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tion de la lettre du comte fût bien fondée, mais je sais bien que c'étoit le prêtre Brenner qui en étoit le principal auteur, et que cet ecclesiastique méritoit tout le mal que le clergé vouloit au comte, qui n'étoit proprement que le copiste de ce que lui avoit dicté Brenner, qui lui nomma malicieusement comme le plus acharnés à la ruine de Goertz, les principaux ecclésiastiques dont il envioit le poste et qu'il vouloit supplanter.

« Une autre lettre, ou copie de lettre, du même comte au baron, lui fut aussi avantageuse qu'elle étoit nuisible à Gærtz.

La substance de cette lettre étoit que «lui, baron de Goertz, agissoit a comme s'il eût eu le dessein de ruiner << entièrement le roi avec son armée de Norwége, en encourageant ce prince

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à y faire une campagne et à assiéger « des villes pendant la plus dure des saisons, lorsque les autres nations, qui entendoient la guerre et vivoient « dans des climats plus tempérés, étoient <«< retirées dans leurs quartiers d'hiver; « que lui-même craignoit, par les me«sures qu'il lui voyoit prendre, que le public qui l'en accusoit, ne dit vrai, << sinon quant aux desseins, au moins << quant à la conséquence. Il fulminoit << surtout contre un placard ou édit « royal dressé par lui et près d'être «publié par lui, par lequel chaque « su et suédois étoit obligé de payer, << outre les contributions annuelles et ordinaires, le sixième de tout ce qu'il possédoit en argent comptant, « en terres, maisons, même en meu«bles, et de le déclarer par serment, « sous peine de confiscation du tout,

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« si la déclaration n'étoit faite à certain << terme limité et fort court, ou si elle <«< ne se trouvoit pas fidèle. »>

«Malgré cette lettre et beaucoup d'autres preuves de l'innocence du comte Van Dernath, il est resté prisonnier jusqu'au milieu de l'année 1720, quoique traité plus civilement que le baron, toujours dans une maison de louage, où dans celle du comte Bonde son ami, et servi par ses propres domestiques, mais presque sur le même

pied que ceux de l'inquisition, à qui on ne dit ni pourquoi ils sont emprisonnés, ni quels sont leurs accusateurs; en un mot, sans être examiné, condamné, ni absous.

« Les états se réunirent, à la vérité, au temps marqué par la reine; mais ils ne la traitèrent encore que de princesse royale, et déclarèrent qu'ils ne s'assembloient que de leur propre mouvement, le trône étant vacant, pour élire un successeur. Au reste, ils firent assez entendre qu'ils n'en voulaient pas choisir d'autre qu'elle, pourvu qu'elle voulût s'engager aussi authentiquement qu'inviolablement, de.régner selon une forme de gouvernement qu'ils dressèrent et qui bornoit l'autorité royale en elle plus qu'elle n'avoit été encore bornée en aucun des rois élus de la Suède. Ils lui firent signer et publier outre cela une assurance, comme on l'appeloit, « par laquelle elle reconnoissoit tenir la couronne d'eux, après Dieu, sans y avoir le moindre droit depuis son mariage avec un prince étranger, non plus que feu sa sœur, la duchesse de Holstein, n'en avoit eu depuis le sien, etc.: » après quoi elle fut déclarée librement élue.

«Cependant le peuple, à qui le clergé et la noblesse avoient fait regarder le baron de Gortz comme l'auteur de la misère publique, le demandoit pour victime. Les chaires ne cessoient de retentir d'invectives contre l'administration de ce ministre.Quelques prêtres des plus violents attaquoient jusqu'à ses pensées sur la Divinité, en le traitant d'athée enfin tous les Suédois étoient si prévenus et si déchaînés contre lui, que personne n'osoit rien dire en sa faveur. Le duc de Holstein même le déclara lui et le comte Van Dernath démis de son service. Le baron, ainsi abandonné à la haine publique, et désespérant de sauver sa vie par aucune des raisons qu'il avait pour sa justification, choisit pour son conseiller spirituel, ou directeur de conscience, le docteur Conrardi, prêtre de l'eglise allemande, le plus savant, ou du moins le plus moderé d'entre ses confrères lutheriens. Ce docteur

fut le seul qui eut permission de le visiter dans sa prison, et je lui ai entendu dire que plus il le fréquenta, moins il le crut digne de la manière dont on le traitoit et du sort dont il étoit menacé.

