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S'il

trouvant ridicule qu'on ne fit toujours que côtoyer les rivages de trois parties d'un monde connu, annonça qu'il était résolu de s'élancer, au péril de sa vie, à travers l'immense Océan. Nouvelle surprise! nouvelle incrédulité ! murmures ironiques ! Il ne partira pas! part, les vagues deviendront son tombeau. Il partit, et après avoir découvert ou plutôt créé un quatrième monde, il revint dans sa patrie: mais de son vaisseau, semblable à la boîte de Pandore, on vit sortir, avec de l'or et des épices, de terribles maladies contagieuses qui envahirent bientôt tout l'univers.

Maintenant, jeune homme, dis-moi de quel nom il faut appeler le siècle où nous vivons, et conviens avec moi que jusqu'ici tout est allé de mal en pis.

Ne dois-je donc pas trembler aujourd'hui quand je vois un téméraire offrir de nouveaux alimens à l'activité déjà si grande de l'esprit humain?.......

(Traduit de KOTZEBUE par P. HIMLY.)

CORRESPONDANCE,

VARIÉTÉS, NOUVELLES.

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TOME IV.

ET

VARIÉTÉS.

LETTRE

SUR LA PERSECUTION

DE LA

Famille des Douz-Oglou,

EN 1819.

A LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE DE PARIS.

MESSIEURS,

Admis aujourd'hui, pour la première fois, dans le lieu des savantes réunions dont vous avez bien voulu m'appeler à faire partie dès 1822, je ne veux pas mettre en oubli un des plus anciens usages de l'Orient où j'ai fait un assez long séjour, ni paraître au milieu de vous, sans vous offrir ce que les Levantins appellent une simple fleur (sade gul), moins encore, une feuille verte (yièchil yaprak). L'hommage que je suis

chargé de vous offrir n'est cependant pas à comparer à une chose aussi légère et d'aussi peu de durée. Vous trouverez en effet dans ce présent, Messieurs, la preuve qu'une nation, intéressante à beaucoup d'égards, et dont la littérature mérite d'être mieux connue en Europe, ne cesse de faire de louables efforts pour étendre le cercle de ses connaissances, et un témoignage remarquable de ses progrès, que fomente et soutient la belle congrégation à la fois religieuse et littéraire de Saint-Lazare de Venise.

Placée sous la protection toute spéciale de S. M. l'empereur d'Autriche, cette savante congrégation catholique arménienne, à l'exemple des Bénédictins, ses devanciers en chrétienté, possède une riche imprimerie dont les travaux ont répandu, depuis soixante-quinze ans, tant de lumières parmi le peuple asiatique où elle se recrute, et qu'elle se fait un devoir d'instruire et d'éclairer. Mais elle n'est pas la seule à s'en occuper, et il existe encore à Constantinople, outre celle du patriarche, une presse en état de produire un ouvrage aussi soigné et aussi beau que celui qui vous est présenté. L'éditeur vient de résoudre enfin assez heureusement le problème que les savans anglais du fort Williams de Calcutta et les effendis d'Istambol ont aussi tenté, mais avec moins de succès: je veux parler de la création d'un corps bien calculé du caractère persan nommé taalik, dont le type a été gravé et fondu sous les yeux et par les soins de M. le chevalier Jacques Douz-Oglou (Amyra Agob-Douzian), chef actuel de l'illustre et infortunée famille de ce nom, qui fut frappée, en 1819, d'une disgrâce presque sans exemple, même dans les annales ottomanes. De puissantes intrigues, trop habilement dirigées par des hommes qui, deux ou trois ans après, ont été renversés à leur tour, parvinrent à anéantir une fortune qui était le fruit de cent cinquante ans de travaux héréditaires : phénomène bien nouveau dans une cour despotique comme celle du Grand-Seigneur. Mais, non contens de piller et de dévorer de si grandes richesses, les ennemis de cette maison ca

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