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trouvent quatre rangs de sept cellules bien éclairées, fermées séparément, et donnant sur un corridor également fermé à ses deux extrémités; enfin un pareil nombre de cellules occupe le second étage.

De la salle de surveillance placée au centre, le directeur peut continuellement, au moyen de petits guichets grillagés, observer les quatre ateliers, les quatre cours, et par conséquent la conduite de chaque détenu, sans être aperçu lui-même.

Au premier et au second étages, à l'extrémité et en dehors de chaque corridor de cellules du côté du centre, se trouve une chambre dans laquelle couche le chef d'atelier, et d'où, au moyen de tuyaux établis à cet effet, on peut communiquer de la voix avec l'appartement du directeur.

Un des principaux avantages de cette forme de construction consiste dans la facilité qu'elle procure de se porter avec promptitude du centre, où réside l'administration et d'où part la surveil lance, sur les points les plus éloignés de la prison.

Les détenus sont invariablement répartis en quatre classes, totalement séparées et continuellement invisibles même les unes pour les autres, savoir: deux quartiers criminels, où sont renfermés les condamnés aux travaux forcés ou à la réclusion; un quartier correctionnel, contenant les condamnés à l'emprisonnement, et un quartier d'exception, destiné à recevoir : 1° les jeunes gens n'ayant pas l'âge de seize ans accomplis lors de leur condamnation; 2o ceux des autres condamnés que par des

motifs tirés de leur bonne conduite ou de la nature de leur délit la commission administrative juge dignes d'y être placés.

Les prisonniers des deux quartiers criminels sont revêtus d'un costume pénal.

Environ douze heures par jour en été, et dix en hiver sont employées au travail qui n'est interrompu que par trois repas suivis de quelques momens de repos, et à chacun desquels est consacrée une heure ou une heure et demie. Les détenus s'occupent aux divers métiers qu'ils exerçaient avant leur condamnation, ou qui leur ont été enseignés dans la prison, tels que ceux de cordonniers, tailleurs, tisserands, etc.

Le plus grand silence est constamment recommandé et observé pendant le jour dans les ateliers, aussi bien que dans les cellules durant la nuit. L'introduction de toute liqueur fermentée est sévèrement prohibée, et les jeux de cartes et de hasard sont absolument interdits.

Le produit du travail des détenus appartient à l'état. Un compte exact de l'ouvrage de chacun d'eux est tenu par le chef d'atelier; le prix en est réglé par l'administration, et ainsi réparti : une moitié pour l'établissement, un quart à la disposition du prisonnier à titre d'encouragement, et un quart pour un fonds de réserve qui doit être employé à l'avantage du prisonnier après sa sortie.

La nourriture des détenus, qui est saine et très proprement préparée, se compose, au repas du matin, d'une soupe avec du pain; au dîner, de lé

gumes et de pain, et au repas du soir, d'une seconde soupe avec du pain. Le jeudi et le dimanche, ils ont chacun une demi-livre de viande à leur dîner.

Chaque prisonnier pendant la nuit occupe une cellule séparée, et si l'on est forcé de s'écarter de cette règle, on doit réunir au moins trois prisonniers dans la même chambre, chacun dans un lit différent. Cette disposition éventuelle est remarquable en ce qu'elle offre une preuve sensible de l'attention prévoyante avec laquelle la loi a cherché à prévenir toutes les occasions de disputes et de désordres, aussi bien que les inconvéniens qui pourraient résulter d'infractions apportées par des circonstances extraordinaires, au régime habituel de l'établissement.

L'ameublement des cellules se compose d'un lit de fer et de tous les objets nécessaires à une exacte propreté.

Le matin, au premier coup de cloche, les détenus se lèvent, se nettoient, s'habillent, font leurs lits, balaient leurs cellules, et se tiennent prêts à sortir lorsqu'au second coup de cloche le chef de quartier vient leur ouvrir pour les conduire dans leurs ateliers. Les quatre divisions s'y rendent séparément, sans se rencontrer, sans s'apercevoir même, et le travail est précédé de la lecture d'une prière.

Un nouveau coup de cloche annonce le repas, qui est apporté et distribué par les portiers aux prisonniers placés avec ordre dans la partie de l'ate

lier formant réfectoire. Le repas fini, ceux-ci peuvent se promener dans la cour de leur quartier, ou rester dans l'atelier à lire des livres de morale ou de religion, tirés de la bibliothèque de la maison, et qui leur sont prêtés, d'après leur demande, sur l'ordre du directeur.

La chapelle de la prison est disposée de manière à pouvoir servir aux deux cultes, catholique et réformé. Les détenus y assistent aux offices et reçoivent les instructions des ministres de leurs religions respectives. Pendant le temps qu'ils y passent, le principe de leur séparation absolue par quartiers ne cesse pas d'être scrupuleusement observé; à cet effet, la partie de la chapelle qu'ils Occupent est divisée par des stalles de bois en quatre compartimens qui ne permettent aux différentes classes ni de communiquer, ni de se voir. Elles entrent, se placent, et sortent toutes succes

sivement.

Les punitions disciplinaires infligées aux prison

niers

pour désobéissance, insultes, querelles ou révoltes sont l'isolement d'abord, ensuite la réclusion dans l'obscurité, mais pour des temps limités avec modération, et jamais dans des cachots humides ou malsains. On y peut joindre aussi le régime du pain et de l'eau dans une proportion de durée fixée par la loi, et telle tenus ne puisse en éprouver

que

la santé des déaucun préjudice 1.

'La peine de la cellule ténébreuse ne pourra pas durer plus de six jours de suite.

Le régime du pain et de l'cau ne pourra jamais avoir lieu plus de

Toutefois, dans les cas où la sûreté de la prison serait compromise, il est permis de mettre les fers aux prisonniers.

L'emploi de ce moyen rigoureux n'avait pas été rendu nécessaire depuis l'établissement de la prison jusqu'à l'époque où je l'ai visitée. Aucun symptôme de sédition ne s'y était même encore manifesté. La vie active et réglée que mènent les détenus, leur division en sections peu nombreuses, le silence des ateliers, l'isolement pendant la nuit et l'impossibilité de communiquer entre eux, sont des garans presque certains d'un ordre inaltérable, et l'on compte tellement sur l'efficacité de ces dispositions que la garde habituelle se compose simplement de deux gendarmes.

L'administration de la prison pénitentiaire appartient au conseil d'état, et est exercée par trois de ses membres, sous le nom de conseillers-inspec

teurs.

En outre, les juges et des membres du conseil représentatif, tirés au sort chaque année, ont le titre de visiteurs honoraires, et sont chargés de l'examen de toutes les parties du service, ainsi que de celui de la conduite des détenus. Ils ont entrée dans la prison quand ils le jugent convenable, et déposent leurs observations dans un registre tenu à cet effet.

A l'entrée de chaque prisonnier, son signalement soigneusement relevé est inscrit conjointement avec trois jours de suite, ni plus de vingt jours dans un mois. (Art. 33 de la loi du 28 janvier 1825.)

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