Page images
PDF
EPUB

jeta à la mer en plein hiver, et l'eau qui resta attachée aux poils de ses vêtements se condensa bientôt en glace et le couvrit comme d'une enveloppe de corne. Au moyen de ce stratagème, le poison que le serpent vomit sur lui ne lui fit aucun mal; et comme d'ailleurs il repoussait à l'aide de son bouclier les morsures du monstre, il finit par le tuer avec son épée. Alors Thora sortit de sa prison et lui demanda qui il était Ragnar lui répondit qu'il avait hasardé sa vie et combattu le serpent pour l'amour d'elle; que bien qu'il ne fût âgé que de quinze ans, il était parvenu à vaincre le monstre, et que désormais elle était libre. Le roi de Suède et ses courtisans, qui pendant le combat s'étaient réfugiés dans des tours, se mirent, quand le danger fut passé, à plaisanter Ragnar sur. ses vêtements, et lui donnèrent le surnom de Lodbrog (brog, bracca, et lod, hirsutus) (*). Toutefois on ne put lui refuser Thora, dont il eut six fils.

Pendant que Ragnar Lodbrog se livrait tout entier à son amour pour sa femme, la Jutie et la Scanie se révoltèrent de nouveau. Dans son impuissance de leur résister, il se vit forcé d'implorer l'appui de Lathgertha, sa première femme, qui s'était mariée à un chef norvégien. Celle-ci, oubliant l'affront qu'elle avait reçu, pour ne se rappeler que son premier amour, vint au secours de Ragnar avec son fils et son mari, et repoussa les insurgés. Peu de temps après, Thora mourut, et Ragnar, pour se distraire de sa douleur, songea à de nouvelles entreprises, et voulant se former une armée qui fût entièrement dans sa dépendance, il ordonna que chaque père de famille envoyât à sa cour le fils dont il ferait le moins de cas, ou un esclave dont la fidélité lui paraîtrait suspecte. De ce ramas d'hommes méprisables il forma une armée redoutable par sa discipline, et d'autant plus acharnée au combat que chaque

(*) C'est sous ce nom qu'il est désigné dans plusieurs chroniques des Franes.

soldat avait à se laver de son ancienne ignominie.

Ensuite il décréta que toutes les contestations, sans admettre les lenteurs d'une procédure, seraient décidées par douze personnages notables: ce qui est la plus ancienne trace du jury que l'on ait découverte jusqu'à présent.

Le premier pays contre lequel il tourna ses armes, fut l'Angleterre ; il tua le roi de cette contrée, ainsi que les chefs de l'Écosse et des Hébrides, et il donna le gouvernement de ces pays à ses fils Syvard et Rathbarth; le fils qu'il avait eu de Lathgertha, Friedleb, fut chargé de la Norvège

et des Orcades.

Mais bientôt une nouvelle insurrec tion du Danemark vint interrompre ses conquêtes; il battit Harald, le chef de cette révolte et de celles qui la suivirent. Celui-ci s'enfuit en Allemagne. Ragnar, après avoir distribué à ses soldats les biens des révoltés, alla attaquer l'Allemagne, fit éprouver une défaite à Charlemagne, et imposa un tribut aux Saxons.

Pendant ce temps, le roi de Suède Heroth était mort; Ragnar alla conquérir le royaume pour ses fils. Il y avait parmi les Suédois un homme très-fort, qui avait sept fils; on convint que Ragnar le combattrait avec trois de ses fils, et que l'issue du combat déciderait de celle de la guerre. Le Suédois et ses sept fils furent tués, et Bioern, fils de Ragnar, devint roi de Suede. On lui donna pour surnom Jernsida (flanc de fer), parce qu'il n'avait pas même été blessé dans le combat.

