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halla. On brûlait donc avec le cadavre les richesses que le mort avait acquises: celles qu'il avait obtenues par héritage restaient seules à ses enfants. Ainsi l'homme qui aspirait aux plaisirs éternels du Walhalla devait consacrer une partie de son existence à la piraterie et au pillage. L'homme mort de maladie n'était pas reçu dans le séjour des braves, et c'est pour ce motif qu'on rencontre dans l'Edda tant de suicides après une bataille, ou quand la vieillesse laisse un guerrier sans vigueur. Dans les batailles on ne cherchait que la mort et les Walkyries, qui conduisaient au Walhalla les ames des guerriers morts en combattant. Les heros affectaient le plus grand mépris pour les douleurs de la mort. Un des fils de Ragnar se fait précipiter sur des lances, et chante ses exploits pendant que le fer pénètre peu à peu dans son corps; un autre se fait bruler sur un bucher de crânes. Rien ne peint mieux cette force d'ame qui distingue le Scandinave que le chant de Ragnar dans la fosse aux serpents; en voici les derniers vers:

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«Nous avons combattu avec le glaive, « aujourd'hui nous marchons à la mort! Les serpents me déchirent cruellement, la vipere fait son nid dans mon « cœur, mais j'espère que mes fils tein« dront leurs lances dans le sang d'Hella. « Autrefois l'acier des piques était bleu, bientôt il sera rouge! Les hardis guerriers ne prépareront pas à Hella « une couche paisible. Nous avons combattu avec le glaive; je puis nom«mer cinquante et une batailles, tou«tes livrées sous mon drapeau; je n'ai jamais pu trouver de roi plus grand « que moi. Dès mon enfance j'ai appris « à teindre le glaive de rouge, aujourd'hui les dieux me réclament; il ne « faut pas pleurer la mort! Je vais a bientôt atteindre le but; les Dyses << envoyées par Othin m'appellent dans « la patrie des braves, dans les salles « du Walhalla. Dans le palais élevé « des dieux, je vais boire de la bière « avec les Ases. Le temps de ma vie est « écoulé, je meurs en souriant! - >>

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On verra plus tard que les exemples

du mépris de la mort sont aussi fré-` quents dans l'histoire que dans la mythologie.

Remarquons encore ici qu'on ne respectait pas plus la vie des autres que la sienne propre. Les prisonniers étaient presque toujours sacrifiés aux dieux. Les inimitiés des familles étaient transmises de père en fils, comme un héritage, et c'était un devoir religieux que de venger les outrages de ses parents. Souvent les adversaires se désignaient, pour combattre, un endroit solitaire, et il était rare que le duel ne finit pas par la mort de l'un des combattants. Toutefois on ne dédaignait pas de recourir à la ruse, et souvent on venait environner soudainement la maison de son ennemi, et y mettre le feu. C'est de cette manière que, dans la tradition, Hamlet se venge de la mort de son père sur le mari de sa mère et sur tous ses convives.

Les premiers missionnaires parlent de la Suède comme d'un pays fertile et riche en troupeaux, mais presque entièrement couvert de forêts. Les anciennes traditions prouvent que dès le temps le plus reculé on y cultivait le seigle et l'orge, qu'on s'y servait pour l'agriculture de charrues attelées de boeufs, et qu'on y savait faire le pain et préparer la bière. Entre les dons qu'on offrait au roi, le jour de Noël, figurait le beurre et la drèche. On méprisait comme des barbares ceux qui mangeaient de la viande crue.

Les maisons et les temples étaient en bois; une enceinte en palissades indiquait les limites de la cour et les bornes de la souveraineté du père de famille. Dans des occasions extraordinaires on couvrait le sol de paille; le feu était allumé au milieu de la chambre, un trou pratiqué dans la muraille ou dans le toit offrait une issue à la fumée. Les bancs étaient rangés le long de la muraille, et devant ces bancs étaient de longues tables où l'on s'assevait en s'appuyant contre la muraille. On se portait des santés en faisant passer la coupe, remplie de bière, au-dessus du feu.

