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Pourfuis ta brillante carriere,

En badinant corrige nos erreurs:
Pour tes pinceaux quelle vaste matiere
Que la peinture de nos mœurs!
Jamais du fiel de la fatire

Tes écrits féduifans ne furent infectés;
En nous difant d'utiles vérités,
Tu fais nous plaire & nous inftruire.
Par M. Sineuil.

Le mot de la première Enigme du volume précédent eft Mercure; celui de la feconde eft Boffe. Le mot du premier Logogryphe et Joueur, dans lequel on trouve or, ver, Roi, joue, roue, vœu & jeu; celui du fecond eft Mouchette, où fe trouvent mouchet (mâle de l'épervier) & mouche.

ENIGM E.

QUOIQUE

UOIQUE dans un âge avancé

J'ai toujours ma vigueur premiere,

Camille, que Maron nous dépeint fi légere,

Ne fauroit fe flatter de m'avoir devancé,

D'une égale vitefle en tous les lieux je vole, L'été comme l'hiver, les nuits comme les jours. De l'uniformité je fuis le vrai symbole:

Rien de plus réglé que mon cours.

Tout le monde pourtant n'en juge pas de même.
A la Cour & dans les cachots

Contre ma lenteur on blafphême.
Pendant le regne des pavots

Ma célérité femble extrême:

Je suis même, aux yeux des dévots,
Un peu parefleux en carême.

Je le parois fur-tout lorfque la fievre blême
Sur un corps épuifé frappe à coups inégaux ;
Mais combien on voudroit que je fufle en repos,
Lorfque près du bonheur fuprême

On brûle de l'encens aux autels de Paphos;
Tantôt on me maudit, tantôt on me (ouhaite.
Pour me voir arriver il faut être forcier.
On aime à me gagner avec un créancier.
Trop louvent on me tue, & puis on me regrette.
L'Auteur vient de me perdre en ine définiflant.
Ne vas pas, cher Lecteur, me perdre en me cher-
chant.

Par M. le Chevalier de la Doué, Officier

d'Infanterie.

AUTRE.

J2
E vous fers, jeune Iris, à maint & maint usage :
J'ai vu tous vos appas, je fus discrette & fage.
J'ai lu mieux que Lindor garder votre fecret,
Je peux mieux que la Tour faire votre portrait.
Bien il eft vrai qu'un rien & me trouble & m'agite :
Le zéphir bat de l'aile, il ne reste aucun trait.
Je dors, je cours, je marche, ou je me précipite.
La nature me doit fes plus beaux ornemens :
Mais quelquefois je fuis fatale à fes enfans.
Tout le monde me craint, me recherche &
m'évite.

J'accours chez Palémon, Palémon fe dépite,
Et demain,pour me voir, il implore les Dieux.
Si je vais me cacher au fond d'un précipice,
Alors on me déterre, alors on m'aime mieux.
Voilà, me direz-vous, un fingulier caprice!
Quoi! cela vous furprend! l'homme n'est-il pas
fou?

La femme en tient un peu : car j'ai vn Leonice,
Qui me craint à l'excès m'aimer avec délice,
Livrer à mes bailers fon beau fein & fon cou.

Par M. de W... Capit. de Cavaleria

LOGOGRYPHE.

L'AMOUR fait par mes traits enflammer un

Amant

Retranche un de mes pieds, tu vois ce qu'il inf

pire ;

En cet état, prife diversement,

Je fuis le but où cet enfant afpire:

Mais fi complaifamment tu mets mon chef à bas, Du nom de tes aïeux tu m'épouvanteras.

Par M. de Lamogiliere.

AUTRE.

JB fuis une maladie

Aflez funefte au genre humain ;
De fon bonheur implacable ennemie,
Je répands fur les jours le fiel de mon venin.
Trifteffe, ennui, chagrin,

Voilà les maux qui compofent mon être ;
Mais fi tu veux mieux me connoître,

Ami Lecteur, je t'offre un animal

Vil objet du mépris des hommes,

Et dont le nom, dans le fiecle où nous fommes, Fort infultant, le prend toujours en mal; Ce qu'au fond d'un tonneau dépofe une liqueur; Une arme qui jadis étoit fort en usage;

Le nom qu'on donne au vernis d'une fleur ! Un frein par tous les Rois mis au libertinage; Une ville de France; une autre en Italie;

Un petit grain dont vivent les oileaux ; Tu me tiens: je finis. A quoi bon ces propos ? En dire plus feroit folie.

M

AUTR E.

EUBLE de nuit, je parois peu le jour :

Ce n'eft que vers minuit que

l'on me fait la coun

Faites de moi deux parts égales,

L'une annonce le bien, l'autre la propreté :

Mais cependant, difons la vérité,

Je fuis par fois mauvais & fouvent des plus fales.

Par M. de W. C. A. M. au R. R. P. C.

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