Ragnar rassembla en Danemark une nouvelle armée, et étendit son royaume vers l'est et l'Hellespont, en Russie et en Biarmie; mais pendant qu'il était, ainsi que ses fils, occupé à la conquête de ces pays lointains, Ubbo, son plus jeune fils, qui, au commencement de la campagne, était trop jeune pour porter les armes, se révolta contre son père en Gothie. La mère de cet Ubbo était la fille d'un simple citoyen, dans la maison duquel Ragnar s'était

introduit sous des habits de femme. Ubbo vénérait sa mère, parce qu'elle avait pris un roi pour amant, mais il méprisait son père qui n'avait pas rougi de descendre à l'amour d'une fille de basse condition. Battu par Ragnar en Gothie, il s'enfuit pour rassembler quelques troupes et attaquer de nouveau son père en Séelande. Son armée l'ayant abandonné pour prendre la fuite, il résista seul aux ennemis, et en tua un si grand nombre que leurs cadavres formaient autour de lui comme un bastion, d'où il se défendit pendant long-temps; enfin, il fut pris et tué, non sans avoir auparavant rompu les chaînes dont on l'avait chargé.

Ragnar était retourné en Russie, quand il en fut rappelé par de nouvelles révoltes qui éclatèrent en Norvège et en Suède, et dont nous épargnerons le récit à nos lecteurs. Harald, qui les avait suscitées, tenta encore la fortune avec le secours des Saxons, mais il fut battu et s'enfuit à Mayence près de Louis-le-Débonnaire. Devenu chrétien, il établit pendant quelque temps sa domination, ainsi que la religion chré tienne, dans la Jufie méridionale; mais Ragnar parvint à le chasser et à rétablir le paganisme.

Enfin Ragnar, dans une de ses excursions, fut fait prisonnier par Hella, roi d'Irlande, qui le fit jeter dans une fosse remplie de serpents, sous les morsures desquels il expira en chantant ses hauts faits. L'ancien chant que Ragnar est supposé avoir chanté dans la fosse aux serpents est parvenu jusqu'à nous, et sous beaucoup de rapports il s'accorde avec le récit de la chronique de Saxon le grammairien, dont nous venons de donner une analyse: il s'y trouve pourtant des faits intéressants que Saxon n'a pas recueillis et que d'autres traditions nous ont transmis. Nous en citerons un qui concerne particulièrement la Suède.

Après la mort de Thora, dit le chant dont nous venons de parler, Ragnar, fuyant l'amour des femmes, laissa le gouvernement de son pays à ses fils et s'en alla faire des conquê

tes. Un jour qu'il était avec sa flotte dans une baie de la Norvège, les serviteurs qu'il avait envoyés à terre pour faire du pain, lui apportèrent des pains brûlés. Le roi mécontent les réprimanda. Alors ceux-ci lui racontèrent qu'ils avaient vu une jeune fille, nommée Kraka; que c'était la plus belle de toutes les femmes, et que ses cheveux de soie descendaient jusqu'à terre. Ragnar en fit sa femme; mais lorsqu'elle lui eut donné quatre fils, il songea à la répudier pour épou» ser la fille d'Oesten, roi d'Upsala. Alors Kraka découvrit à Ragnar qu'elle était Aslang, la fille de Sigurd et de Brynhilda. Ragnar le crut, et fit la guerre à Oesten, qui, après bien des revers, finit par être battu, non par Ragnar, mais par ses fils. A Ragnar succéda en Suède Björn Jernsida.»

Ces traditions, plutôt historiques que mythiques, étaient autrefois trèsrépandues dans le Nord: naguère encore on les rencontrait chez les paysans de la Norvège, et même aujourd'hui on les retrouve souvent chez les habitants des îles Féröe. Elles furent pour le Nord ce que furent les traditions de Charlemagne pour la France, les Nibelungen pour l'Allemagne, Arthur pour la Grande-Bretagne. Elles prirent. naissance et se propagèrent à l'époque où le christianisme commença à remplacer le paganisme, et ne contribuèrent pas peu à faire oublier l'ancienne my-, thologie. On a vu que dans ces traditions l'histoire du Nord commence déja à se lier à celle des autres pays de l'Europe; bientôt nous allons voir des missionnaires venus de l'empire des Francs découvrir le Nord et le convertir; mais, avant de les suivre dans cette généreuse entreprise, nous dirons quelques mots sur la constitution politique des petits états dont se composait la Suède pendant l'époque païenne.

