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tion. La table, qui étoit de 80 couverts, fut fervie avec autant de délicateffe que de profufion. If y eut pendant le repas, des fanfares, qui redou-' blerent, lorfqu'on porta la fanté du roi, celle de la reine, & celles de toute la famille royale.

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Le 7, Mgr. le comte d'Artois vint dans cet te capitale, accompagné des principaux officiers de fa maifon. Il fút falué, à fon arrivée & à fon départ, par le canon de l'hôtel royal des invalides, par celui de la ville, & par celui de la Baftille. Le corps de ville lui fut préfenté par le duc de Coffe, gouverneur de Paris, qui le reçut à l'endroit où étoit anciennement la porte appellée de la Conférence; & le Sr. de la Michodie-. re, confeiller d'état, & prévôt des marchands, cut l'honneur de le complimenter. Le Sr. le Noir, maitre des requêtes, & lieutenant-général de police, s'étoit rendu au même endroit. Le prince," en arrivant, monta dans un des carroffes de parade qui l'attendoient, & qui furent remplis par les perfonnes de fa fuite. Celui qu'occupoit le prince, étoit précédé & fuivi de fes gardes-ducorps. Le cortege prit le chemin de Notre-Dame. Arrivé à la cathédrale, Mgr. le comte d'Artois fut reçu & complimenté, à la porte de l'églife, par Parchevêque de Paris, revêtu de fes habits pontificaux, & à la tête des chanoines. Ce prince fit fa priere dans le choeur, & entendit la meffe à la chapelle de la vierge; après quoi, il fut reconduit avec les mêmes cérémonies, remonta en carroffe & alla à Ste. Genevieve. L'abbé de cette églife, accompagné des chanoines réguliers, eut l'honneur de le recevoir, & de lui adreffer un difcours. Après y avoir fait fa priere, & avoir vu la bibliotheque de la maifon, le prince fe rendit au palais des Tuileries, où il dîna à une table de 40 couverts. Aune feconde table étoient les feigneurs que ce prince avoit honorés d'une invitation L'après

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midi, Mgr. le comte d'Artois, ainsi que les feigneurs qui l'avoient accompagné, alla à l'opéra, où il vit représenter Iphigénie. En fortant de ce fpectacle, il retourna à Verfailles. Le gouverneur de Paris, le lieut.-gén. de police, & le prévôt des marchands fe font trouvés dans tous les endroits où le prince s'eft arrêté, & où les gardes-françoises & fuiffes étoient fous les armes, ayant leurs officiers à leur tête. En allant à Ste. Genevieve, il fut complimenté à la porte du college de Louis le Grand, par le recteur de l'univerfité, à la tête des quatre facultés. Le peuple accouru en foule fur fon pal fage, malgré le mauvais tems, lui a donné partout des témoignages éclatans de la joie que fa préfence lui infpiroit.

Le marquis de Seytres-Caumont, député des états du comtat Venaiffin, vient de faire enregif trer au parlement, à la chambre des comptes &, à la cour des aides, des lettres-patentes du roi concernant les privileges de cette province,

Le roi a accordé au S. Greffet, de l'académie françoife, des lettres de nobleffe, dont voici le préambule.

« Louis, &e. Les-avantages que les fciences, les belles-lettres & les arts procurent à notre royaume, nous invitent à ne négliger aucun des moyens qui peuvent contribuer à leur maintien, & à leur progrès. Les titres d'honneur répandus, avec défintéreffement fur ceux qui les cultivent nous paroiffent l'encouragement le plus flatteur que nous puiffions leur donner. Parmi ceux de nos fujets qui fe font livrés à l'étude des belleslettres, notre cher & bien-aimé Jean-Baptifte Louis Greffet s'y eft diftingué par des ouvrages qui lui ont acquis une célébrité d'autant mieux méritée, que la religion & la décence, toujours refpectées dans fes écrits, n'y ont jamais reçu la moindre atteinte. Sa réputation a depuis longtems

engagé l'académie françoife à le recevoir au nom
'bre de fes membres, & nous l'avons vu avec
fatisfaction, nous offrir, en qualité de directeur,
les hommages de cette académie, la premiere fois
que nous avons bien voulu l'admettre à nous les
préfenter à l'occafion de notre avénement à la cou-
ronne. Nous fçavons d'ailleurs qu'il eft iffu d'une
famille honnête de notre ville d'Amiens; que
fon ayeul & fon pere y ont rempli différentes
charges municipales, & qu'ils y ont toujours
ainsi que le Sr. Greffet lui-même, vécu de cet-
te maniere honorable qui, en rapprochant de
Ja nobleffe, eft, en quelque forte, un degré pour
y monter ».

