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Troupes régulières. Le 21 novembre, les deux bataillons de troupes régulières, commandés par Hadgi Chakirbey, ont fait l'exercice à feu à l'emplacement de la Pointe. Trois tentes avaient été dressées sur l'un des tertres qui entourent la place, afin que les autorités turques et européennes pussent assister aux exercices. Dans l'une était S. Exc. Omer Lufti, gouverneur de Smyrne, en compagnie du mollah; dans l'autre se trouvaient son beaufils, Masloum bey, et les ayans (notables municipaux) de la ville. La troisième était réservée aux dames européennes. Les consuls, commandans et officiers des stations navales, ainsi que plusieurs négocians, étaient réunis dans la tente du gouverneur, où des places avaient été préparées pour eux. Ils ont ensuite visité dans sa tente le beau-fils de S. Exc.

Les exercices ont commencé à dix heures du matin, et se sont prolongés jusqu'à deux heures de l'après-midi. Les feux ont été exécutés de la manière la plus satisfaisante pour de jeunes soldats. En résultat, il est facile de reconnaître dans ces troupes des progrès journaliers, parmi lesquels on peut signaler ceux dans la tenue des hommes. C'est en général la partie la plus négligée de l'organisation militaire des Turcs. Ces jeunes recrues feront honneur au colonel chargé de leur instruction et aux officiers sous ses ordres.

Une foule considérable s'était rendue à cette revue, qui a été favorisée du plus beau temps. L'infatigable Hadgi bey, accompagné de trente à quarante hommes, gardait, en sa qualité de chef de police, le terrein des manœuvres. Ces soins ne l'ont pas empêché de veiller, avec une certaine galanterie, à ce que les dames arrivées plus tard pussent traverser la foule et se placer dans les tentes.

DARDANELLES.

Féte en l'honneur de Louis-Philippe Ier.-On écrit des Dardanelles en date du 4 novembre : M. Outrey, consul de France en cette résidence, qui avait

déjà montré son zèle le 15 septembre, en obtenant pour les couleurs nationales françaises une salve de vingt-un coups de canon tirés de la forteresse, qui arbora en même temps le pavillon ottoman, vient de donner une fête qui fera époque dans les fastes de cette résidence silencieuse. Cette fête, projetée depuis long-temps, n'a pu avoir lieu que le 2 de ce mois, la maison consulaire ayant été, jusqu'à cette époque, en état de réparation.

A défaut de nationaux, M. Outrey avait invité à un dîner les consuls d'Angleterre, d'Autriche, de Sardaigne, de Hollande, leurs familles et tous les Européens qui se trouvaient dans le pays. Le consul de Russie ne put s'y trouver, n'ayant pas encore reçu les ordres qu'il attendait de son ambassade.

La salle destinée au repas était entièrement garnie de draperies. Des guirlandes de laurier, de myrte, d'olivier, en décoraient toute la partie supérieure, et offraient le triple symbole de la sagesse des Français, de la gloire du prince et de l'amour de ses sujets pour lui. Dans le fond de la salle, au-dessus de deux colonnes de laurier, brillait un transparent sur lequel M. Outrey avait gravé à la main :

A LOUIS-PHILIPPE I", ROI DES FRANÇAIS.

Ce roi que notre amour sur le trône a porté,
Au bonheur de son peuple asservit sa puissance;
De ses hautes vertus l'univers enchanté
Admire avec respect la première alliance

Du sceptre et de la liberté.

Au-dessus de ce transparent, deux flèches dorées soutenaient deux énormes drapeaux tricolores qui retombaient en festons.

Le dîner, qui fut splendide, commença à six heures, et dura jusqu'à neuf. Au dessert, après avoir porté le premier toast au roi des Français, le consul de France porta le second « au roi d'Angleterre, qui, le premier, a reconnu le nouveau roi des Français, et à la continuation de la bonne

harmonie entre les deux nations.» Le consul d'Angleterre a répondu : «< Je suis bien sensible à l'hommage que vous rendez à mon souverain; la bonne intelligence entre nos deux pays n'est pas seulement le vœu de nos cœurs, elle est garantie par les bons sentimens que mes compatriotes professent pour le peuple français.» On a porté divers autres

toasts.

Un bal a terminé cette fête, dans laquelle a constamment régné la gaieté la mieux sentie.

S. Exc. Hadgi Ali pacha, dont l'inclination pour les Européens est bien constatée par l'accueil hospitalier que les voyageurs reçoivent dans tout son district, avait aussi voulu honorer cette fête, en faisant allumer de nombreux mashallahs (feux de résine) devant la porte de la maison consulaire.