Ce qu'il importe surtout de se rappeler en jugeant la société barbare des peuples du Nord, c'est que l'édifice so cial et l'organisation politique étaient regardés comme l'œuvre des dieux. Presque jamais des troubles inté

rieurs ne changèrent la base des états; toute révolution occasionée par la conquête était accompagnée d'une révolution religieuse, car les conquérants apportaient presque toujours de nouveaux dieux aux vaincus; et c'est ainsi que l'introduction du christianisme fut précédée et suivie d'une révolution totale dans l'état.

Les premiers chefs étaient nommés Diar ou Drottnar, mot qui signifie dieu, maître, prêtre et juge. Othin, auquel les mythes attribuent les institutions sociales, rendait lui-même la justice accompagné de douze diars, comme le fit plus tard le roi d'Upsala. Le peuple s'assemblait trois fois par an pour les grands sacrifices, et l'endroit où cette solennité avait lieu était sacré. Participer aux mêmes sacrifices était pour les différentes tribus un signe de paix et de bonne intelligence. Dans ces assemblées périodiques, on terminait les contestations on délibérait sur les entreprises qui auraient lieu dans l'année, et l'on faisait le commerce d'échange. Le mot Ting, qui désigne ces assemblées, signifie tout à la fois sacrifice, repas, assemblée politique, tribunal et foire. Tout père de famille était le drottnar de sa maison; il y était souverain. Une infinité de petits rois ou princes remplissaient des fonctions analogues dans une plus ou moins grande étendue de pays.

Le roi d'Upland exerçait une sorte de suzeraineté sur la Suède, parce que dans son district se trouvait le temple d'Upsala (*), qui était le centre du culte; mais il n'était élu que par les Uplandais, et, comme tous les autres rois, il était pris dans la famille royale.

La suite du roi, les jarls ou comtes, formaient une sorte de noblesse, mais ils n'avaient aucun privilége sur les autres hommes libres, qui pouvaient devenir comtes en se faisant admettre parmi les compagnons du roi.

La principale attribution du roi consistait à offrir les sacrifices et à rendre

() Voyez, pl. VII, la restauration de ce temple d'après les traditions anciennes.

les dieux favorables. S'il survenait une disette ou quelque autre malheur public, on le chassait ou on l'iramolait pour apaiser le courroux des dieux.

La nation proprement dite était composée des propriétaires libres et nobles; l'esclave n'avait aucun droit, même dans l'autre vie. Il ne pouvait entrer dans le Walhalla, à moins qu'il ne fût mort en combattant près de son maître. Les Suédois les méprisaient tellement que c'est à peine s'ils daignaient accepter leurs services. Störkodder, dangereusement blessé dans une bataille, refusa les secours que lui offrait une esclave, et Eystein, roi d'’Upsala, ayant demandé aux habitants du Throndelag qui ils voulaient pour roi, de son esclave Faxe ou de son chien Sar, ils choisirent le chien. L'Upland abolit l'esclavage en 1295: dans les autres provinces de la Suède il ne disparut qu'en 1335.

Le peuple et l'armée étaient une seule et même chose, et la grande assemblée d'Upsala était appelée l'assemblée de toute l'armée aussi les rois d'Upsala cherchèrent-ils bientôt à étendre de plus en plus leur domination sur les autres rois. Ingjald Illrada mourut sans avoir pu réaliser cette tentative, bien qu'il eût fait assassiner plusieurs souverains; et en effet, indépendamment de la dynastie ywarienne, nous en retrouvons encore un grand nombre.

A la mort d'un souverain, tous ses fils prenaient le titre de roi (Sokongar, roi de la mer), et pour leur part de l'héritage on leur distribuait des armes et des navires. Ils rassemblaient alors des compagnons, ou champions, et allaient infester l'Europe; souvent ils revenaient avec leurs bandes, et portaient le trouble dans l'état, surtout aux derniers temps du paganisme; souvent aussi les souverains eux-mêmes partaient pour des expéditions lointaines, et, au retour, l'armée qu'ils s'étaient formée servait parfois d'instrument à leur despotisme.

