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Le même jour 27, les communes firent le rapport de 1a réfolution prife le 20, de permettre aux colonies de fe taxer elles-mêmes avec le confentement du roi & celui du parlement. Il y eut de vifs débats à ce fujer, & le lord North fit un long difcours pour mieux développer ce qu'il avoit dit ce jour-là. Parmi ceux qui lui répondirent, le gouverneur Johnstone obferva qu'il n'y avoit point d'exemple que la métropole eût extorqué des taxes à fes colonies, fi ce n'eft celui des Romains qui pilloient les provinces, & qui portant leurs dépouilles à Rome, y jetterent les femences d'où s'éleverent les caufes de la deftruction de cet empire, autrefois fi puiffant & fi glorieux. Cependant, la réfolution fut approuvée, & il fut arrêté de reprendre la difcuffion des affaires de l'Amérique le 1er. Mars.

Le 28, le lord Folkftone propofa dans la chambre des communes, de faire imprimer la lifte des membres qui la compofent, avec la défignation des terres ou propriétés qui les qualifient à y avoir féance pour les comtés, villes, ou autres corporations qu'ils repréfentent; mais la négative l'emporta à la pluralité de 87 contre 44 voix. On préfenta enfuite à la chambre une pétition des marchands & autres habitans de Poole, demandant que le bill qui interdit la pêche fur les côtes de Terre-Neuve à ceux de la Nouvelle - Angleterre paffà: & fût mis en exécution. Après quelques difcours fur ce fujet, l'alderman Oliver préfenta une pétition de la fociété des Quakers contre ce bill. La chambre s'étant alors formée en grand comité, le Sr. David, Barclay, qui fut appellé à la barre, demanda que l'on entendit quelques perfonnes pour juftifier ce que l'on avançoit dans cette pétition. Le Sr. Brooke Watfon, l'un de ces témoins, prouva qu'en 1764, la pêche exercée par les habitans de la Nouvelle-Angleterre, avoit rapporté 220 mille livres fterlings, dont la plus grande partie tirée de l'Espagne & du Portugal, avoit paffé en Angleterre, en paiement de ce que la colo nie en avoit fait venir pour fon ufage; & que leur pèche étant de beaucoup préférée à celle des pêcheurs anglois fur la même côte, la perte, fi on venoit à l'in terrompre, en feroit très-fenfible. Le Sr. Etienne Hig ginfon démontra invinciblement la fupériorité de la pêche de la Nouvelle-Angleterre, dont le poiffon avoit partout la préférence, & fe vendoit le plus cher; &, après avoir fait obferver qu'on y employoit plus de mille bâtimens depuis 15 jufqu'à 180 tonneaux, il fi

comprendre, que plus de 10000 hommes, fe trouvant Tans emploi, & ne voulant pas vivre fous un gouver nement militaire, ne fe retireroient point à Halifax, mais dans les colonies méridionales, ou chez les François à Miquelon & à St. Pierre, & qu'ils pourroient d'autant plus préférer ce dernier parti, que plufieurs des habitans de Marblebead & des environs font Por tugais, Hollandois, & d'autres nations étrangeres. Le capitaine Seth Jenkins, né dans l'ifle de Nantucket, rapporta que cette ifle contenoits à 6000 habitans, qui, vu la frétilité du terroir, tiroient tous leurs vivres de la Caroline, de la Virginie, de la Penfylvanie, de la Nouvelle-Jerfey, de la Nouvelle-York, & de Connecticur; que de 140 navires, dont 128 appartenoient aux Quakers, cette ifle en employoit 132 à la pêche de la baleine, à laquelle la Nouvelle-Angleterre en employoit en tout 309, de 50 à 150 tonneaux; qu'ils pêchoient en toute faifon, & ne revenoient jamais vuide, tandis que les Anglois s'en retournoient fouvent fans avoir réuffi, faute d'expérience; & que, comme Nantucket n'étoit rarement approvifionné que pour trois mois, les habitans, faute d'emploi & de Tubsistance, Te retireroient vers le midi, ne voulant pas, à quelque prix que ce fut, vivre fous le gouvernement militaire de Halifax. Le Sr. Lane, après avoir rendu juftice aux 'marchands de la Nouvelle-Angleterre, qui, depuis le commencement des troubles, n'ont pas été moins exacts que ci-devant, à faire leurs remifes en Angleterre, repréfenta qu'ils devoient actuellement un million à ceux de Londres feulement, & que, les deux tiers de leurs remifes fe faifant du produit de la pêche, il étoit aifé de juger quelles feroient les fuites de l'interruption de cette branche de commerce. Le Sr. Barclay inféra de Toutes ces dépofitions, qu'il y auroit de l'inhumanité à priver de leur fubfiftance un. fi grand nombre de citoyens, qui, étant la plupart du tems en mer, n'avoient aucune part à ce qui fe paffoit fur terre; & qu'il feroit contraire à la faine politique, & particulierement à l'intérêt du royaume de les forcer par cette conduite cruelle, à porter leur induftrie ailleurs.