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« On ne commença à procéder contre lui dans les formes, quoique sans beaucoup de formalités, que vers la fin de janvier. Voici quels étoient les principaux chefs d'accusation dirigés contre lui: 1° l'invention d'espèces imaginaires; 2° le dessein de ruiner le roi et l'armée, en lui conseillant d'entreprendre la campagne de Norwége pendant la saison la plus rigoureuse; 3° d'attirer l'ennemi dans le cœur du royaume, ', pour donner à la Suède un roi de sa main; 4° le péculat. Il y répondit que « quant aux « espèces imaginaires, il n'avoit fait « que suivre un plan qu'on avoit soumis au roi avant son départ de Stral◄ sund; qu'il avoit seulement ajouté à « ce plan les moyens d'empêcher qu'on « ne contrefit les monnaies, ou qu'on a n'en introduisit de contrefaites dans le royaume; que c'étoit sans doute un grand malheur pour le public que la députation eût été réduite, contre << ses intentions, à en faire frapper une antité si peu proportionnée avec celle de la bonne monnoie courante; nais que, tout bien considéré, ce xalheur, quelque grand qu'il parût, « ou plutôt ce remède inévitable, quelque onéreux qu'il fût, avoit préservé la « Suède du joug que ses ennemis vouloient lui imposer.

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« Que pour preuve qu'il n'avoit pas « encouragé le roi à faire la guerre en « Norwege (résolution pour laquelle on « Savoit d'ailleurs qu'il n'avoit besoin « ni d'aiguillon hi de conseil), c'est « qu'il avoit su porter ce prince et le « czar à consentir à un accommode« ment, alors même qu'ils paraissoient « le plus animés l'un contre l'autre. Que le principal but qu'il avoit eu « dans le congres de Lofto, c'etoit de « diviser les puissances conjurees contre Sa Majeste, et de delivrer la Suède du plus redoutable ennemi qu elle eût, du czar, et d'en faire son allié;

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« Que quant au péculat, personne << n'étoit aussi innocent que lui. Que « les impôts et les taxes dont le peuple « se plaignoit, avoient été des remedes << indispensables, dans l'extrême crise « où se trouvoit la Suède, prête à de<< venir la proie de ses ennemis. Que « non-seulement il n'avoit jamais envoyé un sou hors du royaume, pour « son propre compte, mais qu'il pou« voit prouver qu'il avoit dépensé en « Suède une grande partie de sa for« tune; qu'il avoit même refusé les 4 « pour cent que le roi lui avoit offerts << sur tout l'argent qu'il pourroit négo<< cier tant au dedans qu'au dehors du « royaume, et surtout celui qui lui pas« seroit par les mains; et que mênie il

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avoit prié Sa Majesté de suspendre « l'effet de ses généreuses intentions à « son égard, jusqu'à ce que les finances du royaume fussent sur le pied où il « espéroit les mettre un jour.»

