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Ils seroient ignorés si je vivois encore...

Oui, le ciel l'un pour l'autre avoit formé nos cœurs. Prince... je vous aimois... je vous aime... je meurs.

Hélas!

VORCESTRE.

ÉDOUARD.

C'en est donc fait! ô douleur immortelle!

O ciel! éteins mes jours, ils n'étoient que pour elle.

FIN D'ÉDOUARD III.

SIDNEI,

COMÉDIE EN TROIS ACTES,

REPRÉSENTÉE EN 1745.

... Hinc illud est tædium et displicentia sui... fastidio esse cœpit vita et ipse mundus, et subit illud rabidarum

deliciarum ; quousque

eadem ?

SENECA.

PERSONNAGES.

SIDNEI.

ROSALIE, amante de Sidnei.

HAMILTON, ami de Sidnei.
DUMONT, valet-de-chambre de Sidnei.

HENRI, jardinier.

MATHURINE, fille de Henri.

La scene est en Angleterre, dans une maison de campagne.

COMÉDIE.

ACTE PREMIER.

SCENE PREMIERE.

DUMONT.

Il falloit, sur ma foi, que le mauvais poëte
Qui chanta le premier l'amour de la retraite
Fût un triste animal: quel ennuyeux séjour
Pour quelqu'un un peu fait à celui de la cour!
Depuis trois mortels jours qu'en ce manoir champêtre
Je partage l'ennui dont se nourrit mon maître,
J'ai vieilli de trois ans. Est-il devenu fou,

Monsieur Sidnei? quoi donc! se nicher en hibou,
Lui riche, jeune, exempt de tout soin incommode,
Au milieu de son cours des femmes à la mode,
A la veille, morbleu! d'avoir un régiment,
Planter là l'univers, s'éclipser brusquement,
Quitter Londre et la cour pour sa maudite terre!

Si je savois du moins quel sujet nous enterre
Dans un gîte ou jamais nous ne sommes venus:
Mais j'ai beau lui parler, il ne me répond plus;
Depuis un mois entier c'est le silence même:
Oh! je saurai pourquoi nous changeons de systême;
Il ne sera pas dit que nous nous ennuierons

Sans

que de notre ennui nous sachions les raisons.
(revenant sur ses pas.)

Allons... J'allois me faire une belle querelle;
Il m'a bien défendu d'entrer sans qu'il appelle.
Il n'a point amené seulement un laquais;
Il faut qu'en ce désert je sois tout désormais,
Et qu'un valet-de-chambre ait la peine de faire
Le service des gens outre son ministere:

Ah! la chienne de vie!... Encor si dans ces bois,
Pour se désennuyer, on voyoit un minois,
Certain air, quelque chose enfin dont au passage
On pût avec honneur meubler son hermitage,
On prendroit patience, on auroit un maintien;
Mais rien n'existe ici, ce qui s'appelle rien;
C'est pour un galant homme un pays de famine.
J'ai pourtant entrevu certaine Mathurine,

Fille du jardinier, gentille; mais cela

M'a l'air si sot, si neuf!... Ah! parbleu! la voilà.
Bon jour, la belle enfant.

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