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3o Et enfin qu'après la capitation et la dîme ils ne pussent être assujettis à aucune taxe, corvée ni imposition, ct que ces nouvelles conditions fussent placées sous la garantie de la Russie.

>> Pendant que ces scènes déplorables de fuite et de désordre se passaient dans la Bulgarie, les négociations continuaient dans la capitale. Il en est résulté qu'un consul général russe a été nommé à Silimnia, centre de la Bulgarie, pour recevoir les plaintes des Bulgares contre les autorités turques, et faire respecter les nouveaux priviléges qui leur seraient concédés. Ainsi ces priviléges seront donc, en définitive, placés sous la garantie de la Russie. On assure que des agens consulaires de cette puissance doivent être également nommés dans divers autres endroits.

Quoi que puisse en penser l'opinion publique, il paraît certain que le cabinet russe, qui dans des circonstances récentes a fait preuve d'une grande loyauté, est demeuré étranger à ces mouvemens; mais, par le fait, leur résultat est tout à son avantage: deux consuls russes sont au milieu des Balcans, investis de la protection des populations bulgares. En cas d'une nouvelle guerre, qu'heureusement on ne saurait prévoir, c'est un grand moyen de force ajouté à celle des armées.

» Le grand-visir revient de Constantinople; on l'attend incessamment. On dit que l'unique but de son voyage était de faire connaître au sultan la véritable situation de son empire, et de lui soumettre les moyens propres à en empêcher l'entière décadence. Il a employé tout le temps qu'il a déjà passé ici à prendre une connaissance exacte de toutes les parties de l'administration; il a comparé les livres des communautés avec ceux du Sandouck émini; il a vu clairement toutes les malversations qui se commettaient, et jugé par lui-même de l'énormité des charges que les employés subalternes faisaient peser sur le peuple et sur les rayas

depuis tant de temps; enfin il s'est convaincu que la plus faible partie de revenus immenses parvenait seule dans les caisses du gouvernement, et après avoir reconnu l'existence de tous ces abus, il a formellement promis aux rayas qu'il allait travailler sans relâche à adoucir leur sort et qu'il espérait y réussir promptement. A présent on assure que le Grand-Seigneur lui a donné de pleins pouvoirs pour opérer une réforme générale: on a tout lieu d'espérer d'heureux résultats de cette mesure, car le grand-visir veut sincèrement le bien, et ses talens et la fermeté de son caractère lui permettent de l'opérer '.

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CONSTANTINOPLE. -Députés grecs, arméniens et juifs. Deux des principaux négocians de Smyrne, parmi les trois classes de rayas, grecs, arméniens et juifs, viennent d'être appelés à Constantinople d'après l'ordre du sultan. S. H. veut s'entretenir avec eux, et apprendre de leur bouche quels sont les abus dont leurs co-religionnaires peuvent avoir le plus à se plaindre, et qui exigent une prompte réforme. Il est à désirer que ces députés, qui reçoivent aujourd'hui de leur souverain même une mission que, dans d'autres pays, ils doivent à leurs concitoyens, puissent s'exprimer avec franchise, et dévoiler sans crainte à ses

Des nouvelles postérieures nous apprennent que l'émigration a totalement cessé, et déjà un assez grand nombre de familles qui avaient poussé jusqu'en Valachie, sont rentrées dans leurs foyers dont elles ont repris tranquillement possession. L'harmonie rétablie entre les habitans chrétiens et musulmans, et l'ordre qu'ont fait renaître les mesures prescrites par le sultan, présagent à ces provinces un avenir plus heureux. Le firman d'amnistie s'exécute partout et avec facilité.

yeux toutes les plaies de l'administration. Malheureusement ce sont tous des commerçans, d'une instruction fort médiocre, et qui seront entraînés à ne parler que de ce qui peut entraver plus ou moins leurs petits intérêts particuliers. Ce sont les agriculteurs qu'il serait surtout important de consulter; c'est parmi eux qu'il faudrait faire descendre les premiers bienfaits des réformes administratives.

SMYRNE.

"....Martyr grec.-Notre ville vient d'être le théâtre d'un événement déplorable produit par un atroce fanatisme.