La chambre des communes fut fi frappée de ces éclairciffemens, qu'en reprenant, le rer. de ce mois, la discus fion de ce bill important, elle y fit quelques changemens & en indiqua le rapport au 6.

Ce jour-là, les communes permirent aux agens des colonies de prendre féance à la chambre, lorfqu'on y agi

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teroit les affaires qui les concernent. Formée enfuite en grand comité, la chambre reprit la difcuffion du bill pour reftreindre le commerce de certaines provinces de l'Amérique, & il fut réfolu, à la pluralité de 215 voix contre 61, de le mettre au net avec les changemens qui y ont été faits, & qui ne font pas, dit-on, fort effentiels.

Ce bill porte en fubftance, « que pendant les ligues & les troubles qui agitent les provinces des colonies, il me convient pas qu'elles jouiffent des mêmes privileges de commerce dont on a favorifé les fujers foumis de S. M.; qu'ainfi il ne fera permis à ces provinces pendant un certain tems d'exporter aucune de leurs marchandifes qu'en Angleterre, en Ecoffe, en Irlande & daps nos ifles & colonies de l'Amérique, à peine de confifcation des bâtimens & de la cargaison; qu'il leur fera auffi défendu de faire entrer chez elles du vin, du fel .& autres marchandifes, à l'exception des chevaux, des vivres & des toiles de fabriques irlandoifes & des marchandifes pour les troupes & garnifons du roi, à moins qu'elles ne viennent de la Grande-Bretagne, fous les mêmes peines que ci-deffus; que tout bâtiment allant à la pêche sera sujet à confifcation, s'il n'eft muni d'un paffeport du.gouverneur ou commandant du roi dans les différentes provinces & coJonies; avec la ftipulation expreffe que cet acte ne regardera point les bâtimens appartenans aux fujets du roi de France, qui feront employés à la pêche, fans faire un commerce illicite. Ces défenfes pour les colonies cefferont dès qu'elles fe conformeront aux loix; mais les officiers qui donneront de faux certificats, feront déclarés incapables de fervir le roi dans la fuite ».

Le fept, le comte de Darmouth remit à la cham bre des feigneurs de nouveaux papiers relatifs aux affaires de ce pays-là; & le lendemain 8, les commiffaires de la douane y firent auffi remettre un état des droits fur le tabac. Le même jour 8, les communes, après avoir paffé le bill pour reftreindre le commerce, & particulierement la pêche de certaines provinces cn Amérique, renvoya à la huitaine l'examen des mémoires de la ville de Londres & autres du royaume contre ce bill, dont la premiere lecture fe fit le 9, dans la chambre des feigneurs, qui ordonnerent de le faire imprimer. Quelque vifs que foient les débats que ce bill y occafionnera, on ne doute point qu'il n'y paffe comme dans la chambre des communes, & l'on s'attend en cè cas, à une proteftation très-forte de la part des pairs oppofans.

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POLITIQUE,

OU

GAZETTE

DES GAZETTES.

Année 1775.

AVRIL.

Seconde Quinzaine.

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ASTOR, LENOX AND TILDEN FOUNDATIONS.

A BOUILLON.

Avec Approbation & Privilege.

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