Le roi et la reine étaient assis sur

des coussins, au milieu du banc qui se trouvait en face du soleil; on plaçait vis-à-vis d'eux, à l'autre extrémité de la salle, l'étranger que l'on voulait honorer. Pendant la paix, on se rangeait toujours de manière qu'il y eût une femme à côté d'un homme; mais, pendant leurs expéditions, les guerriers éloignaient les femmes des banquets.

L'or et l'argent n'étaient pas rares chez les Scandinaves, car les pirateries contribuaient à accroître sans cesse ce genre de richesse. Il y avait si peu de pauvres dans le pays, que les premiers chrétiens se virent obligés d'envoyer à l'étranger les aumônes que la religion leur prescrivait.

Le commerce de la Baltique entre la Suède, la Russie, l'Allemagne du nord-est, et les pays les plus lointains, existait sans doute dès les temps du paganisme. Dans les onzième et douzieme siècles son développement est déja si considérable, qu'on doit croire qu'il existait bien antérieurement.

Il ne nous reste guère, des constructions de cette époque, que des tombeaux, dont quelques-uns consistent en pierres énormes superposées les unes aux autres, de manière à former une grotte rectangulaire. Celui que nous donnons (pl. VIII, 3) a été trouvé en Westrogothie, et offre une grande ressemblance avec un monument du même genre qui se trouve près de Saumur, entre Coudray et MontbreuilBellay.

DEUXIÈMÉ PÉRIODE.

LA SUÈDE CATHOLIQUE.

Nous avons dit, en parlant de Ragnar Lodbrok, que Harald, roi de la Jutie méridionale, pour obtenir le secours de Louis-le-Débonnaire, sè fit baptiser à Mayence, en 826. Saint Anschaire, moine à Corvey, sur le Weser, sollicita la faveur de le suivre en Jute pour y précher l'Evangile, et obtint, à cet effet, un bref du pape; mais Harald fut de nouveau chassé par Ragnar, et l'apôtre, forcé de fuir avec

lui, fonda, près de Hambourg, une école où il enseignait publiquement le christianisme à des enfants qu'il avait rachetés de l'esclavage.

Peu de temps après, des marchands suédois ayant demandé à Louis-leDébonnaire un prêtre qui consentit à se rendre en Suède pour y propager la religion à laquelle ils étaient convertis, on jeta les yeux sur le jeune et fervent missionnaire, qui saisit avec joie cette nouvelle occasion de déployer son zèle, et s'adjoignit un autre moine. Tout le Nord était alors inconnu, adonné à l'idolâtrie et déchiré par des guerres continuelles; mais Anschaire ne redoutait point le martyre. Les marchands qu'il accompagnait furent plusieurs fois attaqués par des pirates qui finirent par détruire leurs vaisseaux : Papôtre et son compagnon se sauverent à terre, non sans beaucoup de peine, et se virent contraints de traverser le pays pour arriver dans la capitale, que le biographe d'Anschaire appelle Birca, nom générique qui désigne une ville et répond à l'allemand Burg. Suivant cé biographe, elle était située dans une fle du lac Molar; et tout porte à croire que ce devait être la ville de Sigtuna (*). Anschaire fut accueilli avec bienveillance par le roi Bjoern, et trouva réduits en esclavage un grand nombre de chrétiens qui avaient fait embrasser l'Évangile à des habitants du pays, entre autres à un guerrier, nommé Hergeir, qui demanda le baptême et fit construire la première église. Anschaire passa en Suède l'année 830, puis il s'en retourna et fut nommé archevêque du Nord. Il avait sa résidence dans un petit château nommé Hammaburg, que Charlemagne avait construit sur l'Elbe inférieur, pour défendre ses frontières contre les incursions des Danois; mais ceux-ci avant repris le dessus sous le règne du faible fils de ce grand roi, Anschaire se vit, au bout de quelques années, contraint de reporter son siége sur le Weser, dans la ville de Brême.