« Il offrit en outre de rendre compte des deniers publics qui avoient passé par ses mains; et dans le cas où on trouveroit qu'il en avoit diverti la plus foible somnie, ou qu'il l'avoit employée sans un ordre de Sa Majesté, à d'autres usages qu'aux besoins du royaume, il consentoit à indemniser la Suede en lui abandonnant tous ses biens. Il faisoit valoir, comme un service considerable rendu au commerce suédois, le bonheur qu'il avoit eu de mitiger la sévérité du règlement sur la course, en obtenant de Sa Majesté qu'elle lui permît d'accorder des passeports aux vaisseaux amis, pour se rendre de leurs ports dans ceux de Suède. En un mot, il se defendit si bien, qu'on ne jugea pas à propos de lui accorder l'avocat ou le conseiller qu'il demanda, chose que les nations chrétiennes ne refusent jamais en pareil cas; soit qu'en effet on n'ait pas voulu qu'il put se justifier, soit qu'on crut avoir d'autres preuves pour lui ôter la vie. On n'accepta pas non plus

l'offre qu'il faisoit relativement aux finances.

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Quoiqu'il fût extraordinairement affaibli par quelques accès de fièvre, causés par son nouveau genre de vie, il fut obligé de subir divers interrogatoires debout, et cela pendant deux ou trois heures consécutives; et tous les moyens qu'il présenta pour sa défense, même les ordres qu'il avoit reçus du roi, ne purent lui sauver la vie.

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Aussitôt que le docteur Conradi le vit en danger, il alla prier la reine de ne pas commencer son règne par l'effusion du sang, mais plutôt par un généreux pardon des offenses, si elle avoit eu personnellement à se plaindre du prisonnier; mais, d'un autre côté, les confrères de Conradi faisoient tous leurs efforts pour porter cette princesse au ressentiment et à la vengeance; ils lui représentoient sous les couleurs les plus noires, avec quel mépris et quelle hauteur cet étranger l'avoit traitée, ainsi que tous les corps politiques de la Suède, pendant la vie de son royal frère, et quelle autorité despotique il avoit exercée sur tous les Suédois en général.

« Ulrique, plus touchée des prières de Conradi que des conseils de ceux qui l'excitoient à la vengeance, répondit «< qu'elle seroit disposée à pardonner au baron de Goertz tout ce qu'il avoit commis contre sa personne, et même plus encore; mais que, tenant la couronne des états après Dieu, elle ne devoit ni ne vouloit oublier le tort qu'il pouvoit avoir fait au public sans feur consentement. »

« Conradi s'adressa alors aux états pour en obtenir le consentement que semblait réclamer la reine; mais tout fut inutile; le baron de Goertz fut condamné à avoir la tête tranchée au pied du gibet, situé sur le grand chemin, hors de la ville, là où l'on exécute les voleurs et les brigands, et même à y être enterré. On lui lut la sentence le 11 mars, après l'avoir dégradé de tous ses titres tant naturels qu'acquis, et parmi ces derniers étoit l'ordre de l'Orange, dont le roi de Prusse l'avoit honoré, et qui fut renvoyé à sa majesté

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prussienne. L'arrêt portoit en substance, que George-Henri Goertz étoit «< condamné à perdre la tête et à être enterré, par les mains du bourreau, << au pied du gibet, pour avoir rendu « suspecte au feu roi la fidélité de ses sujets; pour avoir détruit la confiance a que ce prince avoit dans le sénat et « dans les autres corps politiques, et

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avoir éloigné par ce moyen de l'ad«ministration des plus importantes << affaires les personnes les plus zélées « pour le service de Sa Majesté et le « bien public; pour avoir, par ses per«nicieux conseils, par les voies tyranniques qu'il avoit inventées, et par « l'abus de l'autorité que Sa Majesté « lui avoit donnée, encouragé le roi à « continuer la guerre; pour avoir mis la dissension et la mésintelligence << entre Sa Majesté et les plus sincères << amis de la Suède; pour avoir dépouillé « les Suédois de leur bon argent et des «< autres effets solides et réels qui leur « restoient : en un mot, pour être l'au«<teur des plus grands malheurs; et « autres raisons capitales déduites de << ses papiers et de ses actions. >>

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Fides erga regem et ducèm, mors regis, mors

mea.

Ma fidélité envers le roi et le duc, et la mort du roi, me coûtent la vie.

