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par son avant-garde, commandée par le général Hardy; les Nègres farent promptement culbutés; mais en se retirant, ils incendierent le bourg du Haut-du-Cap.

Pendant que cette opération s'exécutait du côté de la terre, l'amiral Villaret, pour attirer l'attention de l'ennemi, ordonna aux vaisseaux le Scipion et le Patriote,' de se présenter à l'entrée de la passe. Ils tirèrent quelques volées sur le fort Picolet, et reçurent le feu de tous les forts. Bientôt après, la brise de terre qui s'éleva avec la nuit, obligea la flotte à prendre la bordée du large, et ne servit que trop à propager rapidement l'incendie. Ce fut aussi le signal du massacre et du pillage; les Negres saccagèrent la ville; ils firent sauter deux magasins à poudre, dont l'explosion acheva de détruire les maisons du petit Carénage. Un grand nombre d'habitans furent contraints de suivre dans leur retraite les troupes de Christophe.

Dès que le jour et la brise du large le lui permirent, l'amiral donna dans la passe avec le vaisseau l'Océan, et se fit suivre par toute

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la flotte; les forts de Picolet et de SaintJoseph étaient abandonnés; ceux de Bel-Air Met de Saint-Michel tiraient encore. Il fit débarquer les garnisons des vaisseaux qui, sous les ordres du général Humbert coururent s'emparer du fort Bel-Air, et marchèrent -au-devant de la colonne du général en chef, squi, dans ce moment, arrivait au Haut-duCap.up og Åsa kw

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datLe concert et la célérité de ces mouvemens préserva de l'incendie une partie de la plaine du Nord, et des quartiers du Limbetet de l'Acul, dont Toussaint avait fait rétablir les -riches cultures; mais la ville entière fut en quelques heures dévoréé par les flanimes, Set l'armée et la flotte ne purenty porter que des secours tardifs je sur. septeà huit cents maisons, à peine soixante furent conservées; les habitans, privés de toute espèce de commodités, ne purent se mettre à couvert qu'en construisant àla hâte de mauvaises baraques avec les débris de leurs habitations; les troupes fatiguées, ne. trouvèrent aucun abri; 'une immense quantité de subsistances et de

voir le général Kerverseau. Celui-ci tenta de mettre ses troupes à terre, près de la ville, sous la protection du feu des deux frégates; quelques Espagnols insurgés contre les troupes de Toussaint s'étaient emparés du fort Saint-Jérôme, et avaient ouvert les portes aux Français; mais la côte était escarpée, et les chaloupes ne purent aborder. Les 'Espagnols, ne pouvant tenir contre les Nègres, évacuèrent, le fort, et se dispersèrent dans la campagne. Le général Kerverseau ayant opéré son débarquement plus à l'ouest, sous le vent, se réunit à eux, et investit la

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pendant que les frégates bloquaient l'embouchure de la rivière. A la première nouvelle des débarquemens opérés dans la partie française, Paul Louverture offrit sa soumission; elle entraîna celle de presque tous les autres postes occupés par les troupes de Toussaint, et disséminés sur la côte et dans l'intérieur des anciennes possessions espagnoles, très-vastes, mais peu cultivées, en-deçà et au-delà du groupe des montagnes de Cibao: le seul Mulâtre Clerveaux, qui

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commandait à Sant-Yago, point central au pied des montagnes de Monte-Christ, à la tête de la grande vallée, refusa d'abord de se rendre; il céda cependant aux pressantes exhortations de l'évêque Mauvielle, qui avait sur lui beaucoup d'influence, et sans doute aussi à la certitude d'une vigoureuse attaque. Le général Claparède, qui marchait sur Sant-Yago, en prit possession, et Clerveaux se rendit au Cap avec ses troupes.

Nous avons dit plus haut que le général Rochambeau, détaché avec sa division, forte de deux mille cinq cents hommes, sous la conduite du capitaine de vaisseau Magon, avait réussi à s'emparer du fort Dauphin, et que sa marche vers le Cap avait efficacement secondé celle du général en chef. Cette attaque du fort Dauphin fut vive et brillante. Le brave Magon, après avoir fait débarquer une partie des troupes à la Melonière, dans. la baie de Mancenille, força l'entrée de la rade; il s'embossa, avec deux vaisseaux, à portée de fusil des batteries; les Nègres les abandonnèrent. Le général Brunet, qui com

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mandait l'avant-garde, poursuivant ceux qui avaient tenté de s'opposer au débarquement, entra pêle-mêle, avec les fuyards, aux forts de l'Anse et de la Bouque, et les enleva de vive-force. La forteresse, foudroyée par les vaisseaux, tenait encore, et les Nègres qui l'évacuaient avaient déjà commencé à incendier la Ville. Le général Rochambeau fit livrer l'assaut; ses troupes, se jetèrent dans les canots, et pénétrèrent par les embrasures. On trouva au fort Dauphin, ou dans les postes environnans, cent cinquante piè ces de canon. Toussaint avait prescrit au commandant de s'y défendre jusqu'à la dernière extrémité.

Après l'occupation du fort Dauphin, celle du Port-de-Paix, à l'ouest du Cap et vis-àvis l'île de la Tortue, était la plus nécessaire pour se rendre maître de toute la côte du nord. Le 9 février, quatre jours après son arrivée au Cap, le général en chef détacha le général Humbert, avec une division sous l'escorte de deux vaisseaux, pour attaquer le Port-de-Paix, où commandait le général

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