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BLOIS. Imprimerie et lithographie de CH. GROUBENTAL.

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Si l'on admet, avec les archéologues, que les Gaulois, surtout en temps de guerre, construisaient leurs demeures au sommet des collines, particulièrement dans le voisinage des rivières, on peut en conclure que le château de SaintAignan est bâti sur l'emplacement qu'occupait avant l'invasion romaine, une de ces réunions d'habitations primitives: le nom évidemment celtique d'Achan ou d'Agan (1), (demeure sur la rivière) prête une certaine vraisemblance à cette version. Du reste, si, à l'exception de quelques instruments de sacrifice, on n'a pas trouvé jusqu'ici beaucoup de débris celtiques à Saint-Aignan, le patois de cette localité a conservé un grand nombre de mots d'origine purement gauloise, dont M. Alonzo Péan doit publier incessam

(1) Du celtique ach, famille ou demeure, en grec oxia et an, e anio, en celtibère anas, rivière, courant d'eau.

ment un dictionnaire. Enfin, autour de la ville, et à trèspeu de distance, se révèlent une foule d'emplacements GalloRomains, sur les deux rives du Cher (Voyez les Excursions archéologiques de MM. Alonzo Péan et Charlot, 1TM livraison, 1842).

ÉPOQUE GALLO-ROMAINE.

On n'a aucun témoignage authentique du séjour des Romains dans la localité Agan; quelques débris d'ustensiles de poterie de l'époque Gallo-Romaine, paraissent cependant avoir été trouvés, il y a quelques années, dans le quartier de Saint-Généfort; ce qui semble indiquer une habitation romaine dans ce faubourg. La montagne Achan ou Agan, dut alors ètre occupée par un poste romain et devenir un Castrum, puisque R. Chopin, dans son Traité du domaine de France (liv. 1, titre 5), se fondant sur un passage ou supplément aux Chroniques de Sigebert, se croit autorisé à se servir de l'expression de Castrum, en parlant de Saint-Aignan. Voici du reste le passage de R. Chopin, citě par Denis Pontanus ou Dupont (Locales de Saint-Aignan, 2-23); et hujus CASTRI ANIANI in Biturico, est mentio insupplemento chronicorum Sigeberti, anno 1170. »

On peut croire que ce castrum fut ruiné par les Wisigoths, comme tant d'autres établissements de nos contrées, devenues, au gré des invasions ou des partages, les marches des royaumes transitoires des barbares et des Francs de la première race. Cette catastrophe cut lieu en 473 ou 480,

sous Luric, dans l'invasion que ce prince fit en Touraine, ainsi que le remarquent, d'après Chalmel, MM. Péan et Charlot. (Voyez Excursions archéologiques, 1re livraison, p. 6).

ÉPOQUE MÉROVINGIENNE ET CARLOVINGIENNE.

Sous les Mérovingiens, le Castrum achanum fut où dut être la demeure d'un Leude; ce fut probablement un poste militaire, puisqu'il était pour ainsi dire la limite des royaumes d'Aquitaine et d'Orléans. Les troupes de Gontran, roi d'Orléans, durent s'en emparer; il est certain au moins qu'ils ravagèrent tout le pays d'alentour. Voici sur cet évènement le récit de Grégoire de Tours : « Dans ces conjonctures, le roi Gontran envoya ses comtes pour prendre possession des villes que Sigebert avait eues autrefois pour sa part dans le royaume de Caribert, Ceux de Tours et de Poitiers voulaient reconnaître Childebert II, pour rol; mais ceux du Berry se préparèrent à attaquer Tours, et ils entrèrent même dans les limites de la Touraine, où ils brulèrent quelques édifices. Ils mirent le feu à l'église de Mareuil, où se trouvaient des reliques de Saint-Martin : l'église entière fut la proie des flammes; mais, par la vertu de Saint-Marin, l'autel et tous les ornements qui le couvraient furent préservés. Les habitants de Tours, voyant ce ravage, aimèrent mieux se soumettre pour un temps à Gontran, que d'exposer leur pays à être pillé et saccagė. »

Plus tard, lors des invasions des Normands, le Castrum

(et ceci prouve qu'il était occupé, soit militairement par un poste royal, soit privativement par un leude viager), le château, disons-nous, fut pris par ces aventuriers, en 854, à l'époque où ils brùlèrent le château de Blois (Voyez DEPPING, Histoire des expéditions des Normands; tom. 4, chapitre V). Les légendaires font un triste tableau des ravages que ces bandes dévastatrices du Nord causèrent dans tout le pays, entre le Cher et la Loire; les calamités qui accablèrent alors les malheureuses populations traquées de toutes parts, furent portées à leur comble.

FONDATION DE LA VILLE.

Depuis la destruction des Normands, jusqu'à la fondation de la ville, la montagne et le pays d'Agan, dont le nom primitif modifié dans la langue romane, fut dans la suite Agard ou Agarda (1), paraissent avoir été inoccupés, et être devenus un désert, un de ces lieux si communs alors, nommés absi agri, champs incultes (voir Ducange). La montagne et le pays étaient (je dirai ailleurs à quel titre), possédés par l'abbaye de Saint-Martin de Tours, qui envoya des moines pour y bâtir une chapelle et un hermitage.

Saint-Aignan posséda d'abord l'église collégiale; ensuite on y fonda deux institutions destinées au culte : la chapelle

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(1) Montagne d'où l'on jouit d'une vaste étendue.

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