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Pêche. Les seigneurs de Saint-Aignan jouissaient exclusivement du droit de pêche dans la rivière du Cher, depuis le pont de Saudre, commune de Châtillon, jusqu'à Montrichard, joint à celui de faire lever, une fois par an, toutes les brayes et les filets tendus dans la rivière de Saudre et du Cher, autant qu'en comportait l'étendue de leur baillage; et le poisson qui se trouvait pris en l'absence du seigneur lui appartenait.

Outre les droits de pêche ci-dessus, les eaux qui montent depuis le Bec-du-Fouzon, autrement dit le Bec-aux-Soreaux, jusqu'au Bec-de-Saudre, du côté de la Sologne, appartenaient aussi au seigneur de Saint-Aignan; de l'autre côté le fil d'eau entre deux appartenait au seigneur, comte de Selles.

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Droit du guet, de taille et de prévôté. Les manants et habitants de Saint-Aignan, et généralement tous les justiciables du duché-pairie étaient obligés au droit de guet pour la garde des châteaux de Saint-Aignan et Chemery, toutes les fois qu'ils en étaient requis; ils étaient, en outre, tenus à plusieurs redevances payables en seigle, avoine, et autres devoirs par chacun : où les uns s'acquittaient en argent, au moyen d'un abonnement convenu, d'autres étaient obligés de faire des corvées et de voiturer le Lois de chauffage pour le seigneur, ainsi que tous les matériaux nécessaires aux réparations des deux châteaux de Saint-Aignan et Chemery. De plus, chaque laboureur demeurant dans les confins et limites du duché, payait vingt

boisseaux d'avoine, pour faire paccager ses bestiaux dans les friches de Brouard, Oisly, Noyers et autres; et, en outre desdits droits, chaque chef de ménage était tenu de payer, par année, six sous quatre deniers au prévôt-fermier, ce qui s'appelait droit de prévôté. Il se prélevait également sur les habitants de Monthou et de Couddes, mais à raison seulement de trois sols six deniers par feu; les veuves étaient exemptées de cet impôt, à moins qu'un enfant mâle de dix-huit ans n'habitat avec elles.

Tous ceux qui devaient les droits de guet et de taille, étaient tenus de signifier au prévôt-fermier, leur délogement lorsqu'ils allaient habiter un pays hors du duché et justice de Saint-Aignan, à peine de tróis livres d'amende. Chaque délogement valait au seigneur sept sous six deniers.

Celui qui réclamait une bête prise en dommage et mise entre les mains du prévôt, devait lui donner cinq sols; celui-ci lui rendait la bête.

Il était dù aussi au prévôt, pour chaque nouveau marié, demeurant à Contres et à Châteauvieux, cinq sols payables le jour des noces.

Celui à qui il était accordé la permission de bâtir une petite boutique sur la place du Marché de Contres, pour en jouir seulement pendant sa vie, devait trois livres une fois payées; lorsque cette boutique venait à tomber en ruine, les débris appartenaient au prévôt, et si le propriétaire la vendait, celui qui l'avait acquise devait payer les trois livres.

Droits de boucherie. Le seigneur avait le droit exclusif de

boucherie; nul ne pouvait débiter et vendre de la viande ailleurs que dans ses bâtiments, situés au milieu de la rue dite de la Boucherie. Pour ètre admis dans la corporation des bouchers privilégiés, il fallait être ugé et reconnu capable d'exceller dans l'art d'assommer les animaux, selon les propres termes d'un aveu : le candidat devait faire preuve et chef-d'œuvre avant d'être reçu maître boucher. Après son agrégation, le récipiendaire prêtait serment devant le bailli, en présence du procureur ducal, stipulant, dit encore l'aveu, pour les intérêts publics et celui du seigneur, Avant sa prestation de serment, le nouveau boucher payait soixante livres pour chaque étal; il en avait la jouissance pendant sa vie, nonobstant la somme de cent francs, prix de la ferme annuelle payable solidairement avec les autres fermiers.