Ces usurpations du pouvoir royal déterminèrent le peuple à créer des magistrats pour défendre ses intérêts. Les Lagmanner étaient dans les gran

des assemblées les chefs du peuple, des nobles et des paysans; car ces trois classes peuvent être considérées comme n'en ayant formé alors qu'une seule. Une fois que le pouvoir royal fut sorti du cercle de l'ancienne constitution, et qu'on lui crut des intérêts autres que ceux de la nation, il devint de plus en plus dangereux pour la liberté publique. Aussi, dans les colonies qui furent établies en Islande dans les derniers temps du paganisme, on se passa tout-à-fait de la royauté : le lagman y était le chef de l'état.

Le père étant le souverain de sa famille, il y exerçait le droit de vie et de mort, et, comme à Rome jusqu'au regne de Constantin, il pouvait à son gre reconnaître ou faire exposer ses enfants: la haine qu'il portait à la mère de l'enfant ou à ses parents, un rêve, un augure, suffisaient pour qu'il prononcat l'arrêt fatal. Cet usage, qui se retrouve chez beaucoup de peuples païens, même chez les plus civilisés, et qui existe encore en Chine, était autorisé par les lois en Islande. Il est tres-probable que dans l'origine c'était un sacrifice offert aux dieux, et la coutume que quelques peuples de l'Asie avaient de prostituer leurs filles dans les temples d'Astarté n'était peutêtre qu'un adoucissement de la loi religieuse. Dans le Nord, les missionnaires chrétiens employèrent toute leur influence pour abolir cet usage, mais ils n'y parvinrent que peu à peu. Les premières lois cléricales permettaient encore d'exposer les enfants qui n'étaient pas bien faits, et les Islandais, en embrassant le christianisme, se réservèrent le droit de faire de leurs enfants ce que bon leur semblerait, comme aussi de continuer à se nourrir de la chair du cheval.

La monogamie était de règle, mais les rois épousaient quelquefois plus d'une femme, et chaque citoyen pouvait avoir autant de concubines qu'il lui plaisait. Les fils légitimes, ou plutôt l'aîné seul, héritaient des biensfonds, mais les enfants naturels avaient aussi quelque part à l'héritage.

Les femmes n'étaient pas sans con2 Livraison. (SUÈDE.)

sidération dans l'intérieur de la famille, qu'elles gouvernaient pendant l'absence du mari. Comme les femmes des temps héroïques de la Grèce, elles s'occupaient à préparer des étoffes et des vêtements; de plus elles exerçaient la médecine et l'art divinatoire; souvent encore elles accompagnaient leurs époux et leurs parents dans les combats. Il y avait aussi dans les armées des vierges aux boucliers, consacrées à Othin, qui ne pouvaient se marier, et dont l'amour était funeste. Les femmes ne furent jamais enfermées dans un harem ou dans un gynécée; elles jouissaient d'une entière liberté, et ni dans l'histoire ni dans les mythes il n'est jamais fait mention d'adultère. Les filles des rois étaient bien quelquefois gardées dans des tours, que la fable suppose entourées de dragons et de serpents, mais c'était uniquement une précaution pour empêcher qu'elles ne fussent enlevées; car le désir de s'unir à une femme de haute condition, ou au moins d'une condition égale, a toujours été trèsvif chez ces peuples; et même encore aujourd'hui les lois punissent sévèrement quiconque enlève une femme d'une condition plus élevée que la sienne, et cela seul prouve l'existence du désir.

Le divorce était permis, même à la femme: souvent elle quittait son mari, parce que les concubines de celui-ci avaient trop d'autorité; souvent aussi, quand elle était vieille ou malade, elle rendait à son mari les clefs de la maison, et le quittait à l'amiable. La femme qu'on avait obtenue de ses parents, moyennant des dons, était plus honorée que celle qui avait été ravie ou enlevée.