Cependant le roi Bjoern était mort,

(*) Voyez les ruines de cette ville, pl. XI.

et comme Émund, son successeur, chassait les chrétiens de ses états, ou les faisait mourir dans les supplices, personne ne voulait plus aller en Suède prêcher l'Évangile. Mais Anschaire ne craignit pas d'y retourner encore une fois en 853. Le roi qui régnait alors s'appelait Olof; Anschaire le gagna par des présents, et il promit de parler en faveur de l'apôtre dans l'assemblée générale de la nation; « car, dans ce pays, dit le biographe d'Anschaire, qui accompagnait le saint dans ce second voyage, les affaires publiques dépendent plus du vœu unanime du peuple que du pouvoir du roi. » On consulta donc les dieux du pays, en jetant le sort pour savoir s'il serait convenable d'introduire la nouvelle doctrine : la réponse fut favorable, et un vieillard se leva pour rappeler que souvent, dans les expéditions maritimes, on avait invoqué le nouveau dieu avec beaucoup de succès, et qu'il fallait profiter de la présence de ses prêtres. En conséquence, on permit à Anschaire de prêcher dans le pays, et d'y fonder des églises.

Pendant toute la durée de son existence, le saint s'occupa d'envoyer des missionnaires, et de les diriger luimême. Il leur enjoignait surtout de ne pas s'approprier les biens du peuple, et de gagner par le travail ce qui était nécessaire à leurs besoins: lui-même il faisait des filets, et employait les revenus de son archevêché à racheter des prisonniers, qu'il instruisait dans le christianisme, et qu'il renvoyait ensuite dans leur patrie.

Tout ce qu'il avait fait disparut avec lui; et lorsqu'en 935, un autre archevêque de Brême, Unnen, pénétra jusqu'à Birca, il ne trouva plus aucune trace du christianisme; car, dans l'intervalle qui s'était écoulé depuis la mort d'Anschaire, il s'était opéré dans le Nord Scandinave une révolution complète. Toutefois, si cette révolution fit dans les premiers temps oublier l'Évangile, elle lui prépara plus sûrement les voies pour l'avenir.

Nous avons dit que tout le Nord était partagé entre une foule de petits

rois sur lesquels ceux d'Upsal, en Suède, et de Letthra, en Danemark, n'exerçaient une sorte de souveraineté que parce qu'ils étaient les gardiens du temple central. Vers la fin du IX siècle, les rois du centre devinrent tout à coup dominants dans les trois parties du Nord Scandinave: Gorm l'ancien, en Danemark, Harald aux beaux cheveux, en Norvège, et Erik, fils d'Emund, en Suède. L'ancienne constitution du pays étant ainsi détruite, on sentit bientôt le besoin de faire tomber l'ancienne religion qui lui servait d'appui : en Danemark, le fils de Gorm fut contraint par l'empereur Othon Ir à recevoir le baptême; en Norvège, où il n'avait point existé de temple central, les nouveaux rois de la famille de Harald accueillirent volontairement le christianisme, et la lutte pour le maintien de l'ancienne religion s'identifia avec la défense de l'ancienne liberté; mais en Suède, l'Évangile ne fut victorieux que plus tard.

Après la mort d'Érik, et après le règne fortuné de son fils Bjoern l'ancien, un autre Érik et un certain Olof régnèrent en commun, jusqu'à la mort de ce dernier, qui laissa un jeure fils nommé Bjoern. Lorsque ce Bjoern, surnommé le fort, fut parvenu à l'âge de 12 ans, il alla s'asseoir sur le tombeau de son père, et réclama son héritage. Erik promit de le lui rendre dès qu'il aurait 16 ans; mais comme Bjoern refusait de prendre place à la table de son oncle, et ne cessait d'exciter des troubles, on lui donna 60 navires pour aller tenter la fortune dans des expéditions maritimes. Il devint chef des Jomsvikinges, pirates qui avaient formé, à Jomsbourg, en Poméranie, une république dans le genre de celle des boucaniers des Antilles, et il ne tarda pas à effectuer une descente en Suède. Alors, après avoir brûlé ses navires et offert des vœux à Thor, il se dirigea sur Upsal; Érik, de son côté, promit de se vouer, dix ans après, à Othin, et les deux armées se rencontrèrent sur le fleuve Fyris, près d'Upsal. La bataille dura près de

trois jours; Bjoern et presque tous ses compagnons furent tués.

