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que la plante prend fa première croiffance, on voit les feuilles des noeuds Defcription élevés au-deffus de la terre s'étendre anatomique d'un grain confidérablement au nombre de qua- de bled. tre, de cinq, & de fix. Elles préparent le fuc nourricier de la plante pour l'épi, qu'on trouve déja formé en petit, lorfque dans le Printems on fend un tuyau long-tems avant qu'il monte en graine. On le voit même dès l'Automne en forme d'une

petite grappe, dans le temps que les

noeuds font encore voifins les uns des autres. Quand la transpiration de la plante fe fait heureusement par un temps favorable, les feuilles font d'un verd noirâtre; elles deviennent graffes & remplies de fuc; les noeuds inférieurs deviennent d'un verd tirant fur le jaune & fe durciffent peu à peu, pendant qu'au milieu & en haut ils reftent tendres jufqu'à ce que l'enveloppe de l'épi paroiffe. C'est au contraire un mauvais figne lorfque ces nœuds inférieurs rougiffent & fe durciffent trop tôt ; lorfque les feuilles jauniffent avant le temps ou qu'elles deviennent d'un verd d'herbe,

de bled.

qu'elles ont un air chétif, & que lon Defcription voit beaucoup de taches ferrugi y anatomique d'un grain neufes, c'est-à-dire, femblables à la rouille de fer. Ces défauts ont pour cause ou trop d'humidité ou trop de féchereffe ; elles proviennent encore de la maigreur du terrain, ou des mauvaises herbes qui dominent, ou des gelées blanches, ou même des ge lées qui continuent trop avant dans la faifon; fouvent auffi on les peut attribuer à la quantité de mouches & de vers qui tirent leur nourriture de ces feuilles, & qui s'y jettent en foule

Lorfque la plante monte en graine, les deux feuilles fupérieures de la tige font exactement ferrées l'une contre l'autre, & confervent précieufement l'épi jufqu'à ce qu'il foit parvenu à une certaine groffeur.Jufques là tous les noeuds font peu diftans entre eux, fur-tout les deux derniers, qui font encore entiérement mols & les différentes parties du tuyau font fort courtes. Mais auffitôt que l'épi a percé fon enveloppe, toutes ces parties s'allongent, & les feuilles

baffes leur fourniffent toute la nourriture qui leur eft néceffaire & dont Description elles étoient remplies; les noeuds fe anatomique d'un grain durciffent enfuite, & ces feuilles de bled. changeant de figure fe flétriffent.. Cependant les deux feuilles qui ont formé l'enveloppe de l'épi demeurent encore quelque tems vertes & pleines de fuc, & leurs nœuds font mols & près l'un de l'autre. Mais lorfque l'épi eft tout-à-fait forti & qu'il a acquis à peu près toute fa longueur, ce qui fe fait fouvent dans fix ou huit jours, ces feuilles deviennent peu à peu d'un verd d'herbe, & confervent peu de fuc, qui paffe déformais plus abondamment dans les tuyaux dont les noeuds l'empêchent de defcendre. Tant que ces noeuds font verds, on les trouve remplis de ce fuc, & les deux fupérieurs, qui durciffent les derniers, en contiennent fuffifamment pour fournir la fubftance qui doit former les fleurs & tes fruits.

Ainfi il paroît que la fageffe du Créateur a ordonné les feuilles autour du tuyau, comme un Architecte

éleve une échafaut autour d'un bâtiDefcription ment qu'il conftruit; échafaut qu'il anatomique abbat dès que l'édifice eft achevé; d'un grain de bled. car auffitôt que le tuyau a acquis toute fa longueur & la confiftance néceffaire, les feuilles fe defféchent & périffent. Rien n'eft plus admirable que de voir avec quelle douceur & quelle force la nature tend & arrive à fon but. Plufieurs mois s'écou lent avant que l'épi foit en état de paroître; mais toutes les difpofitions étant faites pour la formation des fleurs & du grain, en peu de jours il fe montre tout entier, fur-tout lorf que des pluies douces le favorifent: car dans des tems contraires, l'humidité trop abondante ou la trop grande féchereffe le tiennent caché dans fon enveloppe; le tuyau prend peu de croiffance, le fruit devient mauvais,&les grains reftant plats n'acquié, rent point la groffeur convenable.

Enfin, toutes ces préparations que nous venons de marquer étant achevées, la fleur paroît qui donne fans contredit au fruit fa nourriture la plus délicate. Cette fleur dans le

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anatomique

bled n'eft qu'un tuyau très délié &. blanc, qui fort de la capfule Description de la femence; la capfule eft en- d'un grain vironnée de quelques faiffeaux d'au- de bled. tres tuyaux qui d'abord font jaunâtres, puis tirant fur le brun, & enfin noirâtres un peu auparavant qu'ils se flétriffent & qu'ils tombent. Ces petits tuyaux fervent principalement à nourrir dans la capfule de la femence un petit plumaçon que l'on y voit. Lorfque le bled ceffe de fleurir par un beau temps, clair & chaud, on peut efpérer une bonne moiffon. Si les Laboureurs avoient foin de remarquer le tems qui s'écoule dans la plûpart des années, depuis que le grain eft femé jufqu'à ce qu'il fleuriffe, on pourroit fur cette obfervation régler le temps de la femaille, & faire enforte que la fleur du bled arrivât au même âge de la Lune qu'il auroit été femé. Le plus favorable eft celui de la pleine Lune, parce qu'alors l'air eft ordinairement tranquille & le Ciel férain. C'est par cette raifon que les Jardiniers préférent fur toutes les autres, la femence des fleurs

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