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CARTHAGENE ( le 24 Février.) Il s'éleva, le 13 de ce mois, dans la baie de Melille, un ouragan qui força tous les bâtimens qui y étoient à l'ancre de prendre le large. Le Sr. de Cifneros, brigadier de marine, avoit ramené ici le 15, les deux. frégates qu'il commande; mais le vent étant devenu favorable, il partit d'ici le 19 pour retour-, ner à Melille.

Le même jour, le chambequin l'Andaloux, qui s'étoit également réfugié dans ce port, en fit vole, avec trois bâtimens marchands, dont deux efpagnols & un napolitain, chargés de munitions de guerre pour les préfides du Penon & d'Al

huzemas.

Le régiment d'Afrique, venu dernierement de Valence cn cette ville, cft occupé à retirer à terre fes bagages, qu'il avoit embarqués pour Oran. Le courier ordinaire de Madrid apporta le 15, un ordre de la cour, qui change la deftination de ce régiment. On l'envoie préfentement en garnifon à Elche.

MALAGA (le 20 Février.) Les nouvelles ap.. portées ici de Melille le 11 de ce mois, contenotent ce qui fuit.

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Le 2 a 4 ou 5 heures du matin, les Manres travaillant à une mine entre les forts de la Victoire & de Saint-Michel, en rencontrerent une dès affré◄ gés, dans laquelle ils jetterent deux bombes & un barril de poudre, qui étoufferent environ 25 hommes, & en blefferent quelques autres.

On avoit annoncé que l'on craignoit que les ennemis n'en vinflent, le 10, à un aflaut générál. Ils refterent tranquilles ce jour là; mais le lendemain, ils fe préfenterent devant la place avec un corps d'armée confidérable, & l'on reçut le 16, à ce sujet, la lettre fuivante:

Notre général ayant des indices prefque certains

que les Maures se disposvient à donner l'affaut à cette place, avoit fait affembler chez lui les principaux officiers de la garnifon, avec le fieur de Cifneros commandant de l'efcadre, pour délibérer enfemble fur les mesures qu'il y auroit à prendre en cas d'événement, & pour convenir des fignaux qu'on devoit faire, fuit que l'attaque eût lieu le jour, foit qu'elle fe fit la nuit, Nous crûmes hier matin, qu'elle alloit effectivement commencer. Nous vêmes l'armée rangée en ordre de bataille fur la plage, & à côté, un corps de troupes affez nombreux, ayant un étendard rouge à fon centre, où, en conféquence, nous fuppoJames qu'étoit l'empereur. Du côté du nord-ouest, il y avoit encore quelques troupes formées en lignes. Nous apperçumes en même tems, au fort de la Victoire, des fignaux qui nous annonçoient une, adion prochaine. Sur le champ, on donna ordre aux bátimens du roi, de s'aller placer, les uns devant la petite pointe, les autres en face de la plage; ce qu'ils exécuterent à la remorque, le tems étant cal me. Ces manœuvres produifirent leur effet; & ily a apparence qu'elles déconcerterent totalement le projet des ennemis, puifqu'immédiatement après, toute leur armée rentra dans le camp. Cependant avant que de fe retirer, ils firent plufieurs décharges - générales, tant d'artillerie qué de moufquetterie. De notre côté, nous fimes jouer notre artillerie avec tant de fuccès, qu'ils en furent fort incommodés. Un de nos chebecs furtout, nuifit confidérablement à un peloton de Maures, à la fuite duquel il y avait quantité de chameaux. Il n'eft pas douteux que nous n'ayons tué à l'ennemi beaucoup de monde dans cette affaire.

Il nous eft arrivé de Carthagene, 1 5 canons avec leurs affurs, ainfi que plufieurs autres munitions de guerre, dont une grande partie eft deftinée pour l'ef cadre que nous avons ici.

De Melille, le 12 Février 1775.

Les avis de Melille les plus récens portent que les Maures ont commencé, le 12 de ce mois, le fiege du Pennon de Velez, & que jufqu'au 17, ils ont jetté dans cette place, 232 bombes, qui ont tué un forçat, & en ont bleffé deux autres. Le colonel Don Florent Moreno, qui y commande, ayant demandé du fecours à notre capitaine-général, celui-ci vient d'ordonner à un détachement de 300 hommes de fe tenir prêt à s'embarquer. Ce détachement partira auffitôt que le vent

fera devenu favorable.

FRANCE.

VERSAILLES (le 20 Mars.) Le roi a difpofé du gouvernemenr de l'ifle de Rhé, vacant par la mort du bailli d'Aulan, en faveur du chevalier de Chantilly, maréchal-de-camp. S. M. a nommé au commandement de la marine à Breft, le comte d'Orvilliers, chef d'efcadre, à la place du comte de Breugnon, qui à demandé la permiffion de fe démettre de ce commandement.

