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Le roi s'étant fait rendre compté des talens du Sr. Moinichen, & voulant l'encourager à continuer les expériences pour préparer le verre émaillé, S. M. lui a accordé la médaille pour le mérite, & y a joint une gratification de 200 écus. Le président de cette ville, chargé d'exécuter les intentions du roi, fit affembler, le 24 du mois dernier à l'hôtel de ville, tous les metteurs en œuvre & orfevres de cette capitale, & en leur préfence, il remit au Sr. Moinichen les marques de diftinction qui lui étoient destinées.

On a arrêté ici, par ordre de S. M., un officier du régiment royal Norwege, qui a été conduit à la grande garde militaire. On s'eft également faifi d'un collecteur de la loterie; & on en cherche un autre qui a pris la fuite. Ces particuliers font, dit-on, accufés d'avoir contrefaitla fignature d'un des principaux membres du gouvernement, au fujet d'une place de judica

ture.

Il paroit un avis au public touchant la continuation de l'ouvrage connu fous le nom de Flora Danica, dont les premiers cahiers ont été publiés par le Sr. Oeder, actuellement établi à Oldenbourg. Cet avis porte que le Sr. Othon-Eréderic Muller, confeiller d'état du roi, & membre de plufieurs academies & fociétés des feiences, ayant été chargé par S. M.,.de continuer cet important recueil de plantes, ce fera à lui déformais qu'il faudra s'adreffer pour fe le procurer.. On y entre, fur l'objet de ce recueil, fur la maniere dont il a été entrepris, & fur les encou ragemens qu'il a reçus, dans le détail fuivant.

Les amateurs de la botanique fçavent que cet ouvrage, fi digne d'un prince qui fe plait a pretéger les arts & les feiences, comprendra toutes les plantes fpontanées qui fe trouvent dans les royaumes de Danemarck & de Norwege, & dans

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Les pays adjacens de la domination de S. M., c'eftà-dire dans une partie confidérable du Nord, qui s'étend depuis Hambourg & l'Elbe, jufqu'au cercle polaire; & que toutes ces plantes font deffinées fur les lieux mêmes où elles croiffent, & gravées avec la plus grande exactitude. C'est encore par la muaificence du roi, que depuis l'année 1768, on a été mis en état de réduire le prix de l'ouvrage & de donner chaque cahier en noir pour deux écus & demi argent de Danemarck, ou un ducat d'Hollande, & chaque cahier enluminé pour 8 écus, ou 3 ducats un tiers. Les premiers cahiers contien nent déjà plus de 600 plantes. Il en paroitra un nouveau à páques. Ceux qui voudront en avoir des exemplaires enluminés, font priés de les comman der d'avance.

POLOGNE.

WARSOVIE (le 5 Mars.) Les féances de la délégation fe fuccedent fans interruption, & durent longtems. Cependant le terme fixé pour finir toutes les affaires vient de s'écouler, & il en refte encore à terminer, qui ne font pas les moins importantes..

L'affemblée s'eft occupée de l'établiffement des impôts jufqu'au 20 du mois dernier. Celui qui concerne les cheminées, ou plutôt les feux, eft enfin fixé. On n'a divifé les contribuables qu'en deux claffes, tant dans les différens palatinats que dans les quartiers de cette capitale; les uns paieront 8 florins polonois, les autres 5. Il feinble, au premier coup d'œil, que cette taxe ne foit pas porportionnée aux facultés de chaque citoyen; mais l'égalité fe trouve rétablie, fi l'on fe con-forme au réglement qui impofe le droit non fur - chaque mailon, ni fur chaque cheminée, mais fur chaque feu. On prévoit d'avance que la perception de ces droits ne fera pas exempte d'incon

véniens. Il s'eft élevé auffi des conteftations concernant les villes de Dantzig & de Thorn. Lorfqu'on parla d'y répartir les impôts, comme dans les autres villes polonoifes; le Sr. Geret, fyndic de Thorn, dit qu'il étoit jufte que cette ville fupportât les charges de l'état; mais qu'il ne confentiroit pas que les impôts y fuffent perçus diffé remment qu'ils l'avoient été jufqu'alors. Plufieurs délégués s'éleverent en même tems contre les prétentions de cesdeux villes, particulierement contre celles de Dantzig. Le grand- général de la couronne demanda, entr'autres, qu'elles fuffent contraintes de payer les arrérages qu'elles doivent pour la folde des troupes, & l'évêque de Cujavie réveilla quelques prétentions que fon diocefe a déjà effayé vainement de faire valoir contre Dantzig,

Le 20 & le 21, on s'eft occupé de la rédaction d'une ordonnance militaire. Tous les articles n'en font pas connus. On fçait feulement que le nombre des troupes de la république y eft dé finitivement fixé à 30 mille hommes effectifs, à l'entretien defquels la Pologne contribuera pour 12 millions de florins, & le grand duché de Lithuanie pour 6 millions. Les grands généraux auront fur les troupes une autorité abfolue & indépendante de la commiffion de guerre; ce qui les rétablit dans leurs anciens droits, malgré toutes les réclamations qui ont été faites contre cette réfolution.