Érik dut à ce brillant succès le surnom de victorieux, et marcha aussitôt contre le Danemark, dont il chassa Suénon à la double barbe, dont le père avait été contraint de seconder Bjoern le fort, et il devint ainsi maître des deux royaumes. Toutefois, en Suède, le pouvoir royal était encore bien circonscrit un ambassadeur norvégien s'étant plaint à Érik de ce qu'un paysan suédois donnait asile à une reine chassée de la Norvège, le roi lui répondit:

Ce paysan a plus d'influence que moi; il n'y a pas long-temps que, dans l'assemblée, son avis a prévalu sur le mien. »

A la tête d'une puissante faction était Sigrid-la-Superbe, femme divorcée d'Erik, que celui-ci n'avait pas eu le pouvoir de chasser du pays. Après son divorce, plusieurs petits rois de la Norvège avaient demandé sa main; elle en fit brûler un tout vif, pour rebuter ces prétendants, qu'elle jugeait indignes d'elle; mais elle céda aux recherches d'Olof, roi de Norvège, en refusant toutefois d'embrasser le christianisme. Olof, récemment converti, fut si indigné de son refus, qu'il la frappa à la figure avec son gant. « Cela sera ta mort, lui dit-elle, et elle épousa Suénon à la double barbe, auquel elle fit rendre son royaume de Danemark; puis elle parvint à faire conclure une alliance entre son fils Olof, successeur d'Érik, en Suède, son mari Suénon et les mécontents de la Norvège. La flotte du roi de Norvège, cernée de toutes parts par les alliés, fut détruite, et le roi lui-même se noya pour ne pas tomber entre les mains de ses ennemis. Ces événements se passaient en l'an 1000.

La paix et la bonne intelligence entre les royaumes de Danemark et de Suède dura pendant tout le règne d'Olof; les Suédois prirent même part aux expéditions de Suénon et de son fils Canut en Angleterre. Mais la domination des deux rois en Norvège fut de courte durée. Un autre fils d'Harald se rendit maître de ce royaume; et le roi de

Suède, ayant refusé de le reconnaître, il vint inquiéter ses frontières. La nouvelle de cette attaque excita les murmures de la nation suédoise, et le Jarl, ou comte de Westrogothie, Ragwald, invita le roi de Norvège à envoyer des ambassadeurs pour demander la paix et la main d'une princesse suédoise. Ragwald, vers les premiers jours du printemps, conduisit ces ambassadeurs à Upsal, où l'assemblée générale devait avoir lieu; cette assemblée se tenait dans un vaste champ : le roi, les jarls ou comtes, et les lagmans ou magistrats du peuple, étaient assis en cercle, environnés de leurs domestiques; derrière eux se pressait le peuple. On s'occupa d'abord des affaires du roi; lorsqu'elles furent réglées, un des ambassadeurs norvégiens se leva, et exposa à haute voix le but de son voyage; mais Olof, irrité, s'élança de son siége et l'interrompit tout à coup. Ragwald, qui appuya la demande de l'ambassadeur au nom des Westrogoths, ne fut pas mieux accueilli. Alors tous les paysans se levèrent d'un mouvement spontané et firent retentir leurs armes.

Quand le calme fut rétabli, un vieux paysan parla au roi en ces termes :

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« Il paraît que les rois de Suède « sont bien changés: mon grand-père « a souvent parlé à son fils d'Erik, fils d'Émund, qui conquit la Courlande, « l'Esthonie et la Finlande, et qui ne refusa jamais d'écouter ceux qui avaient quelque chose à lui dire; mon père « m'en a raconté autant du roi Bjoern; « moi-même, j'ai accompagné le roi Érik-le-Victorieux dans toutes ses conquêtes, et je l'ai toujours trouvé affable; mais le roi d'aujourd'hui ne « veut écouter personne, et exige qu'on « ne lui dise que ce qui peut lui plaire. << Il se laisse enlever nos conquêtes dans ‹ l'est, et prétend domineren Norvège, prétention que n'a jamais eue aucun « roi de Suède. Un tel état de choses ne « saurait nous convenir à nous autres « paysans, et voilà pourquoi nous de« mandons que tu fasses la paix avec le << roi de Norvège, et que tu lui donnes ta fille Ingegard en niariage. Si tu veux

