnie de brillans, & enrichic de fon portrait.

Le 11, l'archiducheffe de Saxe-Tefchen arriva de Frefbourg ici, vec le duc fon époux.

Le 12, après le fervice divin, l'empereur, en fa qualité de grand maitre de l'ordre de St. Etienne, donna la grand'croix de cet ordre au comte Antoine Pierre de Przichowski, prince du St.. Empire romain, archevêque de Prague, primat de Bohême &c. en confidération des fervices. qu'il a rendus à l'état,

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Le 14, l'empereur donna, dans le grand fallon, avec les cérémonies d'ufage, l'inveftiture de la principauté de Saltzbourg au prince Jérôme Jofeph de Colloredo, archevêque de cette ville legat perpétuel du St. fiege & primat de Germanie. Le comte, Jofeph-Godefroi de Saurau, doyen de la métropole de Saltzbourg, & premier envoyé du prince, prononça le difcours d'ufige; le Śr. François-Antoine Kyrfinger, fecond envoyé du même prince, fit celui de remercîment.

Le 24, à Ir heures & demie du matin, l'archiduc Maximilien, accompagné des comtes de Rofenberg & de Lamberg, arriva en cette capitale, après une absence de près de II mois. S. A. R.. en étoit partie le 30 Avril 1774

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