On eft auffi convenu d'accorder à l'avenir, en tems de diete, 12 mille florins d'appointemens annuels à chaque fénateur, & 6 mille à chaque nonce. Le projet de fixer les pensions des miniftres ayant été remis fur le tapis, on réfolut de les porter à 120 mille florins. Le prince Lubomirski, grand-maréchal de la couronne, & miniftre d'état, à qui l'on venoit d'en affigner une femblable, représenta «que la fituation de la pa

trie exigeoit qu'on ufât de la plus grande économie; qu'il étoit peu convenable d'augmenter les pensions de quelques perfonnes en place dans un tems où l'on étoit obligé de recourir aux expédiens pour faire face aux befoins les plus urgens ». Il ajouta « que, pour ne caufer aucun dommage à ceux qui rempliroient fa charge après lui, il accepteroit la penfion, à condition néanmoins qu'elle feroit verfée, chaque année dans le trésor de la république, & qu'à la premiere diete, il demanderoit l'agrément d'en confacrer le produit en faveur des établiffemens publics qui auroient le plus befoin d'être fecourus. La de mande du maréchal Poninski contrafte parfaite ment avec ce trait de défintéreffement. Il a fait présenter à la délégation un mémoire par lequel il demande la récompenfe de fes travaux. Les demandes qui portoient fur des objets préjudiciables au bien public n'ayant pas été favorablement accueillies, le maréchal fe rejetta fur d'autres articles; il infifta pour avoir une penfion fur le tréfor public, & l'expectative d'un bail emphythéorique pour quelques ftarofties. Ce dernier objet rencontri la plus vive opposition; on trouva que rien n'étoit moins honnête que la propofition de violer une loi récemment établie portant, qu'on ne pourroit paffer aucun bail qu'après la mort des poffeffeurs actuels des ftarofties qui feroient alors adjugées aux plus offrant. On ne ftatua rien fur la demande du prince Poninski.

Les vives représentations faites fur l'impunité avec laquelle les grands éludoient la pourfuite de leurs créanciers, ont enfin excité l'attention de la délégation; il a été décidé que les contraintes par corps auront lieu à l'avenir contre un citoyen quelconque, à défaut de paiement de lettres de change.

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L'affranchiffement mitigé des payfans a été propofé à la délégation; mais elle n'a point prononcé fur cet objet. Il s'agit principalement de permettre, dès ce moment, à ceux qui ont amaffé un pécule fuffifant, & à l'avenir, à tous payfans, <roturiers, nobles & étrangers, d'acquérir & de pofféder des biens en Pologne. Cet article a déjà excité les réclamations de l'ordre équeftre. On voit que cette propofition a été faite par un partifan zélé du roi & de la puiffance royale. En effet, tout ce que la nobleffe perdra de fon autorité par ces affranchiffemens, le roi le gagnera. On craint encore que, s'il eft permis indif tinctement à tout homme riche d'acheter des fonds, ceux qui feront dans ce cas, ne faffent bientôt des acquifitions d'une telle valeur, que la nobleffe ne puiffe y atteindre, & qu'une grande partie de ce qu'elle poffe de, ne forte de fes mains. Auffi tous les membres de la délégation fe fontils récriés contre ce projet.

L'objet important du commerce avec les trois puiffances & des articles féparés à ajouter aux traités de ceffion, a été pris en confidération pendant quelques féances; & pour faciliter les délibérations, on a remis à chaque délégué un exemplaire imprimé de ces articles, tels qu'on defireroit qu'ils fuffent adoptés. On s'attend à éprouver plus de difficultés de la part de la cour de Berlin, que de celle des deux autres puiffances. Le Sr. de Bénoît a déjà fignifié, par une note que le roi fon maître entend que les marchandifes de fes états, qui entreront en Pologne, ne feront affujetties à aucun impôt, & qu'il confent que celles de Pologne deftinées pour la Pruffe jouiffent de la même exemption; mais ce monarque. exige, dit-on, un droit de tranfit de 12 pour cent fur toutes les marchandises qui, venant de la Pologne, pafferont par fes états aux pays étran

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