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VERS à Madame la Comteffe DE S***,

V

ous avez la fraîcheur & l'éclat de la tofe, Elle eft Reine des fleurs, vous l'êtes des Amours: Votre deftin pourtant differe en quelque chofe; Elle plaît un moment, & vous plaifez toujours. Par le même.

VERS en réponse de M. le Préfident d'Alco à Madame de B...

LORSQU'EN naiflant la belle Aurore

D'un voile vient à le couvrir,
Les feux dont le ciel fe colore
Sans retour vont s'évanouir;
Lorfque dans les Etats de Flore
Un lys commence à fe flétrir,
Il meurt pour ne jamais éclore;
Lorsqu'on voit un flambeau pâlir,
C'eft pour jamais que s'évapore
L'ardeur qui devoit le nourrir ;
Ainfi mon cœur, mort au plaifir,
N'ofoit pas espérer encore
Et de renaître & de jouir.

Maisj'ai reçu vos vers aimables,
J'ai lu, je fuis reffufcité,
Et dans ces inftans favorables
J'ai fait grâce à l'humanité.
A votre voix enchanterelle,

A votre art mon cœur eft soumis ;
Je crois aimer mes ennemis:
Mais aimé je encor ma Maîtresse ?

A Meffieurs de l'Académie Françoise, en leur offrant le Portrait de feu M. l'Abbé de Voifenon.

A VOTRE illuftre Compagnie

Par les heureux talens Voifenon fut lié,
Et le fut par le cœur comme par le génie ;
D'agréer fon portrait, Meffieurs, tout vous convie,
C'est un tribut à l'amitié,
Un hommage à l'Académic.

Par M. Guérin de Frémicourt.

A M. l'Abbé de C... qui me foupçonne de l'éloignement pour le mariage.

AMI, crois en le ferment de mon cœur,
Du célibat je ne fuis pas l'apôtre:

Je ne crois point qu'on trouve le bonheur
Sans partager fon fort avec un autre.
J'ai, tu le fais, le doux befoin d'aimer,
Je vois déjà s'éclipfer ma jeuneffe,
Et fi je tarde encor à m'enflammer
Je ne dois plus efpérer de maîtreffe;

Je le lens bien : mais comment faire un choix
Si, dédaignant & richeffe & naiflance,
Du tendre amourje fuis les douces loix,
J'aurai manqué, dira-t-on, de prudence ;
Si la raifon doit dicter mon arrêt,
De quel bonheur peut le flatter mon ame?
Car, fous fon nom, le fordide intérêt
Du chafte hymen allume feul la flamme;
Ah! qu'à jamais il cache fon flambeau,
Si fa clarté doit éclairer ma peine ;
Que la vertu foit le premier anneau
De ceux qui font destinés à ma chaîne ;
Que la beauté qui doit avoir mon cœur,
A de l'efprit joigne une ame élevée,

C▾

Que les talens, fes grâces, fa pudeur
De mon bonheur affurent la durée ;
Qu'elle foit gaie & vive fans efforts,
Que fur les pas le plaifir semble naître,
Qu'avec adrefle, en excufant mes torts,
Elle m'apprenne à mieux les reconnoître>
Que dans le monde elle fe livre peu,
Que cependant elle y paroifle aimable;
Que la maison, fans foule, fans gros jeu,
Pour moi toujours foit la plus agréable;
Qu'elle foit douce & fenfible à la fois,
Que la bonté forme son caractere,
Qu'à tous les yeux juftifiant mon choix,
Elle travaille au bonheur de ma mere;
Que pour avoir tous les droits fur mon cœur
En répandant l'agrément fur ma vie,
De mes parens, des fiens & de ma (œur
Elle s'emprefle à devenir l'amic.

Dans quelque état que le fort pût m'offrir
Cet être, hélas! peut être imaginaire,
Ami, j'irois à l'inftant le choifir
Er braverois les propos du vulgaire ;
Eh! que m'importe à moi tout l'Univers ?
Si d'être heureux j'ai la douce efpérance:
Je ne veux pas de repentirs amers
Payer un jour les charmes de l'aifance.
Ainfi fois fûr que pour fixer mon choix
L'argent jamais ne fera ma bouilolc;

De mon cœur feul j'écouterai la voix,
C'eft lui qui doit fe choifir une idole :
A mes tranfports, à mes defirs brûlans
Il en faut une, & je la veux parfaite,
Puifle ce choix, digne de mon encens,
Remplir un jour mon ame fatisfaite!
Un être doux, né pour me captiver,
Voilà pour moi l'unique convenance.
Si ce phénix ne peut pas le trouver,
Je garderai ma trifte indifférence;
Mais fi le fort, dans la rare bonté,
M'offroit un jour mon aimable chimere,
Alors, Ami, de ma, félicité

Je te voudrois pour témoin oculaire :
Je voudrois plus, je voudrois que ta main
Bénît ce narud que d'avance j'adore ;
De l'amitié le charme fouverain,
A mon bonheur ajouteroit encore.

Par M. de R. M. C. a, m. a. r. d. f.

A Monfieur DE CARMONTEL.

TES Proverbes, tes Comédies,

Amusemens de la fociété,

Etincellent par-tout d'efprit & de gaieté ;

Tu réunis à d'aimables faillies La critique, le goût & la variété.

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