Mais ces étaliers privilégiés avaient encore d'autres devoirs à remplir: celui de la cérémonie du bœuf viellé (le bœuf-gras) n'était pas la moins singulière. Tous les ans, le jeudi-gras, ils devaient exposer devant leur boucherie, un ou deux bœufs vivants; le bailli, le procureur ducal et le greffier s'y rendaient en costume, sur les neuf ou dix heures du matin; là, les bouchers et le procureur ducal nommaient deux commissaires qui, après avoir prêté serment devant le bailli, procédaient à l'examen des bœufs et choisissaient ordinairement le plus gras pour être le héros de la fête. Aussitôt ce bœuf couvert de riches tapis et orné de fleurs, était conduit par tous les bouchers de la ville, privi

légiés ou non, dans la cuisine du château, au son des vielles, des violons et des tambours. On lui faisait faire trois fois le tour de la table longue, et si par accident il venait à faire des ordures dans ce lieu, il était confisqué au profit du seigneur. Mais cette confiscation n'avait de réel que le nom : le boucher avait la faculté de rachat sans déport, en payant l'amende de trois livres. Le bœuf viellé était ensuite promené dans les rues de la ville, après quoi le bailli, le procureur ducal et le greffier, dressaient sérieusement un procès-verbal de cette cérémonie burlesque, pour le coût duquel il était payé à chacun de ces deux officiers par le propriétaire du bœuf, la somme de trente-deux sols, au total quatre livres seize sols. Mais pour s'indemniser, il avait le droit, à l'exclusion de tous autres bouchers, de vendre du veau pendant le carême; la taxe en était faite par le bailli.

Lances ou quintaine. C'était une foi et hommage auxquels les meuniers étaient assujétis deux fois par an : le 2 février et le lendemain de la Pentecôte étaient les jours fixés pour cette cérémonie aussi extravagante qu'inhumaine. Les meuniers, armés d'une lance et assistés des bateliers-pêcheurs, se présentaient devant le seigneur et déclaraient venir rendre l'hommage qu'ils lui devaient à la manière accoutumée ; c'està-dire de se transporter sur la rivière du Cher, faire planter un poteau auquel serait attaché un écusson de moyenne grandeur, contre lequel ils casseraient leurs lances, étant dans des bateaux conduits avec vitesse. Les meuniers qui ne brisaient pas leurs lances aux trois premières courses, en

couraient l'amende de trois livres. Après le bris des lances, ils devaient sauter trois fois du haut du poteau dans la rivière et s'en retirer à la nage. Cette parade terminée, les meuniers étaient dans l'obligation de traiter le seigneur dans son château, ou, en son absence, ses officiers: la valeur du festin était fixée à la somme de cinquante livres. Les défaillants étaient condamnés aux dépens, doromages et intérêts des comparants, et amendables envers le seigneur, selon l'exigence des cas. Un procès-verbal en forme était rédigé, comme s'il se fùt agi d'une affaire utile et sérieuse; les droits seigneuriaux se trouvaient ainsi à l'abri de toute prescription. Un de ces procès-verbaux m'étant tombé par hasard sous la main, je crois faire plaisir à mes lecteurs en le transcrivant textuellement aux pièces justificatives, numéro 1".

Paisson et glandée. Il était encore payé au seigneur un sou et un boisseau d'avoine par an, pour chaque brebis qui paissait dans les bois et prés de sa terre, et une poule par chaque particulier qui prenait des bruyères dans les forêts.

Bourg de Contres. -- La seigneurie et domaine de Contres était tenue en fief, foi et hommage du roi par le due de SaintAignan. Elle consistait en tous droits de justice, haute, moyenne et basse. Le duc nommait deux notaires et deux sergents; ils jouissaient à Contres des mêmes droits et privilèges qu'à Saint-Aignan. La boucherie était affermée 125 liv. par année; les droits de halle et de gros poids, deux cents livres. Les habitants de ce bourg étaient obligés de cuire

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