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faut obferver qu'on n'a pas encore ftatué fur ce qui concerne le grand-duché de Lithuanie. D'ailleurs, on eft convenu de payer du furplus les dettes de l'état. En conféquence, la délégation a affigné au grand général comte de Branicki un million 500 mille florins pour payer les arrérages de la folde aux troupes de la république.

La même affemblée fe fit donner, dans la féance du 13 de ce mois, une lifte des pensions accordées à différentes perfonnes; & celles qui lui ont paru peu méritées, ont été fupprimées.

La délégation, en travaillant nuit & jour, a enfin terminé fes opérations le 19, & a arrêté bien des chofes extraordinaires. Les membres qui la compofent, & qui fe donnent pour les reftaurateurs de la patrie, ont partagé entr'eux & quelques particuliers, 170 ftarofties, dont la colla tion appartenoit au roi. Elles leur font affurées par un bail emphythéotique de 30 ans, & cela du vivant des poffeffeurs actuels, & de ceux même qui en ont déjà la furvivance. Cette conceffion est une modification, ou plutôt une violation de la loi que la délégation avoit elle-même dernierement établie. On a affigné beaucoup d'autres récompenfes à ceux qu'on appelle les bien-mérités. Le prince Poninski, maréchal de la confédération a obtenu fur le tréfor public une penfion annuelle de 100 mille florins, fa vie durant, & une autre fomme de 4co mille florins, payable dans leterme de 6 ans. On admire la prodigieufe libéralité de la délégation dans un tems ou la république eft fort épuifée, pour ne pas dire ruinée; c'eft un nouveau démembrement que fes propres en fans font de fes revenus. Cependant elle a laiffé au roi, pour cette fois-ci, le pouvoir de nommer les membres du confeil permanent, & des autres comités publics.

La diete a repris fes féances le 20; le maréchal
Avril, 1775. 26. quinz.

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de la confédération en fit l'ouverture par un compliment qu'il adreffa au roi; puis il demanda un délai de quelques jours, afin que la délégation pût tranfcrire fes actes, dont la collection est trèsvolumineufe, & les mettre en état d'être présentés aux états affemblés; à la requisition du maréchal, S. M. remit la féance au 27 de ce mois. Il y a des gageures que toutes ces réfolutions pouffées avec tant de violence & au détriment de la république, ne peuvent longtems fubfifter, quoique la confédération ait requis les puiffances alliées d'en être garantes pour tout ce qui regarde les affaires tant intérieures qu'extérieures de ce royaume.

Les Tartares qui ont des habitations en Pologne, ont fait fupplier la délégation par le colonel Korycki, leur député, de leur accorder une chartre en vertu de laquelle ils foient traités comme les autres gentilshommes diffidens, & aient le libre exercice de leur religion.

Le prince Poninski, dont le pouvoir touche au moment d'expirer avec la délégation, eft vivement attaqué dans quelques libelles qu'on voit circuler ici; le plus fatyrique de ces écrits eft une requête qui lui eft adreffée en fa qualité de grand prieur de Malte. Cette maniere de reconnoitre fes fervices eft bien propre à lui donner de l'indifférence pour fa patrie. On affure qu'il a formé le deffein de fe retirer en Hollande, pour y jouir en paix du fruit de fes travaux,

Il paroit certain qu'il a été question d'un nouveau démembrement qui auroit encore enlevé à ce malheureux royaume 40 à 50 milles de terrein; ce projet étoit fur le point d'être exécuté; mais l'impératrice de Ruffie en a rejetté la propofition,& a déclaré qu'elle vouloit s'en tenir exactement au dernier traité de ceffion.

Suivant un dénombrement des habitans de l'Ukraine, on y compte 955, 228 hommes, qui for

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ment 2,085 paroiffes, divifées en 3 éparchies; on ne comprend pas les femmes dans ce calcul.

A LLE MAGNE.

HAMBOURG (le 23 Mars.) Le magiftrat de sette ville convoqua la bourgeoifie le 9 de ce ୨ mois; & lui ayant expofé que les revenus publics étoient infuffifans pour les dépenfes, il lui pro pofa d'établir à fon choix, l'ufage du papier timbré, une nouvelle capitation, ou de doubler l'im pôt fur les baux. La bourgeoifie ne voulut admettre aucune de ces propofitions. Le magiftrat paroit d'autant plus fenfible à ce refus, qu'il fe prêta, l'année derniere, aux defirs des bourgeois, en fupprimant deux compagnies de milice de la ville.