« Il se fit faire, pour le jour de l'exécution, un habit de velours noir avec des épaulettes qui se boutonnaient. Il fut tiré de sa prison le 19; et, apercevant auprès de la maison de ville, par laquelle il sortit, ses domestiques qui l'attendaient, les larmes aux yeux, pour lui rendre leurs derniers devoirs, il leur dit: Ne pleurez pas, mes amis; il n'y a si bons amis, maitres ou serviteurs, qui ne doivent un jour se quitter. En même temps il dit à M. Conradi qui l'accompagnait, de monter le premier dans un carrosse de louage qu'on lui avait accordé pour le conduire au supplice, et il y monta ensuite; après quoi le convoi se mit en marche. Il consistait en deux cents gardes armés de piques, qui entouraient le carrosse, et quelques milliers de spectateurs, parmi lesquels on pouvait compter environ soixante prêtres, dont la présence, qui marquait assez le mal qu'ils lui voulaient, n'était pas un sujet d'édification.

« Aussitôt que le carrosse fut arrivé au pied du gibet, il en sortit le chapeau sur la tête; et, ayant promené ses yeux sur les spectateurs d'un air ferme et calme, il demanda à M. Conradi, qui le tenait par la main: Ne serait-il pas ά propos que j'adressasse quelques paroles à ces gens? Non, répondit le docteur, il ne faut plus penser qu'au ciel. Après quoi, ne voyant pas l'échafaud, il lui demanda où était le billot; Conradile lui montra sur un tas de sable, à quelques pas de là, et l'y conduisit. Dès qu'il y fut, il donna son chapeau et sa perruque à son valet de chambre, qui lui mit un bonnet de nuit sur la tête, et lui ôta sa cravate, pendant qu'il déboutonnait lui-même les épaulettes de son habit; puis il se coucha le ventre contre terre, le cou sur le billot, disant en allemand, assez haut pour être entendu de plusieurs : Rassasie-toi, Suède, du sang innocent dont tu es altérée. Le bourreau, s'avançant alors la hache à la main, fut

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arrêté par le docteur qui, lui remettant vingt ducats, le menaça de l'excommunier s'il touchait le corps de Goertz après avoir rempli son ministère. Celuici promit de n'en rien faire; et aussitôt, avec une adresse remarquable, trancha la tête de Goertz d'un seul coup de sa hache.

<< Cela fait, quand le sang eut coulé sur le sable et qu'il l'eut imbibé, les domestiques, en pleurs, mirent la tête et le corps de leur cher maître dans un cercueil couvert de velours noir, qu'ils avaient eu la liberté de faire apporter, et le déposèrent dans une fosse creusée tout près de là, mais qui était peu profonde, parce que la terre était alors fortement gelée. Ils y jetèrent ensuite le sable imbibé de son sang, et la comblèrent de terre.

<< Peu de temps après, quand l'attention publique fut entièrement occupée des obsèques du roi, ces serviteurs fidèles, ayant déterré son corps, l'emportèrent avec la tête dans la maison où ils logeaient, en détachérent les jambes comme trop embarrassantes, et, après l'avoir embaumé de leur mieux et déposé dans un coffre de voyage, ils le transportèrent de l'autre côté de la mer. »

Maintenant que nous avons dit comment la Suède, par l'injuste condamnation de Goertz, se vengea de ses longues souffrances, occupons-nous des mesures qu'elle avait cru devoir prendre pour prévenir le retour de semblables malheurs, et consacrons quelques pages à l'analyse de cette nouvelle constitution qui, de la monarchie la plus absolue de l'Europe, fit tout à coup la monarchie la plus limitée.