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On débite ici une anecdote que nous ne garantiffons pas, mais que la bienfaifance du roi rend vraisemblable. Un ancien officier qui follicitoit inutilement une penfion depuis plufieurs années, étant entré dans la falle où le roi foupoit, s'écria à haute voix dans un moment de lence, Sire. On lui dit de fe taire; le peut-on, repliqua t-il, lorsqu'on meurt de faim? Sire, continua-t-il, j'ai jo ans; j'en ai paffe 50 au fer vice de V. M., & je n'ai pas de quoi vivre. Le monarque ému lui demanda s'il avoit une requê Le militaire lui en remit une fur le champ. Le fendemain matin, S. M. l'a fait appeller dans fon cabinet, & lui a affigné une penfion de 1500 liv." fur fa caffette, en ajoutant avec une bonté digne de fon cœur: Faites-vous compter la premiere année elle est échue.

On affure qu'à l'une de fes grandes audiences, où il fe trouvoit des militaires décorés & de tous les grades, le comte du Muy, minif tre de la guerre, a déclaré, « que l'intention du roi étoit de diftinguer, préférablement à tous les autres, les officiers de les troupes, appliqués au maintien de la difcipline & des bonnes mœurs.

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Le contrôleur - général commence à fe rétablir d'une violente & longue attaque de goutte qu'il vient d'effuyer, & pour laquelle on l'a faigné du pied. Ce miniftre infpire la plus grande confiance, & les mesures que le roi prend pour rendre fes peuples heureux, font fi affurées, que les effets royaux, qui perdoient beaucoup précédemment, font remontés prefque à leur valeur primitive. Un des projets de ce miniftre eft, dit-o des parvenir à faire réaliser celui des abonnemens combinés en proportion avec chaque province du royaume pour le paiement des impôts, afin de diminuer les frais de régie. La répartition se feroit fuivant les formalités prefcrites pour celle des tailles dans la généralité de Paris. Alors toutes les provinces auroient l'avantage de s'impofer comme la Bretagne, fans une tenue d'états, qui coûte au peuple des fommes immenfes.

Quelques papiers publics ont rapporté que le Sr. d'Alembert, le marquis de Condorcet & l'abbé Boffut avaient été créés directeurs de la navigation intérieure du royaume, avec 6 mille liv. d'appointement chacun. Ce récit n'eft pas exact il eft feulement vrai, que le contrôleur général a formé, avec l'agrément du roi, un comité compofé de ces trois académiciens, pour s'occuper de recherches théoriques & expérimentales, relatives aux canaux de navigation, & que tous trois ont mis pour condition à leur travail, qu'ils le feroient fans appointemens, Le défintérellement eft le caractere du génie ; il aime à s'occuper de travaux utiles; & en répondant aux foins du gouvernement éclairé qui l'emploie, il ne cherche fa récompenfe que dans le bien qui réfulte de fes travaux pour la patrie.

Le vice-chancelier de Maupeou ayant une attaque dangereufe de goutte, avoit fait, demander au roi la permiffion de raffembler fes enfans,

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& $. M. avoit daigné accorder cette marque de
bonté à un vieillard de 88 ans. En conféquence
le chancelier, son fils, eft venu ici où il eft
refté 8 à 10 jours. Pendant ce féjour, il a lo
gé chez fon pere, & non à la chancellerie, &
n'a point paru en public. I eft reparti la nuit
pour retourner au lieu de fon exil.

Le Sr. Linguet plaida à huis clos le 2 & le
3 de ce mois, contradictoirement avec le procu
reur-général; il n'étoit accompagné que de la com→
teffe de Béthune, qui feule avoit eu la permif-
fion d'entrer à la grand'chambre. Sur les conclu-
fions du Sr. Seguier, avocat-général, il fut ren-
du un arrêt qui ordonne, « que le jeudi fuivant
(9 Mars, les avocats convoqueroient, en
la maniere accoutumée, une affemblée générale
en laquelle maitre Linguet feroit tenu de fe ren
dre feul, pour entendre les griefs qui pourroi
ent lui être propofés; fauf audit Linguet à y ré-
pondre. Il ordonne qu'à ladite affemblée ne pour
ront affifter les avocats qui ont réclamé la radia➡
tion dudit Linguet, lors du jugement du 11 Fé-
vrier 1774, ni ceux contre lefquels a été for
mée demande en prife à juftice, pour, fur le
compte qui feroit rendu de ladite délibération
être par
le procureur général requis, & par la
cour ordonné ce qu'il appartiendra, toutes cho
fes demeurant en état >>>.

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Les avocats s'étant affemblés les dans la falle de leur bibliotheque, pour avifer au parti qu'ils devoient prendre dans ces circonftances, ils ré folurent d'envoyer une députation chez le premier préfident pour lui faire des représentations fur ce qui venoit de fe paffer. Ce magiftrat ayant rendu compte à fa compagnie des allarmes du corps des avocats, la grand'chambre fit un arrêté que le premier préfident communiqua au bâtonnier des. avocats. I porte « que la cour n'avoit point ens

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