AFRIQUE.

ÉGYPTE.

Innovations hardies du vice-roi. Voici quelques renseignemens fort curieux qu'on trouve dans les cinquante premiers numéros du journal officiel '.

1. Mohammed-Aly a ordonné l'introduction en Égypte du système de comptabilité usité en Europe, c'est-à-dire en partie double. Depuis 1829, les fonctions des receveurs et des employés des finances ne sont plus accordées qu'aux Egyptiens indigènes, tandis qu'auparavant on les confiait à des Juifs, à des Grecs et à des Turcs renégats.

2. Dans l'intérieur de la citadelle du Caire, la comptabilité de l'administration publique a été mise en activité. Les frais d'établissement et d'installation se sont élevés à 200,000 liv. ital.

3. Une école d'administration publique pratique a été

Voyez Revue des Deux Mondes, janvier 1830. 114

ouverte au Caire. Les préfets et vice-préfets y seront choisis; on y enseignera l'agriculture et la statistique agraire des provinces de l'Égypte.

4. Le dix-huitième jour du ramazan de l'année 1829, ère chrétienne, l'ingénieur anglais Gallois a fait un essai de l'éclairage par le gaz, dans le jardin du Caire, par ordre du vice-roi.

Le conseil d'état a aboli la peine de mort pour toute l'Égypte, en la maintenant cependant pour les délits politiques.

Pour les délits ordinaires, la peine de mort est remplacée par celle des travaux forcés à temps ou à perpétuité suivant les circonstances plus ou moins aggravantes".

Quelques numéros du journal renferment une indication des prix de toutes les marchandises qui sont arrivées à Alexandrie. Le numéro 46 contient un rapport très-intéressant sur l'arsenal d'Alexandrie. Cet arsenal est maintenant organisé entièrement sur le modèle des arsenaux de la France.

Il est facile de voir par ce qui précède que le vice- roi d'Egypte ne manque ni de l'énergie, ni de la résolution nécessaires pour introduire des améliorations de tout genre dans son pays. Malheureusement les efforts de MohammedAly ne paraissent appuyés ni par la majorité du peuple, ni même par ses partisans les plus dévoués.

Fête en l'honneur de

ALEXANDRIE (14 octobre). Louis-Philippe Ier. - Le consul de France, M. Mimaut, à l'occasion des mémorables événemens qui viennent de changer si heureusement la face de la France, a réuni dans un somptueux banquet les Français qui habitent Alexandrie. A

' Voilà un fait extrêmement remarquable que nous livrons aux réflexions de nos lecteurs, au moment où cette grande question s'agite en France.

TOME IV.

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la suite d'un discours remarquable et digne en tout des sentimens honorables et du rare talent qu'on connaît à ce digne magistrat, il a porté un toast à Louis-Philippe Ier. Une salve de vingt-une boîtes a répondu à ce toast, et tous les bâtimens du commerce français mouillés sur rade ont répété ce salut. De nombreux toasts respirant tous le plus pur amour de la patrie, de la liberté et de l'ordre, ont été portés par les assistans et accueillis par de vives acclamations. Pendant le banquet, la musique du régiment arabe en garnison à Alexandrie, qui avait été envoyée par le colonel, a exécuté, dans la cour de l'hôtel consulaire, plusieurs morceaux, entre autres le fameux air: Allons enfans de la patrie.

M. Mimaut, n'ayant point de local assez vaste pour réunir tous les Français chez lui, a dû se borner à inviter les plus âgés et les chefs de maison au nombre de trente-deux. Les jeunes gens se sont assemblés dans un jardin voisin de la ville, et ont aussi, de leur côté, célébré dans un magnifique banquet, où la joie et la cordialité n'ont cessé de régner, l'époque de la régénération de la France.

Les deux salles étaient élégamment décorées de fleurs, de draperies et de drapeaux tricolores.

Après le dîner, M. Mimaut et ses convives sont allés rejoindre les jeunes gens; et, après avoir quelques instans confondu leur gaîté, les deux sociétés sont rentrées en ville, ayant à leur tête la musique militaire, et parées l'une et l'autre des couleurs nationales.

Aucun désordre, aucun excès n'a troublé cette fête brillante, qui offrait l'image la plus parfaite d'une réunion de famille, présidée par un père chéri, et dont on conservera long-temps le souvenir sur cette échelle.

ASIE.

INDES ORIENTALES. Bateaux à vapeur. Nous avons déjà parlé du projet formé par M. Taylor, d'établir, au moyen de bâtimens à vapeur, des communications entre

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