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gers, ainfi que fur les objets qui, tirés de l'étranger, feront deftinés pour les provinces de la républi que. On remarque que le même miniftre s'entretient fréquemment avec le roi, & l'on fuppofe que le commerce du fel, qui intéreffe particulierement S. M., en eft le principal objet.

On peut fe rappeller qu'il fut queftion, l'année derniere, d'expulfer les juifs de cette capitale. La délégation a figné ce décret; mais les malheureux profcrits ont demandé un délai fuffifant pour le recouvrement des fommes qui leur font dues par les habitans de cette capitale. On ne leur a pas encore accordé ce délai; mais s'ils l'obtiennent, on prévoit qu'il équivaudra à une liberté indéfinie de refter. Les mémoires que cette nation a fait paroitre en faveur de plufieurs juifs, ont produit tout leur effet. Ces malheureux qui étoient accufés d'avoir égorgé une petite fille pour mêler fon fang à leur pain fans levain, ont enfin été déclarés innocens par la délégation, après avoir langui près d'un an dans différens eachots.

On agita, le 23, la fameufe affaire des diffidens. Le baron de Stackelberg prononça, à cette occafion, un difcours par lequel il fit connoitre à l'affemblée que l'impératrice de Ruffie entendoit que l'on confervât dans toute fa vigueur le traité fait à leur égard, en 1768, à l'exception de quelques articles qui feroient fufceptibles de quel ques changemens peu importans; il ajouta que S. M. I. efpéroit que cette affaire feroit tertninée fans délai. Le miniftre de la cour de Vienne déclara enfuite que fa fouveraine avoit pris, avec la cour de Ruffie, certains arrangemens qui exigeoient qu'elle appuyât les réfolutions de fon alliée. Ces exhortations impératives furent fuivies de plufieurs conférences qui fe tinrent chez le nonce du pape & chez le miniftre de Vienne. Enfin l'affaire fut portée, le 27, à la délégation,

qui fe trouvoit compofée de plus de 100 perfonnes; &, malgré les réclamations du généralmajor Wilczewski, du prince Antoine Czerwetzinki, & de quelques autres nonces, elle fut terminée le même jour, à 4 heures-après midi. Les diffidens ont été réintégrés dans tous les privileges qu'ils réclamoient, à l'exception de celui d'entrer au fénat & au miniftere, dont ils font exclus; ils pourront néanmoins envoyer à l'avenir à la diete trois nonces de leur communion, un pour la Grande-Pologne, le fecond pour la Petite-Pologne & le troifieme pour le duché de Lithuanie; ils font auffi déclarés habiles à pofféder toutes autres charges de la république. Le libre exercice de leur religion, qu'ils ont obtenu fe trouve un peu plus reftreint dans les grandes villes que dans les autres endroits; cette différence confifte, par exemple, en ce qu'ils feront privés de cloches à Warfovie; mais d'ailleurs, ils établiront des temples & des écoles partout où ils le jugeront néceffaire. Le tribunal mixte, connu fous le nom de Judicium mixtum, est aboli. Les procès entre les membres des différentes religions qui y auroient été jugés, feront portés (au tribunal affefforial, où 3 diffidens auront féance & voix délibérative. On a été étonné de la tranquillité ou plutôt du filence des évêques qui fiégeoient dans cette féance. C'est ainsi qu'après tant de débats & d'intrigues, s'eft terminée cette grande affaire, qui en a fait éclore tant d'autres. Si l'on eût rendu juftice aux diffidens, il y a quelques années, la Ruffie n'eût pas pris le prétexte de les délivrer de l'oppreffion, pour venir les armes à la main, dicter des loix à la république, bouleverfer fes conftitutions, & lui enlever fes plus riches provinces.

Le 28, les miniftres des trois cours alliées propoferent à la délégation un supplément aux

leix cardinales & fondamentales de la république. Ce fupplément contient 1°. une explication de la loi qui ftatue que, pour être roi de Pologne, il faut être gentilhomme polonois, & avoir des poffeffions dans la république; ils ont voulu y ajouter, que le roi foit Piafte; 2°. que ni fils, ni petit-fils du roi ne pourra jamais fuccéder au trône, à moins qu'il n'y ait eu entre eux deux regnes de fuite fans interruption; 3°. que le confeil permanent feroit de l'effence de ce gouvernement, immuable comme lui. Ce dernier point a rencontré la plus vive oppofition, qui n'a ceffé qu'à la vue d'une note des trois miniftres, par laquelle ils ont déclaré qu'ils le demandoient au nom de leurs fouverains refpectifs, & qu'ils ne s'en départiroient pas; deforte qu'on a dá accepter ce fupplément, & le paffer en loi.