Le prince Pamphili Doria, nonce de S. S., conduit par le Sr. de la Live de la Briche, introducteur des ambaffadeurs, eut le 5 de ce mois, une audience particuliere du roi, dans laquelle il notifia l'exaltation du pape Pie VI.

Le même jour, la marquife de St. Aignan-laFrefnaye fut préfentée à L. M., ainsi qu'à la fa→ mille royale, par la marquife de Mailly, dame du palais de la reine.

Le duc Charles-Augufte de Saxe Weimar-Eifenach, & le prince-Fréderic-Ferdinand, fon frere, qui voyagent fous le nom de comtes d'Alftedt, furent présentés le 7 au roi & à la reine, ainfi qu'à la famille royale, par le comte de Mercy, ambaffadeur de L. M. impériales en cette

Cour.

Le même jour, Dom Spirley, abbé de Saint-Hubert des Ardennes, prit congé de L. M. & de la famille royale.

Le bailli de St. Simon, ambaffadeur de la religion de Malte, eut le 14, une audience particuliere du roi, dans laquelle il présenta à S. M. fa lettre de créance.

Le comte de Clermont-Tonnerre, fils aîné du maréchal de Tonnerre, lieutenant-général des ar-mées du roi, a eu l'honneur de faire fes remercimens à S. M., en qualité de commiffaire pour accompagner Madame Clotilde. Il fut présenté en la même qualité, à la reine & à la famille royale. Le Sr. Grignon, maitre de forges, correfpondant de l'acad. roy. des belles-lettres & de celle des fciences de Paris, a eu l'honneur de présenter au roi le recueil de fes mémoires fur l'art de fabriquer le fer, d'en fondre & d'en forger des canons d'artillerie, & fur divers phénomenes d'hiftoire naturelle. Il a eu auffi l'honneur de présenter à S. M. le plan de la ville romaine qu'il a découverte en Champagne (& dont il a été fait mention dans la Iere. quinz. d'Août 1772, pag. 60 & 61, & d ns la 2me. de Mars 1774, pag. 62-64.) Il a mis fous les yeux du roi, de Monfieur & de Monfeigneur le comte d'Artois, un très-grand nombre de morceaux antiques, tirés des fouilles de cette ville, & les deffins de ceux qu'il n'a pu trans porter.

PARIS (le 22 Mars.) Le roi s'étant fait repréfenter les ordonnances rendues les 13 Août 1765 & 23 Août 1772, concernant fon corps royal de l'artillerie, & S. M. voulant faire connoitre fes intentions fur la compofition & le fervice de ce corps, elle a rendu une ordonnance, dont l'abondance des matieres ne nous a pas permis

de rendre compte jufqu'ici. Cette ordonnance eft divifée en 10 titres. Le premier conserve aux 7 régimens du corps royal de l'artillerie le rang qu'ils ont dans l'infanterie; chaque régiment fera compofé de 2 bataillons de canonniers & de fapeurs, & de 4 compagnies de bombardiers. Chaque bataillon fera formé de deux brigades, dont une fera compofée de 4 compagnies de canonniers & d'une compagnie de fapeurs; les bombardiers formeront la 5me. brigade de chaque régiment. I es compagnies de mineurs & d'ouvriers continueront de faire partie, du corps royal; mais elles cefferont d'être attachées aux régimens. Après avoir déterminé le nombre d'hommes de chaque compagnie de canonniers, de fapeurs, bombardiers, mineurs & ouvriers, le même titre rétablit dans chaque compagnie le lieutenant en fecond, fous le titre d'adjudant, qui fera tiré du corps des fouriers & fergens, & fubordonné aux fous-aidesmajor rétablit les chefs de brigade dont le grade équivaudra à celui de major, & qui rouleront entr'eux, avec le major, pour le commandement du régiment, fuivant leur ancienneté. Lorfqu'il va quera dans le corps-royal une place d'officier fu4 périeur, le commandant de l'école affemblera le colonel, le lieutenant colonel, les 5 chefs de bri gade & le major du régiment, pour défigner, à la pluralité des voix, les trois fujets les plus dignes d'être élevés à ce grade; chacun d'eux fignera fon avis, & ce choix fera remis au fecrétaire d'état ayant le département de la guerre, par l'infpe&teur, qui y joindra auffi fon avis. Quant aux capitaines d'ouvriers, ou à ceux qui font employés dans les places, le roi fe réserve de pourvoir à leur avancement, fur les comptes qui fe ront rendus par les infpecteurs, d'après ceux que les directeurs des départemens où ces officiers au ront été employés leur remettront par écrit. L'a

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