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I. DOCUMENS ORIGINAUX,

ANALYSES, ETC.

DES

DEUX MONDES.

Voyages.

VISITE

A LA

PRISON PÉNITENTIAIRE DE GENÈVE,

PAR M. LE COMTE RENÉ DE bouillé.

(Inédit.)

Parmi les pensées généreuses dont le caractère du siècle où nous vivons favorise le noble essor, aucune peut-être n'a été généralement mieux comprise et mieux accueillie que celle qui s'atta

chant au sort des coupables condamnés les suit dans leur captivité, préside à l'emploi de leur temps, encourage leur industrie, dirige leur instruction, et tend continuellement vers le but de leur régénération morale. Nulle part aussi cette pensée n'a reçu une application plus complète et mieux entendue que dans une petite république, notre proche voisine.

La ville de Genève renferme une prison pénitentiaire, proportionnée à l'étendue et à la population du canton dont elle est le chef-lieu 1, qui mé— rite d'être observée avec intérêt, et qui peut servir de modèle à des états plus considérables.

L'établissement, le régime physique, la direction morale y sont combinés dans une harmonie parfaite, de sorte que, soumis sans rigueur à une vie régulière et laborieuse, les détenus puissent contracter une habitude d'occupation et de bonne conduite, qui les mette à même de jouir pleinement du bienfait de la liberté quand elle leur sera rendue, et qui leur assure alors les moyens de subvenir honnêtement à leur existence.

Situé à l'angle d'un bastion, sur le bord du lac, près de la porte méridionale de la ville, et dans la position la plus saine et la mieux aérée, le bâtiment qu'occupe la prison n'est point un ancien édifice

Le canton de Genève a quatre milles et demi carrés d'étendue et 41,500 habitans. (Voy. Abriss der Erdbeschreibungund stantskunde der Schueiz von Gerold von Knonau; Zurich 1824.)

dont on ait voulu tirer parti en l'employant à cet usage; il a été construit exprès, depuis peu d'années, par suite d'une résolution du conseil représentatif du canton, prise en 1822, et sur un plan choisi au concours.

Sa forme générale est semi-circulaire. Il est entouré par une double enceinte de murailles hautes d'environ seize pieds, séparées par un chemin de ronde de huit pieds de largeur, dans lequel des chiens de garde sont lâchés pendant la nuit.

Le point central est occupé par un corps de logis où se trouvent, au-dessous du sol, les cuisines; au rez-de-chaussée, la salle de surveillance qui sert de bureau au directeur; au premier étage, le logement de ce directeur; au second, la chapelle et l'infirmerie, et plus haut encore des greniers ou magasins.

Deux autres bâtimens, formant rayons, partent de celui-ci et s'étendent jusqu'à la première enceinte. Chacun d'eux est divisé, du haut en bas, en deux quartiers par un gros mur. L'espace vide qui se trouve entre eux est également partagé, et deux autres portions de terrain restant encore comprises entre les rayons et le diamètre, chacun de ces quatre quartiers distincts a ainsi sa cour particulière.

Le rez-de-chaussée de ces deux bâtimens est consacré à quatre ateliers, qui sont divisés par une grille en deux parties inégales, dont la plus petite forme réfectoire et communique par une porte avec la cour du quartier; au premier étage se

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