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Le 1er. de ce mois, la diete fe raffembla; & le roi s'étant placé, fur fon trône, le maréchal prince Poninski fir l'ouverture de la féance en la maniere accoutumée. L'évêque de Pofen, grand chancelier de la couronne comme le premier des fénateurs féants, déclara que la délégation, malgré l'ardeur extraordinaire avec laquelle elle avoit travaillé depuis fa rentrée, pour achever fon ouvrage, ne pouvoit fe flatter d'y avoir réuffi, & qu'il reftoit encore bien des points à traiter; «tels font le réglement pour les troupes de Lithuanie, les articles féparés du traité avec le cours yoifines, le traité de commerce avec les mêmes puiffances, le don gratuit à exiger du clergé, &c. En conféquence, il demanda encore au roi & aux états affemblés, une courte prorogation de la délégation, qu'il espéroit devoir être la derniere. Il remit enfuite fur le bureau un projet pour la proroger jufqu'au 20 de ce mois. La lecture en ayant été faite par le fecrétaire de la confédéra➡ tion, le prince Poninski demanda aux états, s'ils

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vouloient accorder cette prorogation? Alors le prince Czetwertynski, nonce de Braclaw, prit la parole, & requit que ce projet fût mis en délibération, conformément à la loi. Le grand-chancelier s'y oppofa, & voulut qu'on ne déférât point à la requifition de ce nonce. Celui-ci répondit avec force au chancelier, voulant qu'on s'en tînt à la loi qui ne devoit pas fouffrir d'explication, non plus que fa requifition; deforte qu'elle fut foutenue & admife, malgré les prieres & les réclamations du maréchal de la confédération. L'évêque de Lucko prononça un difcours plein de zele pour les intérêts & te maintien de la religion & de fes anciennes loix, & finit par pro-> tefter contre tout ce qui avoit été accordé aux diffidens à fon préjudice. Le roi renvoya la féance au 3.

Ce jour-là, le prince Poninski complimenta le roi, & fit l'éloge de S. M. fur fon acquiefcement aux defirs d'un nonce, Ipar respect pour les loix de la république. Alors le prince Czetwertynskï reprit la parole & dir, que fon fentiment étoit «qu'on traitât en pleine diete toutes les affaires pour la conclufion defquelles on exigeoit une prorogation de la délégation»; mais prévoyant que la pluralité des voix feroit pour cette prorogation, il demanda qu'au moins au projet qui en avoit été lu le 1er. de ce mois on ajoûtât, 1o, qu'il fe tiendroit avec les miniftres des cours voifines une conférence fur l'évacuation des troupes ruffes, avant la fin de la diete; 2°., que cette prorogation feroit abfolument la derniere. Le prince Lubomirski, maréchal de la couronne, fe plaignit amérément de la multiplicité des comités particu liers qui troubloient la tranquillité des citoyens, & portoient préjudice aux tribunaux ordinaires. Il infifta même fur l'article des ftarofties, fuppliant le roi & les états de maintenir dans toute

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fa vigueur la nouvelle loi qui avoit été rendue à ce fujet. Ce trait faifoit allufion aux mouvemens que fe donne le prince Poninski pour obtenir deux ftarofties, en récompenfe des fervices qu'il a rendus à la patrie.

Le prince Poninski demanda le fuffrage des états fur le projet de la prorogation de la déléga tion. Le prince Czetwertynski infitta pour qu'on admit fes deux propofitions; & ce projet ayant été remis au net, on y ajouta l'article de l'éya. cuation des troupes ruffes avant la fin de la diete, & même la claufe, que cette prorogation feroit la derniere qui feroit accordée à la délégation. On Pa néanmoins tellement modifiée, qu'il eft aifé de prévoir, fans fe tromper, que cette prorogation ne fera pas la derniere ; car il y eft dit, pourvu que le traité de commerce & la rédaction des articles féparés n'exigent pas un autre délai. La diete fut ainfi limitée au 20 de ce mois.

Comme la nomination des évêchés n'appartient plus feul au roi, depuis l'établiffement du confeil permanent, qui aura le droit de lui propofer trois fujets, pour l'un defquels S. M. pourra fe décider; beaucoup d'évêques pensent à fe donner des coadjuteurs. Le comte de Soltyck, prince évêque de Cracovie, vient d'informer le roi qu'il a nommé pour fon coadjuteur le prince Poniatowski, frere de S. M. Ce dernier pourroit conferver fon églifé de Plocko, parce qu'il y en a des exemples, & que les fils du roi Sigifmond III a poffédé deux évêchés à la fois; mais il a refufé cette multiplicité de bénéfices. Le comte Of folinski, évêque de Kiovie, a pris pour coad-juteur le comte Cieciszewski, chanoine de Warfovie, de l'ancienne famille des ducs de Mafovie. Le comte Demhowski, staroste de Ben zyn, qui a embrallé l'état eccléfiaftique, depuis la mort de fon épouse, a obtenu la coadjutorerie de Ka

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