Le 16, à 10 heures du foir, le feu prit à un moulin à vent fitué fur les remparts de cette ville, près la porte d'Altona: les fuites pouvoient en être d'autant plus funeftes, que ce moulin étoit placé entre deux magazins à poudre qui smena. çoient la ville du danger le plus imminent. Les toits étoient couverts d'étincelles & de pieces de bois embrafées, qui y tomboient du moulin. Dans ces circonftances, tous les efforts de la bourgeoisie fe porterent vers les magazins, qu'on parvint à préferver de l'atteinte des flammes. Le inoulin, abandonné à fon fort, fut entierement confumé.

Il y a quelque tems que le Sr. Nolting fit imprimer ici, à fes frais, un recueil de fermons dont il deftine le produit aux pauvres habitans du baillage de Nitzebuttal, qui ont été ruinés par des incendies. Ces fermons ont beaucoup rapporté, & le Sr. Nolting vient de publier un re mercîment au public, qu'il deftine au même usage. Qutre cela, ces infortunés ont reçu 1920

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marcs en argent, & des effets pour la valeur de 300 autres. On va faire auffi une collecte dans toutes les églifes de cette ville, pour les mêmes habitans.

On vient d'arrêter à Altona un officier étranger qui avoit avec lui une dame très-jeune & trèsjolie; on lui a trouvé 700 ducats d'argent comptant, & plufieurs effets précieux. On ne peut attribuer la caufe de fa détention qu'à un enlevement; la dame a été mife aux arrêts.

La ville de Dantzigreft toujours dans la crainte de voir éclater à l'improvifte l'orage qui la menace depuis longtems. On apprend qu'il a été notifié au magiftrat, que toutes les marchandifes qui pafferont de Dantzig en Pologne, & de Pologne à Dantzig, paieroient à l'avenir 12 pour cent de leur valeur; mais que celles qui y pafferoient d'Elbing, ou qui y feroient importées de Dantzig, ne feroient affujetties qu'à un droit de 4 pour cent. On évalue à 7 millions les dommages que cette ville a effuyés par l'inondation dont en a parlé. Plufieurs négocians ont perdu depuis 200 jufqu'à 600 mille florins de Pologne, les uns plus, les autres moins. Les habitans des campagnes ont encore plus fouffert à proportion. L'inondation a été terrible, furtout entre Marienwerder & Move, où il a péri un grand nombre de perfonnes & de beftiaux.

Les nouvelles des bords du Niester varient d'une pofte à l'autre, & le détruifent fucceflivement; ee qui fait qu'on ignore quelle eft la véritable pofition de l'armée ruffe. Ce qui paroit le plus certain, c'eft que la garnison de Choczim a été portée à 8 bataillons; on prétend néanmoins que c'eft à la requifition de la Forte, qui a prié la Ruffie de garder cette place jufqu'à ce que la faifon & les circonftances lui permettent d'en reprendre poffeffion. D'un autre côté, les Auxi

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chiens fe renforcent confidérablement dans les environs de cette ville, où ils ont déjà planté leurs aigles. Ils ne font pas moins en force du côté de Kaminiec; ce qui fait préfumer qu'ils ont des vues fur ces deux fortereffes.

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Quelques lettres annoncent qu'il s'eft paffé dans un village près de Schmiegel dans la Grande- Pologne, une fcene dont elles rapportent les circónftances en ces termes? « Un prince polonois, qu'on ne nomme point, vouloit rendre une vifite à un vieux caftellan, fon intimé ami. Ce prince étoit accompagné d'un lieutenant & de fon domestique; le premier le quitta après un voyage de deux jours. Lorfque le prince arriva, le 9 de ce mois. dans le village, il fut environné, dans l'auberge, par 8 perfonnes à cheval. Ne voyant aucun moyende fe tirer de cette fâcheufe fituation, il réfolut de vendre cherement fa vie & fa liberté : en conféquence, il tira, ainfi que fon domeftique, fur les raviffeurs; mais cinq d'entr'eux forcerent la porte de la chambre, & y entrerent le fabre à la main. Le prince en tua un, & en bleffa 2 autres; mais ayant reçu plufieurs bleffures, ainfi que fon fidele domestique, il fut contraint de fe rendre à la merci de fes ennemis, qui le jetterent dans une voiture, & l'emmenerent fur le champ, fans que l'on fçache encore de quel côté. Le do meftique a cependant eu le bonheur d'échapper,. & l'on fait des perquifitions pour découvrir les motifs d'un pareil attentat »

BERLIN (le 24 Mars.) Le prince Grégoi re Orlow, qui a paffé quelques jours à Potzdam où il a eu l'honneur de manger avec S. M., eft parti le 14 de ce mois, avec les officiers qui l'ac compagnent, pour continuer fa route, par Dref" de & Vienne, vers l'Italie.

Le prince Pierre de Holftein-Gottorp eft en

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