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tout secours, fut obligé de capituler avec le commandant de la frégate anglaise qui croi sait devant le port. Le petit nombre de militaires qui se trouvaient encore à Saint-Marc, fut reçu à bord de la frégate, ainsi que les Blancs de la ville et quelques hommes de couleur. La plupart des Mulâtres, quoique certains de payer de leur vie l'attachement qu'ils avaient montré pour les Français, ne purent se résoudre à s'exiler. L'abandon de Saint Marc ne précèda que de peu de jours celui du Port-au-Prince. Le général Lavalette, pressé de toutes parts, ne pouvait plus tenir ni contre l'invasion des Nègres ni contre les angoisses de la famine. Le 5 octobre 1803, il envoya proposer à Dessalines l'évacuation de la place ce chef nègre donna cinq jours pour l'effectuer; des ôtages furent exigés de part et d'autre. Tous les Blancs souhaitaient de quitter l'île avec le reste de l'armée; mais il n'y avait point assez de bâtimens. Dessalines engagea astucieusement le général Lavalette à assurer les Blancs de sa clémence. Un grand nombre, resté sur la foi de ses pro

messes, né tarda pas à éprouver les effets de son horrible vengeance.

A l'expiration du fatal délai, tous les bâti mens étaient encombrés; les plus frêles em barcations étaient remplies d'infortunés peu confians dans les sermens de Dessalines. Des femmes se séparaient de leurs maris; le fils conseillait au père de fuir, et le frère aban donnait son frère. Le rivage retentissait de cris douloureux et d'adieux déchirans. Le convoi mit à la voile, se dirigeant vers l'île de Cuba. Les Anglais, qui-surveillaient cette proie, et qui en s'éloignant de la côte avaient laissé les bâtimens prendre le large, fondirent bientôt sur eux, pillèrent les passagers, désarmèrent les militaires et les laissèrent suivre leur destination. Le navire qui portait le gé néral Lavalette, l'état-major et un assez grand nombre de troupes, échappa aux Anglais, ainsi que quelques autres bâtimens qui abordèrent, soit aux États-Unis, soit à la Havanne. Le général Lavalette ayant de puis fait voile de ce dernier port pour se rendre à Santo Domingo, avec quelques trou

pes,

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fit naufrage, et périt avec tout son équi

L'évacuation du Sud suivit celle de l'Ouest. Le 12 octobre 1803, le général Brunet, forcé

de capituler avec le commodore anglais Cumberland, partit des Cayes sur quatre bâtimen's marchands qui étaient en rade : les offi ciers et les soldats furent dirigés sur la Jamaï que; les habitans se rendirent à Cuba: les malades furent évacués sur le Mole-Saint-Nicolas, où commandait le général de Noailles.

Le général Frescinet, ne pouvant plus tenir à Jérémie, était parvenu à échapper aux Anglais avec quelques débris; mais repris en mer, il fut également conduit à la Jamaique.

Dessalines se hâta de prendre possession des points que les Français venaient d'évacuer dans les départemens de l'Ouest et du Sud, et 'feignit de vouloir, par la modération, ramener partout le calme et la sécurité. Il ne restait plus aux Français, dans la colonie, que le Mole et le Cap; Dessalines pouvait attaquer le Cap avec des forces considéra

bles; il employa un mois à faire ses préparatifs. Le 18 novembre 1803, il se présenta devant la place avec quinze mille hommes:ses attaques vives et fréquentes furent repoussées avec la plus grande vigueur; mais les troupes françaises étaient épuisées de fatigue, et déjà les vivres commençaient à manquer. Le 27, le général en chef fut vivement pressé par les notables d'entrer en négociation avec l'escadre anglaise. Le commandant de cette escadre fit des propositions si immodérées, que le général en chef préféra de traiter avec Dessalines. On convint de l'évacuation de la ville et des forts sous dix jours on espérait échapper aux Anglais à la faveur d'un gros temps. Dessalines employa ce délai à jeter dans le Cap des proclamations rassurantes pour les habitans que la crainte poussait à l'émigration.

Dès le cinquième jour les bâtimens étaient prêts à mettre à la voile; mais le temps ne favorisait pas les projets d'évasion d'une si nombreuse flotte; les dix jours expirèrent. Le général Rochambeau fut obligé, pour

dernière infortune, de se remettre avec tous les siens à la discrétion du commodore anglais; celui-ci promit que les officiers ne seraient pas désarmés et que les propriétés seraient respectées.

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Le 1° décembre 1803, tous les bâtimens

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rejoignirent la flotte anglaise qui attendait leur sortie. Au moment où les Français appareillaient, les Nègres se précipitaient en foule dans la ville, et ce spectacle déchirant était aperçu des vaisseaux qui s'éloignaient du port. Les Anglais avaient envoyé un officier à bord de chaque bâtiment, et escortaient ainsi le convoi qui fit voile pour Jamaïque.

la

Le général vicomte de Noailles occupait le môle Saint-Nicolas ; il conçut le hardi projet d'échapper, lui et les siens, à la vigilance des Anglais, et d'éviter ainsi l'amertum d'une capitulation. Après avoir mis à bord des bâtimens sa troupe, ses malades, et une partie des habitans de la ville, favorisé par l'obscurité, il mêla son convoi à l'escadre et aux nombreux transports qui venaient de quit

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