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Tours, et la nécessité où il se vit de lever le siège de la ville de Selles en Berry, furent regardés en ce temps-là comme des fautes considérables, »

CHAPITRE VII.

(XVII SIECLE).

Honorat de Beauvilliers mourut à Paris, le 23 février 1622. Ce seigneur, dernier comte de Saint-Aignan, brave et loyal militaire, était très estimé du roi. Sa femme, inconsolable de sa perte, fit ériger dans le chœur de l'église de Saint-Aignan, un tombeau en marbre dans lequel son cœur était déposé; il existait encore à l'époque de la révolution par suite de laquelle il fut enlevé. On lisait sur ce marbre ces vers attribués à la veuve du comte :

Ce tombeau conserve la cendre

<< Non de César, non d'Alexandre,

<< Mais d'un cœur bien plus généreux :

<< Dieu l'animait dedans la guerre ;

« C'est pour être bien glorieux

<< D'avoir le trésor qu'il enserre.

Plus bas se trouvait aussi ce distique latin:

Quod amore nectitur

a Morte non solvitur. »

Les qualités éminentes de ce seigneur et les services im portants et désintéressés qu'il rendit à l'état, furent tellement appréciés de Henry-le-Grand, qu'il s'empressait de lui en temoigner toute sa reconnaissance, chaque fois que l'occasion s'en présentait ; voici deux particularités à l'appui de cette assertion :

Dans les mémoires de Sully, tome vi, pages 19 et 20, année 1605, on trouve ce passage qui prouve que le roi voulut indemniser le duc de ses sacrifices généreux. « Je ne répéterai point ce que j'ai dit au sujet des lettres de Henry; j'en trouve une si grande quantité pour cette année, et sur toutes sortes de sujets, finance, commerce, politique, que je n'ai garde de les produire. J'y remarque plusieurs libéralités... Trois mille livres au comte de SaintAignan, pour l'indemniser des frais qu'il avait faits, pour la compagnie de Montigny, son beau-père. »

Depuis quelques années le duc, forcément éloigné de ses domaines pour le service de l'état, éprouva de grandes difficultés dans la perception de ses droits de seigneur de la terre de Saint-Aignan. Pour obvier à cet inconvénient fà

cheux, il soumit au roi l'aveu et dénombrement de ses domaines, et obtint de sa majesté les lettres patentes dont Voici textuellement la teneur :

<< Henry, par la grasse de Dieu, roi de France et de Navarre, au bailli de Blois ou son lieutenant, salut.

« Nostre chert et bien amé Honorat de Beauvilliers, seigneur comte de Saint-Aignan, nous ayant remontré qu'à cause de son comté, terre et seigneurie de Saint-Aignan, il a toute justice et juridiction, haute et moyenne, basse et plusieurs chatellenies, titres, seigneuries, fiefs et hommaiges, maisons et manoirs tenus respectivement de lui à foi et hommaige, cens, rentes et autres debvoirs honorifiques et seigneuriaux par plusieurs personnes tant nobles que autres, lesquels ne tiennent compte ou sont refusant les lui payer, nous suppliant et requerant luy vouloir pouvoir suivre, nous à ces causes, mandons et à chacun de vous commettons et enjoignons sur reclames et grandes peines à nous à appliquer à cry publicq, son de trompe et par affiches que l'on fera mettre aux portaux des villes, bourgs et villages et portes des églises des dites seigneuries; a tous vassaux, emphitectes et tenanciers du dit exposant, que dedans certains temps qu'il leur préfixera, ils ayent à venir faire et prester audit exposant les foy et hommaige qu'ils sont tenus faire pour raison des fiefs, terres et seigneuries qu'ils tiennent de lui à cause de son dit comté; bailler leurs avis et desnombrement par écrits signés de leurs mains ou d'ung notaire ou deux de nos notaires et tabellions. Pour

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