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la garantie, de l'intégrité de ses possessions à la rive droite du Rhin, telles qu'elles avaient été reconnues par les conventions de Teschen, en 1779; et quant aux indemnités territoriales qui lui étaient assurées par le traité de Lunéville, la France s'engageait à user de son influence et de tous ses moyens pour les faire assigner dans les pays qui seraient le plus à la convenance de l'électeur, et dans une proportion telle, qu'il se trouvát entièrement dédommagé des pertes de tout genre.

Ajoutons que l'alliance de la France et de la Bavière préparée par ce traité, était la plus naturelle de toutes celles que pouvaient former entre elles les puissances continentales; les avantages réciproques étaient évidens. La Bavière ne pouvant maintenir sa neutralité, de quelque manière qu'elle entrât dans une ligue contre la France, elle devenait nécessairement le théâtre de la guerre, et devait supporter le poids accablant du séjour des grandes armées. Depuis la violation du territoire des Suisses, l'Autriche

ne pouvait défendre activement le grand défilé du Danube, et la frontière de l'Inn, qu'en portant ses principales forces en Souabe, audelà des débouchés du Tyrol; sa ligne d'opérations traversait nécessairement la Bavière : une bataille perdue amenait sur le Lech l'ennemi alléché par les ressources de cette riche contrée. Les invasions de 1796 et 1800 avaient presque consommé sa ruine, et prouvé qu'une alliance offensive et défensive entre l'Autriche et la Bavière, était dans tous les cas au détriment de celle-ci. Les plus grands succès, tels que ceux de l'archiduc Charles, la laissaient épuisée sans aucun dédommagement; le moindre revers la livrait au vainqueur. La garantie de la France était donc préférable, non pas seu-. lement à cause des circonstances et parce qu'elle était toute-puissante, mais parce que les états du second ordre qui, presque toujours, paient les frais de la guerre, doivent employer leurs forces et diriger leurs efforts vers l'affermissement de la paix, et rendre l'agression difficile à celle des deux puis

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sances rivales qui, par sa position, l'entraînerait plus facilement à s'engager dans la querelle. Cette conduite était plus sage que celle dont autrefois l'ambitieux VictorAmédée, et de nos jours le cabinet prussien donnèrent l'exemple. Les sentimens particuliers de l'électeur Maximilien Joseph, s'ac- cordaient avec cette politique franche autant qu'avec les intérêts de son pays; ce prince, l'un des plus remarquables de son temps où ces qualités furent si rares, par sa justice éclairée et son inaltérable modération, n'avait pris les armes qu'à regret, et lorsque les armées de l'Autriche et de la Russie étaient venues l'y contraindre au milieu de ses états: il aima toujours la France et les soldats français, qu'il avait commandés dès sa jeu

nesse.

Le premier Consul voulant frapper l'opinion et exalter les sentimens d'admiration pour sa pacification universelle, avait réservé pour cette époque la communication des traités antérieurs qui n'y avaient que des rapports indirects; la Convention con

clue avec les États-Unis, le 1er octobre 1800, et qui n'avait point été soumise à la délibération du Tribunat, et à la sanction du Corps législatif, leur fut envoyée, et donna lieu à l'intéressant commentaire que le tribun Adet, autrefois chargé des affaires de France en Amérique, présenta dans son rapport sur cette transaction. Ses observations sur les articles qui déterminent les relations des deux nations, lorsque l'une est en paix, et que l'autre se trouve en guerre, peuvent être considérées comme l'un des meilleurs écrits sur cette importante question des droits des neutres lôt ou tard elle sera reproduite, car, ainsi que le disait cet orateur, « la » justice à mesure que les hommes s'éclai>> rent, l'emporte toujours sur la force et la >> violence. On n'égorge plus aujourd'hui le >> soldat qui rend ses armes; on ne condamne >> plus à l'esclavage les prisonniers de guerre, >> ni les habitans des pays qu'on parcourt >> en vainqueur; et l'on verra un jour le » pavillon neutre respecté par toutes les na» tions, leur présenter au milieu des hor

>> reurs de la guerre l'image consolante de la >> paix ». Nous avons déjà parlé de cette convention dans le cinquième volume de ces essais, et la seule crainte de tomber dans des répétitions et de fatiguer nos lecteurs, nous empêche de nous étendre ici davantage sur un sujet vers lequel d'autres circonstances ne manqueront pas de diriger plus tard nos recherches, et de ramener leur attention.

Enfin, le traité qui le 28 mars avait été dicté au roi des Deux-Siciles, compléta cet espèce de cours du nouveau droit public de l'Europe. La principale clause de ce traité, celle relative à la fermeture des ports des deux royaumes aux vaisseaux anglais et turcs, n'avait plus d'objet depuis la cessation des hostilités entre la France et l'Angleterre; mais ce qu'il y avait de remarquable dans ce traité, et ce qui est digne de souvenir, c'est l'amnistie stipulée par les articles 5, 6 et 7, qui lève les séquestres mis sur les biens, rappelle dans leur patrie les proscrits pour délits politiques, et tous ceux

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