Après le métier de guerrier, celui du barde, qui chantait les hauts faits des héros, et celui du forgeron, qui fabriquait leurs armes, étaient le plus estimés. L'humeur guerrière du peuple était entretenue, non seulement par les traditions mythologiques, mais aussi par des circonstances extérieures. Othin ne voyait pas de bon œil ceux qui arrivaient pauvres dans le Wal

2

[ocr errors]

mencèrent. Les traditions, soit verbales, soit écrites, recueillies en Islande, nous apprennent fort peu de choses sur l'état intérieur du pays et sur ses relations avec l'Orient: nous devons même ce qu'elles nous ont conservé sur les Ynglinges, à cette seule circonstance qu'Harald Harfagri, fameux chef norvégien, à la cour duquel beaucoup de bardes s'étaient réunis, prétendait descendre des Ynglinges qui, comme nous venons de le dire, s'étaient réfugiés en Norvège.

Le royaume de Suède est encore aujourd'hui séparé en trois grandes provinces celle du Nord, dans les temps dont nous parlons, était encore occupée par les Lapons et les Finnois, et fort peu cultivée; au sud se trouvé la province de Gothie, séparée de la Suède proprement dite par les monts Kolmarden. Aujourd'hui les Goths, les Suédois, ne forment plus qu'un seul et même peuple, et la langue des uns et des autres n'offre plus d'autre différence que celle qui existe partout de province à province; mais il paraît qu'autrefois ces deux contrées étaient habitées par deux peuples bien distincts, quoique tous deux fussent venus de l'Asie et eussent la même origine. Tout porte à croire que ce furent les Goths qui arrivèrent les premiers; mais c'était chez les Suédois qu'existait la royauté suzeraine, et ils devaient cet avantage au grand temple d'Upsala. Du reste, la séparation des deux pays était telle que les traditions inglinges ne comprennent même pas la Gothie dans l'empire d'Othin et de ses succes

seurs.

Iwar Widfamne réunit sous sa domination, non seulement la Suède et la Gothie, mais encore le Danemark, une partie de l'Angleterre et tout le littoral de la Baltique. Sa fille And, qui avait été mariée au roi de Danemark, se voyant menacée par son père après la mort de son mari, s'enfuit en Russie avec son jeane fils Haruld, et le roi des Russes, Radbard, devint son second époux. Alors Iwar rassembla des forces immenses pour aller attaquer Radbard; mais en arrivant

avec sa flotte dans le golfe de Carélie, il eut un songe, qu'il désira se faire expliquer par le vieil Hordr, son père nourricier: celui-ci refusa de se rendre sur la flotte, et se tenant sur un promontoire, s'entretint ainsi avec le roi resté sur son navire. Il lui annonça que les dieux étaient irrités contre lui, que son royaume serait bientôt démembré, et qu'il ne transmettrait sa couronne à aucun des siens. Iwar courroucé répond de dures paroles au prophète, et la dispute anime tellement les deux vieillards qu'ils s'élancent l'un sur l'autre et sont tous deux engloutis par la mer.

L'expédition contre la Russie finit avec la mort d'Iwar. Radbard donna des hommes et des navires à Harald, son beau-fils, qui fut reconnu pour roi par les Séelandais et par les habitants de la Scanie. De là Harald alla soumettre la Suède et la Jutie. Il était grand guerrier, un charme magique le rendait invulnérable, et il dut à sa valeur le surnom de Hildetand (dent de guerre). Devenu vieux, il donna la Suède et l'Ostrogothie à Sigurd Ring, fils de son beau-frère Randwer et d'une princesse norvégienne; mais bientôt une guerre s'alluma entre Sigurd et Harald.

Othin, sous la forme de Bruno, conseiller qui avait la confiance des deux adversaires, envenimait leur haine mutuelle. Harald était déja si âgé que la vie lui était devenue à charge. Il préféra la mort dans les combats à une mort naturelle, et désira partir pour le Walhalla en compagnie d'un grand nombre de braves; il fit donc dire à Sigurd de se préparer à la guerre. Sigurd rassembla plus de 2,500 navires, les navires de Harald couvraient le Sund, et formaient comme un pont qui réunissait la Séelande à la Scanie. La bataille fut livrée en Ostrogothie, dans une plaine qui reçut le nom de Bravalla-hed (*): elle fut si acharnée

(*) Voyez, pl. VI, la représentation des pierres tumulaires qui se trouvent aujour d'hui encore sur l'emplacement de ce champ de bataille.

« PreviousContinue »