» Un jeune Grec de Candie, nommé Matteo, autrefois esclave d'un boucher turc, embrassa la religion musulmane à l'âge de douze ans. Deux ans après il s'enfuit de chez son maître, se rendit à Constantinople, et de là en Russie, où il demeura plusieurs années. Dernièrement le désir de revoir sa patrie le fit revenir à Constantinople, où il s'embarqua sur un navire ionien qui faisait voile pour Smyrne, espérant trouver dans cette ville quelque occasion pour Candie. Pendant la traversée, un prêtre grec, son compagnon de voyage, l'entreprit sur le chapitre de la religion. Le malheureux jeune homme lui avoua que dans son enfance il avait abjuré la sienne, mais que depuis il était intérieurement revenu à la foi de ses pères, qu'il n'avait cessé de professer dans son cœur. Le papas, ne trouvant pas cette conversion tacite suffisante, fit au jeune homme un tableau épouvantable des peines de l'enfer, l'assura qu'il ne pourrait obtenir le pardon de Dieu qu'en faisant le sacrifice de sa vie au lieu même temoin de son apostasie; enfin il lui causa un tel effroi, et lui exalta l'imagination au point qu'il le décida à tout faire pour mériter la palme du martyre.

» Arrivé à Smyrne, le jeune Matteo, après avoir pris plusieurs fortes doses de boissons enivrantes, alla immédiatement chez son ancien maître, et l'ayant trouvé dans sa

boutique, il l'accabla d'injures et de menaces. Le Turc, croyant avoir affaire à un fou, écouta d'abord patiemment les propos les plus outrageans; mais Matteo irrité encore 'davantage par ce sang-froid, se livra à de nouvelles provocations. Les voisins se réunirent alors devant la porte du boucher, la garde fut appelée et mit fin au désordre en arrêtant le perturbateur.

» Conduit d'abord devant le mollah, il continua à proférer les mêmes invectives et à outrager la religion mahométane. Le mollah le considérant comme un homme privé de son bon sens, en référa au pacha, devant lequel Matteo fut conduit. Le pacha, après avoir entendu toutes les imprécations qu'il vomissait contre lui et contre la religion du prophète, s'apercevant que son exaltation était en partie produite par l'ivresse, le fit mener en prison, et lui donna trois jours, non pas pour déclarer une seconde fois qu'il était mahométan, mais tout simplement pour réfléchir à sa position et apporter plus de modération dans ses discours. Au bout de ce terme, Matteo fut de nouveau traduit en présence du pacha, et son emportement ayant pris une nouvelle fureur qui s'exhalait en termes les plus outrageans, le pacha l'abandonna à son sort, et il fut décapité le 25.

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Le capitaine ionien qui l'avait amené avait cherché à le sauver en le faisant réclamer comme un de ses matelots; S. Exc. Yussouf pacha accueillait avec empressement ce moyen de le délivrer; mais les exhortations du prêtre grec avaient fait une impression trop profonde sur cette tête jeune et ignorante, et Matteo s'était refusé obstinément à tout moyen de conserver sa vie.

» Une foule immense de Crecs s'était portée sur le lieu de l'exécution, et se précipita, malgré les efforts de la garde pour la retenir, sur le cadavre de celui que le fanatisme et l'ignorance lui font considérer comme un saint martyr, pour dérober quelques gouttes de sang, ou quel

ques lambeaux de ses vêtemens dont le peuple grec fait des

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Ecole protestante.

C. ....

Une école protestante, où l'on enseigne le latin et les langues vivantes, vient d'être établie à Smyrne, sous la direction de M. Brewer, par les soins et aux frais d'une société philanthropique des États-Unis d'Amérique.

Chaque élève ne paie que huit piastres fortes d'Espagne par trimestre: cette rétribution est destinée seulement aux menus frais de l'établissement, le directeur et les professeurs recevant leurs honoraires de la société fondatrice : quant aux enfans dont les parens sont hors d'état de rien payer, ils sont reçus gratis, et même on leur fournit l'habillement,

Aucune espèce de différence religieuse n'existe dans l'école, où l'on admet indistinctement les enfans de toutes les sectes.

Le directeur donne gratuitement des leçons d'anglais au college grec de la ville; dernièrement une députation de la communauté est allée le remercier pour cet acte d'une insigne obligeance.

Une classe de petites filles est dirigée avec beaucoup de soins par madame Brewer et une dame américaine.

Plusieurs établissemens du même genre ont été créés en Grèce et dans les îles de l'Archipel, où on bé nira bientôt les membres d'une société consacrée à la propagation de l'instruction et au bonheur de l'humanité.

MAGNÉSIE. Cérémonies funèbres des Grecs.......Le nombre assez considérable de Grecs qui habitent cette ville, et le manque absolu de ces distractions qui empêchent de

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