Les causes qui facilitèrent ce grand changement sont faciles à saisir. La Suède venait de perdre ses meilleures provinces; son commerce était anéanti, ses forces militaires détruites, et, depuis quelques années, elle ne continuait la guerre qu'à l'aide des expédients que Goertz seul pouvait trouver, et auxquels Charles pouvait seul consentir. Aussi les Suédois, bien qu'admirateurs insensés des quali

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tés brillantes, mais funestes, de Charles XII, étaient-ils au moment de perdre patience, quand la mort de ce prince vint les dispenser de pousser plus loin le dévouement. L'exécution de Goertz prouve assez le ressentiment caché de la nation et le mécontentement qu'elle avait été contrainte de dissimuler. Ce mécontentement était commun à tous les ordres de l'État : la noblesse et le clergé, les bourgeois et les paysans, tous avaient également souffert, tous ne soupiraient qu'après la tranquillité et la paix; et comme il était évident que tous leurs malheurs devaient être attribués au pouvoir illimité des deux derniers rois, ils étaient résolus à ne plus souffrir que ce pouvoir demeurât plus longtemps attaché à la royauté, et à secouer le joug qu'ils avaient eu la folie de s'imposer volontairement. Le sénat, privé de toute son autorité par Charles XI, et dépouillé par Charles XII du peu de priviléges qui lui restaient encore, sentit que le plus sûr moyen de conserver ses droits, c'était que les états fussent maintenus dans l'entière possession des leurs. D'un autre côté, les états avaient pu se convaincre, par une cruelle expérience, combien ils s'étaient mépris en humiliant ce corps au point de lui ôter le pouvoir de résister aux fatales entreprises de la couronne.

Animés de ces sentiments et favorisés d'ailleurs par les circonstances, les Suédois se trouvaient en position de recourir à l'antique usage d'élire leur souverain. On a vu plus haut qu'à la mort de Charles, le sénat résolut d'appeler au trône Ulrique-Eléonore, sa sœur cadette, épouse du prince de Hesse bien qu'elle fût déchue de tout droit, par cela seul qu'elle était mariée, et, lors même qu'on n'aurait pas fait valoir cet empêchement, parce que sa sœur aînée, feu la duchesse de Holstein-Gottorp, avait laissé un héritier. Si elle fut préférée à son neveu, c'est qu'on voulut précisément n'appeler au trône qu'une personne qui y monterait uniquement en vertu du choix libre des états et aux conditions qu'il leur plairait de lui imposer. On pensa qu'un prince

qui, comme le jeune duc de Holstein, croirait avoir quelque droit héréditaire, pourrait vouloir conserver, en vertu de ce droit, toute l'autorité dont avaient joui ses prédécesseurs; tandis qu'Ulrique n'était en position de débattre aucune des conditions auxquelles on lui offrait le sceptre; et nous avons déjà parlé plus haut de la déclaration par laquelle, avant même que les états se fussent assemblés, elle renonçait pour elle et pour sa postérité, à tout pouvoir absolu et à toutes les prérogatives de la couronne qui seraient incompatibles avec les libertés de la nation.

Le premier soin des états, lorsqu'ils se virent réunis, fut de déclarer qu'ils s'étaient assemblés de leur propre mouvement pour élire un successeur à la couronne. Ulrique, une fois élue, les assura par écrit qu'elle porterait la couronne en vertu de l'élection libre des états, et non en s'appuyant sur aucun autre titre. Les états, à leur tour, remercièrent la reine « d'avoir témoi

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Quelque sérieuse et quelque unánime que fut cette résolution, ils s'imposaient une tâche qu'il n'était pas aisé de remplir. Sans doute, il ne semblait pas difficile de lier les mains à un prince qui devait recevoir d'eux la couronne, aux conditions qu'il leur plairait de lui prescrire; mais de simples conventions avec un prince étaient-elles suffisantes pour prévenir le retour du pouvoir arbitraire? Il fallait, pour se préserver sûrement d'un tel danger, opérer une révolution complète dans l'organisation de l'État; il fallait arrêter une constitution capable de rendre à la liberté un peuple accoutumé à une

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