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DES

DEUX MONDES,

JOURNAL DES VOYAGES,

DE L'HISTOIRE, DE LA PHILOSOPHIE, DE LA LITTÉRATURE,
DES SCIENCES ET DES ARTS,

CHEZ LES DIFFÉRENS PEUPLES DU GLOBE;

Par une Société de Savans,

DE VOYAGEURS ET DE LITTÉRATEURS FRANÇAIS ET ÉTRANGERS.

Qui mores hominum multorum vidit et urbes,

II SÉRIE. - TOME IV.-OCTOBRE-NOVEMBRE 1830.

PARIS,

AU BUREAU, RUE DES BEAUX-ARTS, N° 6.

1830.

DES

DEUX MONDES.

Voyages.

L'ILE DE L'ASCENSION

EN 1829.

( INÉDIT. )

On trouvera, dans tous les Dictionnaires de géographie, par qui fut découverte cette petite île bien connue, devant laquelle passent presque tous les navires qui reviennent du Cap de BonneEspérance ou de l'Inde. Cependant ce n'est que dans ces derniers temps que sa position géographique fut déterminée avec précision par la corvette la Coquille

I

Voyez l'Atlas de M. le capitaine Duperré, qui fixe le

TOME IV.

I

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Cette ile, jadis déserte, commence à offrir un coup-d'œil intéressant pour l'observateur, et devient une preuve de ce que peut un bon système administratif suivi avec constance dans ces lieux qui semblent le moins propres à être habités.

que

En effet, après être débarqué et avoir franchi une grande plage de sable blanc, on ne voit, tant la vue peut s'étendre, qu'un sol volcanique, rougeâtre, entrecoupé de plaines et de hauts pitons, sur lequel un naturaliste seul peut trouver des traces de végétation. Partout on ne marche que sur des laves ou des tas de scories, qui, dans les plaines, présentent cela de particulier qu'elles forment des élévations irrégulières, comme si on s'était plu à les relever pour cultiver leurs intervalles composés d'une terre-meuble et rougeâtre. La montagne la plus élevée est à peu près placée au milieu de l'île. Les nuages qu'elle attire et fixe à son sommet y ont décomposé les substances volcaniques et produit une bonne terre, seul point où la végétation ait commencé à s'établir. C'est de ce lieu qu'on embrasse parfaitement l'ensemble géologique de l'île, et qu'on voit que tous ces pitons, plus ou moins élevés, furent des centres d'action, lorsque cette terre était dans une conflagration générale. Plusieurs d'entre eux ont encore leur sommet découpé en cratère plus ou moins bien conservé. Un, entre autres, présente un ac

mouillage de Sandy-Bay, d'après les calculs de M. Lottin, officier de marine, par 7° 55' 9" 8 de latitude sud, et 16° 44' 25" 7 de longitude occidentale.

cident fort remarquable. Vu de haut, ses bords parfaitement arrondis ressemblent à la place d'un vaste manége qui aurait été nouvellement foulé; on y aperçoit jusqu'à la différence des lignes concentriques. La disposition de ce cratère, qui n'a que très-peu de profondeur, est certainement due à ce qu'il a autrefois contenu des eaux pluviales qui se seront peu à peu évaporées en laissant les traces que nous indiquons. Les Anglais donnent à ce lieu le nom de Cirque du Diable. Une personne instruite qui l'a visité m'a dit que, lorsqu'on était dedans, on ne pouvait plus apercevoir la régularité de son ensemble par la grandeur des reliefs.

De cette hauteur encore on se rend parfaitement compte de cette apparence de tas de scories relevées. C'est qu'après qu'elles furent formées, les irruptions qui survinrent furent des cendres qui remplirent tous les vallons, les égalisèrent en forme de plaines, et ne laissèrent que les sommités des scories apparentes. Tout le sommet du piton central, une partie même de ses flancs, ne se composent que de ces cendres agglomérées en morceaux de la grosseur du doigt et contenant des scories légères, des ponces et de petites obsidiennes : c'est ce que les Italiens nomment rapillo. On creuse avec la plus grande facilité, au milieu de ces masses, des chemins, des excavations où les habitans se logent momentanément. Dans les coupures pratiquées à cet effet, on remarque des teintes diverses, toujours dans le brun ou le noir, et quelquefois des veines d'obsidienne de quelques

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