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donner au Danemarck le système d'enseignement élémentaire le plus sage et le mieux ordonné qui soit en Europe.

Etat intellectuel.-Ce coup d'œil sur la situation actuelle de l'instruction publique en Danemarck soulève nécessairement une grave question : quels sont les résultats positifs de ce mouvement? l'impulsion donnée par les universités et les écoles se communique-t-elle à toutes les classes de la nation, et l'amour de la science passe-t-il des écoles dans la société?

La solution de ce problème se trouve dans l'énumération des produits récens de la littérature danoise; et nous nous servons de ce terme, parce que nous ne prétendons aucunement apprécier le mérite de ces travaux divers. Le génie d'un écrivain ou l'éclat d'une branche quelconque de littérature ne peuvent être la mesure du mouvement scientifique dans un pays; le génie s'inspire de toute chose et croît, au milieu du désordre et des ruines, comme une plante solitaire; mais là seulement où il y a développement uniforme des intelligences et instruction universelle, les études sérieuses prospèrent et les livres utiles naissent en foule. Ainsi, Shakespeare surgira dans l'Angleterre barbare; mais Hume, Robertson, Priestley, Dugald Stewart, ne prendront la plume que dans l'Angleterre savante et policée du dix-huitième siècle. C'est donc le nombre des ouvrages produits plutôt que leur qualité; c'est surtout leur objet et la direction générale des esprits chez un peuple, qu'il

faut constater, pour en induire d'une manière certaine à quel degré de la hiérarchie intellectuelle ce peuple a droit d'être placé.

Si nous appliquons cette règle au Danemarck, nous verrons ce royaume suivre d'un pas égal les autres états du nord dans la voie de la science et du perfectionnement de la raison humaine. Toutes les branches des connaissances sont cultivées par des écrivains laborieux et habiles, et ici nous pourrions citer plus d'un nom dont la science s'honore MM. OEhlenschleger pour la poésie, Schlegel, Kollerop-Rosenwinge pour la jurisprudence, C. OErsted pour les sciences naturelles, etc. La météorologie entr'autres a été l'objet de précieux travaux de la part de M. Schaur, la sculpture moderne doit à M. Thorwaldsen une partie de ses plus beaux monumens, et M. le chevalier Brondstedt reconstruisant le Parthénon et relevant, pour ainsi dire, les ruines d'Athènes à force d'application et d'études, publie aujourd'hui en français et en allemand un ouvrage qui éclaire l'art antique d'une lumière nouvelle et met à nu ses procédés, ses merveilles et le secret de ses enchantemens. La curiosité publique s'intéresse vivement à ces travaux, et récemment un ouvrage de M. d'Abrahamson sur l'enseignement mutuel a trouvé plus desouscripteurs dans le petit royaume de Danemarck que l'Histoire nationale de Karamsin dans tout l'empire de Russie.

Une foule d'associations savantes secondent ce mouvement. On distingue, à Copenhague, l'Aca

démie des sciences; elle se divise, comme l'Institut de France, en plusieurs sections: celles des sciences mathématiques, de la philosophie, de la philologie et de l'histoire. Ses publications se font indifféremment en latin ou en danois. Viennent. ensuite les sociétés de littérature scandinave, d'archéologie et des sciences physiques. Les provinces suivent cet exemple, et l'établissement de bibliothèques nombreuses dans chaque évêché a donné naissance à des sociétés semblables. Presque toutes ont des journaux ou recueils ordinairement mensuels, où elles déposent le fruit de leurs travaux; d'autres revues sont indépendantes des académies, et consacrées à la critique scientifique ou littéraire: telles sont, à Copenhague, le Journal de littérature, celui de médecine et de sciences naturelles, le Mémoire mensuel de littérature, puis une ancienne publication, célèbre depuis quarante ans dans le Nord, et appelée Minerva. Dans les provinces, on distingue surtout les journaux mensuels d'Odensée en Fionie, et d'Aarhus dans le Jutland. Ces recueils ne sont soumis, de la part du gouvernement, à aucune censure préalable, et répondent seulement de leurs doctrines devant la loi.

Nous n'ajouterons plus qu'un trait à ce tableau : en Danemarck, il n'y a guère aujourd'hui de jeune homme, âgé de quatorze ou quinze ans, qui ne sache lire et écrire, et le petit nombre de retardataires est l'objet de la raillerie universelle. Si nous rapprochons cette observation du spectacle qui se passe en France sous nos yeux, quel triste sujet

TOME III.

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de comparaison! Un gouvernement absolu, tempéré par un heureux accident, la bonté du monarque actuel, met tous ses soins à propager, avec une sollicitude paternelle, l'instruction populaire. En France, sous l'empire d'une constitution qui proclame l'admissibilité de tous les citoyens aux emplois publics, l'enseignement élémentaire est négligé un jour, le lendemain repoussé, proscrit : il est des départemens où, sur la longue liste des jeunes gens appelés au tirage annuel, on en rencontre à peine quelques-uns qui sachent lire; dans d'autres communes, cette même ignorance oppose un obstacle presque insurmontable au choix d'un maire ; et c'est là ce qu'on nomme assurer le maintien du bon ordre, et travailler au progrès de la moralité publique1.

D'HER....

' Il est sans doute inutile d'avertir nos lecteurs que cet article nous avait été communiqué avant les événemens de juillet 1830.

Géographie.

CONSIDÉRATIONS CRITIQUES

. SUR

LA GEOGRAPHIE POSITIVE

DE

L'AFRIQUE INTÉRIEURE OCCIDENTALE,

ET ANALYSE COMPARÉE DU VOYAGE DE CAILLIE A TEN-BOKTOUE ET DES AUTRES ITINÉRAIRES CONNUS.

( Deuxième article. )

II. VOYAGES A TEN-BOKTOUE PAR LA NIGritie.

«La géographie des pays peu connus, dit M. Walc»kenaer dans ses doctes Recherches sur l'intérieur » de l'Afrique septentrionale, ferait plus de pro

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