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HISTOIRE PARLEMENTAIRE DE LA RÉVOLUTION FRANÇAISE.

HISTOIRE

DE L'ASSEMBLÉE

CONSTITUANTE

PRÉCÉDÉE D'UNE

Histoire abrégée des Français depuis l'établissement de
la nationalité française jusqu'en 1789,

PAR

P. J. B. BUCHEZ

DEUXIÈME ÉDITION

Revue, corrigée et entièrement remaniée par l'auteur

EN COLLABORATION AVEC

MM. JULES BASTIDE, E. S. DE BOIS-LE-COMTE ET A. OTT.

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J. HETZEL, ÉDITEUR,

RUE RICHELIEU, 76. RUE DE MÉNARS, 10.

ET CHEZ CHARPENTIER, LIBRAIRE, 17, RUE DE LILLE.

1846

HISTOIRE PARLEMENTAIRE

DE LA

RÉVOLUTION FRANÇAISE.

PREMIÈRE PARTIE.

LIVRE XVII.

L'ASSEMBLÉE, PARIS ET LES DÉPARTEMENTS DU 1er AVRIL
AU 21 JUIN 1791.

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presse. Histoire des relations de Mirabeau avec la cour.

A l'époque où nous sommes parvenus, les constitutionnels croyaient déjà apercevoir le moment où la révolution serait achevée et consolidée; ils croyaient presque y toucher. La nouvelle administration était établie et se montrait généralement dévouée au rétablissement de l'ordre. Un nouveau clergé, plein de zèle pour la révolution, venait de remplacer l'ancien, dont on craignait l'esprit aristocratique. Les tribunaux étaient organisés. Le système constitutionnel était en un mot réalisé, il ne restait plus qu'à achever la nouvelle législation et à ramener les habitudes d'ordre et de calme que deux années d'incertitudes et d'agitation avaient troub ées; c'est à quoi l'assemblée et les nouvelles autorités travaillaient activement.

Les espérances des constitutionnels n'étaient pas dénuées de tout fondement. Les émeutes, quoique fréquentes encore, l'étaient moins qu'auparavant ; elles étaient surtout moins fortes, moins durables et plus faciles à dissiper. Nous verrons même, dans la suite

TOME V.

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de ce volume, que le travail tendait à reprendre cette activité qui est le signe le plus évident de la sécurité des esprits et de la confiance dans l'avenir.

Cet état des choses paraissait aussi éminemment favorable aux projets que la cour avait conçus. Il lui rendait la liberté d'action et servait admirablement ses plans, soit qu'elle consentît à suivre celui de Mirabeau, soit qu'elle persistât dans celui qu'elle avait formé avec Bouillé. Ce fut dans ces circonstances que survint la mort de Mirabeau.

C'était pour la cour surtout que cet événement était regrettable, et il a été généralement considéré comme un malheur irréparable pour elle. Les faits cependant ne semblent pas confirmer cette opinion. Une tentative du genre de celle qu'il méditait, devait inévitablement amener une réaction révolutionnaire terrible, une réaction pareille à celle qui suivit le voyage de Varennes, et, pour la cour, il eût mieux valu que le projet de ce tribun hardi eût été enseveli avec lui dans le tombeau. Quoi qu'il en soit, elle ne fut pas seule frappée de cette perte. Malgré les bruits qui avaient couru, on voyait encore en Mirabeau un des plus fermes soutiens de la révolution. Sa mort fut un deuil public. Il est peu d'hommes dont la perte ait été accompagnée de tels et de si universels regrets.

SEANCE DU 2 AVRIL. M. le président. J'ai en ce moment une fonction bien douloureuse à remplir... (Un murmure sourd se ré– pand successivement dans toutes les parties de la salle; on entend ces mots, plusieurs fois répétés : Ah! il est mort.) Je dois vous annoncer la perte prématurée que vous venez de faire de M. Mirabeau l'aîné;... il est mort ce matin à huit heures et demie. Je ne vous rappellerai pas les applaudissements que vous avez donnés si fréquemment à ses talents; il a des titres bien plus grands à nos regrets et aux larmes que nous versons sur sa tombe. (Un morne silence règne dans toute l'assemblée.)

M. Barrère. Mirabeau est mort. Les grands services qu'il a rendlus à sa patrie et à l'humanité sont connus. Les regrets publics éclatent de toutes parts; l'assemblée nationale ne témoignera-t-elle pas aussi les siens d'une manière solennelle? Ce n'est pas sur les bords de la tombe qui vient de s'ouvrir que je réclamerai de vaines distinctions; c'est à l'opinion publique, c'est à la postérité à lui assigner la place honorable qu'il a méritée, c'est à ses collègues à consigner leurs justes regrets dans le monument authentique de feurs travaux. Je demande que l'assemblée déposé dans le procèsverbal de ce jour funèbre le témoignage des regrets qu'elle donne à

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