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« reconquérir les provinces de l'est, nous sommes tous prêts à t'accom«pagner; mais si tu meprises nos avis, « tu vas nous voir tomber sur toi et te « donner la mort; car nous ne sau«rions souffrir ce qui est contraire « aux lois. C'est ainsi qu'en ont agi « nos pères : ils ont jeté dans un puits cinq rois gonflés d'orgueil comme toi. Allons, parle; fais-nous sur-le«< champ connaître ton choix. » Et, en disant ces paroles, il frappa de nouveau son bouclier de son épée.

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Le roi promit de faire ce qu'on lui demandait, en ajoutant que c'était aussi un ancien usage que les rois de Suède se conformassent aux volontés des paysans. Toutefois, il tarda à exécuter ses promesses, et les paysans se réunirent de nouveau, dans l'intention de le déposer comme ayant enfreint les décisions de l'assemblée générale: on parla même de chasser toute sa dynastie; mais des chefs de la Suède supérieure amenèrent dans l'assemblée le fils du roi, encore enfant, et la vue de ce jeune prince ayant changé les esprits, on convint que le vieux roi ne serait pas chassé s'il consentait à faire ce qu'il avait promis; cependant on lui associa comme roi, son fils, qui s'appelait Jacques. Ce nom déplut aux paysans Jamais roi, dirent-ils, ne s'est appelé Jacques, et ils lui donnèrent le nom d'Anund.

Deux ans après, le roi Olof mourut. Il fut le premier roi chrétien de la Suède. Anund, son fils et son successeur, favorisa, comme lui, la propagation de l'Évangile. Et, comme si le devouement pour le christianisme devait être le partage de la famille, le beaufrère d'Anund, Olof Haraldson, roi de Norvège, fut mis à mort par suite de son zèle pour la nouvelle religion, et plus tard révéré comme saint dans tout le Nord.

Anund fut aimé du peuple, malgré la sévérité de ses jugements. On l'avait surnommé l'incendiaire, parce qu'il faisait mettre le feu aux maisons des malfaiteurs; punition en usage dans toute l'Europe, pendant la durée du moyen âge.

Après Anund, son frère aîné Émund monta sur le trône. Malgré l'avantage que devait lui donner son âge, ce dernier ne fut roi qu'après son jeune frère, parce qu'il était né d'une mère esclave. Avec Emund finit, vers 1060, la maison d'Iwar Widfamne, ou des anciens rois d'Upsal.

DYNASTIE DES STENKILS.

Stenkil, qui fut choisi pour monter sur le trône, était parent des anciens rois, et ils de Ragwald, jarl de Westrogothie, où son parti était très-puissant. Son élection est la première preuve que nous avons de l'ascendant obtenu par les chrétiens dans le royaume; et cependant il s'en fallait encore de beaucoup que la nouvelle religion fût généralement adoptée. Les Suédois, possesseurs du temple central, tenaient fortement à l'ancienne religion, tandis que les Goths avaient de bonne heure embrassé le christianisme qui les affranchissait de la prépondérance des Suédois.

L'époque que nous allons parcourir est féconde en guerres intérieures, et ces guerres eurent diverses causes: d'abord, l'année même où Stenkil mourut, Guillaume-le-Conquérant gagna la bataille d'Hastings, et établit en Angleterre une royauté assez puissante pour que dès lors des incursions dans ses états devinssent impossibles; résultat que déja avait obtenu la France par l'avénement des Capétiens, l'Allemagne par celui des empereurs de la maison de Saxe. De plus, le christianisme, à mesure qu'il se répandait en Suède, tendait aussi de son côté à faire cesser toute piraterie contre des peuples auxquels on était désormais uni par la même religion. Ainsi, tous les éléments de troubles se trouvaient concentrés dans le pays, et comme d'ailleurs les peuples scandinaves prirent peu de part aux croisades, on conçoit que les guerres intérieures aient duré plus long-temps dans ces contrées que dans le reste de l'Europe. La première lutte fut celle des Goths contre les Suédois du christianisme contre le

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