Page images
PDF
EPUB

par icelluy exposant ès droits et debvoirs à lui dùbs pour raison des dits fiefs, et aux dits Emphiteotes et tenanciers venir recognaître pardevant un ou deux de nos notaires que vous commettrez les terres, possessions, héritages et autres choses qu'ils tiennent d'icelluy exposant, et la terre bailler par escrit la déclaration contenant les acres, arpens et journaux des terres, prés, bois, vignes et autres héritages qu'ils tiennent d'icelluy exposant, les bornes, limites tenants et aboutissants et les noms d'iceux au vray, et le tout faites inscrire en ung pappier terrier que vous feret bailler et délivrer audit exposant duement signé et expédié par les dits notaires pour lui servir en temps et lieu ce que de raison, et à ce faire souffrir et payer au dit exposant les dits droits, debvoirs et arrerages d'iceux; contraignez et faites contraindre les dessus dits et chacun d'eux par toutes voies deubs et roisonnables, et en cas d'opposition, refus ou dellay notre main suffisamment garnie quand aux choses, tenez noblement, procedez nonobstant opposition ou appellations quelconques faites ou à faire; retenues ou à retenir et sans préjudice d'ycelles pour lesquelles ne voulons être déféré, et aultrement comme il appartiendra par raison et où le dict suppliant vouldra les maintenir les advis, desnombrement et déclarations n'estre baillées au vray, et que les terres, héritages et aultres choses y contenues soient de plus grande étendue qu'ils ne se trouvent estre contenues par les dits advis, desnombremens et déclarations tous autres privilèges et fortunes du dit exposant

par luy présentés ou duement appellés; faites arpenter et mesurer les dites terres que le dit exposant maintiendra estre tenues de lui et où vous trouveriez les dites terres estre de plus grande grandeur, procédez contre ceux qui ont baillé s'ils ont advis et desnombrement ainsi qu'ils sont tenus par raison d'inlissite, demandez fins et conclusions qu'il appartiendra; faisant au surplus aulx parties oyes briève justice. Mandons en outre à notre huissier ou sergent premier sur ce requis de faire tous exploits requis et nécessaires pour exécution de ces présentes, sans que pour ce il soit tenu demander aucun placet, visa ni parreatis, car tel est notre bon plaisir. Donné à Paris le 29" jour d'avril, l'an de grasse 1610, et de notre règne le 20o. Ainsi signé par le roi en son conseil royal, et scellé du grand scel de cire jaune sur simple guêne. »

Il est digne de remarque que cette ordonnance du 29 avril 1610, fut rendue quinze jours avant la mort fatale du seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire; car chacun sait que ce fut le 14 mai de la même année qu'il expira sous le stylet d'un jésuite.

L'année qui précéda la mort du duc Honorat de Beauvilliers, il avait fondé le couvent des Capucins, ainsi que le constate un acte authentique passé devant Carré, notaire à Saint-Aignan, le 28 mai 1621. Cependant faute d'avoir pu justifier de ce titre de propriété, qui s'est adhiré on ne sait comment, cette propriété fut considérée comme nationale à l'époque de la Révolution et vendue comme telle en 1792.

François de Beauvilliers succéda à son père Honorat; ce seigneur s'illustra par ses talents et ses qualités éminentes; il fut chéri et très-considéré par Louis XIV, qui le nomma premier gentilhomme à la Chambre en 1664, Chevalier de ses ordres et gouverneur du Berry en 1649, et érigea en sa faveur le comté de Saint-Aignan en duché-pairie. Il contracta deux alliances et eut une nombreuse postérité. On compte au nombre de ses enfants: 1° Pierre de Beauvilliers, chevalier de Malte qui fut tué au combat de Saint-Godard contre les Turcs, sur le pont de Rahab, en Hongrie, l'an 1664; 2° Paul de Beauvilliers, pair de Frauce, gouverneur des princes; et 3° Paul-Hyppolite, issu de son second mariage. François de Beauvilliers fonda le couvent des religieuses Bernardines le 23 octobre 1644. Il mourut à Paris le 16 juin 1687, âgé de 77 ans. Dès le 24 novembre 1684, il avait fait donation de son duché-pairie à Paul de Beauvilliers, son fils, qui lui succéda de son vivant.

Paul de Beauvilliers était aussi chevalier des ordres du roi, premier gentilhomme de sa chambre, gouverneur des enfants du dauphin, grand d'Espagne, gouverneur du Havre-de-Grâce, de Loches et de Beaulieu; il était né au château de Saint-Aignan, le 26 octobre 1648. Devenu chef du conseil royal des finances, ministre d'état, il épousa, le 21 janvier 1671, Louise Colbert, fille du grand ministre de ce nom. C'est elle qui fait bâtir et qui a doté l'Hôtel-Dieu de Saint-Aignan.

Le duc Paul eut deux fils qui moururent tous les deux au

mois de décembre 1705, huit jours l'un après l'autre ; il ne lui resta plus que sept filles : l'une fut mariée à M. le duc de Chevreuse, une autre au duc de Fleury, pair de France, grand-maître de la maison du roi ; les cinq autres devinrent toutes abbesses de différentes communautés religieuses.

Ce seigneur était d'une bravoure à toute épreuve, et doué d'un mérite rare. I cultivait heureusement les lettres : un échantillon de ses talents en poésie ne devra pas déplaire à mes lecteurs ; je l'ai puisé dans le voyage de Chapelle et Bachaumont :

« Plusieurs seigneurs ayant demandé à M. le duc de Saint-Aignan, sa maison. . pour y faire la Saint-Hubert, ce duc qui fait son plus grand plaisir d'obliger de bonne grâce, leur accorda ce qu'ils souhaitaient. Ils s'y rendirent, et pour lui en marquer leur reconnaissance, M. Chapelle lui envoya des vers dans lesquels il fait presque partout allusion à la chasse d'un furieux sanglier que M. le duc de Saint-Aignan tua autrefois, et dont le portrait est dans la salle de cette maison. Il parle, sur la fin, d'un autre combat plus périlleux, lorsque ce même duc se défendit, avec tant de courage et de valeur, contre quatre hommes qui étaient venus l'attaquer..... »

Aux vers de Chapelle, le duc fit la réponse impromptu que voici :

« Aimable et brillant Chapelle,

« Enfin suivant mon souhait,

Ta lettre savante et belle

Veut me rendre satisfait;

<< Car, sans blâmer le génie De ceux de ta compagnie

«Dont les talents sont divers, « Si ma raison n'est trompée, «La pointe de leur épée

« Vaut bien celle de leurs vers.

« Ce n'est pas que ta flamberge
Ne pût prouver ta vigueur,
«Et qu'en ma petite auberge
Elle ne fit voir ton cœur.
< Les sangliers de mes bocages
<< Y demeureroient pour gages;
Mais j'ai de très-forts soupçons
Que tu crois plus raisonnable
De les percer sur la table
«Que dans leurs affreux buissons.

J'en reviens donc à ta muse;

Et je soutiendrai ce point

« Qu'il faudrait être bien buse,

Si l'on ne l'estimait point.

<< Comme on tient pour des merveilles

« Les fruits de tes doctes veilles

« Quand Phébus vient l'embraser,

« Ton humeur libre et galante «Par mille agréments enchante

<< Ceux qui t'entendent jaser.

Tes beaux vers sont, sur mon âme,
Dignes d'admiration;

« PreviousContinue »